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samedi 29 août 2015

Départ...

Les élections grecques vont arriver, mais les billets vont se faire plus rares.

Je repars tout à l'heure pour Athènes, puis Nisyros. Mais chez nous, là-bas, point de connexion régulière... Mes interventions seront donc plus rares !

Merci à tous de votre fidélité à ce blog dont la fréquentation ne cesse de croître, et merci de vos commentaires qui l'enrichissent.

Je serai de retour au début d'octobre ; je vous souhaite donc un bon mois de septembre.

Pour les accrocs, j'ai enregistré cet après-midi un entretien d'une heure trente pour le site http://www.hors-serie.net/ : il devrait être mis en ligne le 5 septembre.

vendredi 28 août 2015

Une projection en sièges...

Sondage confidentiel publié par le site http://www.fimes.gr/ Pas de pourcentages, juste une projection en siège sur 300

Et comme d'habitude, je reprécise qu'à la veille du référendum, les sondages donnaient le Oui devant. Sans doute Union populaire et Aube dorée sont-ils assez minorés. Donne donc ces sondages pour ce qu'ils sont : des indicateurs, pas des prédictions. D'autant que l'électorat est si liquide et si désabusé que les surprises peuvent être de taille.

ΣΥΡΙΖΑ 127 (soit 77 + 50 de prime au premier arrivé ; l'écart est donc donné pour faible avec la ND)

Νέα Δημοκρατία 71

Χρυσή Αυγή 19 (Aube dorée)

Ποτάμι 18 (Potami)

ΠΑΣΟΚ 14

ΚΚΕ 14 (PC orthodoxe)

Λαϊκή Ενότητα 14 (Unité populaire)

Ένωση Κεντρώων 13 (Union des centres) ΑΝΕΛ 10 (Grecs indépendants)

Pour autant, l'image est bien celle d'un électorat déboussolé par les politiques européennes qui ont tué la confiance dans le système partisan + une absence de perspective depuis que Syriza a fait ce qu'il avait promis de ne pas faire (il paraît qu'il ne faut pas parler de trahison) + plus une colère rentrée qui n'a pas d'exutoire crédible dans une alternative aux partis du système auxquels Syriza est désormais assimilé par une grande partie de ceux qui ont voté Non = 9 partis représentés et une chambre parfaitement ingouvernable. Donc de nouvelles élections si Tsipras, cette fois, fait ce qu'il dit, puisque hier il a réaffirmé qu'il ne formerait pas un gouvernement avec la ND, le PASOK, Potami, Union des centres... Donc... le plus probable est de nouvelles élections en octobre ou novembre...

Bravo à l'Union européenne qui a détruit la démocratie dans ce pays !

jeudi 27 août 2015

Pas d'accord Antarsya/Union populaire.

Antarsya annonce qu'il se présentera de manière autonome aux élections.

Un appel... Signez si vous soutenez !

Chers amis,

Je n'ai pas l'âme d'un pétitionnaire... mais après l'attentat perpétré cet été en Grèce contre la démocratie - et contre toute logique économique autre que punitive -, qui prolonge et renouvelle, par un nouveau mémorandum, le coup d'Etat permanent de l'UE en Grèce, j'ai décidé de relayer, ici et ailleurs, l'appel lancé par Gabriel Colettis, professeur à l’Université de Toulouse 1-Capitole, et Ioannis Margaris, docteur en Energie et Technologie de l’Université Technique Nationale d’Athènes (NTUA), Post-Doc (DTU).

J'ai rencontré Gabriel Colettis, qui participa naguère à l'élaboration du programme économique de Syriza, en février dernier, lors d'un débat à Mediapart, et nous avons tout de suite sympathisé. Nous avons échangé aussi ; il prônait alors une solution de bon sens : la conversion de la dette grecque en bons d'investissements qui auraient servi à relancer l'économie de ce pays, ruinée par cinq ans de politiques euro-allemandes désastreuses qui ont vaporisé le droit du travail, massivement paupérisé la société, disloqué l'éducation et la santé publiques... Je lui ai répondu alors que cette solution était effectivement intelligente, mais que, pour qu'elle aboutisse, il faudrait que la partie européenne ait l'intention de négocier vraiment, qu'elle ait un autre objectif que d'humilier la partie grecque et d'obtenir sa capitulation. Or j'avais la conviction, hélas confirmée depuis, que la partie européenne n'avait aucune intention de négocier, que son seul objectif était d'empêcher un gouvernement de gauche dite radicale (en réalité moins de gauche et moins radicale que la démocratie-chrétienne italienne ou le gaullisme des années 1960 !) de montrer qu'une "autre politique" est possible.

Nous ne sommes pas d'accord, Gabriel et moi, sur le fait que cette autre politique soit ou non compatible avec l'euro, nous ne sommes pas d'accord sur le fait de savoir si cette monnaie unique est ou non réformable (pour moi, elle ne l'est pas). Mais nous avons décidé de surmonter cette divergence, et comme il a accepté d'introduire le paragraphe suivant: "La « crise grecque » vient de révéler, pour certains, toutes les limites du fonctionnement actuel de la zone Euro et le carcan austéritaire et autoritaire qu’elle génère. Pour d'autres, elle ne fait que confirmer le caractère destructeur des dysfonctionnements liés à la nature même d'une monnaie unique entre des économies aux contraintes différentes et dont elle accroît les divergences. Que l'on croit à la possibilité d'une réforme de cette zone qui serait enfin favorable au développement, ou à son inévitable et salutaire disparition, si possible ordonnée, le devenir de la Grèce, auquel nous sommes prêts à œuvrer les uns et les autres, Grecs et non-Grecs, est d'une importance cruciale pour tous les Européens.", je peux pleinement m'associer à cet appel.

Si vous aussi, vous êtes d'accord avec ce texte, envoyez-lui par courriel, votre soutien !

Appel : Un avenir pour la Grèce

Préambule

Cet appel aux forces sociales et politiques grecques, à l’opposé des « institutions » qui prétendent dicter à la Grèce et à son gouvernement ce qu’ils doivent faire et comment, est lancé par ses signataires dans le respect absolu des orientations que le peuple grec et ses élus auront décidées.

Citoyens de toutes origines sociales et politiques, Grecs et non-Grecs de différents pays européens, conscients que ce que nous partageons est plus fort que ce qui nous sépare, ensemble, nous déclarons être prêts à mobiliser nos compétences et notre expérience au service de la Grèce. Nous sommes prêts à contribuer à élaborer les méthodes et les outils nécessaires à la définition et à la mise en œuvre du projet de développement dont la Grèce a impérativement besoin.

La démocratie bafouée, l’économie ruinée

Aujourd’hui, le peuple grec se voit refuser le droit de disposer librement de son avenir. Le Parlement est bafoué et le gouvernement sommé d’appliquer un programme auquel il ne croit pas. Selon la déclaration du sommet de la zone Euro du 12 juillet 2015, « Le gouvernement (grec) doit consulter les institutions et doit convenir avec elles de tout projet législatif dans les domaines concernés dans un délai approprié avant de le soumettre à la consultation publique ou au Parlement ».

La mise sous tutelle de la Grèce est, une fois de plus dans l’histoire du pays, clairement consommée.

Le troisième mémorandum, ratifié par le Parlement de ce pays sans possibilité de véritable examen, impose au pays une nouvelle série de mesures d’austérité (hausse de la TVA, diminution des retraites, baisse des dépenses publiques, etc.). Ce, sans même que le maintien du pays dans la zone Euro, payé d’un prix exorbitant, ne soit assuré. D’ici quelques semaines ou au plus quelques mois, une récession aggravée va se produire et les Grecs ne pourront faire autrement que de tenter de survivre en se réfugiant dans l’économie « grise » ou parallèle afin d’échapper à l’accroissement de la pression fiscale dans un contexte de réduction de leurs revenus.

Les créanciers et les institutions (dont le pouvoir normatif est sensiblement renforcé au détriment du Parlement grec) attaqueront alors les autorités grecques pour non-respect de leurs engagements (excédent budgétaire primaire, privatisations) et avanceront alors de nouvelles exigences. Ils menaceront à nouveau et sans répit le gouvernement, quelle que soit sa couleur politique, de ne pas accorder les sommes prévues si de nouvelles mesures d’austérité ne sont pas prises. L’engrenage sans fin broiera le corps social grec et son économie, obligeant les jeunes du pays (souvent de haute qualification) à choisir un exil dont ils ne veulent pas.

La dette, principal vecteur de servitude, ne pourra que croître. Les nouveaux prêts accordés dans le cadre d’un troisième plan d’ « aide » ne serviront au mieux qu’au seul roulement de la dette, enfonçant la Grèce dans la spirale infernale du surendettement par le jeu des intérêts et de la baisse du PIB. Dans un document daté du 14 juillet, le FMI indique d’ailleurs que l’endettement de l’Etat grec devrait atteindre les 200% dans les deux ans à venir !

En résumé, ce qui est imposé à la Grèce en pure perte pour elle est une perte de souveraineté, le retour de la Troïka et de ses « hommes en noir » à Athènes, une austérité et une récession aggravées.

Le danger, au final, est que le parti d’extrême droite, « Aube Dorée » se présente à plus ou moins brève échéance comme la seule force politique porteuse d’un projet alternatif pour la société grecque. Cette issue désastreuse, si elle devait se produire, serait la conséquence de la poursuite de politiques antisociales. Elu sur une base rompant avec l’austérité ainsi qu’avec les pratiques antidémocratiques et anticonstitutionnelles, force est de constater que, bien malheureusement, l’actuel gouvernement a fait voter un troisième mémorandum assimilant la Grèce à une colonie privée de tout droit à l’autodétermination.

L’avenir de la Grèce s’écrira en Grec !

Nous affirmons qu’aucune institution internationale (BCE, Commission européenne, Eurogroupe, FMI), aucun État ne peut dicter au peuple grec et à son gouvernement la conduite qu’il a à tenir. La souveraineté de la Grèce comme celle de n’importe quel autre Etat n’est pas négociable, ne peut être soumise à condition.

Nous rappelons la résolution du Conseil des droits de l’homme de l’ONU du 23 avril 1999 selon laquelle « l’exercice des droits fondamentaux de la population des pays débiteurs à l’alimentation, au logement, à l’habillement, à l’emploi, à l’éducation, aux services de santé et à un environnement salubre ne peut être subordonné à l’application de politiques d’ajustement structurel et de réformes économiques liées à la dette ».

Enrayer enfin le déclin, assurer le développement économique et social

L’application du troisième mémorandum entraîne la Grèce sur la pente du déclin et de l’abdication de sa souveraineté. Que la Grèce reste membre de la zone Euro ou en sorte, il est probable que le corps social grec sera soumis à rude épreuve dans les mois et les années qui viennent. La montée des inégalités produira des effets très visibles avec l’accroissement de la grande pauvreté, ce alors que les très riches seront largement épargnés, voire pourront tirer profit de la crise en rachetant des actifs cédés par l’Etat ou les ménages en grande difficulté. Le risque de dislocation peut et doit être conjuré. Promouvoir un développement diversifié des capacités productives et, simultanément, la démocratie constituent le seul moyen d’éviter les dérives délétères de l’économie parallèle, grise ou maffieuse, résultant des choix imposés à la Grèce.

A l’opposé de cette funeste perspective, nous considérons comme indispensable la mise en œuvre d’un projet de développement des capacités productives du pays. Cinq principes nous semblent devoir guider la définition d’un tel projet :

- Recouvrer la souveraineté politique et économique du pays,

- Développer la démocratie dans tous les domaines de la vie politique, économique et sociale,

- Répondre aux besoins fondamentaux du peuple grec, en valorisant le travail et les compétences de tous,

- Protéger la nature et plus généralement tous les biens communs,

- Favoriser le développement des territoires, les économies de proximité.

Sur la base de ces principes, l’enjeu consiste à développer l’industrie et l’agriculture grecques dans leur ensemble en tirant parti des nouvelles technologies : soutien des activités agricoles et agro-alimentaires (agriculture biologique et « raisonnée », etc.), de l’activité de rénovation de logements (utilisation de nouveaux matériaux, etc.), promotion des économies d’énergie (réseaux intelligents, isolation, etc.) et des énergies renouvelables (éoliennes, photovoltaïque, etc.), des industries liées à la santé (biotechnologie, nanotechnologies, etc.) , de la filière textile-habillement (nouveaux matériaux, textiles techniques, etc.), des matériels de transport (petit véhicule propre électrique ou hybride, transports collectifs économes, etc.), , de la construction/réparation navale (nouvelles modalités de propulsion, etc.), etc.

Un modèle de développement pour la Grèce ne peut s’appuyer sur une vision moniste fondée uniquement sur l’initiative privée ou bien seulement sur la propriété publique ou encore exclusivement sur l’économie sociale et solidaire. Le nouveau modèle de développement de la Grèce doit être fondé sur la diversité des formes d’économie combinant les initiatives privées, un secteur public rénové et un tiers-secteur performant.

Ce modèle doit, enfin, être fondé sur la complémentarité organisée de trois orientations :

- La première orientation concerne des actions à mettre en œuvre valorisant de nouvelles formes d’entrepreneuriat ainsi que des formes collectives innovantes d’organisation économiques et sociales : filières, regroupements de petites et moyennes entreprises, projets collaboratifs, etc.,

- La deuxième orientation concerne des actions visant à développer des solidarités économiques et sociales, le plus souvent territoriales. Ce deuxième type d’action se situe dans une perspective d’économie sociale et solidaire : systèmes d’échanges localisés, banques temps, circuits courts, économie circulaire, etc.,

- La troisième orientation, articulant les deux premières, vise à développer des réseaux productifs territorialisés : clusters de différents types associant des entreprises de taille différente à des universités et/ou des établissement d’enseignement technique portant sur des activités dites traditionnelles comme de haute technologie.

C’est en engageant sans tarder le projet d’un nouveau modèle de développement diversifié, basé sur de nouvelles formes de démocratie et d’implication des forces sociales que la Grèce pourra sortir enfin de l'état de double dépendance, politique et économique, dans laquelle elle se situe : dépendance à l’égard des « institutions » et des formes traditionnelles d’exercice du politique, dépendance économique liée à ses importations et aux financements externes.

Notre appel aux forces sociales et politiques grecques

La Grèce a été le berceau de la démocratie. La « crise grecque » vient de révéler, pour certains, toutes les limites du fonctionnement actuel de la zone Euro et le carcan austéritaire et autoritaire qu’elle génère. Pour d'autres, elle ne fait que confirmer le caractère destructeur des dysfonctionnements liés à la nature même d'une monnaie unique entre des économies aux contraintes différentes et dont elle accroît les divergences. Que l'on croit à la possibilité d'une réforme de cette zone qui serait enfin favorable au développement, ou à son inévitable et salutaire disparition, si possible ordonnée, le devenir de la Grèce, auquel nous sommes prêts à œuvrer les uns et les autres, Grecs et non-Grecs, est d'une importance cruciale pour tous les Européens.

Nous croyons que l’espoir suscité par la victoire de Syriza lors des élections de janvier dernier ainsi que par le résultat du référendum de juillet sont le signe d’un immense besoin de changement qui ne s’arrête pas aux frontières de la Grèce. Nous, Grecs comme non-Grecs, sommes prêts à nous investir pour aider les forces sociales et politiques qui souhaitent élaborer un projet de développement viable. Ce projet est indispensable pour la Grèce, qu’elle sorte de la zone Euro ou reste en son sein. Il constitue une première riposte contre une Europe dominée par des marchés financiers qui étouffent la production ainsi que par les forces politiques actuellement au pouvoir en Allemagne et qui poussent ce pays à se comporter de façon hégémonique. Certains responsables politiques allemands auront, en effet, montré le long des négociations avec le gouvernement grec qu’ils n’hésitent pas à se servir de la puissance économique de leur pays afin d’asservir les gouvernements des autres nations (en particulier lorsque ceux-ci prétendent choisir une voie politique qui n’est pas la leur), voire pour remettre en cause les institutions européennes elles-mêmes (la Commission européenne).

