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jeudi 31 mai 2018

La Marche sur Rome...

En suite de mon post d'hier, le député au pseudo-parlement européen MarKus Ferber, social chrétien bavarois, vient de déclarer qu'en cas d'insolvabilité de l'Italie, "la Troïka devrait marcher sur Rome pour y prendre le contrôle du ministère des Finances"... comme après la chute de l'allié Benito en 1943, en somme.

Actualité de la chute de Constantinople

Avant-hier était le 565e anniversaire de la chute de Constantinople aux mais des Turcs ottomans. A cette occasion, l'Agence de presse grecque Athènes Macédoine m'a demandé de répondre à quelques questions. L'entretien, traduit en grec, a été repris sur de très nombreux sites, dont celui du Huffingtonpost.

Le voici en français.

"1) Quel a été l’impact de la Chute de Constantinople en Occident ?

Bien avant cette chute, l’apparition d’Etats serbe et bulgare revendiquant eux aussi la dignité impériale, c’est-à-dire une prétention universelle, les guerres civiles internes à Byzance, la Peste noire ont installé une crise à la fois politique, démographique, économique, sociale. C’est dans ce contexte que des factions byzantines faisant appel aux Turcs les installent sur la rive européenne des Dardanelles, des Turcs qui, au tournant des années 1370, isolent Constantinople des Balkans et auquel, neuf ans plus tard, le Basileus doit payer tribut. Dès lors, l’expansion turque se poursuit vers le Nord comme vers la Grèce continentale. La chute de Constantinople n’est donc pas une surprise en Occident.

Quant à la réunification des Eglises d’Orient et d’Occident, dont plusieurs empereurs ont pensé qu’elle permettrait de sauver l’Empire, elle échoue sur des exigences du pape inacceptables pour une grande partie du clergé et du peuple byzantins. Et la dernière Croisade occidentale contre les Turcs se termine par leur victoire, à Varna, en 1444. Durant le siège, des Occidentaux se battent au côté des assiégés, mais les Génois de Péra ménagent l’avenir en refusant de prendre les armes, et le pape ne dépêche que trois navires de secours. En réalité, c’est dans l’indifférence de l’Occident que tombe Constantinople.

En revanche le reflux vers l’ouest d’intellectuels byzantins et de leurs bibliothèques qui accompagne la progression turque jouera un rôle essentiel dans la Renaissance occidentale, l’apprentissage du grec par les premiers humanistes, la découverte de textes de l’Antiquité ou leur lecture dans leur langue originelle.

2) Si la Chute de Constantinople n’avait pas eu lieu, quel aurait été le sort supposé de la Grèce, de Chypre et des Balkans dans le paysage européen aujourd’hui ?

Même si je suis romancier, en plus d’être historien, je ne me risquerai pas à reconstruire une autre histoire avec des « si ». La chute de Constantinople n’a été que l’aboutissement d’un double processus qui commence à la fin du XIe siècle. D’abord le Basileus cesse progressivement d’être le défenseur des humbles – ce qui affaiblit le patriotisme de ses sujets – au profit des puissants auxquels il concède terres et privilèges fiscaux. Cette évolution conduit à la fois à l’affaiblissement du pouvoir impérial face à ces puissants, à son appauvrissement accentué par la multiplication des dons aux monastères eux aussi exonérés d’impôts, et à la substitution au lien « affectif » entre les humbles et le Basileus, d’un lien de dépendance entre ces humbles et les puissants. La deuxième évolution est extérieure : elle conduit le Basileus à s’en remettre de plus en plus, pour obtenir les moyens financiers dont le privent les exemptions fiscales qu’ils a concédées, aux cités marchandes italiennes qui, en retour, obtiennent des privilèges douaniers et commerciaux. Mais ceux-ci diminuent d’autant les recettes de l’Empire tout en ruinant les commerçants byzantins. Il est donc bien difficile d’imaginer quand et comment ces processus auraient pu être interrompus et ce qu’il en aurait résulté.

En revanche ce qu’on peut remarquer, sans qu’on puisse jamais parler de répétition en histoire, ce sont certains parallèles avec la situation actuelle de la Grèce : sous-fiscalisation des catégories les plus favorisées, affaiblissement du lien de confiance en l’Etat des Grecs qui estiment avoir de moins en moins de protection et de services en échange d’impôts de plus en plus lourds, perte de la souveraineté économique et mise en tutelle de cet Etat par une autorité étrangère – en l’occurrence l’Union européenne.

