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lundi 26 mai 2014

Le doigt et la lune

Lorsque le doigt montre la lune, l'imbécile regarde le doigt. Le vote FN est le doigt, la lune c'est Merkel, Sarkhollande, Barroso, Draghi, l'UE qui tue la démocratie par ses politiques néolibérales, le libre-échange généralisé ; j'en passe et des pires. En cinq ans, le PS grec, qui a suivi avec un temps d'avance la politique menée ici par Hollande, en trahissant les engagements pris devant le peuple pour obéir servilement à Merkel et à l'UE, est passé de 44 % à... 8 %... 1,5 point derrière les néonazis. Encore un effort, camarades socialistes français, vous allez y arriver !

Ce qui s'est passé hier soir, je l'écris depuis des mois.

J'ai écrit, ici et ailleurs, que les ambiguïtés du discours du Front de gauche sur l'euro et l'illusoire réorientation ou réforme de cette Europe irréformable rendraient son discours inaudible et que, du coup, le Front de gauche, en renonçant à défendre clairement la souveraineté populaire face à la Nomenklatura européenne, ouvrirait un boulevard au FN auquel il laissait ainsi le monopole d'un discours clair et fort de rupture avec cette Europe.

Le FN est à plus de 30 % chez les jeunes, 38 % des employés et à 43 % chez les ouvriers... Le Front de gauche peine à dépasser 6 % avec 5 % chez les employés et 8 % chez les ouvriers...).

Et je suis triste d'avoir eu raison.

Or, ce vote, en France est bien avant tout, comme l'analyse Jacques Sapir, un rejet de l'Europe telle quelle est - et il n'en existe pas d'autre, et elle n'est pas réformable.

"(...) Ce séisme, il est manifeste moins par le score du Front National, assurément historique (25% des voix, premier parti de France), que par l’effondrement symétrique du bloc au pouvoir (23% pour l’alliance PS+EELV) et de l’UMP, qui dépasse à peine les 20%. En réalité, si l’on additionne les voix qui se sont portées sur des partis remettant en cause l’UE (DLR, FdG et FN), on obtient 35% des suffrages. On notera que le succès du Front National n’a pas empêché le petit parti de Nicolas Dupont-Aignan de réaliser un beau score (près de 4%). On peut penser que si de mesquines querelles d’appareil n’avaient fait échouer le projet de listes communes avec les partisans de Jean-Pierre Chevènement (le MRC), ces listes auraient pu peser nettement plus dans ces élections. A l’inverse, si l’on regroupe les voix des deux partis qui assumaient leur « fédéralisme » européens, l’UDI et EELV, on n’obtient que 18,7% des suffrages. C’est ce chiffre là qu’il faut aussi retenir. Il mesure le poids réel des partisans du « fédéralisme » en France."

Malgré les flots de propagande médiatique déversés quotidiennement par de soi-disant journalistes qui ont oublié jusqu'au sens du mot déontologie, les Français ont confirmé, hier, le vote de 2005 qu'on leur a volé, lorsqu'ils ont repoussé le traité constitutionnel et que Sarkozy leur en a ensuite administré le copier-coller, avec la complicité des députés socialistes et des médias, au mépris de la souveraineté populaire. L'histoire dira, plus tard, que cet événement-là est fondateur de la rupture, profonde, durable, irrémédiable entre le peuple français et les partis dits de gouvernement auxquels il faut ajouter la masse des journalistes des grands médias qui, au lieu d'informer, ont choisi de servir. Rupture dont nous n'avons pas fini de voir les conséquences délétères ; trahison fondatrice de Sarkozy à laquelle a répondu, en 2012, la trahison d'Hollande, promettant, en campagne devant le peuple, de renégocier le traité Merkozy pour capituler en rase campagne, sans voir combattu, dès l'élection acquise, devant la chancelière de fer. S'il avait eu le courage de renverser la table européenne en 2012, au lieu de se coucher, nous n'en serions pas là. Le vote FN n'est que le résultat, prévisible, de ces trahisons, de cette lâcheté fondatrice d'Hollande, le symptôme d'un pouvoir socialiste capitulard, failli et inexistant.