Nous appelons les autorités grecques actuelles et futures à ne pas accepter un enfermement de la politique économique et sociale dans une logique financière qui serait dictée par le remboursement de la dette et la réduction des déficits. Espérant être entendus par elles en dépit des concessions qui ont été acceptées, nous appelons les autorités grecques à se mettre désormais au service du mouvement populaire et à organiser de toute urgence des « Etats Généraux du Développement » qui réuniraient les forces sociales du pays afin de tracer la perspective générale et les grands axes du projet de développement dont la Grèce a besoin.

Nous appelons surtout les forces vives du pays à s’investir au plus vite dans l’élaboration de ce projet de développement assurant l’avenir du pays et de sa jeunesse. De nouvelles formes d’organisation politiques et sociales doivent voir le jour ou être dynamisées, permettant de mobiliser des forces sociales qui ne l’ont pas été ces derniers mois. Seul un élan et une mobilisation populaire très larges sont de nature à libérer un potentiel à la fois puissant, créatif et multiforme sans lequel rien n’est possible.

Enfin, nous appelons les forces progressistes grecques à se saisir de l’opportunité des prochaines échéances électorales pour débattre de l’enjeu majeur que constitue un projet de développement articulant démocratie, innovation et production.

__Pour signer l’appel, rendez-vous sur le site : http://unavenirpourlagrece.com Merci de préciser votre fonction ou votre titre ! __ Gabriel Colletis, Professeur à l’Université de Toulouse 1-Capitole Et Ioannis Margaris Docteur en Energie et Technologie de l’Université Technique Nationale d’Athènes (NTUA), Post-Doc (DTU)

mardi 25 août 2015

Nouveau sondage

Je ne donne ces sondages que pour ce qu'ils valent ! A ce stade, ils n'ont rien de prédictif mais, si l'on peut s'y fier un minimum (ce dont je doute... mais on n'a pas d'autre instrument), ils traduisent une opinion en total désarroi, sans direction, sans dynamique pour aucun parti.

Syriza 24, ND 22, Aube doré 6, Potami 5,5, KKE 4,5, UP 4,5, PASOK 4,5, Union du centre 4, Grecs indépendants 3... 15 % déclarent vouloir voter pour un autre parti.

9 partis représentés, chambre ingouvernable.

lundi 24 août 2015

Ca branle dans le manche !

Il semble que de nombreuses cellules de base Syriza refusent de suivre et passent à l'UP. Je n'ai pas de nouvelles, mais je parierais que c'est le cas de celle de Nisyros... je saurai bientôt et voilà que...

Par ailleurs, on apprend aujourd'hui que Tasos Koronakis, le secrétaire général de Syriza vient de démissionner.

Issu du "groupe des 53" (comme le ministre des Finances Tsakalotos) qui se plaçait à gauche du bloc majoritaire de la motion Tsipras, insistant sur le maintien d'une ligne de gauche radicale et sur le rejet de la tentation d'un discours plus modéré, censé attirer un électorat de centre-gauche, mais à droite de la Plateforme. Opposé au mémorandum, il se dit en désaccord avec la ligne du parti, l'absence d'analyse et d'autocritique de l'action gouvernementale des six derniers mois et l'absence de réflexion sur un nouveau programme.

Il condamne également la conduite personnelle des opérations électorales par Tsipras, en dehors des organes compétents du parti (la Conférence spéciale) contrairement à ses engagements. Il accuse le Premier ministre de mettre en place une stratégie de défaite à gauche, mais est également très critique envers l'UP...

dimanche 23 août 2015

Le Front anti-mémorandum s'organise

Lafazanis pour Unité populaire et Alékos Alavanos pour Plan B ont annoncé aujourd'hui leur accord électoral dans le cadre d'un Front antimémoranaire.

Président de Synaspismos de 2004 à 2007 puis de Syriza de 2007 à 2009, Alavanos avait quitté Syriza pour fonder "Plan B", en 2013, qui prône depuis la sortie de l'euro.

Des discussions ont également lieu entre Unité populaire et Antarsya.

Varoufakis et la Popagandastaffel

Acte I

Varoufakis invité hier au Journal de France 2, ou de l'art de poser les questions à côté pour ne surtout pas avoir des réponses qui dérangeraient la Propagandastaffel.

Acte II

Eléments de langage du jour de la Propagandastaffel télévisuelle ;

1 - Varoufakis est "bouillonnant" (entendez brouillon et irresponsable) ;

2 - c'est un "trublion" (sous-texte : ce sinistre individu a même l'audace de contester l'Ordre juste et indispensable que l'Allemagne a la mission divine de faire régner en Europe) ;

3 - il était détesté de ses collègues de l'eurogroupe (comprendre : qui, eux, sont des gens sérieux puisqu'ils obéissent sans moufter à Herr Schäuble) ;

4 - il a été "exclu du gouvernement grec" (1er erreur/mensonge, il a démissionné parce que en désaccord avec la capitulation imposée par Tsipras et sa camarilla) ;

5 - il est même (sous-texte : vous vous rendez compte de l'irresponsabilité trublionesque du zozo !) "pour la sortie de l'euro" (2e erreur/mensonge ; c'est même ce que je lui reproche, l'absence de cohérence, après ce qu'il a vécu, de pouvoir encore prétendre qu'il fallait refuser le mémorandum tout en continuant à rester accroché à l'euro comme un bigorneau à son rocher).

Et on appelle ça des journalistes ?!

Cela dit, sur le fond, l'itv dudit Varouf à L'Obs est confondante d'incohérence, alors que justement aujourd'hui, ce dont ont besoin les Grecs et tous les Européens c'est de cohérence et clarté sur le point fondamental : il n'y a pas d'autre politique possible dans l'euro tel qu'il est et il n'y a pas d'autre euro possible.

Le choix ne peut donc être qu'entre : l'euro avec la même politique ou une autre politique sans euro.

Tenir le discours de Varoufakis aujourd'hui, c'est vouloir prolonger l'ambiguïté qui a mené Syriza et les Grecs dans le mur.

Par ailleurs, d'après le site d'information grec (http://www.fimes.gr/), des sondages (non publiés) provoqueraient un mouvement de panique dans les grands partis. Ils traduiraient une forte hausse de l'Union populaire, d'Aube dorée et l'Union des centres (petit parti hors Vouli depuis des années qui se veut l'héritier du "vénizélisme historique" disparu de la scène politique entre 1974 et 1981 où il avait été phagocyté sur sa droite par la ND et sur sa gauche par le PASOK). La ND semblerait concurrencée sérieusement ou devancée par ce parti champignon poussé sur la désorientation de l'électorat par le Mémorandum III, tandis que que Syriza n'arriverait premier que de très peu devant l'Union populaire. Enfin Potami, le parti des oligarques des médias et de Bruxelles, serait en baisse, tandis que le PASOK et les Grecs indépendants seraient en passe d'être éliminés de la Vouli.

A prendre naturellement avec infiniment de réserve, aucune source ni chiffre n'étant cités, mais le fait que l'électorat soit totalement désabusé, désorienté, excédé par le Mémorandum III et la trahison par Tsipras de tous ses engagements rend, à mon avis, un scénario de ce type tout à fait imaginable.

samedi 22 août 2015

Sondage

Sondage à prendre avec des pincettes comme tous les sondages en Grèce, opérés et manipulés par les médias - les mêmes qui ont donné naissance à Potami - fanatiquement pro-euro/UE/néocolonialisme allemand, dont Tsipras va probablement être, désormais, le candidat officieux. Rappelons que ces mêmes sondeurs, fanatiquement hostiles au Non, donnaient le Oui vainqueur la veille du référendum.

On peut donc en déduire que les mémorandaires - Syriza, ND, Potami, Pasok, ANEL - sont surestimés et les antimémorandaires - Union populaire, KKE, Aube dorée - sous-estimés.

Que dire ? Une base de 6-7 pour l'Union populaire, dans ces conditions, apparaît prometteuse, la campagne n'est pas commencée et gageons que les prises de position pro-Tsipras de la Commission (c'est déjà commencé) et celles, à venir, de Merkel/Schäuble et de tous leurs larbins, vont voir une montée continue durant la campagne.

Fidèle à lui-même, le KKE congèle ses 5 % mais ne progresse pas.

Aube dorée sera probablement le vainqueur de ces élections : le passage de l'ANEL sous la table mémorandaire et tsipriote, qui rend ce parti sans la moindre justification - il n'atteindrait pas les 3% et disparaîtrait de la Vouli -, annonce sans doute le passage vers Aube dorée d'un électorat de droite hostile aux mémorandums et à l'euro... Le PASOK lui aussi disparaîtrait des radars : enfin !

Que la ND et Potami ne baissent pas davantage m'étonnerait... En tout cas, on voit bien que l'électorat du Oui est en train de quitter ces radeaux à la dérive et que son nouveau parti, c'est... Syriza, devenu le dernier avatar du Système par la grâce de Tsipras.

Au total, cela est assez proche de l'analyse que je donnais hier et ces élections devraient aboutir à une chambre ingouvernable, sauf alliance - pour six mois ? jusqu'à ce que les désastreux effets de la désastreuse capitulation Tsipras deviennent manifeste - Syriza/Potami, Syriza/ND ou Syriza/Potami/ND : perspective réjouissante qui manifestera au moins la nature mémorandaire - puisque eurolâtre - du Syriza maintenu.

ΣΥΡΙΖΑ 30-33%

ΝΔ 20-22%

Χρυσή Αυγή 9%

Λαφαζάνης 6-7% με ανοδική τάση

Ποτάμι 5%

ΚΚΕ 5%

PASOK et ANEL en dessous de 3 % disparaitraient de la Vouli.

vendredi 21 août 2015

Unité populaire : nouveau goupe à la Vouli

Donc la rupture est bien en marche !

25 députés de Syriza, viennent de former un nouveau groupe parlementaire : Unité populaire.

Si je ne me trompe pas, 25, plus les 4 du KOE formation qui a gardé son indépendance tout en entrant en cartel électoral avec Syriza en janvier, ça en fait le 3e groupe dans l'actuelle Vouli, derrière la ND. Du coup ça va être drôle : selon la Constitution, le président de la République devrait, je crois, demander à chaque chef de groupe d'explorer la possibilité de former un gouvernement alternatif dans l'ordre numérique du nombre de députés : le chef du nouveau groupe devrait donc être appelé, entre celui de la ND et celui d'Aube dorée, à une mission d'exploration...

En outre, la constitution d'un groupe avant la dissolution donnera à la nouvelle formation un temps d'antenne dans la campagne sur les médias audiovisuels.

Mais on voit que la liste des noms ne comporte ni Varouf ni Zoé, mais on me dit que, dans ce dernier cas, elle ne peut pas quitter Syriza avant la dissolution du Parlement...

A suivre !

Démission Tsipras, ça c'est fait !

A moins qu'elle ne tienne absolument à faire gagner la Plateforme de gauche et ses alliés, la Commission européenne ferait mieux d'adopter un profil bas et de ne pas commencer ses ingérences dans le processus électoral grec dès les heures qui suivent l'annonce de la démission de son nouveau protégé, en souhaitant l'élargissement de sa majorité - sous-texte implicite : à Potami, le parti des oligarques des médias choyé et probablement financé par Bruxelles.

D'ailleurs, à ce sujet, un sondage de Bridging récent montre que 69 % des Grecs ne croient plus dans ces médias dominants. Ce qu'a parfaitement prouvé le référendum qui à donné 61,3 % de Non alors que 99% des médias militaient hystériquement pour le Oui. C'est dire combien le scrutin qui s'annonce, avec un électorat totalement déboussolé, désabusé après la trahison des engagements pris et répétés par Syriza, sera ouvert.

En réalité, personne ne peut préjuger du résultat. D'un côté Tsipras bénéficie encore de l'aura du résistant qui n'a cédé que le pistolet sur la tempe, et les désastreux effets de la désastreuse politique qu'il a choisi de mener, en contradiction avec tous ses engagements constamment réitérés ne sont pas encore sensibles. Raison pour laquelle il avait tout intérêt à aller au plus vite aux élections.

De l'autre côté, la ND et le PASOK sont dans un tel état de décomposition morale et politique - la ND proche de l'implosion -, ils ont sombré dans un tel discrédit qu'ils sont incapables de représenter quelque alternative que ce soit. Tandis que les Grecs indépendants, qui représentaient un souverainisme de droite n'ont plus raison d'être puisqu'ils ont accepté ce qu'ils refusaient de cautionner lorsqu'ils ont quitté la ND.

Reste le KKE qui profitera sans doute un peu de la situation, mais que sa rigidité dogmatique condamne à de faibles gains s'il ne finit pas sortir de son syndrome obsidional. Et Aube dorée qui, à mon avis risque d'être l'un des grands vainqueurs du prochain scrutin - c'est le dernier, pensent beaucoup de Grecs, qu'on a pas essayé -, d'autant que la vague migratoire, en partie organisée de Turquie, va sans doute exacerber les passions sur le sujet et probablement pas dans le bon sens, vu l'incapacité du gouvernement à gérer la question et le total désintérêt de "l'Europe", hors quelques effets de manche et d'annonce.

Dans ce contexte, un électorat rendu aussi liquide et insaisissable par les criminelles politiques germano-européennes, peut avoir des réactions aussi violentes, extrêmes qu'inattendues. C'est la déflation Brüning qui, en deux ans, fait du groupuscule nazi un parti incontournable en Allemagne.

Mais au final, le résultat du scrutin tiendra à la capacité ou pas à se constituer d'un Front du Non à gauche. La Plateforme de gauche réussira-t-elle à coaguler autour d'elle, dans Syriza, au-delà de son audience habituelle, les personnalités qui refuse la capitulation tsipriote et ses désastreuses conséquences ? Réussira-t-elle en si peu de temps à organiser autour de ce noyau un Front populaire des partis de gauche anti-mémorandum et anti-euro qui, jusque-là, sont restés hors du Parlement : Antarsya, Plan B, EPAM... Parviendra-t-elle a engager le dialogue avec le KKE ?

Cela fait beaucoup de questions. Mais je dois dire qu'aujourd'hui, l'hypothèse qui me paraît la plus vraisemblable est celle d'une chambre ingouvernable, ou d'une étroite majorité Syriza maintenu/Potami - le rêve éveillé de Juncker depuis janvier. Une majorité qui se délitera au fil des inévitables échecs du gouvernement qui en serait issu.

Car l'élément certain, c'est que la politique de capitulation acceptée par Tsipras, violemment déflationniste, conduira rapidement à plus de faillites, plus de chômage, plus de récession et donc, malgré les augmentations d'impôts, à une baisse des recettes fiscales. Une telle politique n'a jamais eu et ne peut avoir d'autre résultat. Avec, dans six mois ou un an, de nouvelles exigences européennes, de nouvelles coupes budgétaires, de nouveaux reniements, de nouvelles augmentations d'impôts - un quatrième mémorandum -, de nouvelles défections dans la majorité, de nouvelles élections...

La Grèce est engagée depuis cinq ans dans une spirale mortelle. En sortir - sortir de l'euro pour commencer, avant que l'UE ne s'effondre sur elle-même, comme l'URSS et pour des raisons très voisines de déni de réalité - présente bien sûr des risques, mais ces risques sont bien moindres que ceux de la poursuite de cette spirale de mort et de vies détruites dans laquelle Tsipras a choisi d'enfermer son peuple. J'espère ardemment que ce peuple que j'aime trouvera la force d'en sortir, le plus vite possible, malgré Tsipras.

jeudi 20 août 2015

Les rumeurs de démission s'amplifient

Les rumeurs de démission s'amplifient : déclaration de soir à 20h00, gouvernement de service, élections le 20 septembre...