3) Vous écrivez dans l’introduction de votre livre que « Byzance demeure singulièrement absente de nos imaginaires et de nos écrans ». Pour quelle raison pensez-vous que ce pan de l’Histoire byzantine et grecque n’est-il pas ou peu abordé en France et de manière générale en Europe de l’ouest ? et quel est l’impact de cette absence pour la place de la Grèce, des Balkans et de Chypre en Europe, aujourd’hui ?

Alors que l’histoire byzantine est éminemment romanesque, que certains personnages pourraient faire des héros rêvés de séries télévisées historiques, très peu de romans s’inspirent de cette histoire dans le monde occidental, et elle est totalement absente de nos écrans. Comme de nos manuels scolaires : les mille ans d’histoire et de culture byzantines, leur influence déterminante sur la Renaissance occidentale, y sont quasiment ignorés, alors que l’héritage arabo-musulman est valorisé – voire surévalué.

Pour moi, il y a là un legs de la vision négative de long terme née de la rupture entre Eglises d’Occident et d’Orient. Pour Pétrarque, et nombre de clercs ou d’intellectuels occidentaux qui ont façonné la perception de Byzance à l’ouest de l’Europe, les schismatiques grecs sont pires que les ennemis turcs. On refuse de voir que les siècles de harcèlement par les Normands d’Italie du Sud et de Sicile, la politique de Venise et de Gênes ont pesé d’un poids déterminant dans son affaiblissement face à la montée du danger turc : il faut attendre 2001 pour qu’un pape reconnaisse la catastrophe qu’a constituée le sac de Constantinople par les Occidentaux en 1204, début d’une entreprise de type colonial - l’Empire latin - d’un peu plus d’un demi-siècle.

Ce rejet de Byzance, à l’ouest, hors de la mémoire collective européenne explique en partie les différences de traitement réservé aux régimes croate et serbe, pourtant très semblables, lors des guerres de sécession yougoslaves, à la Bulgarie et à la Roumanie, par rapport aux Etats catholico-protestants d’Europe du nord et centrale, dans le processus d’adhésion à l’UE, ou la brutalité et les humiliations de la mise en tutelle de la Grèce depuis bientôt dix ans, accompagnée par un discours écrasant des medias occidentaux utilisant, à l’égard des Grecs, des stéréotypes proches du racisme qui traînent dans la culture occidentale depuis des siècles.

Fondamentalement, dans les représentations occidentales, la matrice de l’Union européenne reste l’Empire de Charlemagne et un club catholico-protestant qui regarde au mieux avec condescendance, souvent avec mépris, les Européens du Sud-Est de tradition orthodoxe, sommés de devenir des Occidentaux (pour ne pas dire des Allemands !) s’ils veulent être tenus pour de « vrais » Européens – impérialisme culturel qui se nourrit aussi du désir des Européens du Sud-Est d’être enfin reconnus comme tels.

mercredi 30 mai 2018

Coup d'Etat à l'italienne

D'abord il y eut 2005 et les deux Non, français et néerlandais, transformés en Oui par transsubstantiation parlementaire.

Puis l'Italie et la Grèce connurent, presque simultanément, un premier coup d'Etat européen: le remplacement, sous intense pression germano-européenne, de deux présidents du Conseil élus, Papandréou et Berlusconi, par deux banquiers non élus, Papadimos et Monti. Le premier ne tenta pas même, tant il était haï, de se présenter aux élections suivantes avec un parti leurre. Le second se hasarda à l'expérience et fut écrasé par le suffrage universel, au profit d'un autre leurre : le Parti démocrate à l'intérieur duquel Matteo Renzi réussit un putsch pour parvenir au pouvoir, bénéficia d'un massif "effet belle gueule", grâce auquel son parti fit un score historiquement haut aux dernières élections européennes, avant d'être rattrapé par sa politique - celle de l'UE et de l'euro, c'est-à-dire celle de l'Allemagne -, et de sombrer au référendum de décembre 2016.

Mais Renzi a laissé deux héritages. Le premier, c'est la trame d'une loi électorale scélérate d'une incroyable complexité (elle fut en partie annulée par la Tribunal constitutionnel avant d'être retripatouillée par les partis fidèles à la Germano-Europe, dont la seule motivation était d'empêcher l'accession au pouvoir du Mouvement 5 étoiles, comme autrefois les partis du système de la IVe République inventèrent une loi, très proche, dite des apparentements, seulement dans le but d'empêcher le Rassemblement du peuple français du général de Gaulle d'emporter les législatives de 1951). Le second c'est le président de la République Sergio Mattarella, vieux crocodile de la Démocratie chrétienne, député durant sept législatures, quatre fois ministres (dont la première sous Andreotti), puis juge au Tribunal constitutionnel : une espèce de concentré de la Caste politique italienne, rescapé du naufrage de la DC, rescapé du naufrage de la coalition dite de centre gauche de L'Olivier... Un inoxydable produit du système élu, pour sept ans, le 31 janvier 2015, au 4e tour de scrutin, par 665 des 991 députés et sénateurs.

