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lundi 30 novembre 2009

Bienvenue au pays enchanté de Walt Sarkodisney

C'est Noël dans un mois... Non, chez EDF, le père Noël est déjà passé... enfin chez le pédégé d'EDF.

45 % d'augmentation de salaire par rapport à son prédécesseur : ça c'est un beau cadeau au gentil père Sarkonoël ! surtout en pleine crise où tant de Français crèvent la gueule ouverte pendant que tant d'autres tirent la langue !

Tous les personnels du gentil EDF vont bien sûr avoir la même augmentation et tous les gentils abonnés vont voir leur facture évidemment diminuer de 45 % : n'est-on pas en plein conte de fée ? au beau pays de Walt Sarkodisney...

Non ? ça ne va pas se passer comme ça ? Mais pourquoi donc alors ?

C'est normal qu'il ait 45 % lui tout seul, le pédégé, parce que c'est pas lui qui a demandé à venir, c'est nous qu'on est allé le chercher.

Ca c'est l'explication aussi pertinente et convaincante que son auteur, le sympathique Dominique Lefebvre, dit La Voix de son Maître, est pur de toute trace de vulgarité.

Et puis en plus il garde son autre poste de pédégé, alors c'est doublement normal qu'il ait une grosse augmentation puisqu'il va travailler plus.

Travailler plus pour... Ah oui, mais il ne nous avait pas dit, Walt Sarkodisney, que c'était seulement pour les pédégés.

Mais pourquoi donc qu'il garde son autre poste ? qu'y demande le bon peuple qui crève la gueule ouverte ou qui tire la langue. Mais pourquoi donc qu'on est allé chercher celui-là, et pas un autre - y'en a pas qu'un pourtant qu'est capable de diriger EDF. Faut dire qu'il est con, le peuple, il rouscaille et il sait même pas qu'il y avait que celui-là qui pouvait diriger EDF. Et puis pourquoi donc qu'on lui a pas fixé son salaire avant de l'embaucher ? - qu'il la ramène encore ce salaud de bon peuple. Vous avez déjà vu un endroit, vous, on signe le contrat de travail à un pékin et que le pékin ensuite il dit que oui, il a signé mais que ce sera 45 % de plus ?

Circulez ! y'a rien à voir, qu'y répond Dominique Lefebvre? Allez donc plutôt vous faire vacciner plutôt que de râler pour tout et n'importe quoi ! Vous allez tous mourir si vous vous faites pas vacciner et vous pensez encore à des histoires de gros sous. Mais vous êtes vraiment irrécupérable...

jeudi 26 novembre 2009

Foutage de gueule au JT de France2

Le clampin de service au jité de la 2, hier, nous a annoncé une grande nouvelle qu'il avait l'air de découvrir comme une grande surprise : les Français dépensent de plus en plus pour leur santé.

Ben en voilà une vraie surprise, en effet ! Mais appartenir à la Nomenklatura médiatique, môsieur Clampin, ça ne dispense pas de sortir voir le bas peuple, de temps en temps, le dimanche après la messe !

Eh oui, le clampin il ne s'était pas rendu compte que depuis quinze ans on démantèle en douce la Sécu ?! Il ne s'était pas rendu compte que des médicaments parfaitement efficaces, reconnus, sont soudain devenus sans le moindre intérêt thérapeutique, mais que, indispensables à beaucoup de gens, sans autres médocs sur le créneau, on est bien obligé de les acheter quand même.

Il ne s'est pas rendu compte non plus que d'autres médocs, tout aussi indispensables, sont devenus du domaine du... confort !

Il ne s'est pas rendu compte que le forfait hospitalier n'a cessé d'augmenter.

Il ne s'est pas rendu compte que les soins chez le dentiste, les lunettes, etc. ont augmenté alors que les ridicules remboursement de la Sécu n'ont pas bougé.

Il ne s'est pas rendu compte qu'on a établi une taxe sur les malades chroniques pudiquement appelée franchise médicale.

Il ne s'est pas rendu compte que les tarifs des mutuelles ont grimpé au lustre...

Il ne s'est rendu compte de rien, monsieur Clampin. Même pas que fleurissent désormais sur nos écrans les pubs pour le juteux marché des assurances santé privées.

Parce que le fameux "trou de la sécu", pure connerie inventée pour noyer son chien après avoir crié partout qu'il avait la rage, ne sert qu'à ça : augmenter la part à la charge des assurés sociaux pour ouvrir de force le marché aux assureurs privés... parmi lesquels, je crois bien, se trouve par pur hasard un frérot de notre président.