Si tel est le cas je serai à Nisyros : un référendum en juin, des élections en septembre ! Et quand est-ce que je peux écrire calmement, moi ?!

Et Gallimard m'informe que le tome III de La Grèce et les Balkans vient d'être réimprimé en urgence, cause menace rupture de stock ! Au moins je peux dire merci à Merkel, Tsipras et tous leurs amis, moi !

La stratégie Erdogan en dix points

1 - Vous ne gagnez pas les élections, ou en tout cas pas assez pour gouverner et transformer votre présidence en sultanat à vie ;

2 - vous annoncez que, soudain, vous aller combattre DAESH, que vous soutenez depuis le début, à qui vous fournissez des armes et à qui vous achetez le pétrole de contrebande qui le finance, avant de le revendre aux Occidentaux qui combattent DAESH mais qui s'en foutent de savoir que l'argent du pétrole qu'ils achètent va dans leur poche (et puis DAESH ça fait tourner aussi l'industrie d'armement, en ces temps de crise et d'embargo contre le monstre russe, ça n'est pas négligeable...) ;

3 - vous faites monter par vos services secrets un ou deux attentats que vous mettez sur le dos des Kurdes ;

4 - vous bombardez DAESH une seule et unique fois : l'Occident applaudit et détourne la tête sur le fait que, depuis, vous n'arrêtez plus de bombarder les Kurdes qui, sur le terrain, sont les seuls à combattre vraiment DAESH ;

5 - vous criez au terrorisme kurde, avec l'intention de faire interdire (quand ?) le parti démocratique kurde qui vous a empêché d'atteindre la majorité nécessaire pour gouverner en autocrate et transformer votre présidence en sultanat à vie ;

6 - vous lancez (c'est aujourd'hui) une vague d'arrestations dans les milieux démocratiques (partis, presse, barreau...) et vous faites monter la tension pour foutre la trouille au populo ;

7 - vous ne manquez pas, en ouvrant toutes grandes les vannes de l'émigration pas clandestine du tout, parce que vous la contrôlez parfaitement, afin de submerger les îles orientales de votre voisin, étranglé par ailleurs par l'Allemagne et ses larbins européens, et afin de montrer votre pouvoir de nuisance aux Européens de l'Ouest, au cas où ils auraient l'idée saugrenue d'émettre la moindre critique ;

8 - vous convoquez des élections en vous présentant comme le seul garant de l'ordre et de la sécurité ;

9 - au fil de la campagne électorale, vous ne négligez pas d'accentuer votre stratégie de la tension pour donner du poids à votre propos et de la substance à votre posture ;

10 - vous gagnez les élections... ou si vous les perdez, vous faites un coup d'Etat.

Lafazanis parle et... une drôle d'association d'idées

Dans un entretien hier à la radio Real FM, Panagiotis Lafazanis (leader de la Plateforme de gauche encore à l'intérieur de Syriza), a notamment déclaré que "les élections précipitées montrent une mentalité antidémocratique et ne peuvent tromper le peuple ou sauver un gouvernement qui met en œuvre des politiques de mémorandum dures. L'issue pour le pays est que soient annulés les anciens et les nouveaux mémorandums et que le pays fasse un nouveau départ sur une nouvelle trajectoire progressiste anti-mémorandum."

Il a précisé que, "si nécessaire", le retour à la devise nationale l'interruption des remboursements aux créanciers et l'effacement de la plus grande partie de la dette constituent les moyens de mettre fin aux mémorandums et de permettre le redémarrage de l'économie en en accroissant les liquidités.

Sur la question concernant le vote de confiance au gouvernement, il a répondu que lui-même et les députés de la Plateforme de gauche ont refusé le Mémorandum III afin de rester fidèles à leur opposition aux deux premiers ainsi qu'aux engagements sur lesquels ils ont été élus. Il a ajouté que: "il est plus qu'évident que nous allons rester cohérents avec ce "non" et que nous ne donnerons, sous aucun prétexte, le feu vert à quiconque pour qu'il mette en œuvre le troisième mémorandum".

Par ailleurs, j'ai été récemment victime d'une très bizarre association d'idées. Jugez vous-même !

D'abord, je vois sur le fil d'un ami que le truc qui se veut un journal et qui a pour titre Le Monde, publie un éditorial intitulé : "Grèce, un sauvetage en bonne voie". Et puis, après avoir éliminé l'hypothèse d'un papier d'humour noir peu fréquent dans ce torchon, m'est soudain revenue à l'esprit, je ne saurais dire pourquoi, la chanson "Francine", que Fernandel interpréta durant la drôle de guerre :

"Faut pas, faut pas Francine, écouter les racontars du salopard de Stuttgart. Faut pas, faut pas Francine, te laisser embobiner par ses bobards"...

Et puis, en réécoutant ce couplet dont je ne me souvenais plus :

"Le Führer, d'une voix tendre, nous redit chaque samedi : je ne ne veux plus rien prendre maintenant que j'ai tout repris... S'il prend, pour nous désarmer, sa voix câline, c'est pour mieux nous tomber dessus un peu plus tard..."

Allez savoir pourquoi ça me rappelle Varouf ?! "Ll'objectif de la Troïka c'est Paris..." Non je suis vraiment bizarre aujourd'hui !

La Großdeutscher Rundfunk émettait alors en français, depuis Stuttgart, sous la responsabilité d'un type nommé Paul Ferdonnet, et qui fut fusillé le 4 août 1945.

Bizarre, je vous dis, cette association d'idées... Je ne me l'explique vraiment pas !

mardi 18 août 2015

Capitulation Tsipras : le témoignage d'Eric Toussaint

Voir sa conférence de presse mise en ligne le 17 août.

"Dragasakis et Stathakis, qui sont les principaux conseillers de Tsipras, sont fortement liés au lobby bancaire privé et ils ont promis aux banquiers grecs qu'on ne toucherait pas aux banques (...) Dragasakis était membre d'un conseil d'administration d'une banque privée, il a des intérêts personnels directs dans le secteur bancaire privé".

"Le gouvernement grec ne pensait pas que le Non gagnerait aux élections, que le peuple grec tiendrait le coup face au matraquage médiatique et aux banques fermés".

"Il aurait fallu nationaliser les banques comme De Gaulle en 45 et créer une monnaie complémentaire (en Equateur, par exemple, les gens reçoivent un message de la banque sur leur téléphone portable qui leur dit par exemple qu'ils ont une ligne de crédit de 100$, avec lesquels ils peuvent payer leurs impôts et faire leurs courses dans les supermarchés). La Grèce pourrait le faire immédiatement sans sortir de l'euro - ça doit passer par les téléphones portables, car les pauvres ont plus souvent un téléphone qu'un compte en banque. L'Etat grec aurait pu augmenter les salaires et les retraites par ce biais, sans recourir à des liquidités en euros, et permettre une relance de l'économie".

"Jusqu'en juillet, il était possible de faire ces mesures sans sortir de la zone euro, et ça aurait pu aboutir soit à des concessions des créanciers, soit à une sortie de l'euro. Maintenant, vu ce qui s'est passé, la sortie de l'euro est inévitable en Grèce pour les forces de gauche."

Par ailleurs, Le Courrier des Balkans indique aujourd'hui que la capitulation ne serait pas qu'économique et sociale : la reconnaissance de l'Etat mafieux, à la naissance duquel l'Allemagne a tant contribué - entre 1941 et 1944 en créant une grande Albanie dans son Europe (déjà, car le Reich hitlérien est européen dans son idéologie), puis en formant et armant les criminels contre l'humanité et trafiquants d'organes (prélevés sur des êtres vivants sans anesthésie) de l'UCK - serait donc elle aussi au programme. L'Europe allemande est en marche...

A moins qu'il ne faille bientôt parler du IVe Reich...

Quant au Journal Officiel grec, il officialise aujourd'hui la cession des 14 aéroports régionaux au consortium... allemand Fraport-Slentel pour 1,23 milliard d'euros - prix dérisoire au regard du caractère très rentable de certains certains de ses aéroports très touristiques : le maire de Corfou a ainsi violemment protesté contre ce bradage qui s'apparente en fait à un pillage, pur et simple, de la Grèce par l'Allemagne. En outre, un calendrier d'autres privatisations a été publié le 12 : elles auront lieux au pas de charge, ce qui augure de très bonnes affaires pour les vautours allemands et autres, et de très mauvaises pour les Grecs.

Enfin, on apprend que Tsipras aurait décidé d'éliminer des listes de candidats Syriza pour les prochaines élections l'actuelle présidente de la Vouli (Parlement) - admirable de résistance, de dignité, de rigueur et d'énergie -, Zoé Konstantopoulou.

Tout concorde donc désormais pour démontrer que la capitulation de Tsipras n'est en rien la feinte tactique d'un grand stratège se repliant sur des positions préparées à l'avance avant de lancer sa contre-attaque - mais une capitulation et rien d'autre.

C'est ce que dit aussi sur la radio de gauche "Sto Kokkino" ("En rouge"), le coordinateur de Syriza pour "ma région", le Dodécannèse sud, Nikos Mavromatakos, en annonçant sa démission avec des mots aussi durs que justes : "parodie politique" pour le prochain congrès dont le déroulement est déjà écrit par l'entourage du premier ministre, intégration de Syriza dans les partis mémorandaires et poursuite de la catastrophe sociale, "capitulation" du gouvernement devant le néolibéralisme, reniement des engagements du parti et préparation d'un gouvernement "d'union nationale" avec les droites, réalisation par le gouvernement du "pire cauchemar" consistant à faire voter et appliquer un programme exactement contraire à celui sur lequel il a été élu, "suicide" ou "exécution", validant le "coup" économique planifié par les "institutions" extérieures et intérieures, acceptation du TINA. Obligation par les résultats du référendum de préparer une alternative et de dire clairement qu'il n'y a pas d'avenir dans le cadre imposé par les créancier et l'eurozone. Echec collectif de Syriza et responsabilité personnelle de chacun devant une situation dont chacun doit tirer les conséquences.

On ne peut bien sûr faire à la place des Grecs ce que les Grecs ne font pas pour eux, comme nous ne pouvons attendre que les Grecs, les Italiens ou qui sais-je, fassent pour les Français en catalepsie ce que les Français ne font pas pour eux. Mais nous sommes dans une situation où chaque peuple, chaque individu, doit prendre conscience que l'histoire - contrairement à ce qu'on a raconté - est tragique et que nous avons individuellement et collectivement des responsabilités : il devient urgent, en Grèce, que les anti-mémorandaires - s'ils le sont vraiment et s'ils sont décidés à tirer les conclusions qui s'imposent du lamentable naufrage syrizesque - disent clairement qu'ils quittent ce Titanic dont Tsipras dirige l'orchestre, qu'ils s'organisent et qu'ils présentent un front uni (Siryzistes, Antarsya, EPAM, KKE s'il sort enfin de son syndrome obsidional...) et une alternative claire.

lundi 17 août 2015

Nous serons originaux, avait dit le Premier ministre, en respectant après les élections ce que nous disions avant...

Un texte poignant, intelligent, au scalpel... à lire absolument.

"« Nous serons originaux, avait dit le Premier ministre, en respectant après les élections ce que nous disions avant »... L’accord est sauvé… le pays peut s’écrouler… Bonne nuit, la Grèce ! Demain est un autre jour…Il y en a encore qui n’ont pas dit leur dernier mot… En tout cas, Zoé était droite comme ces anciennes cariatides qui tiennent le toit des anciens temples grecs…"

dimanche 16 août 2015

Baisse des retraites...

Grâce à une "amie facebook, Floriane Gauffre, je viens d'avoir accès à ce tweet d'Angélique Kourounis, une des rares journalistes honnêtes, avec Fabien Perrier, en poste à Athènes pour les médias français. Voici donc ce tweet :

"Grece Baisse de la retraite la plus basse qui passe 486 à 392,7 € loi préparée ds la nuit du 14 août".

94 euros de moins, près de 20%... Et c'est confirmé par ''To Pontiki''. Ceci est tragique, surtout lorsqu'on ait que, pour des familles entières, au chômage, la retraite de l'aïeul est souvent le dernier revenu régulier de deux ou trois générations.

Ceux qui prétendent que Tsipras a accepté un moindre mal, ne vont plus cesser de tomber des branches. Car chaque jour, désormais apportera son lot de reniement et d'ignominies. Comme je l'ai écrit, une capitulation n'est jamais un acte isolé mais l'événement inaugural d'un processus en chaîne de capitulations multiples. regardez l'histoire de Vichy et de tous les gouvernements de collaboration...

Car non seulement Tsipras a capitulé sur le fond, mais il a accepté le principe fondamental du déblocage des fonds au compte-goutte, en fonction de l'évaluation périodique des résultats. Ceci signifie que, tous les trois mois, ou tous les mois, ou tous les six mois, lorsque les vautours euro-allemands auront constaté que l'économie ralentit - ce qui sera le seul effet des mesures de ce "plan d'aide" -, ces vautours exigeront du patient grec en phase terminal de nouveaux "sacrifices" pour lui délivrer sa dose de morphine - la tranche de crédits qui s'ajoutera à la dette, seulement pour rembourser les intérêts, et qui rendra le malade toujours plus dépendant de la morphine, et toujours plus à la merci des vautours.

La seule manière de rompre ce cercle mortel dans lequel Tsipras vient de réenfermer le peuple grec après cinq mois de liberté surveillée est de sortir de l'euro et de faire défaut.

C'est loin d'être suffisant, mais c'est absolument nécessaire.

samedi 15 août 2015

L'étendue du désastre

On mesure désormais l'étendue du désastre : trahison des mandats reçus lors des élections et du référendum, hors quelques aménagements symboliques sans portée réelle et qui feront l'objet de nouveaux chantages dans les semaines ou les mois à venir, au fur et à mesure que la situation de dégradera, mesures violemment récessionnistes qui vont enfoncer encore plus le peuple grec dans la tragédie qu'il vit depuis 5 ans et qui sont pires que les mémorandums Papandréou et Samaras réunis, illusion d'une renégociation de la dette qui n'aboutira à rien, sinon à un allongement symbolique des remboursements, et en plus, comme le relève aujourd'hui Romaric Godin, contrôle étroits des bailleurs de fonds maître-chanteurs qui ne verseront l'argent qu'au compte-gouttes afin de surveiller au jour le jour l'administration coloniale allemande que M. Tsipras a accepté de diriger.

Désormais les choses sont claires : cet homme et ceux qui l'entourent ont renié la totalité des engagements qu'ils avaient pris pour se faire élire par le peuple grec.

Comme l'écrit Panaghiotis Grigoriou, dans son indispensable blog "Greekcrisis", ce gouvernement de rencontre ne recule même plus devant l'inconstitutionnalité flagrante de la procédure qu'il emploie, des mesures qu'il veut imposer. Sur son chemin, il rencontre Zoé Konstantopoulou,, une femme remarquable, courageuse une volonté inébranlable. J'ai beaucoup d'admiration pour elle. Et plus encore depuis la nuit de jeudi à vendredi où je l'ai vu batailler toute la nuit, sur TV Vouli qui retransmettait en direct la conférence des présidents entre les deux sessions plénières... Elle a lutté tout la nuit, avec une énergie inépuisable, pour faire respecter le mandat que les Grecs ont donné à Syriza, un mandat qui est aujourd'hui trahi par Tsipras qui s'est mis dans la peau de Papandréou et qui finira comme Papandréou. Dans six mois, un an ou deux, je n'en sais rien, je n'ai pas de boule de cristal, mais c'est comme l'euro, ça ne durera pas parce que ça ne peut pas durer. Les effets désastreux de la capitulation de Tsipras ne tarderont pas à se faire sentir et il ne pourra pas éternellement jouer aux fiers à bras qui prétend avoir obtenu quelque chose alors qu'il n'a fait qu'obéir à ceux à qui il avait juré ne jamais obéir. Et qu'il a tout renié, jusqu'à la promesse de n'avoir plus recours aux procédures d'urgence et aux votes de nuit, à la sauvette, de textes que les députés n'ont pas eu le temps même de lire. Ce qui s'est passé à trois reprises depuis un mois, avec ces votes est une négation pure et simple de la démocratie, comme lors des deux premiers mémorandums et Vénizélos a, pour une fois, eu raison en demandant à Syriza de s'excuser des attaques portées lors de ces votes puisqu'il a fait exactement la même chose et pour faire adopter des mesures pires que les deux premiers mémorandums réunis.