Précisons qu'entre-temps Chypre avait connu elle aussi un coup d'Etat européen, qui ruina nombre d'entrepreneurs et paupérisa une partie importante de la population. Puis ce fut l'épisode du second coup d'Etat germano-européen en Grèce, entre la première et la seconde élection législative grecque de 2015, l'annulation germano-européenne des 61,31 % de Non - avec la complicité de Tsipras et de sa bande -, l'étouffement systématique de l'économie grecque et la spoliation des biens privés et publics des citoyens grecs, à une échelle encore jamais vue, dans un pays réputé vivre en démocratie, en temps de paix.

Et voilà donc qu'aujourd'hui, le porte-manteau germano-européen Mattarella, en vertu d'une lecture éminemment contestable de la Constitution, vient de refuser de nommer un gouvernement jouissant d'une majorité élue par plus de 50 % des Italiens ayant pris par au vote, sous le prétexte qu'un des ministres ne lui convient pas, et alors que c'est au Président du Conseil de nommer les ministres et aux Chambres d'investir le gouvernement. Enfin le porte-manteau germano-européen Mattarella nomme, pour le substituer au président du Conseil conforme à la majorité issue des élections, un président du Conseil, Cottarelli, surnommé "Monsieur Ciseaux" en raison de sa rage à opérer des coupes dans tous les budgets de l'Etat, afin de conformer l'Italie aux critères d'austérité imposés par la Germano-Europe - c'est-à-dire un symbole des politiques que les électeurs italiens viennent de rejeter massivement.

En outre Cottarelli est... banquier bien sûr ! Et ancien du FMI par dessus le marché.

Mais n'oubliez pas, hein ? L'Europe c'est la paix. Ou pas.

En tout cas, l'Europe c'est bien la Banque. La Banque, la Banque, la Banque... chante une fois encore la Germano-Europe, comme Carmen, lisant les cartes, chantait : la Mort, la Mort, la Mort...

En réalité, nous sommes aujourd'hui en Italie face à un crise comparable à celle qu'a connue la IIIe République française naissante, le 16 mai 1877 : un conflit de légitimité entre un président élu par un parlement dont la majorité à été écrasée dans les urnes et la nouvelle majorité.

La seule différence, de taille, c'est que le président italien est la marionnette d'une puissance étrangère.

Car Mattarella n'a pas refusé de nommer à l'Intérieur Matteo Salvini au motif que sa politique migratoire serait incompatible avec les traités européens ou les droits de l'Homme ; non, il a refusé de nommer Paolo Savona, un éminent économiste de 81 ans, ancien patron et président de la confédération patronale italienne (bref, un révolutionnaire !), ministre des Finances, pour l'unique raison que celui-ci, après avoir été partisan de l'euro, défend aujourd'hui que l'euro est une cage de fer allemande dans laquelle expire l'économie italienne - la pure et simple vérité.

Les masques sont donc une fois encore tombés : c'est l'ordre européen, c'est-à-dire l'ordolibéralisme allemand, qui conditionne désormais, partout en Europe, l'exercice du suffrage universel, qui contraint les choix des électeurs - en application du théorème Juncker énoncé au moment de la "crise grecque" : pas de démocratie contre les traités européens. C'est-à-dire pas de démocratie du tout. Explicitement désormais, le rite électoral est désormais limité à un concours de mode destiné à désigner le plus jeune, le plus avenant ou le mieux habillé parmi ceux qui ont accepté de conduire la seule politique acceptable - déterminée ailleurs, par la Caste qui sait mieux que les peuples ce qui est bon pour eux, hors de tout contrôle démocratique, et pour l'éternité des temps. Et c'est encore mieux si c'est un banquier et le plus soumis aux volontés de l'Allemagne : Macron, par exemple.

Une fois de plus, la preuve est faite que ce qu'il est convenu d'appeler l'Europe est incompatible avec la démocratie. Et comme on ne la changera plus, comme on ne la réorientera plus, parce qu'elle a été précisément conçue, dès l'origine, pour servir exactement à quoi elle sert, soit on choisit la démocratie et on sort de l'euro et de l'UE, soit on choisit de rester dans l'UE et l'euro et on enterre la démocratie.

