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vendredi 24 août 2018

A plus tard !

Bon les gens, je vais me faire plus rare. Je repars pour "notre" île demain et cette fois jusque vers la mi-octobre.

Le jeudi 11 octobre, pour ceux qui sont à Athènes, j'aurai le plaisir de présenter mon Tigrane l'Arménien, chez les excellents Odile et Iannis, à la librairie To Leikopoleio. Ne faites pas trop de bêtises tout de même pendant mon absence.

Moi, je vais tâcher de boucler le manuscrit de mes Mémoires de Thémistocle.

Cela dit, en principe, la revue Le Comptoir devrait publier dans les semaines qui viennent un entretien avec l'excellent Galaad Wilgos autour de mes 30 bonnes raisons pour sortir de l'Europe, et j'ai enregistré ce matin, avec l'excellente Coralie Delaume, un autre entretien, sur la situation en Grèce et en Turquie, pour Polony TV.

Donc vous ne serez pas totalement débarrassés de moi !

lundi 20 août 2018

Désastre grec et aveuglement idéologique

Libération publie aujourd'hui un papier de Fabien Perrier fort juste sur la description de la situation même si on pourrait y ajouter quelques éléments.

Ainsi pour des milliers de salariés grecs les salaires ne sont plus, depuis longtemps, versés régulièrement. La vaporisation du droit social jointe au chômage de masse a en réalité installé la toute-puissance des employeurs qui payent ce qu'ils veulent quand ils veulent. Le chantage au licenciement ou/et les difficultés des entreprises font que bien souvent les salaires ne sont versés que tous les deux, trois ou cinq mois.

Ainsi les commerçants dont les impôts et taxes divers, cotisations patronales, s'élèvent, du fait de la fiscalité délirante imposée par l'Euro-Germanie, jusqu'à 78 % du chiffre d'affaires - vous avez bien lu chiffre d'affaires et pas bénéfices, ce qui bien évidemment n'a fait que doper l'économie grise, sans quoi le nombre des faillites et des fermetures serait encore plus apocalyptique. Ainsi des nouvelles énièmes coupes tous azimuts que le gouvernement de "gauche radicale" s'est engagé à faire au 1er janvier 2019.

Dans ces conditions, on comprendra, qu'en absence de tout allègement de la dette, puisqu'on a fait qu'admettre les Grecs au privilège de payer plus longtemps plus d'intérêts d'une dette en partie odieuse, le discours actuel sur la sortie de la Grèce des "plans d'aide", qui n'ont jamais aidé que les banques allemandes et françaises qui s'étaient chargé, au-delà de toute raison et prudence en dette grecque.

On pourrait multiplier les exemples et les compléments à l'infini, tant les criminelles politiques euro-allemandes ont eu d'effets délétères et mortifères sur les Grecs - et qu'elles continueront à en avoir exactement autant qu'hier, et même plus, demain et après-demain, jusqu'à la saint glin-glin. Mais on ne saurait en faire reproche à Fabien Perrier (que je connais et que j'apprécie, qui fait un très beau travail sur la Grèce où il a choisi de vivre pour témoigner, ce qui n'a rien d'un choix de facilité ! même si, comme on va le voir, nous sommes en désaccord sur des points capitaux) qui devait bien entendu sélectionner pour tenir un calibre.

Ce qu'on lui reprochera, en revanche, c'est cette sentence assénée d'emblée au lecteur, et qui n'a d'autre fondement que la doxa européenne élevée au rang de vérité révélée : "le pays vit, selon lui, le «dernier acte du drame des mémorandums» signés pour éviter à tout prix une sortie de la Grèce de l’euro, aux conséquences vraisemblablement encore plus dramatiques." Et voilà, le tour de passe-passe débouchant une fois de plus sur la conclusion que tout le monde aura compris : TINA. C'est bien malheureux, ce qui arrive aux Grecs mais c'est ainsi et il n'y avait pas d'autre solution, puisque la sortie de l'euro eût été pire. Rideau ! Pas de débat possible. La question ne peut même pas être posée.

Le peuple grec a beau avoir refusé les solutions euro-germaniques à plus de 61% à l'été 2015, alors qu'on lui répétait du soir au matin et du matin au soir que, s'il les refusait, il serait expulsé de l'euro et de l'UE, le peuple grec a beau avoir pris le risque de la sortie : la question ne sera pas posée", comme disait le président du tribunal aux défenseurs de Zola durant le procès du "J'accuse", dès lors qu'ils glissaient de la question de la diffamation au cas de Dreyfus qui avait justifié l'article accusé de diffamation.