Parce que le trou en question, il n'est qu'une question d'optique comptable. Il suffirait de concevoir autrement ce que sont les dépenses de santé, de les considérer comme des transferts vers un secteur productif, créateur de richesses, ce qu'il est, et non en terme de déficits comptables, logique aussi malthusienne que maastrichienne, pour qu'il n'existe plus.

Mais cela est un autre débat. Le mythe comptable du déficit de la Sécu, comme le mythe comptable du déficit des finances publiques, ne sert qu'à une chose : ponctionner plus le travail au profit du capital ; l'autre solution, qui consisterait à ponctionner plus le capital au profit du travail nécessiterait une remise à plat de tout le système fiscal et une dose salutaire d'inflation.

La voie qui a été prise par nos politiques - de droite et soi-disant de gauche -, celle de la culpabilisation des malades et de leur taxation n'est donc nullement le résultat du hasard ou du malheur des temps, mais le résultat de choix idéologiques et il suffit de considérer les secteurs que l'OMC veut ouvrir à la concurrence (éducation culture, santé...) pour en apercevoir la cohérence implacable.

Mais le clampin du jité, lui, l'a rien vu ; l'est surpris parce qu'une étude lui révèle que les Français dépensent plus pour leur santé... mais heureusement, conclue-t-il, notre clampin magnifique, c'est aussi parce que les Français sont mieux soignés.

Non, môsieur Clampin, vous trompez votre monde : c'est parce qu'un nombre de plus en plus réduit de Français ont les possibilités financières d'être de mieux en mieux soignés, tandis qu'un nombre de plus en plus grand de Français ont de plus en plus de mal d'accéder aux soins élémentaires auxquels tout le monde (ou presque) pouvait naguère accéder, tandis qu'un nombre de plus en plus grand de Français sont obligés de différer des soins, d'y renoncer, de vivre avec des douleurs et une qualité de vie de pire en pire parce qu'ils ne peuvent plus obtenir le remboursement de médicaments dits de confort.

Ma maman, 81 ans, vient de se faire opérer dans un hôpital public. Mes parents ont travaillé dur toute leur garce de vie. Elle ne s'est fait opérer ni par caprice, ni par plaisir, ni par goût du confort. Elle a dû rester huit jours hospitalisée. Elle a une mutuelle dont la mensualité représente près de 7% des revenus mensuels de mes parents.

A 81 ans, opérée, après une anesthésie générale, elle pensait avoir droit à une chambre individuelle. 320 euros, 40 par jour, sans remboursement ni de la Sécu ni de la mutuelle ; 320 euros, 40 de plus que ce qui reste à mes parents une fois que, sur la retraite d'une vie de travail, qui leur permettait de vivre bien il y a vingt ans, qui ne leur permet plus que de survivre aujourd'hui (merci l'euro !), on a enlevé les prélèvements et la nourriture.

Voilà la réalité, Monsieur Clampin, que vous entreverriez si, parfois, le dimanche après la messe, vous vous abaissiez à sortir de votre Nomenklatura médiatique pour voir comment vit le bas peuple.

mercredi 25 novembre 2009

"Comment je n'ai pas eu le Goncourt", la Librairie hellénique Desmos et La Fureur des mots...

Rendez-vous, autour d'un verre de retsina - physika! -, à la librairie hellénique Desmos (14 rue Vandamme, Paris 14e, Métro Gaîté) qui met "Comment je n'ai pas eu le Goncourt à l'honneur", le vendredi 27 novembre à partir de 19h00, dans le cadre de "La Fureur des mots", organisée par la mairie du 14e arrondissement.

A tout bientôt !

jeudi 19 novembre 2009

Demain, direction Toulon !

Pour la Fête du livre (place d'Armes) jusqu'à dimanche soir.

A bientôt donc !

J'espère juste que je serai un peu plus en forme qu'hier et aujourd'hui...

vendredi 13 novembre 2009

Un Malraux à l'attention des tristes sieurs Raoult et Miterrand

A l'attention de ce député qui s'est fait élire sous l'étiquette gaulliste (c'est dire s'il y a longtemps qu'elle ne signifie plus rien) et à ce lâche ministre qui estime que la libre expression des artistes est une affaire privée entre un député qui voudrait voir le ministère exercer une police de la pensée et une écrivaine attaquée dans sa liberté d'expression, c'est-à-dire dans un des droits de l'homme et du citoyen établis depuis quelques temps déjà dans ce pays, paraît-il, voici un texte de celui qui fonda, il y a cinquante ans, le ministère des Affaires culturelles.