C'est bien là qu'est le noeud gordien de la question italienne qu'il faut trancher, si l'on ne veut pas voir mourir la démocratie en Italie comme ailleurs en Europe. Hier soir, en meeting à Naples, Luigi di Maio, le leader du M5S n'a pas dit autre chose : "Pour revenir aux urnes, nous n'avons pas besoin du drapeau du mouvement, mais du drapeau italien, car dans ces couleurs il y a le peuple italien et la souveraineté appartient au peuple italien, pas au peuple allemand."

Alors ? Gouvernement "technique" (sous-entendu "neutre", alors qu'on nomme à sa tête un idéologue de la soumission aux dogmes allemands) sous la houlette de "Monsieur Ciseaux" pour gagner quelques mois et surtout mettre l'Italie à genoux devant les marchés, afin que la majorité trouve une situation dans laquelle elle aura pieds et poings liés. Forcer la Ligue et M5S à prendre l'engagement de rester dans l'euro où ils seront ligotés, et pilonner que la sortie de l'euro conduirait les Italiens à la ruine, à la pauvreté, à la faillite. Alors que c'est juste le contraire : la sortie de l'euro est la condition du redressement italien. Jouer autant qu'on peut sur la trouille durant ce répit.

Mais si ça foire ? Comme en France en 2005, comme en Grèce pour le référendum (car si plus de 61 % des Grecs ont dit Non en 2015, ce n'est certes pas qu'ils étaient tous pour une sortie de l'euro, mais vu l'intense propagande, du matin au soir et du soir au matin, leur pilonnant qu'un Non signifierait la sortie de l'euro et l'expulsion de l'UE, c'est bien qu'ils en ont assumé le risque). Comme avant le Brexit et les prévisions d'une Tamise rouge de sang et des nuages de criquets ravageant le Yorkshire si les Britanniques votaient Leave.

Alors, à l'instar du président monarchiste Mac Mahon en 1877 refusant de confier le pouvoir à la majorité républicaine élue en 1876 et qui choisit finalement de démissionner après que les urnes eurent renvoyé une majorité républicaine à la Chambre en octobre 1877, le porte-manteau germano-européen Mattarella devra bien se soumettre ou se démettre (selon les mots de Gambetta, à Lille, le 15 août 1877, durant la campagne électorale) si le peuple italien confirme son choix dans un nouveau scrutin.

Or c'est ce qu'indique le premier sondage réalisé depuis la crise institutionnelle déclenchée par le porte-manteau Mattarella puisque la Ligue (qui est bien autre chose qu'une extrême droite comme en témoigne le fait qu'Alberto Bagnai, économiste qu'on ne peut classer à droite a été élu sénateur sous cette étiquette) gagnerait 10 points, passant de 17,3 % à 27,5 %, tandis que le M5S se tasserait de 32,7 % à 30 % : la coalition déjà majoritaire dont le porte-manteau refuse de nommer le gouvernement, représentant donc près de 60% du corps électoral. Sans compter qu'une des extrêmes droites, Fratelli d'Italia, partenaire lors des dernières élections de Berlusconi et de la Ligue, s'est déclarée hier opposée aux décisions du porte-manteau et disposée à entrer dans la coalition.

Que peut-on dire, dès lors, sinon que la politique germano-européenne du porte-manteau est en train d'élargir et de cimenter un bloc patriotique, face aux partis de l'étranger (pour reprendre l'expression de "l'Appel de Cochin" lancé par Chirac en 1978) : effondrement du berlusconisme à 8 % et stagnation du PD sous 25%.

Pour tout vous dire, j'étais plutôt sceptique sur la capacité et la résolution de la coalition italienne à résister aux pressions de l'Euro-Germanie (le traumatisme de la trahison Tsipras n'est pas près de s'effacer chez moi et je crois n'être pas seul dans ce cas) ; il n'en est pas moins indubitable que le refus de cette coalition de passer sous les fourches caudines du porte-manteau me paraît de bon augure pour la suite... à hauteur de ce qu'une concession sur la nomination du ministre des Finances aurait représenté d'incapacité ou d'absence totale de volonté, avant même d'accéder au pouvoir, à résister aux pressions de l'Eurogermanie.

Quant au résultat du vote à venir, il est évident que le porte-manteau ayant explicitement refusé de nommer le ministre des Finances en raison de son hostilité à l'euro, plus le réflexe patriotique sera massif, et plus le mandat de rupture avec cet euro donné à la nouvelle majorité confirmée sera clair.