La question de l'euro ne sera donc pas posée.

Pourquoi ? Parce que les sachants ont décidé que c'eût été pire.

C'est évidemment avec des escamotages de ce genre qu'on fait monter tous ceux qui ne croient plus en la démocratie, dès lors qu'en régime d'Union européenne la démocratie se résume au choix, sur la mine ou l'élégance, de celui qui sera chargé de mener la politique unique - quels que fussent ses dégâts qu'on déplore ensuite.

Eh bien non, Fabien Perrier, ce n'eût pas été pire si les Grecs étaient sortis de l'euro. Parce qu'avec une monnaie dévaluée de 20 ou 25 %, on aurait évité la désindustrialisation, la désertification économique, que le tourisme grec serait redevenu attractif par rapport aux pays comparables ayant des taux de change comparables, qu'on aurait dévalué la dette d'autant (lex monetae) pour autant que le gouvernement grec fût aussi patriote que celui de Nestor Kirchner en Argentine, que les Grecs auraient échappé à la spoliation massive et générale de leur patrimoine privé et public, que l'économie grecque aurait retrouvé des capacités d'exportation et de développements, et qu'elle ne serait plus enfermée aujourd'hui dans une impasse.

Car elle reste enfermée dans une impasse : l'impasse de l'euro. Car malgré la dévaluation intérieure par les salaires, les pensions, les dépenses publiques de toute sorte, malgré la paupérisation et le désastre sanitaire, l'économie grecque ne peut pas repartir avec une monnaie surévaluée par rapport à ses fondamentaux, d'autant plus surévaluée que ses fondamentaux, du fait de l'euro et des politiques qu'il suppose, n'ont cessé, ne cessent et ne cesseront de se dégrader.

Ainsi a-t-on avec cet article, un singulier exemple de lucidité sur les conséquences couplé à un total aveuglement - par idéologie eurolâtre qu'il serait anathème de mettre en question - sur les causes. Résultat de 50 ans de formatage des esprits.

dimanche 19 août 2018

Coralie Delaume parle de la Grèce sur France Culture

J'étais en train de préparer à déjeuner et j'ai éteint France Cu en entendant le titre sur la Grèce. Je ne savais pas que Coralie Delaume était l'une des intervenantes et je me suis dit que ça ne valait pas la peine que je me gâche mon aprème, qu'à 60 ans il me faut prendre soin de mon coeur, tout ça, tout ça...

Et puis paf, là j'appends qu'elle a causé dans le poste - et qu'en plus elle me cite. Du coup, je suis obligé d'écouter avant de retourner à mon Thémistocle !

Bon, si vous croyez encore qu'il puisse sortir quelque chose de bien de ce qu'il est convenu d'appeler l'Europe, vous pouvez écouter aussi le sieur Bertoncini - comme on dit sur un autre plan : c'est un vrai remède à l'amour. Si vous n'avez plus d'illusions et que vous voulez vous éviter les coups de sang, vous baissez le sang, vous zappez ce sinistre porte-voix de la doxa libéralo-eurocratique et le propagande berlino-bruxelloise, et vous n'écoutez que Coralie et Angélique Kourounis qui donne une image réelle de ce que pensent les Grecs de cette escroquerie syriziste de la "sortie" de crise" par le "retour sur les marchés".

Et puis le même jour, parce que tout est lié, on apprend ceci : Yawohl Madame ! Natürlich Madame ! Et vous pourriez me foutre une autre beigne sur la joue gauche, madame ? Signé le gouvernement de la "gauche radicale" grecque

vendredi 17 août 2018

Air France

Donc, il n'y aurait pas de Français capable de diriger Air France et il faut payer un Canadien trois fois plus que son prédécesseur pour refuser toute augmentation de salaire aux personnels.

Un Canadien spécialiste du bas coût...

Un Canadien réputé pour son absence d'inclination au dialogue social et sa grande sollicitude pour les actionnaires...

Un Canadien dont la candidature a été poussée par Delta Airlines, actionnaire minoritaire et concurrent d'Air France...

Un Canadien adoubé par l'inénarrable Lemaire.

Vous ne trouvez pas que ça sent très fort la vente des bijoux de famille sous pression euro-allemande, comme d'hab.

Vu que la croissance, mythique, impossible tant qu'on a l'irréformable euro, il va bien falloir vendre, et vendre et vendre et vendre encore le capital social, notre capital commun, pour satyisfaire aux exigences de Bruxelles et Berlin.

