Parce que lorsque le peuple s'exprime, même si on s'assoit sur ce qu'il a dit huit jours ou un an après, il est bon de savoir qui a dit quoi.

Le vote Non est d'abord un vote jeune : il a recueilli 85 % chez les 18-24 ans (dont beaucoup ont été interdits de vote par Samaras lors des dernières législatives), 72,3 % chez les 25-34, 67,4 % chez les 35-44, 69,2 % chez les 45-54, 59,4 % chez les 55-64 et 44,9 % chez les plus de 65.

Le vote Non est également majoritaire à 85 % chez les étudiants.

On ne peut donc pas dire, comme c'est devenu un truisme du journalisme de propagande, que le vote eurosceptique est un vote de crétins peu éduqués et âgés.

Si l'on regarde la structure par niveau de revenus, on constate globalement que 70 % des plus favorisés ont voté Oui...

Le Non qui donnait mandat de rupture à Tsipras (et les Grecs ne sont pas stupides : il savaient bien que cette rupture pouvait déboucher sur la sortie de l'euro) n'est donc minoritaire que chez ceux qui pensent avoir encore quelque chose à perdre après cinq ans de néocolonialisme euro-allemand.

Le Non est majoritaire à 70 % ou plus dans toutes les autres catégories socio-professionnelles : j'avais écrit avant les élections de janvier que la victoire de Syriza dépendrait avant tout du nombre de ceux qui, lors des législatives de 2012, pensaient qu'ils avaient encore quelque chose à perdre (en juin 2012, la ND n'était déjà plus devant Syriza que chez les retraités, les professions libérales et les chefs d'entreprise), et qui, entre 2012 et 2015 avaient été paupérisés par le néocolonialisme euro-allemand de telle sorte que, à tort ou à raison, ils penseraient ne plus avoir rien à perdre. De fait, cette évolution de l'électorat s'est considérablement accélérée entre janvier et juillet 2015.

Très clairement, le Non a donc été un vote de classe d'âges et un vote de classe. Le Oui est un vote de vieux riches... L'avenir d'un pays !!!

En réalité, depuis 2012, l'électorat réagit de la même façon, mais il se radicalise : la coupure du pays en deux s'approfondit... parce que la paupérisation s'étend du fait de la politique néocoloniale euro-allemande ! Ce qui est intéressant, c'est que ce qui reste de classes moyennes supérieures est en train de basculer : même le centre bourgeois d'Athènes a voté Non, de peu, mais majoritairement...