Tout ceci, je le répète une fois de plus parce qu'il faut le répéter, constitue un déni, par et au nom de l'Europe et de l'euro, de démocratie, un coup d'Etat permanent.

Pour moi, ce fut, hier soir au Chambon-sur-Lignon, une conférence, à l'invitation de la Société d'histoire de la Montagne, sur "La Grèce et l'Europe, XIXe-XXIe siècle" : soixante-dix de personnes ; on a commencé à 21h00 et terminé à... plus de minuit.

La Grèce rassemble et elle passionne. L'accueil fut chaleureux, et ardente la discussion qui a suivi mon exposé.

Mais surtout, j'ai pu, une fois de plus, constater que la propagande euro-allemande, relayée par 90% des médias français, son gouvernement et les partis dominants, n'a pas pris. Les Français ne sont plus dupes et ils ont conscience que la Grèce est le laboratoire de ce qui les attend.

Ce qui est également intéressant, c'est qu'on peut parler désormais parler de l'indispensable sortie de l'euro, et de l'indispensable dissolution de cette monnaie absurde et criminelle, sans être soupçonné de "faire le jeu du FN". Comme en Grèce, les gens sont en train de comprendre les effets ravageurs de l'euro et sont prêts à entendre si on a le courage d'expliquer.

vendredi 14 août 2015

Tsipras en suspens

Ca a apparemment chauffé toute la nuit ! Zoe leur a mené la vie dure en accusant le ministre de l'Economie de donner le sceau du Parlement à Merkel et Schäuble... Heureusement que je me suis couché à 2h00 du matin, sans attendre le vote parce qu'il n'était pas terminé à 9h00 lorsque je suis parti pour Le Chambon-sur-Lignon om je donne, ce soir, une conférence sur "La Grèce et l'Europe, XIXe-XXIe siècles.

Quant à Vénizélos (PASOK), il s'est payé le luxe de demander des excuses à Syriza sur les accusations de déni de démocratie et d'inconstitutionnalité de l'adoption à la va vite, le pistolet sur la tempe, par une procédure expéditive des deux premiers mémorandums. Et hélas il a raison ! Syriza a fait tout ce qu'il avait promis de ne plus faire... Jusqu'à ces votes de nuit, à la sauvette, par des députés qui n'ont pas eu le temps de lire ce qu'ils votent et qui sont la négation même de la démocratie.

Or donc, si je ne me trompe pas, Tsipras n'a, cette fois, eu, sur les conséquences pratiques de sa capitulation d'il y a un mois, que 106 votes sur 149 députés de son parti (32 Non et 11 abstentions).

Les choses sont désormais plus que claires : il n'a plus de majorité sans les droites - ND, PASOK, Potami - et se trouve donc dans leurs mains en même tant que dans celles de Merkel, Schäuble et Djesselbloem.

Quelles conséquences en tirera-t-il ? Il me semble avoir lu qu'il estimerait devoir démissionner s'il obtenait moins de 120 votes des députés Syriza...

Quant à la prochaine chambre, elle risque fort d'être ingouvernable ou de devoir réunir tous les mémorandaires (Syriza maintenu, ND, PASOK, Potami)... pour six mois. Stagnation de la ND ; je ne crois pas à une poussée de Potami. Aube dorée en hausse, disparition des Grecs indépendants qui sont passés sous la table pour la 3e fois et peut-être du PASOK, légère montée du KKE, Syriza maintenu en tête mais avec 8 à 10 points de moins qui iront à la nouvelle gauche si elle se crée...

jeudi 13 août 2015

Tsipras en suspens, la Chine et l'euro

Une belle analyse de Romaric Godin sur la situation politique et institutionnelle.

A cet égard, Dominic, je crois que vous avez raison : la réforme du mode de scrutin voulue par Samaras pour supprimer la prime des 5O sièges n'est pas allée à terme. Ma mémoire m'a joué un tour et étant privé de moyens de vérifier, je me suis trop avancé. Mea culpa !

En attendant, la Chine vient de dévaluer pour la troisième fois. 15 août 71, ça ne vous dit rien ? Nixon suspendait la convertibilité du dollar, mettant fin unilatéralement au système de Bretton-Woods, et plongeait le monde dans le chaos monétaire...

La Chine dévalue ; mécaniquement, l'euro va nous étouffer davantage. Nous et la Grèce bien sûr, qui crève de l'euro bien plus que de toute autre chose ! Les pingouins d'Eurostat qui font là où on leur dit de faire et qui annoncent imperturbablement la fin de la récession en Grèce et le retour de la croissance depuis au moins deux ans, viennent de réviser leur prévisions à la baisse avec le nouveau "plan de sauvetage" qui ne sauvera rien. Après une chute de 25 % à 30 % de son PIB en cinq ans, la Grèce est donc repartie, même pour les pingouins d'Eurostat, pour deux années de récession supplémentaire, d'où, bien sûr, naîtra l'équilibre budgétaire, et la croissance... mais dans trois ans !

La Chine dévalue ; mécaniquement, l'euro va nous étouffer davantage. Mais pas de problème ! Tout va bien, bonnes gens, rassurez-vous ! C'est la reprise, la croissance... La prospérité est au coin de la rue comme disait Hoover en enfonçant les EU dans la Grande Dépression et en refusant de dévaluer. Nous, on sait encaisser les coups ! Tous les produits chinois vont donc devenir moins chers à l'exportation, c'est-à-dire chez nous, et les produits européens vont eux se renchérir : faillites, fermetures d'usine, chômage, creusement du déficit commercial. Le monde est entré en phase aigüe de guerre monétaire, comme toujours en phase de dépression économique et, dans ce combat de boxe, les pays de l'eurozone ont les mains attachées dans le dos par les règles de l'euro qui interdisent la dévaluation.

Résultat ? L'asphyxie.

Bonnes vacances et profitez-en ! La rentrée sera dure.

mercredi 12 août 2015

En attendant le vote de demain

Demain un gouvernement de gauche dite radicale va faire voter 35 mesures scélérates par un Parlement qui, comme depuis cinq ans, n'aura eu ni le temps d'être informé sur le contenu et les conséquences de ces mesures, ni la latitude de les amender alors que le droit d'amendement est en principe un des piliers de la démocratie représentative que l'UE prétend défendre. Ceci est constitutif du coup d'Etat permanent organisé et conduit depuis Berlin et Bruxelles, avec la complicité de Paris, depuis cinq ans. L'Union européenne, dont le but a depuis l'origine été de priver les peuples de la maîtrise de leur destin pour le remettre aux mains d'une oligarchie qui prétend savoir mieux qu'eux ce qui est bon pour eux, est aujourd'hui une dictature qu'il faut abattre.

La responsabilité du gouvernement grec, comme celle de ses prédécesseurs est évidemment éminente. Ce gouvernement trahit ainsi, pour la seconde fois depuis la mi-juillet, le programme sur lequel il a été élu en janvier et qui prévoyait des mesures exactement contraires à celles qu'il vient d'accepter. Comme je l'indiquais dès le lendemain de sa première reddition, la capitulation n'est pas un acte isolé mais l'événement inaugural d'un processus qu'ont connu tous les gouvernements de collaboration. Il trahit aussi le mandat explicite que, à 63,1 %, le peuple grec lui a, à sa demande, donné de ne pas consentir aux mesures qu'il a acceptées.

Ce gouvernement a bien entendu été soumis à d'intenses pressions dont ne connaîtront probablement jamais la nature. Ceci n'explique ni n'excuse rien. Les hommes qui gouvernent la Grèce aujourd'hui savaient, en sollicitant de leurs concitoyens le mandat de gouverner, qu'ils seraient soumis à des pressions. Ou bien alors ils étaient de doux inconscients. Gouverner est un honneur mais c'est aussi un risque.

Quant aux mesures que le gouvernement a acceptées hier, que le Parlement votera demain avec les partis faillis - droite et socialiste - et Potami, le parti de l'oligarchie médiatique, probablement créé avec l'argent de Bruxelles et choyé par l'ordonnateur de l'évasion fiscale en Europe, Juncker, elles sont une fois de plus déflationnistes et récessives, c'est à dire qu'elles sont à l'inverse exact de ce dont le peuple grec a besoin et seront adoptées par une majorité de rencontre que le peuple grec n'a pas choisie. C'est un déni de réalité économique et un déni de démocratie. Elles ne feront en outre qu'aggraver encore la tragédie économique, sociale, humanitaire et politique dans laquelle le néo-impérialisme allemand, dont l'Europe est le moteur et le paravent, a enfoncé ce pays et son peuple depuis cinq ans.

Enfin, elles n'empêcheront pas l'issue ultime qu'elles repoussent : la sortie de l'euro, de toute façon inévitable et indispensable. Mais alors que le gouvernement aurait dû la préparer, l'organiser, négocier un mode coopératif de sortie, elle sera imposée. Et chaque jour qui passe la rendra plus chaotique parce que chaque jour qui passe fera croître les faillites, le chômage, la précarité, la misère, l'émigration des plus qualifiés, la désespérance, la décrébilisation de toute action politique et de la démocratie, le nombre des morts que la politique euro-allemande a semés et sème sur son passage depuis cinq ans.

Ce qui se passe aujourd'hui en Grèce nous concerne tous : c'est la fin de la démocratie représentative et de l'Etat social par l'Europe, c'est une étape de plus dans l'établissement de l'hégémonie allemande dont il faudra bien, un jour ou l'autre que les peuples qui veulent continuer à vivre libres et dignes trouvent un moyen de se débarrasser.

mardi 11 août 2015

Coup d'Etat permanent en Grèce (suite mais pas fin)

Romaric nous donne son analyse de "l'accord" que le gouvernement grec est en train d'accepter sur l'application du troisième mémorandum, et je le trouve bien optimiste ! Passer d'objectifs absurdes à des objectifs tout aussi absurdes mais avec quelques décimales ou points de moins ne change rien à la donne. Cet "accord" est récessif et enfoncera un peu plus la Grèce dans le chaos économique, social et humanitaire.

Cet "accord" ne change rien au coup d'Etat permanent que subit la Grèce de la part de l'Europe depuis cinq ans ; au contraire : la logique mémorandaire, renversée par l'accord de février, est rétablie et Tsipras la ratifie. Il accepte même d'abroger des lois qu'il a fait voter par le Parlement. Libéralisation de la protection sociale, extension du droit de saisie des maisons par les banques et créanciers, ouverture du marché des médicaments, accélération du bradage aux intérêts occidentaux (singulièrement allemands) du patrimoine national, etc.

De surcroît, en négociant des concessions insignifiantes - c'est à dire sans signification autre que symbolique -, Tsipras légitime le principe, la logique à l'oeuvre tout en voulant faire croire qu'il s'agirait d'autre chose que d'un Diktat. C'est la logique de toutes les collaborations.

Non, décidément, on ne me fera, pas plus que le 13 juillet, me contorsionner pour trouver que l'inacceptable est un moindre mal, pour défendre que ce qui aurait été monstrueux si la droite et le Pasok l'avaient fait, serait tout à coup devenu acceptable parce que la gauche dite radicale a accepté de se renier et de gérer ce désastre.

En réalité, Tsipras ayant donné satisfaction à ceux devant qui il a capitulé, on lui fait quelques concessions de forme, qui ne changent strictement rien à la logique à l'oeuvre, afin de lui permettre de changer de majorité lors d'élections qu'il va probablement provoquer rapidement, avant qu'un pôle souverainiste n'ait eu le temps de s'organiser : élimination des résistants de Syriza et probablement de l'ANEL, pour une alliance avec Potami (but de la nomenklatura européenne dès les élections de janvier), voire avec les rescapés du naufrage pasokien ou des "modérés" de la ND. Mais qu'on ne s'y trompe pas, les Grecs ont désormais compris la nature profonde de l'euro, cette ultime combinaison à laquelle se prête Tsipras ne durera pas. Parce que la situation va immanquablement s'aggraver.

Pour l'heure, Tsipras ne s'est pas effondré parce que tout cela a moins d'un mois, que les effets désastreux de son mémorandum ne se font pas encore sentir, qu'il bénéficie de l'aura de celui qui a résisté tant qu'il a pu et qu'une alternative souverainiste n'a pas eu le temps de se reconstruire. Il a donc tout intérêt à provoquer rapidement des élections. Mais cela ne changera rien à l'affaire : ce sera de la déflation, du chômage, de la misère et des morts s'ajoutant aux morts, à la misère, au chômage et à la déflation. Avec au bout la sortie de l'euro de toute façon, que chaque jour qui passe rendra plus difficile parce que chaque jour qui passe dans l'euro détruit un peu plus le pays, sa société, son potentiel productif.

lundi 10 août 2015

L'Allemagne s'est considérablement enrichie sur le dos des Grecs depuis 2009...

C'est la nouvelle du jour qui court partout sur le web, à la suite de la publication d'un institut de recherche allemand...

Oui et alors ? Ca étonne qui ? L'euro a justement été conçu pour enrichir les pays riches et appauvrir les pays pauvres. C'est étrange tout de même qu'on semble découvrir comment l'oeuf de Colomb tient debout.

Mais rassurez-vous, grâce à Tsipras-le Guépard (que tout change pour que tout reste comme avant), ça va continuer. Et vous allez encore entendre beaucoup "d'idiots utiles" de gauche qui vont vous expliquer qu'on va réformer l'euro et faire une Europe sociale... à la saint Glin Glin.

Hier, sur Facebook, l'ami Frédéric Farah (professeur de sciences économiques et sociales et chargé de cours à l'université Paris 3, postait le message suivant :

"L'histoire est nécessaire pour entendre le présent. Je me replonge dans les années 20 et particulièrement dans le rétablissement de l'étalon or (dont Keynes affirmait dans son traité sur la monnaie en 1930 qu'il était devenu "partie intégrante de la panoplie du conservatisme "... on pourrait dire cela de l euro aujourd'hui) par la Grande Bretagne et en particulier par Churchill. Le parallèle avec l'euro est troublant Je vous laisse un extrait du texte de 25 de Keynes sur les conséquences économiques de la politique de M Churchill : " La vérité est que nous nous situons à mi chemin entre deux théories de la société économique. Selon l'une des théories, les salaires devraient être déterminés en faisant référence à ce qui est "juste" et "raisonnable" entre les classes. L'autre théorie la théorie du mastodonte économique veut que les salaires soient fixés par la pression économique, autrement appelée "dure réalité" et que notre immense machine devrait foncer, avec pour seule préoccupation son équilibre d ensemble et sans égard aux conséquences imprévues sur le trajet pour les groupes particuliers."

Nous en sommes encore la. L'UE a choisi la deuxième voie."