On peut dire en somme bien des choses sur Malraux ministre ; on peut critiquer ses choix, lui nier la paternité de ce qui n'aurait jamais vu le jour s'il n'avait pas été à la tête de ce ministère, déplorer les lacunes d'une action en oubliant combien la création même de ce ministère apparut alors aux puissants de tout poil comme une monstruosité, lui reprocher de n'avoir pas fait plus, autrement. On est déjà bien moins pertinent, lorsqu'après avoir remplacé l'action culturelle par une manière de bling-bling culturel, on notait en accédant à ce ministère qu'on allait marquer le passage de l'ombre à la lumière - expression d'une mégalomanie langienne qui, comme le bling-bling culturel explique pourquoi le divin Jack, ci-devant socialiste, paraît-il, n'en peut plus d'attendre de revenir au Gouvernement, quitte à devenir ministre franco-allemand, c'est-à-dire gadget (mais ça lui va si bien !), d'une chancelière conservatrice et d'un président - le plus réactionnaire que la France ait connu depuis un certain maréchal.

Mais on doit au moins reconnaître à Malraux qu'il se refusa, toujours et avant tout, à faire de son ministère un succédané de Propagandagesellchaft à la Raoult. Il s'y refusa, notamment en novembre 1966, lorsque les Raoult de l'époque s'étouffaient que Les Paravents de Genet fussent joués dans un théâtre subventionné, en l'occurrence le Théâtre de France, alors que cette pièce était jugée attentatoire, insultante à la France. Voici donc ce que leur répondit Malraux, et qu'on eût aimé, entendre dans la bouche de M. Mitterrand, s'il n'était pas à ce point lâche que la liberté d'expression des artistes lui importe davantage que son confort ministériel - si, en résumé et en cette occasion, il avait eu des couilles.

"La liberté n'a pas toujours les mains propres, mais il faut cependant y regarder à deux fois avant de la jeter par la fenêtre...

Vous me dites : il ne s'agit pas d'interdiction, mais de subvention. La lecture qui a été faite à la tribune ne représente qu'un fragment des Paravents, qui ne se déroule pas sur la scène mais en coulisse.

Vous avez dit que cette pièce était anti-française : elle est en fait anti-humaine, elle est anti-tout. Goya aussi l'était, comme on le voit dans les Caprices. Vous avez parlé de « pourriture » : soyez prudents ; avec des citations, on peut tout condamner. Que dire alors de La Charogne de Baudelaire ? Je ne prétends certes pas que Genêt est Baudelaire. Ce que je veux dire, c'est que lorsque quelque chose blesse votre sensibilité, il est déraisonnable de l'interdire : ce qui est raisonnable, c'est d'aller ailleurs." (Assemblée nationale, 27 octobre 1966)

Juste une suggestion à M. Raoult : allez ailleurs ! Juste une remarque à M. Mitterrand : être ministre, ça ne se résume pas à se goberger rue de Valois et profiter des voitures de fonction ; ça exige juste, parfois, un peu de courage. Juste un peu.

jeudi 12 novembre 2009

Dommage qu'il n'y ait pas (encore) de prix du parlementaire UMP le plus con !

M. Raoult aurait à coup sûr ses chances.

Ainsi donc, M. Raoult demande au ministre de la Culture, admirateur fanatique de Frédérika de Hanovre, élevé chez les Hitlerjugend, comme notre Très Saint Père, de faire la police de la pensée en rappelant à son "devoir de réserve" un écrivain lauréat du prix Goncourt...

Peut-on faire plus con ?

Le défi va, à coup sûr, être dur à relever. Mais ne désespérons pas, les parlementaires de la majorité en ont sous la pédale !

M. Raoult a juste commis une très légère bévue : le ministère de la Culture n'est pas encore la Propagandagesellschaft. En fait, puisqu'il s'agit d'un Ôteuse de couleur et de l'honneur de la France, M. Raoult aurait dû plutôt s'adresser au ministère de l'Identité nationale, vous savez celui de M. Eric Besson (Eric Raoult, Eric Besson... tiens, tiens, vous en connaissez d'autres des Eric ?), ce Marcel Déat des temps modernes... (rappelons que Marcel Déat passa tout droit de la SFIO, parti socialiste de l'époque, à la collaboration la plus acharnée, plus collabo que n'importe quel collabo de droite, avant d'être sauvé du poteau d'exécution par notre Très Sainte et Très Miséricordieuse mère l'Eglise).