Et il faut dire que, pour entretenir et développer ce réflexe, on peut compter sur la morgue et la bêtise politique crasse de la Caste eurogermanique. Car ils sont tellement bêtes, tellement coupés des réalités, des peuples, tellement étrangers au patriotisme et aux gens que leur politique torture et tue chaque jour, tellement sûrs d'eux-mêmes et dominateurs, qu'ils vont peut-être finir par faire péter leur bastringue... A la manière dont la Nomenklatura soviétique a tué l'URSS et provoqué son effondrement.

Ainsi, hier, on apprenait par un tweet de l'interviewer (sur la Voix de l'Allemagne, la Deutsche Welle) du commissaire allemand Günther Hermann Oettinger que celui-ci lui avait déclaré : "Les marchés vont apprendre aux Italiens à voter correctement".

Voilà qui est dit sans complexe ! La caste eurogermanique - et sa branche française, la clique Macron - répudient désormais toute hypocrisie dans la brutalité de ses propos. Ils sont à ce point hors sol, qu'ils ne se rendent même plus compte de ladite brutalité qui révèle aux peuples le hideux mufle de leur dictature bancocrate au service de l'ordolibéralisme allemand.

Il faut dire que le coco Oettinger, commissaire chrétien démocrate du IVe Reich, n'en est pas à son coup d'essai. Dans mes 30 bonnes raisons pour sortir de l'Europe, paru fin 2016, j'écrivais ainsi à son propos : "À l’Économie numérique, Juncker nomme l’Allemand Günther Hermann Oettinger. Comme ministre président du Land de Bade-Wurtenberg, celui-ci avait déclenché, en 2007, une violente polémique par son éloge funèbre, fort ambigu, d’un de ses prédécesseurs, forcé de démissionner en 1978 à la suite de révélations sur son passé de juge sous le IIIe Reich. Puis en 2011, Oettinger (« canard boiteux » dont le gouvernement s’est débarrassé en « l’expédiant » à Bruxelles, selon un document de l’ambassade américaine à Berlin révélé par Wikileaks) avait proposé qu’on mette en berne, devant les bâtiments de l’Union, les drapeaux des États endettés et même de remplacer les fonctionnaires grecs supposés incompétents par des fonctionnaires européens…"

Quant au tweet, démenti pour la forme (ce qui ne trompe personne sauf les gogos qui sont toujours d'accord pour avaler une couleuvre après l'autre), sitôt qu'on s'est aperçu des ravages qu'il allait provoquer dans l'opinion italienne, l'im-Monde de chez nous le qualifie de gaffe. Quel humour ! Le quotidien de la Caste regrette encore, lui, qu'on dise la vérité toute crue : c'est contre-productif ! Mais ce n'est pas une gaffe, Messieurdames de l'im-Monde, c'est bien un système de gouvernement ! (NB : la réponse du Commissaire du IVe Reich serait en réalité : "Ma préoccupation est, et mon attente est, que les prochaines semaines montreront que les marchés, que les emprunts d'Etat, que le développement économique de l'Italie pourraient être si radicaux qu'ils constitueraient un signal possible pour les électeurs, de ne pas choisir les populistes de gauche et de droite"... ce qui revient exactement au même !)

D'ailleurs, la presse de la métropole allemande du IVe Reich ne dit pas autre chose. Elle remet ça avec entrain et sans le moindre complexe. Ainsi, après les PIGS, le Club Med, et les fainéants voleurs de Grecs, l'ami Lenny Benbara nous apprend-il, dans Le Vent se lève que : "l’hebdomadaire des élites allemandes, ''Der Spiegel'', a publié un éditorial dans lequel on explique que la Ligue et le M5S sont «des piques-assiettes» et en remet une louche : «Comment pourrions-nous définir autrement le comportement d’un pays qui demande de financer le farniente et qui menace ensuite ceux qui sont sommés de régler leurs dettes ? Au moins, les clochards disent merci quand on leur donne quelque chose.» "

Mais on est loin du racisme, n'est-ce pas ? Et l'Europe c'est la paix... Sauf quand il s'agit de taper sur la gueule de ces salauds du sud.

vendredi 11 mai 2018

La Grèce après le mois d'août

Le CADTM a eu bien raison de recruter Marie-Laure Coulmin Koutsaftis, cela nous permet d'avoir des papiers passionnants, comme celui que j'ai relayé récemment sur les tranferts massifs de propriété en cours, précis et documentés sur ce qui continue imperturbablement en Grèce, sur quoi les pouvoirs, allemand, français, européen, grec font de la désinformation servilement répercutée (à quelques exceptions près) par les médias dominants.