En réalité, la pensée de Keynes reste passionnante. A ce post j'ai répondu par trois :

Sur la situation anglaise des années 20 et le parallèle avec le 3e euro (le nôtre, car nous en avons déjà connu deux autres auparavant avec l'Union latine et le bloc-or) : "J'ajoute que, à cause de la volonté de Churchill de redonner sa valeur d'avant-guerre à la livre, ancrée à cet étalon-or fétichisé comme l'est aujourd'hui l'euro, et surévaluée par rapport au contexte économique de l'époque comme l'euro aujourd'hui, le Royaume-Uni s'est enfoncé dans la déflation, la stagnation et le chômage de masse, alors que le reste de l'Europe se redressait. Mais que, après la crise de 29, alors que la déflation du chancelier Zentrum (chrétien démocrate d'alors) Brüning amenait Hitler au pouvoir et que la France s'entêtait à maintenir le bloc-or (fétichisé lui aussi comme l'euro aujourd'hui ; en réalité, après l'échec du premier euro qu'était l'Union latine regroupant la France, la Belgique, la Suisse, l'Italie et... la Grèce, le bloc or est un deuxième euro qui regroupait la France, la Belgique, les Pays-Bas, le Luxembourg, l'Italie, la Suisse, la Pologne et la Tchécoslovaquie), que Laval se lançait à son tour dans la déflation pour le maintenir (avec comme conséquence le 6 février 34 puis le Front populaire qui choisira d'achever le bloc or qui avait commencé à exploser avec la sortie de la Tchécoslovaquie et de l'Italie en 1934, de la Belgique en 1935 et de la Pologne en avril 36 : c'est l'échec du 2e euro), le Royaume-Uni était le premier à sortir vigoureusement de la crise après avoir été le premier à sortir de la politique monétaire mortifère (abandon de l'étalon-or en 1931) qui l'avait étouffé tout au long des années 1920..."

Sur la philosophie de Keynes, ensuite : "Dans "Suis-je un libéral?"... ce qu'il était au départ, il écrira aussi que l'Etat "doit contrôler et diriger les forces économiques dans l'intérêt de la justice et de la stabilité sociale" et qu'il faut des "instruments nouveaux pour adapter et contrôler le jeu des forces économiques de façon à ce que celles-ci ne heurtent pas brutalement ce qu'on regarde aujourd'hui comme normal en matière de stabilité et de justice sociales."

Et sur ses projets, à la fin du second conflit mondial, de réorganisation du système monétaire international, fondé sur un bancor, qui fut écarté, lors de la Conférence de Bretton-Woods qui créa le FMI et la Banque mondiale, au profit du projet américain : "Le bancor de Keynes n'était pas l'étalon or, ni l'étalon de change or qui a été adopté à BW. Sa valeur aurait été fixée en fonction du stock d'or ET de l'évolution de la croissance économique, la monnaie de chaque pays étant définie par rapport à cet étalon neutre ET à ses performances économiques. Il prévoyait, contrairement à l'euro, une variation périodique des taux de change en fonction de la variation de la part de chaque pays dans le commerce international... afin d'empêcher les excédents commerciaux excessifs des uns et les déficits excessifs des autres !!! L'Union internationale de compensation par laquelle passerait les échanges de capitaux pouvait en outre émettre des bancors pour financer la reconstruction et les investissements nécessaires au développement général ! Imaginons un instant ce que cela signifierait dans le cas de la Grèce à l'échelle européenne... Le système Keynes était, contrairement à l'euro, un système d'essence coopérative et non concurrentielle ! Mais BW n'a pas adopté le système Keynes il a adopté le système Dexter White/Morgenthau qui reproduisait les tares du système d'étalon or en y superposant l'hégémonie du dollar."

Tout cela est bien actuel... n'est-il pas ?

samedi 8 août 2015

13 % pour le persil et 23 pour le basilic.

En Grèce, la Troïka re-formée grâce à Tsipras s'oppose à ce que les revenus au-dessus de 500 000 euros soit taxés à 8 % comme le voudrait ce qui reste de gouvernement grec. C'est trop ! Cela encouragerait l'évasion fiscale ! Tous les impôts doivent augmenter, mais les riches il faut les ménager !!! Il est vrai qu'en matière d'évasion fiscale, la Commission européenne dispose de la solide expertise de son président imbibé.

La capitulation tsiprienne prévoyait aussi une augmentation/harmonisation des taux de TVA, qui pèsent sur la consommation des plus pauvres - mais qu'est-ce qu'on en a à foutre des pauvres, à Berlin, à Bruxelles, à Paris, au gouvernement de gauche radicale grecque ! Une nouvelle d'importance en la matière vient de tomber : ce sera 13 % pour le persil (alimentation non conditionnée) et 23 % pour le basilic (en pot, considéré comme une plante). Ca c'est de la réforme ! Et l'on comprend tout ce qu'il faut de compétence à la fine pleur de la Nomenklatura de l'Union européenne et aux fines lames de la métropole allemande dictant ses quatre volontés au gérant de gauche radicale de la petite colonie hellénique pour pour en arriver à pareille décision sur les fines herbes...

Pendant ce temps-là, Le Figaro, propriété de M. Dassault dont l'entreprise n'est pour rien ni dans le déficit grec (on tenta encore en 2009 de caser des Rafale à la Grèce en faillite), ni dans la corruption de la classe politique (un des plus importants scandales politiques ayant touché le PASOK concernait les commissions versée pour l'achat de Mirage), si chérie par ailleurs de Siemens, Krupp, Ferrostal et de la vertueuse Mme Merkel, autant que du très honnête M. Juncker - le président à 40°, comme le cognac, de la Commission -, ancien Premier ministre du paradis fiscal qui a permis à nombre de grandes entreprise grecque de ne pas payer d'impôts en Grèce, publie un entretien (curieusement donné avent le référendum grec) avec Jean-Pierre Chevènement, qui - hélas ! - pas plus que Philippe Seguin, ne réussit autrefois, lorsqu'on pouvait encore arrêter la locomotive folle de l'Union européenne qui nous emmène à toute vapeur vers un désastre européen - sous conduite allemande pour la 3e fois en un siècle -, à dépasser les clivages partisans privés de sens pour restructurer le débat politique autour de la seule question importante : démocratie, république, souveraineté ou oligarchie néototalitaire, empire, marché comme - les trois réalités qui se cachent derrière ce qu'il est convenu d'appeler l'Europe.

"Le ver était dans le fruit depuis très longtemps dit notamment M. Chevènement. Pour comprendre la nature profondément antidémocratique de l'actuelle construction européenne, il faut remonter des décennies en arrière au «système» Jean-Monnet, que l'on peut qualifier de «système de cliquets». L'Europe fonctionne par une suite de petits faits accomplis sur lesquels les citoyens ne peuvent plus revenir: on commence par le charbon et l'acier, puis par le marché commun, le droit communautaire, la réglementation de la concurrence, et enfin la monnaie unique pour arriver au «grand saut fédéral». Les peuples européens sont amenés à se dépouiller peu à peu de leur souveraineté sans en avoir réellement conscience. Petit à petit, ils se retrouvent piégés. Les dirigeants européens ont amené les peuples où ils ne voulaient pas aller sans leur poser franchement la question. A la fin, s'apercevant de la supercherie, ces derniers ont dit non, en France, mais aussi aux Pays-Bas, au Danemark ou en Irlande. Pourtant les dirigeants ont considéré que cela ne valait rien, au regard d'une orthodoxie européenne qu'ils considèrent au-dessus de toute démocratie. L'Europe s'est construite par effraction et l'essence du système européen est oligarchique. Le Conseil européen des chefs d'Etat est la seule institution légitime, mais ne se réunit que périodiquement et ne dispose pas d'outils pour traduire ses impulsions. La Commission européenne est composée de hauts fonctionnaires qui ne sont pas élus mais nommés de manière très opaque. Comme l'affirme la Cour constitutionnelle allemande de Karlsruhe, le Parlement européen n'est pas un parlement. Il ne peut pas l'être car il n'y a pas de peuple européen, mais une trentaine de peuples différents."

Et oui, tout est là.

Car ce qu'il est convenu d'appeler l'Europe - par antiphrase puisque c'est un régime oligarchique de nature néototalitaire, qu'on a construit depuis 1957, dont on voit bien aujourd'hui qu'il aboutit, sous direction teutonne à établir une hiérarchie des peuples, comme autrefois cette même Allemagne voulut organiser l'Europe de l'Ordre nouveau sur une hiérarchie des races, et non une Europe des peuples, de la démocratie ou de la paix - n'est pas réformable. Contrairement à ce que continuent à penser tous les "idiots utiles" de la gauche qui reste fascinée et paralysée intellectuellement devant cet objet qui les condamne à la paralysie et à l'échec, elle n'est pas réformable parce qu'elle a justement été conçue et "construite" pour servir à quoi elle sert.

La Grèce, on ne le dira jamais assez, est depuis cinq ans le laboratoire de docteurs Frankenstein qui testent la destruction par l'Europe et l'euro de l'Etat social et de la démocratie. La capitulation de Tsipras et ses conséquences - du taux de taxation des riches à celui du persil et du basilic - nous concerne tour. C'est notre avenir !

Reste l'hypothèse de la rupture impossible en juillet à l'orée de la saison touristique, la feinte de l'acceptation et, le retournement après la saison, pour dire aux Grecs : les conditions qu'on nous impose en plus de celles que nous avons déjà acceptées sont décidément... inacceptables ! Hypothèse que je n'écarte pas tout à fait, mais à laquelle je ne crois plus vraiment - notamment en raison des discours de plus en plus durs, voire insultants de la garde rapprochée de Tsipras, à l'égard de ceux qui n'acceptent pas cette capitulation. Une "source", hier, m'a cependant affirmé qu'un retournement "à gauche" serait dans les tuyaux pour des élections en septembre... A voir !

Pour l'heure, les indices vont plutôt dans l'autre sens : Maria Damanaki, qui quitta naguère le Synaspismos (noyau de Syriza) pour aller à la soupe au PASOK de Papandréou et fut nommée par lui commissaire européenne, fait part de son enthousiasme délirant pour le "nouveau Syriza", tandis que Photis Kouvelis, qui quitta Syriza pour aller à la soupe et faire entrer son parti-cule dans le gouvernement droite-Pasok de Samaras et Vénizélos, se dit prêt à réintégrer Syriza pour y soutenir la nouvelle orientation de toutes ses forces. On a les soutiens qu'on mérite !

En attendant de voir comment tout cela tourne, voici quelques autres suggestions de lecture, sur les débats internes à Syriza et à ses compagnons de route :

- de Panos Kosmas, membre de Syriza : "Le gouvernement, par l’accord du 13 juillet, a-t-il repoussé le chantage de Schäuble ? La réponse est non. (…) Le gouvernement n’a pas récusé le chantage ; il a accepté une des deux propositions de Schäuble. (…) Déjà le FMI estime que la clause de « correction automatique » du programme va rendre celui-ci non gérable politiquement, alors que les grands médias internationaux abondent en analyses et estimations que ce programme est non viable, en conséquence de quoi l’échec de l’une des deux propositions de Schäuble va ramener sur scène la deuxième, la « pause » d’un Grexit temporaire. Cependant entre temps le patrimoine public sera bradé, les salaires, les retraites et l’état social auront subi un nouveau coup de massue, une grande partie du patrimoine et des dépôts des classes populaires seront confisqués."

- d'Antonis Ntavanellos, membre de Syriza : ""Il s’agit d’un mémorandum que Samaras n’aurait pu imposer, ni la «grande coalition» Samaras (ND) et Venizelos (PASOK). Les créanciers et la classe dominante grecque ont déposé ce troisième mémorandum dans les mains de Syriza avec l’objectif de mettre à profit son influence au sein des classes laborieuses et populaires et de la sorte promouvoir des contre-réformes; mais aussi dans le but de briser les forces sociales et politiques menaçantes du monde du travail regroupées autour de Syriza (…). Nous tous, en plus d’être membres du parti, nous sommes membres d’organisations sociales, par exemple de syndicats. Là, nous avons l’obligation de stimuler la lutte, la résistance sociale contre les mesures spécifiques du troisième mémorandum. Et cela avec les mêmes armes traditionnelles : la grève, les manifestations et les occupations, etc. Objectivement, ces luttes vont se retourner contre le gouvernement qu’a soutenu et soutient le parti de Syriza. Individuellement et collectivement nous serons placés dans cette position tragique si nous décidons d’accepter le nouveau mémorandum."

- d'Eric Toussaint, coordinateur scientifique de la commission constituée par la présidente du Parlement hellénique sur l'audit de la dette : « Désormais le gouvernement de Tsipras se fait le complice des créanciers en violation des droits humains. (...) Nous sommes dans une situation où les trois partis de droite qui ont perdu le référendum du 5 juillet 2015 sont ceux qui sont en train de dicter avec les créanciers les lois que le Parlement doit adopter. (...) Il est très important de souligner que Zoé Konstantopoulou, la présidente du Parlement grec qui a créé la Commission, a sauvé l’honneur de Syriza aux côtés des 31 députés qui ont voté contre l’accord le 15 juillet voir http://cadtm.org/Discours-de-Zoe-Konstantopoulou-en ). Cette présidente a décidé de ne pas démissionner de sa fonction. Tant qu’elle continue, nous continuerons la Commission avec le statut actuel. Et s’il y a un coup de force pour la démettre, c’est-à-dire un vote de la droite et d’une partie de Syriza, ou si elle décide de changer de position et de quitter la présidence du Parlement, la commission convoquera ses membres pour continuer de manière autonome. Zoé Konstantopoulou, continuera quoiqu’il en soit à travailler avec la Commission. En résumé, tant qu’elle est à son poste, on continue avec le Parlement, sinon on continuera de manière autonome sans appui institutionnel.».

jeudi 6 août 2015

Pour ou contre la sortie de l'euro : 36/41

Sur son blog, ce soir, Jacques Sapir commente un sondage qui est tout à fait intéressant. Un sondage, bien sûr, ne fait pas le printemps, mais - comme je m'échine à l'écrire et à le répéter -, on ne pourra plus dire que les Grecs refusent - à tout prix - de sortir de l'euro, parce que - comme je m'échine à l'écrire et à le répéter -, l'opinion évolue de manière spectaculaire sur la question depuis cinq mois et plus encore depuis le référendum et le Diktat qui l'a suivi.

En effet, à la question 5 de ce sondage : dans les circonstances présentes préférez-vous rester ou sortir de l’Euro ? 41 % répondent "Rester" ; 36% "Sortir" ; 23 % sont indécis.

Ainsi donc partisans et adversaires de la sortie se retrouvent à 5 % alors que 23 % sont entrain de comprendre qu'il n'y a pas d'autre solution mais ne veulent pas encore admettre que c'est la seule solution. Ceci, comme le fait remarquer Sapir alors que la méthode du sondage, par téléphone, exclut des populations qui, a priori, sont les plus défavorisées et les plus hostiles aux politiques induites par l'euro.

Pour ma part, je pense qu'aujourd'hui les Grecs sont prêts à une sortie de l'euro et les résultats de ce sondage ne m'étonnent absolument pas. Je l'ai dit, écrit et répété, l'axiome : "Les Grecs ne veulent pas sortir de l'euro" n'est fondé sur rien.

La plupart des sondages (celui-là a été réalisé par un institut non grec) en Grèce sont réalisés par des sociétés tenues par la mafia politico-économico-médiatique d'où est issu Potami et qui a fait une campagne hystérique pour le OUI annonçant la sortie de l'euro en cas de victoire du Non. D'ailleurs, la veille du référendum, les sondages donnaient le Oui... en tête alors que le Non a gagné à 61,3%. Les seuls sondages crédibles en Grèce sont ceux qui viennent des universités, notamment celle de Thessalonique qui donne généralement des résultats proches de la réalité : or même les sondages de ces sociétés montrent une montée continue depuis cinq mois des partisans d'une sortie de l'euro. Ce que tendrait à montrer celui-ci c'est seulement une accélération de ce mouvement de fond depuis le référendum.

Et pour moi, ceci recoupe - ô combien ! - ce que j'ai ressenti depuis mai à Thessalonique, à Athènes, à Patras, à Rhodes, à Nisyros, chez les universitaires que j'ai rencontrés ici - et dont la radicalité m'a surpris alors que ce milieu devrait être un des plus eurolâtres - comme chez les Nisyriotes, que je connais depuis 20 ans et qui ont la claire conscience que cette monnaie absurde les étouffe, les désavantage en matière de tourisme par rapport à une Turquie qui ne cesse de dévaluer, empêche tout redémarrage. Je l'ai écrit ici : sur le terrain, avant comme après le référendum, on sent que la sortie de l'euro est dans toutes les têtes alors qu'elle n'était que dans un petit nombre en décembre.