Je ne connais pas Mme N'Diaye, je n'ai jamais ouvert un de ses livres, et mon "Comment je n'ai pas eu le Goncourt", dit assez ce que m'inspirent les prix à la française, combien, a priori, en avoir un ou pas ne dit rien du talent de ceux qui les emportent.

Mais dans cette ubuesque affaire raoultienne le talent de Mme N'diaye n'a rien à voir.

Voltaire, Hugo, Zola, France... Anatole, Sartre, Mauriac dénonçant la torture d'Etat en Algérie, ont tous été vilipendés, rappelés à leur devoir de réserve, inquiétés, exilés, emprisonnés, pour avoir écrit ou tenu des propos jugés insultants pour la France par les puissants de l'époque.

C'est leur honneur et celui de la France d'avoir écrit ou tenu ces propos-là, qui ne visaient pas la France mais la grimace qu'en sont les puissants qui les accusaient de l'insulter.

L'Histoire et la France se souviennent d'eux, pas des puissants de l'époque. Je ne suis pas sûr que l'Histoire et la France se souviendront de Mme N'Diaye, mais je suis certain que M. Raoult rejoindra ses prédécesseurs dans le même placard. Celui de la connerie.

Quant à la réponse du sieur Fred-Eric (encore un Eric dissimulé !) Mitterrand, elle est parfaitement caractéristique du personnage, dont j'ai dit sur ce blog ce que j'en pensais. "Je n'ai pas à prendre parti dans le débat entre deux personnes privées" : plus faux-cul tu meurs !!! C'est pour le prix Goncourt de la lâcheté et de l'inconséquence intellectuelle que le zélateur Frédérika (Erika...) tient la corde !

Juste encore un truc, en plus du ministère gadget franco-allemand pour Jack Lang, pourquoi ne pas créer un ministère De ce que les écrivains ont le droit de dire, confié à Eric - ça ferait un digne pendant à celui de l'autre Eric ?

mercredi 11 novembre 2009

Regardez bien !

Je m’en vais vous conter la chose la plus étonnante, la plus surprenante, la plus merveilleuse, la plus miraculeuse, la plus triomphante, la plus étourdissante, la plus inouïe, la plus singulière, la plus extraordinaire, la plus incroyable, la plus imprévue, la plus grande, la plus petite, la plus rare, la plus commune, la plus éclatante, la plus secrète jusqu’aujourd’hui, la plus brillante, la plus digne d’envie, la plus comique, la plus agitée, la plus excitante, la plus palpitante, en un mot la plus ahurissante ; enfin une chose dont on ne trouve point d’exemple dans les siècles passés, et qui même l’eût on trouvé, ne se serait point avéré comparable; une chose que l’on ne peut croire à Paris, ni à Montélimart, Valence, Mons et encore moins à Waterloo ; une chose qui fait crier gloire à presque tout le monde, et miséricorde à quelques uns ; une chose qui comble de joie le bon peuple venu de loin pour l’admirer ; une chose enfin qui débuta le 11 novembre 1918, pour se terminer le jour-même. Ceux qui l’auront vue croiront avoir rêvé . Je ne puis me résoudre à vous la dire ; devinez-la : je vous le donne en trois, je vous le donne en cent, je vous le donne en mille. Jetez-vous votre langue aux chiens ?

eh bien sur les photos de la signature de l'armistice, dans le wagon de Rethondes...

je sais c'est incroyable, mais c'est incontestable...

ce 11 novembre 1918, entre Foch et Weygand...

Face à Erzberger et Oberndorff...

mais si c'est Lui, bien sûr ; comme toujours, Il était là !

Nicolas Sarkozy de Nagy Bocsa !!!

Nicolas, c'est un peu, en un seul homme, intemporel, ubiquitaire, le comte de St Germain, l'Homme invisible et Superman réuni.

Il paraîtrait même qu'il était dans le cheval, vous savez, à Troie et qu'il apparaît dans L'Attaque de la moussaka géante

Pas étonnant, en vérité, que Jack Lang n'en puisse plus de ne pas être ministre d'un tel homme !