Ma seule réserve de détail sur le présent papier, consacré au maintien du pays sous tutelle germano-européenne après sa sortie annoncée à grand renfort des trompettes de la propagande, du régime des mémorandums, c'est que, même s'il y a sortie de la Grèce du plan dit d'aide (qui n'a jamais aidé personne sinon les banques françaises et allemandes à transmuter, par une opération d'alchimie européenne les créances sur la Grèce qu'elles avaient accumulées, contre tout principe raisonnable de gestion, en dette sur les contribuables européens), cette sortie ne pourra être que chaotique et provisoire - nonobstant les trompe l'oeil qu'on inventera - tout simplement parce que les politiques de prédation et de destruction massive de l'économie grecque appliquée par la Germano-Europe depuis 2010 ne peuvent permettre au pays de redémarrer.

jeudi 10 mai 2018

Cheval et lavabo...

La chancelière du Reich remet le prix du Reich à son Gauleiter français...

Ca me rappelle cette réponse de Pierre Juillet à Chirac, après que celui-ci l'eut remercié pour son rôle dans la conquête de la mairie de Paris : « c'est bien la première fois qu'un cheval remercie son jockey ».

Un peu plus tard, le même Juillet (d'autres attribuent la saillie à Marie-France Garaud, mais l'un étant l'alter ego de l'autre et réciproquement...), désabusé sur les qualités du poulain, aurait dit aussi : « Je le croyais taillé dans le marbre dont on fait les statues. Je me suis rendu compte que c'était du marbre dont on fait les lavabos »... Enfin, lavabo, c'est la version pour oreilles enfantines, on dit que la réalité se trouverait quelque part entre « chiottes » et «bidet » : qui fera jamais la lumière sur ce point... savoureux de l'histoire ?

En tout cas, « il se croyait » au lieu de « je le croyais » et ça peut resservir tel quel aussi.

mercredi 9 mai 2018

Vingt mille lieues sous les mers

Et pendant ce temps-là, Merkel vend six sous-marins dernier cri à Erdogan (et la technologie qui lui permettra d'en fabriquer d'autres) - sans doute histoire de foutre un peu plus le bordel en Egée et autour de Chypre : l'Europe, la paix, la solidarité, tout ça, tout ça...

Enfin, on ne pourra plus dire qu'il n'y a pas de retour sur investissement sur l'argent filé à Erdogan par l'Union européenne au titre de l'aide aux migrants.

mardi 8 mai 2018

Commémoration

Quand la soumission à l'Eurogermanie commémore la victoire sur l'Allemagne qui, pour la seconde fois en un siècle, d'abord sous la forme impériale et militariste, puis sous la forme impériale et racialiste, jeta l'Europe et le monde dans la guerre, afin de s'assurer un "espace vital"...

Quand le destructeur de l'Etat social, par soumission à l'Eurogermanie, commémore une victoire qui fut aussi celle d'un CNR, dans lequel se retrouvèrent tous ceux qui, de l'extrême droite d'avant-guerre aux communistes, avaient, à un moment où un autre, par réflexe patriotique ou réflexion politique, instantanément ou avec retard, rejeté l'occupation allemande et la collaboration avec l'ennemi, un CNR fondé - aux termes de quels efforts pour dépasser les calculs personnels et les oppositions ! - par Jean Moulin sous l'autorité du général de Gaulle, un CNR qui, conscient que le libre marché était à l'origine de la guerre à travers la crise de 1929, entreprit de nationaliser, de planifier, de réguler, d'assurer à chacun une sécurité minimale devant les aléas de l'existence, posant ainsi les fondations de ce qui fut la période de croissance la plus forte et de répartition de ses fruits la moins inégalitaire de l'histoire de l'humanité - d'un État social. Un CNR dont le démolisseur qui commémore démolit aujourd'hui méthodiquement ce que l'Eurogermanie a laissé subsister de cette oeuvre, liquide l'Etat social, l'intérêt général au profit des intérêts particuliers.

Commémoration, en somme, de la vertu par le vice.

Le livre de ce moment que nous vivons, c'est incontestablement L'Etrange Défaite de Marc Bloch.

lundi 7 mai 2018

De la morgue à l'odieux

Tous les médias dominants français se scandalisent aujourd'hui de l'utilisation de morts, par le président américain, afin de justifier sa politique de maintien en l'état du deuxième amendement de la Constitution des Etats-Unis, datant de 1791, et interprété depuis lors comme la reconnaissance du droit des Américains à porter des armes.

Mais naturellement, aucun de ces médias ne voit de rapport - vieille histoire de paille et de poutre - entre cette déclaration et celle de celui qui occupe la fonction de président de la République, ici et maintenant.