Au demeurant, la campagne de trouille hallucinante menée par les partisans du Oui promettant la sortie de l'euro et l'apocalypse tout de suite après n'a pas dissuadé les Grecs de voter massivement Non (85% chez les 18-24 ans, même les nomes de droite comme la Messénie ou ceux du Nord, même le centre bourgeois d'Athènes !). Il ne faut pas prendre les Grecs pour plus bêtes qu'ils ne sont : la plupart de ceux qui ont voté Non savaient que, en donnant ce mandat de rupture, ils acceptaient la sortie de l'euro. Et toutes mes conversations durant la campagne avec des partisans du oui ou du Non allaient dans ce sens.

Jusqu'à décembre, il est incontestable que la plupart des Grecs souhaitaient une autre politique dans l'euro. Il est aussi incontestable aujourd'hui qu'un nombre chaque jour plus grand de Grecs comprend qu'il n'y a pas d'autre politique possible à l'intérieur de l'euro et sont en faveur d'un changement de politique en se résolvant, bon gré mal gré, à la sortie. La responsabilité politique majeure de Tsipras d'avoir trahi le mandat qu'il avait reçu une semaine plus tôt n'en est que plus écrasante... s'il ne rompt pas à la fin de la saison touristique en annonçant que, décidément, les exigences auxquelles il se trouve confronté sont inacceptables.

Le deuxième enseignement de ce sondage, c'est qu'à presque 58 %, ceux qui ont répondu pensent que le Grexit n'est pas évité, c'est-à-dire que - qu'ils le souhaitent ou non - il peut arriver à tout moment. Alors que 32 % pensent qu'il a été évité et que 10 % seulement ne se prononcent pas.

Et les 58 % ont raison car, quel que soit le résultat des négociations en cours, qu'elles aboutissent à une nouvelle capitulation ou qu'elles échouent, la situation de la Grèce, les effets déflationnistes de ce 3e mémorandum, lorsqu'ils sera entré en vigueur, sur une économie et une société déjà ravagées par cinq ans de déflation rendront de toute façon le maintien de la Grèce dans l'euro intenable. Et Schäuble le sait... si Tsipras ne veut pas le savoir.

Enfin les Grecs ont un jugement clair sur ce qui s'est passé : 83 % pensent que Syriza a abandonné son programme, 76 % que Tsipars a capitulé devant les créanciers. 73 % sont convaincus que la situation économique et sociale ne s'améliorera pas en cas "d'accord" avec les créanciers.

Au total, si Syriza maintient son niveau d'intention de vote (mais le cas de la scission n'est pas envisagé) c'est avant tout parce que les Grecs refusent tout retour au pouvoir de la vieille (ND, PASOK) ou jeune (Potami) Nomenklatura eurolâtre et qu'aucune alternative ne s'est encore dessinée. Mais la situation dans laquelle nous sommes a moins d'un mois ! Les reclassements sont à venir.

Là dessus, voici ce que m'écrit ce soir l'ami Panaghiotis Grigoriou, de l'indispensable blog greekcrisis :

"La capitulation de SYRIZA de Tsipras est une très mauvaise affaire, qui donne certes raison théoriquement au KKE dans la mesure où effectivement il faut se battre pour la mise à mort de l'UE et pas uniquement de celle la zone euro, sauf qu'à mon avis le KKE est inféodé au système étant donné qu'il n'a rien fait pour la mise en place d'un front populaire. Une telle réalité dès 2011-2012 aurait probablement rendu difficile la prise de pouvoir au sein de SYRIZA par certaines personnes, directement téléguidés par le pouvoir troïkan, bruxellois, américain ou berlinois (Dragasakis, Stathakis et bien d'autres qui se découvrent petit à petit à présent - je veux dire cela se voit). Très récemment, un appel de Mikis Theodorakis (voir en parti traduit sur mon blog) a été signé par de nombreux membres de la Plateforme de Gauche SRIZA et par bien d'autres, c'est un appel à la Résistance contre l'Occupation Allemande et mondialiste qui entre dans une nouvelle phase, après la trahison de SYRIZA.

La Plateforme de Gauche SYRIZA (Lafazanis), ainsi que Zoé Konstantopoulou ont très bien réagi, Tsipras prépare alors un Congrès d’Opérette pour inféoder officiellement SYRIZA à la social-démocratie et à la mondialisation : "il faut redéfinir les orientations théoriques et politiques de SYRIZA depuis la nouvelle situation" déclare Dragasakis par exemple, et lorsque mon amie Katerina (Vice-Présidente de Région et CE SYRIZA pour le moment) lui a posé un certain nombre de questions (pourquoi ne pas avoir contrôlé les transferts de capitaux avant ? Pourquoi ne pas avoir mis en place le contrôle des banques ? pourquoi avons-nous payé les créanciers en faisant saigner le pays avant d'arriver à la situation de juin? etc ) directement lors du dernier Comité central SYRIZA il y a qq jours (dans une ambiance délétère), Dragasakis a tout simplement baissé sa tête....

Mon impression comme celle de Katerina et de bien d'autres, est que le "label SYRIZA" est mort, à gauche en tout cas. Je dirais même que le label "gauche" est grillé ! D'après ce que je comprends, les gens de la Plateforme de Gauche (et ils ne seront pas les seuls) ne prendront pas part à la préparation du "Congrès", à leurs yeux, au lieu de changer de cap maintenant (la Plateforme de Gauche demande l’arrêt des négociations), SYRIZA gouvernemental achèvera le crime contre la Grèce, contre la Gauche et contre la Démocratie (même bourgeoise), en signant le mémorandum III vers la fin août et le "Congrès" viendra tout simplement entériner la mutation de SYRIZA !

Alors très probablement, ceux de la Plateforme de Gauche quitteront SYRIZA, en tout cas ceux qui ne sont pas députés, pour les députés, je n'ai pas d'info."

lundi 3 août 2015

Varouf Parle...

Marie-Laure Coulmin Koutsafis, qui a sélectionné et traduit les poèmes de Titos Patrikios, pour l'anthologie récemment parue au Temps des cerises, intitulée ''Sur la barricade du temps'' (c'est à Marie-Laure que je dois d'avoir eu le plaisir d'écrire la préface de ce beau volume), vient de m'envoyer ce texte, traduit par elle, de l'itv donnée par Varouf à El Pais. Le voici :

Interview complète de Yanis Varoufakis par Claudi Perez du journal El Pais, paru le 2 Août 2015 sur le site "Thougths for the post-2008 world". (www.yanisvaroufakis.eu)

Pourquoi est-ce que toutes les interviews de vous que j'ai lues commencent par vous demander si vous allez bien puisqu'il est évident, comme je le vois, que vous allez vraiment bien?

Je soupçonne que les journalistes pensent que je suis morose maintenant que je ne suis plus au ministère. Mais je ne suis pas entré en politique pour y faire carrière. Je suis entré en politique pour changer des choses. Il y a un prix à payer si on essaie de changer les choses.

Quel est ce prix ?

Le mépris venant de l'ordre établi. Le sentiment profond de détestation venant des intérêts établis qu'on doit déloger pour changer les choses. Ils se sont sentis menacés. Si l'on entre en politique sans compromis, on en paie le prix.

Vous dites que vous devez changer des choses. Dans ces six derniers mois, avez-vous le sentiment de l'avoir fait ?

Absolument. Pourquoi êtes-vous là ? Vous êtes là parce que quelque chose a changé. Il y a eu un gouvernement qui a été élu pour négocier durement sur les bases d'une ligne d'arguments inacceptable au sein de l'Eurozone. En même temps, l'histoire le rendait absolument nécessaire. Donc vous avez une force irrésistible heurtant un objet inerte. La logique inerte c'est l'irrationalité de l'Eurogroupe et la force irrésistible c'est l'histoire. Le résultat c'est beaucoup de chaleur et de bruit... Espérons qu'il y aura aussi de la lumière.

J'ai lu votre livre, à propos de votre fille... et je me suis mis à calculer. Le plan d'aide s'achèvera en 2018. Ensuite la Grèce sera sous supervision jusqu'à ce que la Grèce paie la majorité de ses emprunts : en moyenne une maturité de 32 ans. Donc l'ex-Troïka, maintenant un quartet et les hommes en noir, seront encore à Athènes jusqu'à ce que vos petits-enfants soient des adultes? Comment vous vous arrangez avec cette idée ?

Ne les appelons plus l'ex-troïka. C'est à nouveau la troïka. Nous leur avons donné une chance de devenir des institutions, de se légitimiser. Mais ils ont insisté pour se conduire comme la troïka indigne de ces cinq dernières années.

Vous n'avez donc pas tué la troïka ?

Bon, nous nous en sommes débarrassés ici à Athènes. Maintenant ils sont de retour, la Troïka est de retour. Ils pourraient avoir agi comme des institutions légitimes. Mais ils semblent préférer nettement agir comme une troïka de créanciers. C'est leur choix.

Mais ils seront là jusqu'à 2050, quand vos petits-enfants seront des adultes.

Non, ils ne seront pas là. Parce que cet accord n'a aucun avenir. Il continue la devinette qui s'éternise et qui prétend faire durer la crise avec de nouveaux emprunts insoutenables et prétendre que ça va résoudre le problème ... Ça ne peut pas continuer pour toujours. On peut tromper le peuple et les marchés pendant un petit laps de temps, mais à la fin on ne peut pas les abuser pendant cinquante ans. Soit l'Europe change, et ce processus est remplacé par quelque chose de plus démocratique, et durable, et gérable et humaniste. Sinon l'Europe n'existera plus en tant qu'Union Monétaire.

Qu'attendez-vous dans les six prochains mois ? On attend un troisième accord sur un plan d'aide à la mi-août.

C'est un programme qui est fait pour échouer. Et donc il va échouer. Ce n'est pas facile pour un architecte de construire un bâtiment solide, mais c'est facile pour lui ou pour elle de construire un bâtiment qui va s'écrouler. N'importe qui peut faire ça. C'était planifié pour échouer, parce que, admettons-le : Wolfgang Schaüble n'est pas intéressé par un accord qui marcherait. Il a déclaré de manière catégorique qu'il voulait redessiner la zone euro et une part de son projet c'est que la Grèce soit jetée hors de la zone Euro. Je pense qu'il est complètement dans l'erreur mais néanmoins c'est ça son plan et c'est un joueur très puissant. L'une des grands sophismes en ce moment c'est de présenter l'accord imposé à notre gouvernement le 12 juillet comme une alternative au plan Schaüble. Je vois les choses différemment : cet "accord" fait partie du plan Schäuble. Bien sûr, ce n'est pas le point de vue conventionnel.

Donc vous vous attendez à un Grexit ?

J'espère que non. Mais ce que j'espère c'est beaucoup de bruit, comme j'ai dit : des retards, des échecs à atteindre des buts inatteignables, davantage de récession, des impasses politiques. Et ensuite les choses vont atteindre un climax et l'Europe devra décider si elle procède avec le plan Schäuble ou non.

Mais quelle est votre hypothèse centrale ? Schäuble condamne-t-il la Grèce à sortir ?

Vous voyez bien qu'il y a un plan appliqué qui est en cours. Aujourd'hui on a appris que Schäuble veut contourner la Commission et créer quelque chose comme un commissaire au budget qui contrôlera les "règles" qui soumettent les budgets nationaux, même quand un pays n'est pas soumis à un "programme". En d'autres termes : transformer tous les pays en pays sous programme ! L'une des grandes réussites de l'Espagne en pleine crise a été que vous avez évité un vrai Memorandum of Understanding (et que vous n'avez eu qu'un tronc limité du programme de recapitalisation des banques). Le plan Schäuble c'est de mettre la Troïka partout, à Madrid aussi, mais surtout... à Paris!

Alors c'est Paris l'enjeu final.

Paris c'est le gros lot. C'est la destination ultime de la Troïka. Le Grexit est utilisé pour créer la peur nécessaire pour forcer Paris, Rome et Madrid à tout accepter.

S'agit-il de sacrifier la Grèce pour sauver l'Europe ?

Pensez-y en terme d'"effet de démonstration" : "c'est ce qui va vous arriver si vous ne vous soumettez pas entièrement à la Troïka". Ce qui est arrivé en Grèce est incontestablement un coup d'état. L'asphyxie de notre gouvernement à travers la pression sur les liquidités, la longue suite de refus de toute restructuration sérieuse de la dette... ce qui a été étonnant c'est que nous avons continué à leur apporter des propositions qu'ils ont sérieusement refusé de discuter, ils insistaient pour que nous ne les rendions pas publiques et dans le même temps, ils faisaient fuiter que nous n'avions aucune proposition. N'importe quel observateur indépendant voyant ça aurait convenu qu'ils n'ont jamais montré aucun intérêt pour un quelconque accord mutuellement bénéfique. En imposant la pression sur les liquidités, ils ont forcé l'économie à rétrécir pour finir par nous faire porter le blâme ... Nous avons régulièrement effectué nos paiements au FMI qui étaient prévus de longue date, malgré des versements qui ne sont jamais arrivés. Donc ils ont continué, en ajournant tout accord, jusqu'à ce qu'on tombe à court de liquidités. Ensuite ils nous ont donné un ultimatum sous la menace d'une fermeture définitive des banques. Ce n'était rien d'autre qu'un coup d'état. En 1967 il y a eu les tanks et en 2015 il y a eu les banques. Mais le résultat est le même, au sens ou c'était renverser le gouvernement ou le forcer à se renverser lui-même.

Et pour l'Europe dans son ensemble ?

Personne ne peut être libre si même une personne reste esclave. C'est le paradoxe bien connu de Hegel sur le Maître et l'Esclave. L'Europe devrait y faire attention. L'Espagne ne peut pas prospérer ou être libre, ou rester souveraine ou démocratique si sa prospérité s'appuie sur un autre membre auquel on dénie sa croissance, sa prospérité ou sa démocratie.

Pour en revenir à l'Espagne, quelles sont les leçons de la Grèce pour l'Espagne ?

... Le peuple espagnol doit considérer la situation économique et sociale en Espagne et fonder son jugement sur ce dont a besoin leur société, indépendamment de ce qui se passe en Grèce, en France... Le danger de devenir comme la Grèce est toujours là et il se matérialisera si on répète les mêmes erreurs qui ont été imposées en Grèce. Punir une nation fière afin d'instiller la peur à une autre, ce n'est pas ce qu'on souhaite de la part de l'Europe.

Rajoy a dit que si les Espagnols votaient pour des partis comme Podemos, nous allons devenir comme la Grèce dans les prochains mois.

Je vous rappelle que la campagne de Mitt Romney en 2012 s'est basée aussi sur "si Obama gagne, les USA vont devenir comme la Grèce". Donc la Grèce est devenu la baballe au pied d'hommes politiques de droite qui essaient d'effrayer leur population. C'est la grande utilité de la Grèce par rapport à la volonté politique de Grexit du Dr Schäuble.

Pensez-vous que Podemos a pu nuir à la Grèce à cause de la peur de contagion politique ?

Je ne dirai jamais que Podemos nous pose problème. Même si Podemos n'existait pas, les forces de réaction en Europe auraient utilisé la peur parce que, soyons clair : quand une province se rebelle, l'empereur et ses favoris se sentent obligés de faire un exemple sur le dos de ceux qui se précipitent vers la liberté. Peut-être que Podemos a intensifié ce processus, mais en réalité, nous n'avions pas d'alternative : nous avions une économie coincée dans une large spirale déflationniste, aucun crédit même pour des affaires rentables, aucun investissement à part quelques spéculations.

