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dimanche 19 décembre 2010

Madame de Romilly est morte

Et c'est une grande perte pour l'hellénisme, la science, l'humanisme.

Pour avoir eu la chance de l'interviewer longuement (en 2002 à la demande de le revue franco-hellénique Desmos-Le Lien qui a publié cet entretien dans son numéro 10-11), sur le thème "la Grèce ancienne pour penser l'avenir" je puis de surcroît témoigner de sa gentillesse, de sa bienveillance, de son exquise manière de vous mettre à l'aise, et de son incroyable familiarité avec les Anciens. Nous avions rendez-vous à 14h00. J'arrivai à 13h50 et la trouvai, confus, assis dur les marches d'escalier du hall de son immeuble : elle m'attendait là parce que, si elle m'eût attendu chez elle, le temps de trouver l'interphone avec ses yeux qui ne voyaient plus guère, elle m'eût fait attendre... quelques minutes !

Au fil de notre entretien, Mme de Romilly m'avait cité Hésiode, et j'avais eu l'incroyable surprise en retournant au texte lors de la mise au point la version écrite de notre entretien de constater qu'elle l'avait cité... littéralement, sans la moindre approximation. Ses yeux l'avait trahie, pas sa profonde connivence avec ses écrivains qui sont si loin et dont le message est souvent si actuel. Je lui avais également demandé si, pour les conférence qu'elle préparait alors sur Hippocrate, elle se faisait aider par un étudiant qui aurait sans doute été ravi d'un tel privilège. Elle m'avait aussitôt répondu que non, qu'une telle aide eût pu se transformer en handicap si l'étudiant n'avait pas rangé à sa place exacte chaque livre dans sa bibliothèque et que d'ailleurs, sa véritable bibliothèque était sous ses cheveux blancs, qu'elle n'avait besoin de l'autre que pour des vérifications, qu'à cela ses yeux presque éteints, mais pas totalement, et sa machine à lire suffisaient.

Mme de Romillly était de ces rares remparts qui nous restent contre la barbarie qui nous menace chaque jour un peu plus. Contre la barbarie de ceux qui, depuis des lustres, veulent la peau des études grecques et de l'humanisme et contre qui elle a lutté jusqu'au bout.

Aujourd'hui, je suis triste.

Que les dieux veillent sur vous, Mme de Romilly, et qu'Hermès, psychopompe, conduise avec cette douceur grecque à laquelle vous avez consacré un livre, votre âme jusqu'aux Champs élyséens, au-delà de l'Achéron.

Vous avez bien mérité de la Grèce, de la culture et de l'humanité !

vendredi 10 décembre 2010

Il neige en décembre, la belle affaire !

Il neige une après-midi et le pays se tétanise...

Mais pourquoi s'étonner au fait ?

Voici 20 ou 30 ans qu'on a fait le choix du tout-route pour le transport des marchandises afin de substituer aux cheminots fonctionnaires des routiers esclaves, alors que des pays communistes comme la Suisse ou l'Autriche faisaient eux le choix exactement inverse ;

Et en matière de rail, on a fait le choix exclusif du TGV, système performant mais d'une fragilité extrême, afin de renforcer le trafic sur les lignes rentables, c'est-à-dire d'y renforcer les flux, plutôt que de faire prévaloir une logique d'aménagement du territoire.

A cela, il convient encore d'ajouter le sous-investissement criant dans les transports en commun depuis plusieurs décennies également, nonobstant les logorrhées écolo-bien-pensantes et autres grenelle de l'environnement ; sans même parler du scandale de la dégradation du RER digne d'un pays du Tiers-Monde, quiconque circule désormais dans le métro s'apercevra rapidement qu'on y est transporté dans des conditions chaque jour plus indignes, qu'on y est chaque jour plus exposé au pannes des systèmes de signalisation ou autres interruptions de trafic.

Enfin, il faut bien sûr prendre en compte les réductions de budgets et de personnels imposés dans tous les services publics, à la DDE comme ailleurs, afin de pouvoir redistribuer une richesse qui augmente chaque année, non au profit de la collectivité, mais à l'infime couche la plus riche de notre société.

On a coupé les bras de l'Etat et on s'étonne aujourd'hui qu'il soit manchot

Pour le reste il faut encore ajouter à ces raisons structurelles, celles contingente de l'incompétence crasse, rarement vue dans les annales de la République, de l'équipe de pieds nickelés et de bras cassés que Caligula a pris six mois à constituer et dont le ministre de l'Intérieur est sans aucun doute un des fleurons. Incompétence, indigence du discours et propos nauséabonds pour un échec sur tous les fronts.

Restait à trouver un bouc émissaire, comme d'habitude. C'est fait depuis hier par le chef des bras cassés : dites voir M. Fillon, il n'y aurait pas des Roms, par hasard, à Météo France ? Parce que ça expliquerait tout.