Car ce soir, une chaîne de "service public" (on se demande d'ailleurs ce que cela peut encore signifier dans le système médiatique d'aujourd'hui, puisqu'il ne s'agit plus, dans ce système, que de propagande, telle que les Etats totalitaires du siècle précédent en rêvaient : une propagande totalement intériorisée comme quelque chose de naturel par ceux qui la serinent, qui n'ont plus besoin ni d'instructions ni de contrainte) va bien diffuser tranquillement ce morceau choisi de propagande dans lequel celui qui occupe la fonction de président de la République se sert d'un mort - le colonel Beltrame, son acte de courage et d'abnégation - afin de faire la promotion de sa politique de démontage de l'Etat social et de clouer au pilori ceux qui s'indignent de la suppression pour les plus faibles d'une aide au logement.

En pesant mes mots, je considère que ce propos relève d'un cynisme "proprement" dégueulasse. Et ceci d'autant plus que celui qui fait fonction de président de la République, dans ce répugnant exercice de rhétorique, à travers un discours inversant désormais systématiquement les valeurs pour faire dire aux mots l'exact inverse de ce qu'ils signifient, utilise ceux de patriotisme et de souveraineté, à la Pétain, pour escamoter son rôle de larbin de l'Allemagne et d'une Commission européenne aux ordres de celle-ci.

On vient de descendre une marche de plus - de la morgue à l'odieux.

dimanche 6 mai 2018

Transfert de propriété

Comme je l'écris depuis maintenant plusieurs années, la Grèce vit désormais sous la loi des vautours. C'est à dire que la trahison tous azimuts de Tsipras (une trahison qu'un lecteur de ce blog présentait dans son commentaire à mon précédent billet comme une énième version de sainte TINA : s'il a fait ça, c'est bien entendu qu'il ne pouvait faire autre chose. On n'en a donc jamais fini avec les sophismes ! Car non, en effet, on ne peut mener une autre politique sans s'affranchir du double carcan de l'euro et de l'UE, mais on peut choisir de s'affranchir du double carcan de l'euro et de l'UE pour mener une autre politique, ce que les Grecs choisirent par référendum en 2015, puisqu'on leur avait répété, sur tous les tons, du matin au soir et du soir au matin, que s'ils votaient NON on les expulserait de l'euro et de l'UE, et qu'ils votèrent NON à plus de 61 %. Avant que le gouvernement Tsipras ne s'assoie sur leur vote, comme le gouvernement français s'assit sur le vote des Français de 2005, comme... on s'assoit sur tous les votes dans l'UE, dès lors que ces votes ne correspondent pas à ce que des "élites" en sécession ont décidé de ce qu'ils devaient être) se traduit aussi par un immense transfert de propriété, une spoliation à grande échelle, une expropriation des Grecs de leur propre pays.

Ce pays était en Europe, avec la France, celui qui avait fait la réforme agraire la plus accomplie et le peuple grec était un peuple de petits propriétaires ; la fiscalité confiscatoire imposée par l'UE depuis 2010 contraint aujourd'hui ces petits propriétaires qui ont un capital mais pas de liquidités (puisqu'ils sont réduits par les politiques déflationnistes de la Germano-Europe à une précarité telle que même beaucoup de ceux qui ont encore un travail salarié ne sont pas payés régulièrement ou à des niveaux de salaires insuffisants pour vivre, voire survivre), soit à le vendre à n'importe quel prix pour se soigner ou subsister six mois de plus, soit à la confiscation - faute de pouvoir acquitter des obligations fiscales qui n'ont plus rien à voir avec la faculté contributive des Grecs.

Ainsi le gouvernement Tsipras, dit de gauche radicale, préside-t-il avec zèle (notamment en ayant fait passer en urgence une loi, exigée par l'UE, qui permet de pratiquer par Internet les ventes aux enchères des biens confisqués, lesquelles ne pouvaient avoir lieu physiquement du fait des mobilisations populaires), non à la collectivisation ou socialisation d'une partie de la propriété - qui fut autrefois un des marqueurs des politiques dites de gauche - mais à la spoliation pure et simple des petits propriétaires pour l'essentiel au profit du capital étranger, et accessoirement de la partie de la population grecque la plus riche. Ou quand le libéralisme, dont le respect du droit de propriété a toujours été présenté comme le pilier fondamental, aboutit, dans sa forme euro-germanique, à la violation généralisée de ce droit de propriété.