Et encore... tout cela n'est rien... vraiment rien !

lundi 9 novembre 2009

Mon 9 novembre à moi

Le 9 novembre, pour moi, c'est d'abord l'anniversaire de ma mère et de ma filleule, celui de la mort du général de Gaulle. Et puis il y a eu la chute du Mur.

A la génération précédente, tout le monde ou presque se souvient de ce qu'il faisait quand il a appris la mort de Kennedy. Pour nous, c'est sans doute la chute de ce Mur de la bêtise.

Je n'ai jamais été marxiste, j'ai toujours pensé, comme de Gaulle, que les nations étaient plus fortes que les idéologies, que le communisme finirait pas être bouffé par la permanence de la nation. La Grande guerre patriotique l'avait montré : c'est le sursaut russe qui a vaincu Hitler après Napoléon, pas celui du prolétariat ; Budapest, la Pologne, le printemps de Prague : il s'agissait pour moi, d'abord, de la volonté de peuples, de nations, d'exister librement, en dehors des blocs, comme la résistance des Vietnamiens contre le napalm et l'agent orange américains était celle d'un peuple, d'une nation plus que de communistes qui n'avaient récupéré le sentiment national que grâce à la bêtise à front de taureau des colonisateurs français puis de leurs successeurs yankees.

La nation, aussi loin que je me souvienne, c'est pour moi le lieu des libertés, de la démocratie ; c'est la culture qui résiste à la force appuyée sur la bêtise... et j'emmerde M. Besson.

J'ai toujours pensé que le communisme finirait par être bouffé par la permanence de la nation, mais quand ? ça c'était une autre question. Et je ne me souviens pas d'avoir été certain, jamais, que ce serait de mon vivant.

J'ai appris la chute du Mur dans ma Ford fiesta, celle que je m'étais achetée sept ans plus tôt avec mes premiers salaires, dans laquelle j'ai connu des moments de pur bonheur avec mon homme, lorsque nous partions en ouiquende ou en vacances... peut-être les plus beaux moments de ma vie, parce que je l'avais trouvé, qu'il était là et que nous allions être libres ensemble de voyager, de découvrir... Alors forcément, voir ces Européens de l'Est qui, eux aussi, voulaient voir le monde, cela ne pouvait que me toucher.

J'ai appris la chute du Mur, rue de Rennes, entre la Place du 18 juin 1940 et la Fnac. C'était une période où je travaillais beaucoup : j'étais le second de la préparation du colloque De Gaulle en son siècle qui marquerait, tout juste un an plus tard, le 100e anniversaire de la naissance de De Gaulle, pendant quatre jours à l'Unesco avec plusieurs centaines d'universitaires venant du monde entier... et de l'Est de l'Europe.

La chute du Mur, ce fut pour moi, d'abord, un surcroît de travail. Il fallait renouveler nos contacts, solliciter de nouveaux contributeurs : dès l'hiver 89-90, j'ai eu la chance de partir à Prague et à Budapest - pas à Berlin - rencontrer quelques historiens qui avaient été monteurs de chauffage central ou balayeurs depuis 1968, de découvrir ces villes avant que ne déferle sur elles les vagues de touristes. Ce fut une belle, riche expérience : à Budapest, j'ai par exemple eu la surprise d'entendre parler bien plus du traité de Trianon que de Yalta, de réaliser qu'on en voulait au moins autant à Clemenceau qu'à Staline ! la permanence de la nation, toujours...

La chute du Mur, celle des dictatures est-européennes barbouillées de marxisme, a bien sûr été d'abord une libération pour les peuples qui les subissaient. Mais la chute du Mur et la disparition de l'Union soviétique ont aussi été des catastrophes pour l'Europe occidentale.

D'abord il y a eu Maastricht, l'effet direct : l'obsession de Mitterrand de voir l'Allemagne réunifiée dériver vers l'Est, la monomanie un peu sénile de vouloir l'enchaîner à l'Europe par la monnaie unique et la tragique erreur, pour cela, d'avoir accepté tous les Diktats allemands, de transposer à l'échelle européennes toutes les rigidités de la gestion du Mark qu'avaient générées le traumatisme de l'hyperinflation - des rigidités insupportables pour l'économie française (et italienne, et grecque et...) qui n'a ni les mêmes structures, ni les mêmes forces ni les mêmes faiblesses que l'économie allemande.