Et si l'on regarde à présent les résultats en Europe, l'enseignement n'est pas différent : Syriza à 26,6 % en Grèce, avec un KKE (communistes orthodoxe ) à 6 %, des souverainistes de droite à 3,5 %, plusieurs partis anticapitalistes et anti européens réunissant 2 ou 3 %... sans même parler des 9,4 % des néonazis ;

l'UKIP en tête au Royaume-Uni avec 30 % ;

Cinq Etoiles à 20 % et la Ligue du Nord à 7 % en Italie ;

Izquerda Unida à 10 % et Podemos, nouveau parti issu des Indignés, à 8 % ;

Le FN chez nous et l'extrême droite en Autriche ou au Danemark...

On pourrait multiplier les exemples : qu'elle se traduise par un vote à gauche de la fausse gauche pseudo-socialiste, à droite de la vraie droite ou "ailleurs", dans un espace politique difficilement identifié, la colère des peuples monte contre une Europe qui est devenue un monstre antidémocratique et contre les partis dits de gouvernement qui se sont servis de cette Europe pour faire avaler à leurs peuples ce qu'ils n'auraient jamais accepté d'avaler dans le cadre national et le respect de la souveraineté populaire.

Combattre l'extrême droite, ce n'est pas fulminer des condamnations "morales", c'est s'attaquer aux causes du vote Front national : l'euro qui nous étouffe et dont il faut sortir au plus vite, l'Europe qui est devenue un monstre antidémocratique, le leadership allemand qui impose aux peuples européens sa politique de rentiers, le traité transatlantique qui finira de dépouiller les Etats et leurs peuples de leur souveraineté, le libre-échange généralisé qui met en concurrence des travailleurs jouissant de droits et de protections avec des esclaves, le néolibéralisme et la mondialisation dont l'Europe a été le cheval de Troie et qui réduisent toute élection à un concours d'élégance entre ceux qui aspirent à conduire la politique unique dictée par les Marchés, Merkel et l'UE qui en sont les agents, puisque, dans ce cadre-là, dans ce cadre européen, "There is no alternative", comme disait Maggie.

lundi 19 mai 2014

Elections municipales et régionales en Grèce

Hors les succès incontestables à Athènes et en Attique, succès mais pas triomphe (24 % pour l'Attique, 1,5% devant le candidat soutenu par le PASOK qui devrait bénéficier en partie des reports de la droite avec laquelle gouvernent les "socialistes"), Syriza stagne ou recule ailleurs par rapport à 2012.

Il faudra voir aux européennes de dimanche (le scrutin national et proportionnel fera davantage apparaître la réalité du rapport de force politique) s'il s'agit seulement de la résistance des féodalités locales appuyées sur le clientélisme ou de l'effet des insuffisances, du flou, des ambiguïtés du discours de Syriza sur l'Europe et l'euro, un discours qui refuse de dire clairement qu'une sortie de l'euro est un préalable à toute autre politique puisqu'il n'y a pas d'autre politique possible à l'intérieur de l'euro. De fait, l'arrivée d'anciens crocodiles du PASOK (le PS grec) tentant de sauver leur chemise et de se refaire une virginité chez Syriza, les déclarations d'Alexis Tsipras en Allemagne ou aux Etats-Unis pouvant sembler donner des assurances à ceux qui écorchent la Grèce depuis cinq ans, ont pu apparaître à plus d'un Grec comme les signes d'une dérive "réaliste" ou "modérantiste".

Nous avions été frappés, en janvier, d'entendre des amis grecs, certains militants de la gauche de Syriza, nous dire leurs doutes sur la stratégie ultime du mouvement : changer vraiment les choses ou exercer le pouvoir à la place des autres sans rien changer au fond. Le refus (comme au Front de gauche en France) de parler clairement de la nécessité d'une sortie de l'euro faisant marqueur. Nous avions senti une désillusion, une crainte, un soupçon que le "réalisme" de Tsipras soit au fond un indice que la tête de Syriza ne rêvait à rien d'autre que de prendre la place du PASOK, et que Syriza ne soit la dernière ruse en date du système...