C'est à ce phénomène que Marie-Laure Coulmin-Koutsaftis, qui dirigea naguère l'ouvrage collectif : Les Grecs contre l'austérité. Il était une fois l'histoire de la dette (Le Temps des cerises, 2015) dont j'ai eu l'honneur d'écrire la contribution conclusive : "La fable du boa et du lapin" (où le lecteur de ce blog cité plus haut trouvera une manière de réponse anticipée à son commentaire à mon précédent post en ce qui concerne Tsipras), vient de consacrer, sur le site du Comité pour l'abolition des dettes illégitimes, un article détaillé que je ne peux que vous recommander de lire.

jeudi 3 mai 2018

Le milliard des émigrés

Comparaison n'est pas raison, l'histoire ne se répète jamais à l'identique, tout ça tout ça...

N'empêche... quand vous êtes historien (ce qui dénote déjà une forme de pathologie mentale), il y a des choses qui font tilt et vous ne pouvez vous empêcher de faire des allers-retours qui sont parfois éclairants, voire pertinents.

Ainsi ce matin, à l'hosto où je n'avais rien d'autre à faire, après une intervention chirurgicale bénigne hier, qu'à attendre ma sortie en lisant ce qui apparaissait sur mon fil Facebook, après une intervention bénigne hier, me suis-je dit que ces 803 nouveaux millions de cadeaux aux très riches et très citoyens qui font émigrer leurs capitaux... m'éveillaient un souvenir.

Retour à la maison, une fois réveillé d'une bénéfique sieste, je m'empare donc du Jardin et Tudesq, "La France des notables, 1815-1848", vol 6 de la nouvelle histoire de la France contemporaine, paru au Seuil en 1973. Bingo !

Arrivé sur le trône à la mort de son frère Louis XVIII, le 16 septembre 1824, Charles X hérite du ministère Villèle, appuyé sur une "chambre retrouvée" élue en mars, où siègent seulement 19 opposants libéraux (la "gauche" de l'époque) dans une assemblée de 430 membres composée au 3/5e de nobles et pour moitié d'anciens émigrés.

Charles X hérite aussi d'une "opération extérieure" décidée sous son prédécesseur : l'armée française, commandée par le duc d'Angoulème, s'en est allée, en avril, tailler des croupières (jusqu'au fort de Trocadéro) aux Cortes et aux Espagnols libéraux, afin de restaurer l'absolutisme à Madrid.

Ce roi, ce ministre, lui-même chevalier de la Foi, et cette chambre conduisent aussi une vigoureuse politique de rapprochement du trône et de l'autel, s'employant ainsi en quelque sorte, à réparer le lien abîmé par la Révolution entre l'Etat et l'Eglise catholique.

Ce roi, ce ministre et cette Chambre s'employèrent également à faire voter, en avril 1825, la loi dite "du milliard es émigrés", destinée à "indemniser" les émigrés "spoliés" par la Révolution. En réalité, nous apprennent Jardin et Tudesq, le capital effectivement mobilisé pour la constitution d'une rente à 3% versée aux bénéficiaires fut de... 867 millions. A 64 millions près, notre Charles X, notre Villèle havrais et notre chambre retrouvée semblent bien suivre un modèle... trouva son terme, cinq ans plus tard, avec les Trois Glorieuses.

Ensuite, vous allez renoncer à une journée chômée pour travailler sans salaire afin de financer la dépendance. Ensuite les retraités doivent faire des efforts. Ensuite comme on a mis la SNCF dans l'impossibilité de remplir correctement ses missions pour justifier l'ouverture à la concurrence, évidemment prélude à la privatisation, on va mettre l'hôpital public un peu plus hors d'état de fonctionner correctement afin de pouvoir le privatiser et l'on dit froidement aux personnels de santé qu'il n'y a pas d'argent magique (pour eux, mais pour les très riches, il y a des réserves apparemment inépuisables de magie !) et qu'il faut qu'ils se bougent (ils se bougent, il est vrai, ceux qui vont mettre leur argent au Luxembourg, chez le président de la Commission européenne, aux Caïmans ou aux Bermudes...).

Et puisque je sors de trois jours d'hôpital, je finirai ce billet par un hommage vibrant aux personnels hospitaliers : compétents, attentifs, humains, gentils. Merci à eux !!! Surtout quand on sait sans qu'elles conditions ils doivent travailler... Le brancardier qui m'a emmené hier au bloc 10h30, avait fini à 21h00 la veille au soir et ne devait reprendre qu'à 18h30 le lendemain. Il avait été rappelé en urgence à 6h30 pour reprendre son service à 7h30. c'est lui qui m'a ramené à ma chambre à 16h30 et il avait encore 3h00 à travailler : argent magique ou insupportable arrogance de notre petit Charles X ?