Cette erreur stratégique de la construction de l'euro dans ces conditions-là, imposées par l'Allemagne et par la peur mitterrandienne d'une dérive allemande, cette absurdité de la construction d'une monnaie unique sans politique fiscale, sans politique économique uniques, cette politique tragique d'un euro fort géré par une Banque centrale structurellement autiste, dans un espace économique dont les besoins et les contraintes sont totalement différents d'un pays à l'autre, a généré une hausse des prix que les gouvernements continuent à nier mais dont les révoltes grecques de l'hiver dernier sont une des conséquences, puisque la banque centrale autiste n'a cessé d'imposer la modération salariale. Elle a généré, par les "critères de Maastricht" puis par le pacte de stabilité, vingt ans de croissance molle : c'est en 1989-1990 que les courbes de la croissance européenne et de la croissance américaine se croisent - définitivement.

De cette erreur stratégique de l'euro, de cette croissance molle qu'elle a générée, découlait forcément le démantèlement du modèle social européen.

Il en découlait d'autant plus inéluctablement que la chute du Mur faisait disparaître, pour le capitalisme triomphant, la concurrence d'un autre système.

Toutes les conquêtes sociales du XXe siècle sont d'abord le produit de la peur des Rouges. Si les patrons concèdent, si le capitalisme se désenssauvagise, s'il accepte la régulation étatique, les droits syndicaux, les congés payés, la politique des revenus, la sécurité sociale, la répartition des profits la moins inégalitaire de l'histoire de l'humanité (celle à laquelle on parvient en Europe occidentale entre 1945 et 1990), c'est parce qu'il a peur. Parce qu'il a peur de la force d'attraction sur les prolétaires de l'ouest qui le font tourner de la concurrence de l'autre système. Il consent, il concède parce que l'autre système existe. Parce que l'autre système risque de l'emporter.

Dès lors que l'autre système est en crise, évidente à partir des années 1980, les remises en cause des conquêtes sociales à l'ouest s'amorcent - l'ironie, en France, étant que cette irrésistible remise en cause est concomitante de l'arrivée de la "gauche" au pouvoir : une gauche qui, historiquement, entame le démantèlement de l'Etat providence à la française, ébauché par le radicalisme solidariste puis le Front populaire, construit depuis la Libération, du fait du contexte de concurrence des deux systèmes, par les Gouvernements de troisième force (droite démocrate-chrétienne et SFIO si peu de gauche) puis gaulliste.

Mais c'est bien à partir de 1989-1990 que le mouvement s'accélère, que, privé de concurrence idéologique, de menace de l'autre système, le capitalisme, avec l'aide des socialistes qui rallient le camp vainqueur avec armes et bagages, décide que toutes les concessions faites depuis un siècle ne sont plus nécessaires. Que le temps de la reconquête est arrivé.

La chute du Mur de Berlin rend en somme inévitable la dérégulation qui nous a conduits à la crise de l'an passé (laquelle n'a rien changé à rien, malgré les rodomontades du réformateur du capitalisme qui nous sert de président), l'OMC et le libre-échange généralisé (le démantèlement en Europe de la préférence communautaire et du tarif extérieur commun) qui met en concurrence les travailleurs naguère protégés par le système social le plus performant du monde avec des quasi-esclaves - imposant aux travailleurs de notre pays la "modération salariale" si chère à la BCE, les franchises médicales, des retraites de plus en plus miséreuses, le démantèlement de l'hôpital, le "travailler plus pour gagner moins".... , qui exige la privatisation des services publics (naguère approuvée, sous prétexte d'Europe, par M. Jospin), gisements de nouveaux profits, etc.

Alors, cette chute du Mur de Berlin, on la fête ? Comme toujours l'histoire n'est pas à sens unique et ce sens dépend d'où on la considère, sous quel angle. Comme toujours, plutôt que de célébrer, de privilégier la soi-disant mémoire, le sentiment, on ferait mieux de réfléchir. Essayer en tout cas !

lundi 2 novembre 2009

Comment je n'ai pas eu le Goncourt aujourd'hui sur France Info, demain sur Fréquence protestante, et aussi sur Critiques libres...

Philippe Vallet consacre aujourd'hui à mon ''Comment je n'ai pas eu le Goncourt'' son Livre du jour sur France Info : bonne écoute

"Comment je n'ai pas eu le Goncourt" aura également demain, 3 novembre à 13h45 les honneurs de l'émission "Polars" de Fréquence Protestante (sur 100,7 en région parisienne et dans la région de Beauvais ou en cliquant sur ce lien pour écouter sur le Net) (entrer "Polars" dans le fenêtre "Recherche").