Le précédent gouvernement adoptait des mesures de plus en plus autoritaires en fermant par exemple ses propres télévisions et radios publiques. Cette ligne d'austérité autodestructive, qui conduite à d'avantage de pertes de ressources, davantage de dette pour entretenir la bête de l'austérité, ne peut se maintenir qu'en amputant la démocratie. Alors quelle alternative avions-nous ?

Les Grecs ont voté pour nous, non pas parce qu'ils ne savaient pas que nous serions traités avec hostilité mais parce qu'ils en ont eu assez. Quoiqu'il arrive en Espagne, en France, dans les pays Baltes, au Portugal, nous avions le devoir envers notre peuple de dire : nous croyons en l'Europe et nous allons dire aux Européens que nous leur devons de l'argent, nous voulons les rembourser, mais nous ne pouvons pas les rembourser à partir de revenus qui continuent à diminuer. "Si vous continuez à nous étouffer de cette manière inhumaine et irrationnelle, vous allez perdre votre argent et nous allons perdre notre pays." À partir de là, vient le moment où on a juste besoin de dire et de faire ce qui est juste, et si l'Europe dans son ensemble choisit de nous punir pour ça, parce qu'ils ne sont pas prêts à accepter la vérité, alors nous n'avons pas d'autre alternative que de leur dire : "Nous faisons de notre mieux et nous espérons que vous allez trouver les ressources en vous-mêmes pour faire de votre mieux aussi ! "

Je pense que c'est incontestable : vos idées à propos de l'austérité et de l'allègement de la dette, tout le monde dit que vous avez raison.

Si vous m'aviez parlé en janvier, ça n'aurait pas été le cas. La seule raison pour laquelle désormais ce n'est plus contestable, c'est parce que nous nous sommes battus pendant six mois. À ceux qui disent que nous avons échoué, que ces six mois ont été vains, je réponds : "Non, nous n'avons pas échoué". Désormais nous avons en Europe un débat qui ne concerne pas seulement la Grèce, mais tout le continent. Un débat que nous n'aurions pas eu autrement. Un débat qui vaut le poids en or de la Grèce, de notre continent.

Mais en politique ce qui compte ce sont les résultats. Vous avez appelé le premier et le deuxième plan d'aide des traités de Versailles. Comment définiriez-vous le troisième ?

L'Eurozone a vu le jour en 2000. Elle a été mal dessinée et nous l'avons compris, ou nous aurions dû le comprendre, en 2008 quand Lehman Brothers s'est écroulé. Depuis 2009-2010 nous avons été en plein déni alors que l'Europe officielle faisait précisément ce qu'il ne fallait pas. C'est un phénomène européen, c'est un problème à l'échelle européenne. La petite Grèce, 2% du PIB de l'Eurozone, a élu un gouvernement qui a soulevé des questions cruciales pour toute l'Europe. Après six mois de combat, nous avons subi un sérieux recul, nous avons perdu la bataille. Mais nous avons gagné la guerre en changeant l'objet du débat public. Et voici le résultat !

Le résultat c'est le débat?

Certainement ! Je ne peux pas estimer le résultat à votre place. Je ne peux pas vous dire combien ça vaut en milliards. Mais il y a des choses qui ne sont pas mesurées en termes de prix mais en termes d'importance.

Vous aviez un plan B, avec une monnaie parallèle, mais Tsipras n'a pas voulu appuyer sur le bouton, pour résumer l'histoire?

C'est lui le Premier Ministre, c'était à son initiative. Mon travail en tant que son ministre des finances, était de lui fournir les meilleurs outils possibles et ensuite c'était à lui de prendre la décision de savoir s'il choisissait de les utiliser ou non. C'est ce qui compte, il y avait de bons arguments pour utiliser ces outils et il y avait des arguments pour ne pas appuyer sur le bouton.

Quand vous avez fermé les banques, avez-vous pensé à ce moment-là que vous deviez appuyer sur le bouton ?

Je pensais clairement que nous aurions dû réagir en l'espèce quand l'Eurogroup a fermé les banques grecques et je l'ai déclaré, pour les archives. Mais c'est toute l'histoire des décisions collectives. Il y a un cabinet interne qui décide. J'ai exposé mes recommandations mais j'étais en minorité. J'ai respecté la décision de la majorité et j'ai agi en fonction, comme il se doit pour un joueur d'équipe. C'est comme ça que fonctionnent la démocratie et les gouvernements et je l'accepte pleinement.

Mais ce plan B peut-il encore être appliqué ?

Faisons bien la distinction. Il y avait un Plan B, qu'en fait nous appelions Plan X, en opposition au Plan Z de la BCE en 2012, tel que l'a rapporté le Financial Time il y a quelques temps. Le plan X était un Plan d'urgence pour répondre aux agressions de la BCE, de l'Eurogroupe etc. Ensuite il y avait un projet tout à fait distinct d'un nouveau système de paiement utilisant l'interface des impôts. Ce système, comme je l'ai expliqué dans un article récent au Financial time, est quelque chose qu'on aurait dû appliquer de toutes façons. Je pense que l'Espagne pourrait tirer profit de son application, ou bien l'Italie par exemple. Des pays qui n'ont pas de banques centrales peuvent potentiellement tirer profit de cette manière efficace de créer plus de liquidité, et de traiter de manière plus efficace avec des effacements d'arriérés entre l'état et ses citoyens, mais même entre citoyens.

Donc, laissons ces deux "plans" séparés. Le système de paiement pourrait, et devrait, être appliqué demain. Le Plan X, je crois, est désormais passé dans l'histoire parce qu'il était prévu en réponse à d'éventuels actes agressifs qui auraient eu comme objectif de nous obliger à capituler pendant les négociations. Maintenant que nous avons capitulé, c'est devenu un pan de l'histoire de l'économie.

Tsipras a dit au Parlement avant le vote, après le referendum, qu'il n'y avait pas d'alternative au paquet de mesures, mais je pense qu'avec ce plan vous êtes en train de dire au peuple qu'il y a une alternative aux mesures.

Ma pensée politique, depuis mon tout jeune âge, a été modelée par une opposition intellectuelle de principe à TINA - à la logique néolibérale qu'"Il n'y a pas d'alternative" - There Is No Alternative. Cette opposition m'a modelé depuis l'époque où je vivais en Angleterre sous le règime de Margaret Thatcher qui a lancé TINA. Ma pensée politique a toujours était orientée pour contrer... TINA J'ai même concocté une alternative, en disant que je ne croyais pas en TINA mais en TATIANA: "That Astonishingly There Is AN Alternative": qu'étonnamment il y a une alternative ! Alors je n'accepterai jamais le point de vue qu'il n'y a pas d'alternative. J'aurais accepté qu'un premier ministre, prenant en compte toutes les alternatives, choisisse la moins mauvaise. Nous pouvons débattre pour savoir si la sienne était la moins mauvaise ou la meilleure des alternatives. Mais la proposition qu'il n'existe aucune alternative est intrinsèquement étrangère à toutes mes fibres, du corps comme de l'esprit.

Laissez moi vous demander pourquoi cette rhétorique : mafia, criminels...

Je n'ai jamais utilisé le mot mafia.

Terrorisme, waterboarding financier ...

Waterboarding financier : je suis très fier de ce terme. C'est précisément la description appropriée de ce qui s'est passé depuis des années maintenant. Qu'est ce que le "waterboarding" ? Vous prenez un sujet, vous lui plongez la tête dans l'eau jusqu'à ce qu'il suffoque mais vous arrêtez juste avant qu'il meure. Vous lui sortez la tête de l'eau à temps, juste avant la complète asphyxie, vous lui permettez de prendre quelques respirations à fond, puis vous lui replongez la tête dans l'eau. Et vous recommencez jusqu'à ce qu'il ... avoue. Le waterboarding financier, d'un autre côté, n'est évidemment pas physique, c'est financier. Mais l'idée est la même et c'est exactement ce qui est arrivé aux gouvernements grecs successifs depuis 2010. Au lieu d'air, les gouvernements grecs qui soignaient leur dette insoutenable étaient privés de liquidités. Au moment des paiements aux créanciers, ou au moment d'honorer leurs obligations, ils se voyaient refuser les liquidités jusqu'au dernier moment, juste avant la faillite formelle, jusqu'à ce qu'ils confessent, jusqu'à ce qu'ils signent les accords - dont ils savaient qu'ils allaient redonner un nouvel élan à la crise de l'économie réelle. À ce moment la Troïka rallongeait suffisamment de liquidités, comme ils l'ont fait là avec les 7 milliards que le gouvernement grec a reçus pour rembourser ... la BCE et le FMI. Exactement comme le waterboarding, cette liquidité, cet oxygène, est calculé pour suffire à peine pour maintenir le "sujet" vivant, sans faire faillite formellement, mais jamais plus. Et donc la torture continue, avec pour effet que le gouvernement reste entièrement sous le contrôle de la Troïka. C'est comme ça que fonctionne le waterboarding financier et je ne peux imaginer de terme mieux approprié pour décrire ce qui s'est passé.

Par rapport au terme "terreur" que j'ai utilisé, prenez le cas du referendum. Le 25 juin, on nous a présenté un plan compréhensible. Nous l'avons étudié en toute ouverture d'esprit et nous avons conclu que c'était une proposition qui n'était pas viable. Si nous l'avions signée, nous aurions complètement échoué dans les 4 ou 5 mois et alors le Dr Schäuble nous aurait dit : "Vous voyez, vous avez accepté des conditions que vous ne pouviez pas remplir." Le gouvernement grec ne peut plus se permettre ça. Nous avons besoin de regagner notre crédibilité en ne signant que des accords que nous pouvons appliquer. Donc j'ai dit à mes collègues de l'Eurogroupe, le 27 juin, que notre équipe avait convenu et décidé que nous ne pouvions accepter cette proposition, parce qu'elle n'allait pas marcher. Mais dans le même temps, nous sommes des Européistes et nous n'avons pas de mandat ni la volonté ni l'intérêt, de nous affronter à l'Europe. Donc nous avons décidé de porter leur proposition à la décision du peuple grec. Et qu'a fait l'Eurogroupe ? Ils nous ont refusé une extension de quelques semaines afin que nous puissions tenir ce referendum paisiblement, et au lieu de ça, ils ont fermé nos banques. Fermer les banques d'une économie monétisée est la pire forme de terrorisme monétaire. Ça instille de la peur chez les gens. Imaginez qu'en Espagne demain matin les banques n'ouvrent pas à cause d'une décision d'un Eurogroupe qui forcerait votre gouvernement à accepter quelque chose d'insoutenable. Les Espagnols auraient été saisis par un vortex de terreur monétaire. Qu'est-ce que le terrorisme ? Le terrorisme consiste à suivre un agenda politique en répandant une peur généralisée. C'est ce qu'ils ont fait. Pendant ce temps-là, les media systémiques grecs terrorisaient les gens pour qu'ils croient que ce serait l'Armageddon s'ils votaient NON au referendum. Ça a été une campagne basée aussi sur la peur. Et c'est ce que j'ai dit. Peut-être que des gens à Bruxelles n'aiment pas entendre la vérité. S'ils avaient évité d'essayer d'effrayer les grecs, alors j'aurais évité d'utiliser ce terme.

Ce que je veux dire c'est que la rhétorique qui veut qu'on traite le FMI de criminels, comme Tsipras l'a fait, n'est pas la meilleure pour obtenir des résultats dans la négociation. Avec cette rhétorique c'est difficile.

Il n'a pas traité le FMI de criminels. Soyons précis. Il a parlé d'un programme criminellement négligent qui a imposé aux Grecs une crise monumentale, y compris une crise d'urgence humanitaire. C'est exactement ce qu'ont fait les programmes grecs de 2010 et 2012. Mais laissez-moi ajouter un point important : Nous n'avons pas "durci" notre rhétorique (comme avec la remarque de Tsipras) avant la fin juin. Depuis le 25 janvier jusque tard dans le mois de juin, nous avons négocié de très bonne foi, contrairement à la Troïka. Nous avons été spécialement doux et polis, face à une hostilité incroyable et à un dénigrement systématique. Nous nous sommes rendus à toutes les rencontres de l'Eurogroupe avec des propositions solides, en proposant de nous mettre d'accord sur deux ou trois réformes majeures dans l'immédiat (comme la lutte contre l'évasion fiscale et la corruption, une nouvelle direction des impôts indépendante des politiques mais aussi de l'oligarchie). Ils ont rejeté nos efforts et ils nous ont menacés d'interrompre les négociations si nous osions rendre publiques nos propositions, alors que de leur côté ils faisaient fuiter dans le Financial Time que nous n'avions pas de propositions. Ils ont insisté sur un cycle éternel de discussions "techniques", infamantes, sans fin, tout en asphyxiant notre économie. Ils se sont conduits de manière odieuse alors que nous continuions à répondre avec des arguments solides et de manière parfaitement civilisée.

Et nous nous sommes assis là en nous prêtant au jeu, mois après mois. Nous n'avons jamais cessé de faire des compromis. À la fin juin, notre Premier Ministre avait parcouru les 9/10èmes du chemin. Et qu'ont-ils fait de leur côté ? Ils ont reculé loin derrière leurs propres positions, en insistant le 25 juin, par exemple, pour que la TVA sur les hôtels passe à 23% ! C'était un acte d'agression. À ce moment-là nous avons décidé, très rationnellement, de dire la vérité, de parler de la négligence criminelle de leur programme, de faire référence à leur waterboarding fiscal. Il y a un moment où il faut dire la vérité. Les Européens perdent confiance dans l'Europe justement à cause de ce mur de mensonges et de propagande, qui se présente sous la forme d'une terminologie nuancée, alors qu'en réalité ce qui arrivait était en complète violation des règles élémentaires de la logique, des traités de l'UE, d'un comportement poli et de la démocratie.

Mais pourquoi Tsipras a-t-il accepté ça ?

Vous devriez l'interroger si vous souhaitez lui poser des questions. Ce n'est pas correct que je réponde à la place de quiconque et particulièrement de mon Premier Ministre.

Dans l'Eurogroupe, certains ministres vous ont décrit comme difficilement prévisible, avec un train de vie luxueux, de nombreuses photos... Que pensez-vous de ce portrait ?

Ce n'est pas vrai. Personne n'a rien dit de tel dans l'Eurogroupe. Ils ont peut-être raconté ce genre de choses en dehors de l'Eurogroupe, je n'en sais rien et peu m'importe. Chacun, à la fin, est jugé sur la qualité de son discours public. Je vous laisse vous et vos lecteurs juger de leurs manières. Nous devons tous être jugés par nos électeurs, par les peuples d'Europe. Dans mon cas, j'ai la conscience tranquille. Après le troisième Eurogroupe j'ai posté sur mon site mes interventions lors des trois rencontres. Lisez les et dites moi si j'ai été imprévisible, impoli, n'importe quoi. De mon point de vue, mes interventions ont été claires, économiquement au-delà de tout reproche, et constructives. Les lecteurs peuvent les lire et en juger.

Est-ce que les gens comprennent vos photos de Paris-Match par exemple ? Pensez-vous que les gens qui ont voté pour Syriza, qui est un parti de gauche, comprennent ce genre de photos ?

Bon, voulez-vous venir marcher avec moi dans les rues d'Athènes et voir ce que les gens me disent de tout ça ? Notre peuple ne se préoccupe en rien de tout ça, même si j'ai déclaré clairement que l'esthétique de Paris-Match était horrible et que je regrette d'avoir accepté de faire cette séance. Vous ne me croyez peut-être pas, mais, quand j'ai accepté, je ne savais pas ce qu'était Paris-Match - ce n'est pas le genre de presse dont j'ai jamais su grand chose. J'ai demandé à voir le texte de l'article avant d'accepter de faire les photos. Le texte était bien et donc j'ai commis l'erreur d'accepter la séance photos. Je me suis précipité à la maison et je n'avais que 15 minutes à y accorder. Danaé, ma femme, m'a dit que ça ne semblait pas une bonne idée mais je m'étais déjà engagé et donc j'ai décidé de le faire en vitesse, courant d'une pose à l'autre avant de partir pour une réunion avec le Premier Ministre. Mon erreur c'est d'avoir accepté et je m'en suis excusé. Mais toutes ces histoires à propos de Paris-Match et ses photos n'avaient qu'un but : s'assurer que mon message, surtout la critique rationnelle des manières de l'Europe, soit noyé dans des photos horribles et des rumeurs toxiques.