Le score décevant dans la plupart des régions (Syriza ne sera présent au second tour que dans cinq régions, avec des chances de l'emporter dans deux), sauf en Attique, peut sembler confirmer cette analyse ; d'autant que l'abstention est très forte et que le Parti communiste, KKE (communistes orthodoxes) ainsi que le petit parti anticapitaliste Antarsya, qui sont favorables à la sortie de l'euro, ont fait plutôt de bons scores : le candidat du KKE arrive en tête du premier tour à Patras, la 3e ville du pays. De fait, il semble que des électeurs communistes qui avaient quitté le KKE, sans doute pour donner une chance à Syriza de l'emporter en 2012, alors que la direction communiste refusait toute unité de la gauche, sont rentrés au bercail. Par fidélité au KKE... ou par dépit de Syriza ? Ajoutons, comme le précise l'ami Nikos Graikos, que si le KKE sera soutenu par Syriza là où il est présent au second tour, le KKE s'abstiendra au risque de faire gagner la droite ou les candidats qui, effrayés par l'impopularité des partis de gouvernement, se sont, en nombre, présentés comme "indépendants".

Enfin, un des enseignements de ce scrutin est que la montée des nazillons d'Aube dorée, enfants de la politique Merkel-Barroso-Hollande, se poursuit. Comme le note Stathis Kouvelakis, dans son analyse du scrutin : "A Athènes, Kasidiaris est à 16%, au coude à coude avec le candidat officiel de la Nouvelle Démocratie (conservateurs) pour la troisième place. Il est en tête dans quasiment tous les quartiers les plus populaires, tout en obtenant près de 14% des voix dans le très huppé quartier du centre-ville Kolonaki. Dans la région capitale, Aube Dorée est à 11%, au niveau national à plus de 8%". Aube dorée n'existait pas électoralement avant 2009 et avait fait un peu moins de 7 % au niveau national lors des deux scrutins législatifs successifs de 2012. La poussée reste donc contenue au niveau national - sous réserve de vérification dans le scrutin proportionnel national des européennes dimanche prochain, les scrutins d'hier, par leurs enjeux locaux, n'étant sans doute pas les plus favorables à Aube dorée.

En tout état de cause on voit bien que la violence des politiques Merkel-Barroso-Sarkhollande subies par le peuple grec depuis cinq ans conduit à une désespérance, exaspération et perte de confiance dans la démocratie elle-même (abstention et Aube dorée), à un discrédit grandissant des deux partis conservateur et "socialiste" qui, après avoir alterné au pouvoir depuis 1974, gouvernent ensemble depuis plusieurs années mais ne réunissent plus, à eux deux, 50% des 60% de votants (soit une base inférieure au tiers du corps électoral), sans que Syriza, victime de contradictions internes, d'incertitudes stratégiques et du tabou européen qu'il n'ose pas briser, parvienne (pour l'instant ?) à incarner une alternance crédible.

"La Stratégie du choc, ou la montée du capitalisme du désastre", selon le titre de l'ouvrage de Naomi Klein de 2007, la stratégie du choc imposée à la Grèce par l'Allemagne et ce qu'il est convenu d'appeler "Union européenne" n'a pas fini - hélas ! - de produire ses effets délétères sur la société grecque.

samedi 17 mai 2014

Journée de la jupe...

Je ne comprends pas pourquoi tous ces cathos intégristes et para-intégristes, culs-serrés, pisse-vinaigre, Boutins ou para-Boutins se scandalisent de lycéens qui, durant une journée, décident de porter la jupe.

Chez eux, pourtant, c'est je crois un usage ancien et traditionnel, jusqu'à leur catho-en-chef.

Et pas qu'une journée par an !

Il y en a même qui y mettent une coquetterie toute remarquable... Antonio Cañizares Llovera, par exemple, cardinal et préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements depuis décembre 2008. Côté théorie du genre, le cardinal, il me paraît quand même nettement plus suspect(e) que la femme à barbe ou quelques lycéens potaches dont la jupe plissée laisse voir le mollet velu...

Comment on dit, déjà ? L'hôpital qui se fout de la charité...

Fellini reviens ! Ils sont devenus fous !