Un joli papier d'un lecteur sur le très bon site Critiques libres : au moins, là, on sait qu'on n'a pas une critique parce que l'éditeur a acheté une pub à la régie publicitaire du journal où travaille le critique !!! et un autre sur le grand site d'information francophone sur la Grèce. Et puis encore : Gallimard pour le Goncourt, Grasset pour le Renaudot : pas de problème! le système fonctionne... et après on dira que j'exagère !!!

dimanche 1 novembre 2009

Sale temps pour la Nomenklatura chiraquienne !

Villepin, Pasqua et maintenant le Parrain ! On voit qu'ils ne sont plus aux pouvoirs, les pôvres !

Ca vous a quand même quelque chose de rassérénant, dans ce monde de brutes, que la justice finisse malgré tout par passer, qu'il y ait encore des juges assez courageux pour braver le Parquet aux ordres qui, demain, sera seul à décider des poursuites.

Même si cette justice-là est fonction de coups tordus des parrains d'aujourd'hui - vipères élevées dans le sein douillet des Pasqua et Chirac d'hier.

Même si la justice passe vingt ans trop tard.

A ce sujet, le concert de la Nomenklatura se lamentant sur un pauvre vieux qu'on traîne devant les tribunaux alors que tout cela est si loin, est à mourir de rire.

Pourquoi si tard ? sinon parce qu'on a bloqué les actions lorsqu'elles auraient dû avoir lieu. J'ai eu l'occasion d'écrire ici que la prescription était l'un des droits inaliénables de l'homme. Mais il ne faut pas confondre prescription et abus de position dominante, et il est bien normal que la prescription soit suspendue pendant le temps où ces personnages sont en position de faire obstacle à la justice.

Et puis tout cela est-il tant du passé ? D'abord, nous, les contribuables parisiens, les emplois fictifs de la Chiraquie, les Corréziens salariés juste pour assurer la réélection du parrain, on les a bel et bien payés. Et on aimerait, faute de revoir nos sous, avoir la satisfaction morale de voir l'honneur des coupables publiquement flétri - si coupables il y a. Bien sûr, tout cela a un peu des airs d'Al Capone coincé pour fraude fiscale ; mais coincer Al Capone pour fraude fiscale, ça n'est déjà pas si mal.

Ensuite... dites-moi donc de quel sérail sort Caligula ? et pourquoi le couple - condamné en justice - qui règne sur Levallois-Perret alors que la loi et la décence auraient dû à jamais exclure M et Mme B. de tout mandat électif, est de tous les voyages caligulesques ? Levallois-Perret a-t-il une importance internationale telle qu'on ne puisse se passer de ces gens qui ont à ce point ignoré ce qu'est la morale publique ?

On interrogeait récemment, dans nos étranges lucarnes, une des femmes que j'admire le plus en ce bas monde, la juge Eva Joly, sur le fait de savoir si, par hasard, il y aurait un lien entre la dégringolade, ces deux dernières années, du nombre d'instructions ouvertes par le pôle financier et la dégringolade de la France au palmarès de je ne sais plus quel observatoire mondial de la corruption.

Elle a été parfaite comme d'habitude : incisive, ironique, juste. Et l'on sentait que, malgré sa retenue nordique, elle avait une envie folle de demander au journaliste de qui, dans cette affaire, on se payait la tête ; si casser un thermomètre est le meilleur moyen de combattre l'infection qui provoque la fièvre.

La tête qu'on se paye ? Celle du peuple évidemment - comme lorsqu'on s'assoit sur le résultat d'un référendum pour faire passer, grâce à la veulerie de parlementaires socialistes, la copie conforme d'un traité que le peuple a massivement rejeté.

Mais à force de mépriser le peuple, de se payer sa tête, à force de s'enfermer dans un autisme de Nomenklatura sourde et aveugle, convaincue qu'elle est légitime à vivre sur la bête, le peuple, je l'espère, finira par prendre un gros coup de sang... et qui sait si on ne se demandera pas pourquoi, alors, c'est lui qui en exige - des têtes. Les Nomenklaturas de fin d'Anciens Régimes se demandent toujours pourquoi il leur arrive ce qui leur leur arrive...