Qu'allez-vous faire pour votre carrière politique ?

La politique ne devrait pas être une carrière. Je suis membre du parlement et extrêmement honoré de la confiance que m'ont portée mes électeurs. Mon engagement envers eux quand je suis entré en politique en janvier dernier c'était de tenir ferme sur mes positions et de me battre à leurs côtés pour la démocratie et la prospérité en Grèce mais aussi dans toute l'Europe. Je suis toujours dans la course, je ne m'en vais pas.

Vous êtes un universitaire, un professeur et un auteur de très bons livres comme le Minotaure. Avez-vous aimé la politique, ce que vous avez vu à Bruxelles ?

Je n'ai pas du tout aimé ce que j'ai vu à Bruxelles et je doute qu'aucun Européen n'aurait aimé s'il avait eu l'occasion de le voir de ses propres yeux. Mais c'est ça que nous avons, c'est l'Union Européenne que nous avons, et il est de notre devoir de la réparer. Le pire ennemi de la démocratie ce sont les citoyens qui disent "C'est un système horrible mais je ne suis pas prêt à y changer quoique ce soit."

Pourquoi n'avez-vous pas d'alliés dans l'Eurogroupe ? Je veux dire, ni la France, ni l'Italie, ni l'Espagne ou l'Irlande... Des pays qui au début voyaient Syriza de manière positive et à la fin c'était 18 contre un.

Ce que vous devez comprendre c'est que cet équilibre à 18 contre un est illusoire. Les 18 sont divisés de manière tranchée en trois groupes. Une toute petite minorité qui croit en l'austérité. Le groupe le plus important ne croit pas à l'austérité mais ils ont imposé l'austérité à leur propre peuple. Et enfin il y a un autre groupe de pays qui ne croient pas à l'austérité et ne la pratiquent pas encore, comme la France. Mais ils craignent que, s'ils nous soutiennent ouvertement, alors l'austérité et la Troïka vont venir chez eux.

Quelle est votre relation personnelle avec Schäuble, de Guindos et peut-être Dijsselbloem ?

Aucune relation n'est envisageable avec Dijsselbloem. Ce n'est pas seulement à cause de son manque d'envergure intellectuelle, mais premièrement parce qu'il n'est pas digne de confiance. Par exemple, il a choisi de me mentir sur la procédure lors de mon premier Eurogroupe. C'est une chose d'être en désaccord avec le président de l'Eurogroupe. C'en est une autre qu'il vous mente sur des procédures extrêmement importantes. D'un autre côté, Schäuble et de Guindos sont deux collègues avec lesquels j'ai beaucoup apprécié la discussion, à un niveau personnel. Nos discussions ont souvent été rudes mais c'étaient aussi des échanges intéressants. En tant qu'universitaire, rien ne m'intéresse plus que les échanges intéressants. Nos désaccords étaient sérieux mais, à un niveau personnel, il y avait du respect mutuel et il y a eu un échange fructueux d'idées. Le problème c'est que quand on met tous ces gens ensemble dans l'Eurogroupe, à cause de cette conception institutionnelle catastrophique de l'Eurogroupe, vous aboutissez à des ratages de gouvernance qui nuisent à l'Europe. Donc, dans un contexte différent, dans un cadre institutionnel différent, je suis sûr qu'avec des collègues comme de Guindos et Schäuble notre relation de travail aurait eu une issue plus fructueuse.

Pour en revenir à la question de l'Espagne. Quelles sont les leçons de la Grèce pour l'Espagne? Le gouvernement espagnol a dit que si les gens votent pour Podemos, il y aura des problèmes et l'Espagne va devenir comme la Grèce en quelques mois.

Je pense que le peuple espagnol doit considérer la situation économique et sociale de l'Espagne et établir son jugement à partir de ce dont leur société a besoin, indépendamment de ce que qui arrive en Grèce, en France... Le danger de devenir la Grèce est toujours là et se matérialisera si on continue à répéter les mêmes erreurs qui ont été imposées à la Grèce. Punir une nation fière pour infliger de la peur à une autre ne devrait pas être le fait de l'Europe. Ce n'est pas l'Europe pour laquelle nous nous sommes engagés, ni l'Europe pour laquelle Gonzalez s'est engagé, ni Papandréou, ni Giscard d'Estaing, ni Helmut Schmidt, etc... Il nous faut retrouver ce que veut dire être Européen et trouver des voies pour recréer le rêve d'une prospérité partagée dans la démocratie. L'idée que la peur et le mépris vont être les principaux ingrédients de la nouvelle Europe va nous mener directement à des années 30 post-modernes. Je crois que les peuples espagnol et grec savent exactement ce que les années 30 leur ont amené.

Vous avez dit un jour que l'héritage de Thatcher c'était les privatisations, les malls (grands centres commerciaux) et Tony Blair. Et je vous demande, quel est l'héritage de Merkel, de son leadership ?

L'Europe est en train de se détourner d'un territoire de prospérité partagée, qui est la manière dont on l'imaginait, pour devenir une cage de fer pour nos peuples. J'espère que Mme Merkel va décider que ce n'est pas l'héritage qu'elle veut laisser derrière elle.

Traduction de l'anglais Marie-Laure Coulmin Koutsaftis.

Retour sur le vote au référendum du 5 juillet

Parce que lorsque le peuple s'exprime, même si on s'assoit sur ce qu'il a dit huit jours ou un an après, il est bon de savoir qui a dit quoi.

Le vote Non est d'abord un vote jeune : il a recueilli 85 % chez les 18-24 ans (dont beaucoup ont été interdits de vote par Samaras lors des dernières législatives), 72,3 % chez les 25-34, 67,4 % chez les 35-44, 69,2 % chez les 45-54, 59,4 % chez les 55-64 et 44,9 % chez les plus de 65.

Le vote Non est également majoritaire à 85 % chez les étudiants.

On ne peut donc pas dire, comme c'est devenu un truisme du journalisme de propagande, que le vote eurosceptique est un vote de crétins peu éduqués et âgés.

Si l'on regarde la structure par niveau de revenus, on constate globalement que 70 % des plus favorisés ont voté Oui...

Le Non qui donnait mandat de rupture à Tsipras (et les Grecs ne sont pas stupides : il savaient bien que cette rupture pouvait déboucher sur la sortie de l'euro) n'est donc minoritaire que chez ceux qui pensent avoir encore quelque chose à perdre après cinq ans de néocolonialisme euro-allemand.

Le Non est majoritaire à 70 % ou plus dans toutes les autres catégories socio-professionnelles : j'avais écrit avant les élections de janvier que la victoire de Syriza dépendrait avant tout du nombre de ceux qui, lors des législatives de 2012, pensaient qu'ils avaient encore quelque chose à perdre (en juin 2012, la ND n'était déjà plus devant Syriza que chez les retraités, les professions libérales et les chefs d'entreprise), et qui, entre 2012 et 2015 avaient été paupérisés par le néocolonialisme euro-allemand de telle sorte que, à tort ou à raison, ils penseraient ne plus avoir rien à perdre. De fait, cette évolution de l'électorat s'est considérablement accélérée entre janvier et juillet 2015.

Très clairement, le Non a donc été un vote de classe d'âges et un vote de classe. Le Oui est un vote de vieux riches... L'avenir d'un pays !!!

En réalité, depuis 2012, l'électorat réagit de la même façon, mais il se radicalise : la coupure du pays en deux s'approfondit... parce que la paupérisation s'étend du fait de la politique néocoloniale euro-allemande ! Ce qui est intéressant, c'est que ce qui reste de classes moyennes supérieures est en train de basculer : même le centre bourgeois d'Athènes a voté Non, de peu, mais majoritairement...

dimanche 2 août 2015

Varouf dans Le Monde diplomatique : quelques réflexions.

Il faut lire le papier de Varouf dans Le Monde diplomatique pour comprendre ce qu'est le néototalitarisme euro-allemand. Lors d'une des premières réunions de l'Eurogroupe où Sapin invitait à trouver un moyen de concilier les engagements des précédents gouvernements grecs et le résultat des élections de janvier... "M. Schäuble n'a pas perdu un instant pour remettre M. Sapin à ce qu'il estimait être sa place : "On ne peut pas laisser des élections changer quoi que ce soit". Autre version de l'axiome Juncker (ami de la dive bouteille et artisan de l'évasion fiscale érigée en principauté) : "Il n'y a pas de choix démocratique en dehors des traités".

Voilà et voilà tout est dit dans sa brutale nudité teutonne. L'Union européenne, dès Monnet, n'a jamais été QUE cela : vider les élections de tout contenu, empêcher des peuples privés de souveraineté réelle par des traités de "faire des bêtises", et établir le gouvernement oligarchique de ceux qui savent mieux que les peuples ce qui est bon pour eux. Maastricht ayant ajouté à ce triptyque, grâce à l'irresponsabilité criminelle de Mitterrand, l'introduction du rapport psychiatrique du peuple allemand à la monnaie (hérité de l'hyperinflation des années 1920, alors que c'est la déflation du chancelier chrétien-démocrate - on disait alors Zentrum - Brüning, exactement semblable à celle que Merkel et Schäuble imposent à la Grèce et à l'Europe, qui amena Hitler au pouvoir) au centre de ce dispositif antidémocratique et antisocial.

Personne ne pourra dire demain qu'il ne savait pas.

Ce qui est stupéfiant, c'est l'angélisme et la naïveté des gouvernants de Syriza qui semblent avoir découvert ce fait central de la "construction européenne" autour de la table de l'Eurogroupe ! Ainsi ce cher Varouf reconnaît-il qu'il a toujours considéré l'Europe "depuis l'adolescence, comme une boussole". Et c'est justement et précisément là le problème. Comme toute la gauche dire radicale en Europe, Syriza a pris les vessies du néototalitarisme libéralogermanoeuropéen pour les lanternes de l'internationalisme.

Dans une itv à L'Arène nue, je répondais à Coralie Deleaume, le 21 février dernier, sur la position de Syriza sur l'euro :

"Je pense qu’elle se pose de la façon suivante : Syriza ne pouvait pas faire campagne en prônant une sortie de l’euro, comme l’ont fait d’autres petits partis de gauche (Plan B, EPAM, Antarsya). L’opinion reste majoritairement attachée à la monnaie unique, essentiellement par crainte des conséquences d’un retour à la drachme. Dire que la sortie de l’euro s’imposerait, c’était prendre le risque de perdre les élections et donc de la poursuite des mémorandums. Il ne pouvait non plus donner comme horizon un défaut sur la dette.

Mais en même temps, Syriza a répété qu’il n’y aurait plus aucun sacrifice pour l’euro et l’on a entendu certains de ses candidats, durant la campagne, dire par exemple que si la BCE, comme elle l’a fait à Chypre, cessait d’approvisionner la Grèce en liquidités, la Banque de Grèce devrait imprimer elle-même des euros… Les arbitrages définitifs sur ces questions ont-ils été rendus ? Je ne le crois pas, et dans une situation aussi mouvante, qui peut assurer que des arbitrages rendus hier seront encore valables au lendemain d’un coup de force des institutions européennes ? Nous sommes dans une dynamique, pas dans une guerre de tranchée.

Dès lors la question est celle des convictions. Les membres du gouvernement sont-ils convaincus qu’ils peuvent mener une « autre politique » à l’intérieur de la cage de fer de l’euro et des traités européens ? Et obtenir des partenaires européens les concessions qui leur permettraient de la mener ? Si oui, à mon avis ils se trompent, et s’ils n’ont pas préparé une option de rechange, ils se trouveront dans la situation de devoir capituler. A propos de la situation de Papandréou face à Merkel et Sarkozy en 2009-2010, j’ai écrit dans La Grèce et les Balkans : « en entrant dans la négociation sans alternative à son échec – moratoire sur le paiement des intérêts et le remboursement de la dette, défaut partiel voire sortie de l’euro, afin d’exercer des pressions sur l’Allemagne et la France dont les banques, importantes détentrices de dette grecque, avaient beaucoup à perdre –, le gouvernement PASOK s’est mis d’emblée en position d’accepter même l’inacceptable ». La situation de Syriza est la même aujourd’hui et s’il met ses pas dans ceux du PASOK, il subira le même sort, en ouvrant toute grande la porte aux néonazis d’Aube dorée."

samedi 1 août 2015

Lapavitsas parle... d'or !

A lire absolument : je partage en tous points cette analyse ;

A lire encore... d'un des meilleurs écrivains grecs de la "jeune génération" ;

A lire toujours... de Galbraith ;

Et la réponse de Varouf aux accusations hallucinantes de haute trahison.

Retour à Paris

Je n'aime pas trop citer cet infâme organe de propagande intitulé "Le Monde", mais ce torchon qui fut autrefois un journal indique ce soir que les créanciers de la Grèce exigent la baisse d'un impôt...

Si si, vous m'avez bien lu : l'UE, la BCE et le FMI exigent que le gouvernement Tsipras baisse un impôt. Un impôt qui n'exite pas encore... Allez, devinez !

"Les créanciers exigent que l’impôt sur la solidarité soit ramené de 8 % à 6 % maximum pour les revenus supérieurs à 500 000 euros" dixit le torchon.

L'UE, la BCE et le FMi exigent des hausses de TVA qui touchent les plus faibles, vont étouffer les îles, ils exigent des hausses de taxe qui empêchent les gens de se chauffer l'hiver, de se soigner... Ils ont contraint des diabétiques à l'amputation ou à la cécité, ils poussent des gens dans le chômage et la faim, la précarité ou la misère... mais ils ne veulent pas d'un impôt sur les riches...

Eh oui, M. Tsipras, c'est ça cette Europe dans laquelle vous avez préféré enterrer votre peuple vivant plutôt que de le libérer. Et vous n'êtes pas au bout de vos surprises ! En rentrant de Munich avec un papier signé Adolf, M. Chamberlain était persuadé d'avoir sauvé la paix... d'avoir choisi le moindre mal, comme a dit M. Tsipras l'autre jour. "Vous aviez le choix entre le déshonneur et la guerre - lui objecta Winston Churchill - Vous avez choisi le déshonneur et vous aurez la guerre."

L'Europe c'est aussi Varouf menacé de procès pour haute trahison perce que, en cas d'échec des négociations dont il était en charge, et donc bien placé pour savoir que les autres n'avaient aucune intention de rien négocier sérieusement, il a préparé, ou au moins mis à l'étude, la seule alternative à la capitulation finalement intervenue : la sortie de l'euro.

La haute trahison c'est pourtant à Papandréou, Papadimos et Samaras qu'elle s'appliquerait, car c'est eux qui ont aliéné une souveraineté dont ils n'étaient pas propriétaires, qui ont organisé le viol des droits du Parlement dans l'adoption des mémorandums I et II, permis l'adoption de lois scélérates et/ou inconstitutionnelles, etc.

Eh bien non, le haut-traître serait Varouf...

Il ne peut désormais plus y avoir que des crétins et des cyniques pour ignorer ce qu'est la nature même de l'euro et de l'Union européenne : la destruction de toute forme d'Etat social, d'Etat de droit et de démocratie.

Et quiconque s'attaque au monstre néototalitaire qu'ont engendré la droite et la sociale-démocratie européennes, un monstre qui continue à fasciner l'essentiel des gauches dites radicales qui s'obstinent naïvement ou pas à prendre les vessies de ce néototalitarisme libéraloeuropéen pour les lanternes de l'internationalisme, savent désormais que la police politique n'est pas loin...