Le viaduc de Gênes, les 4000 pompiers grecs en moins qui font tourner un incendie à la tragédie : on s'en b... fout, on continue et on continuera, jusqu'au bout.

Après Alstom et les chantiers de l'Atlantique... bientôt Air France ? Avant ou après la SNCF ? La mondialisation heureuse continue. Enfin, chez nous... Bon vous nous laissez partir le 25 août et après vous pouvez vous mettre en grève tant que vous voulez.

Si, juste, après la définition de traître, la 8e édition du Dictionnaire de l'Académie française donne l'exemple suivant : "On profite quelquefois de la trahison, mais on hait et l'on méprise toujours les traîtres."

jeudi 16 août 2018

Ah, la faute à pas d'chance !

Ou à ces salauds de peuples du sud qui ne savent pas se gouverner, et qui le seraient bien mieux depuis Berlin, si seulement ils avaient un peu de bon sens !

Et bien sûr, les idiots utiles vont nous dire que ce qui est arrivé à Gênes, c'est à cause de la Mafia, des carences de l'Etat italien, comme l'incroyable mortalité des derniers incendies en Grèce est la faute des constructions illégales et comme ce que subissent les Grecs depuis dix ans, ils l'ont mérité parce qu'ils sont voleurs, fraudeurs, feignants. Comme ce qui arrivera sur un des ponts français identifiés par le rapport du Sénat, ce sera la faute à... Comme ces salopards qui se noient sur les plages françaises, que c'est leur faute ou la faute à pas d'chance: 720 CRS sur les plages en 2002, 460 en 2015, 297 cette année... et un record de 1758 noyades (dont une sur cinq mortelle) du 1er juin au 9 août, soit deux fois plus qu'en 2015, alors que le nombre de CRS est un peu plus d'1,5 fois inférieur. Comme le prochain accident d'aviation en France n'aura rien à voir avec la vétusté du système d'aiguillage aérien (un avion dont on a perdu la trace il y a peu, pendant plusieurs minutes et qui en a frôlé un autre), sur laquelle ne cessent d'alerter les aiguilleurs du ciel, mais qu'on n'a pas remplacé... Parce que y'a pas d'sous ? Ben non, faut bien payer le coût de l'euro. Jour après jour. Mois après mois. Budget après budget. Service public après service public.

Mais non, ça n'a aucun rapport ! D'ailleurs, c'est bien bien simple, rien n'a jamais aucun rapport avec la vérité révélée qui fonde les traités européens et s'est incarnée dans l'euro. C'est la faute à la Mafia, aux Grecs, aux Ritals, à pas d'chance...

Alors trêve de plaisanteries : oui, bien entendu l'accident de Gênes a évidemment une cause principale. Le modèle euro- allemand qui nous détruits, nous nations européennes, nos démocraties, notre Etat social, nos capacités à concevoir et préparer l'avenir, à investir, comme à gérer et entretenir ce que nous avons hérité du passé. Le modèle euro- allemand, c'est-à-dire, la privatisation des infrastructures et des services publics dont le but est dé dégager du cash pour les actionnaires - pas d'assurer la sécurité des usagers. Le retrait de l'Etat, partout, toujours, toujours plus, jamais assez, pour laisser le champ libre aux prédateurs qui ne sont nulle part assez gavés, jamais. Les contraintes budgétaires générées par l'infâme, scélérate et stupide monnaie unique - et ses règles de fonctionnement allemandes, infâmes, scélérates et stupides - qui empêchent l'Etat et les collectivités locales d'investir, d'entretenir, de remplir leurs fonctions - à commencer par la protection des citoyens.

Atlantia, qui avait la concession du viaduc effondré (quels que soient ses défauts de construction, il revient au concessionnaire d'y assurer la sécurité plutôt de que de distribuer des dividendes à ses actionnaires) a aussi racheté les aéroports de Nice, Cannes, Saint-Tropez, elle est pour 15 % actionnaire du tunnel sous la Manche et l'actionnaire italien du tunnel du Mont-Blanc. Elle était favorite pour le rachat d'Aéroport de Paris.

Il faut être bien sourd et aveugle pour prétendre que tout cela n'a rien à voir avec l'Union européenne et le poids écrasant des lobbys à Bruxelles ? Alors que Bruxelles exige la privatisation du rail ou, en France, de quelques trois cents barrages. A Atlantia, qui les entretiendra aussi bien que le viaduc de Gênes ? Il faut être bien anesthésié par l'idéologie germano-européo-libérale pour soutenir que le désengagement de l'Etat de toutes ses fonctions n'a rien à voir avec le coût de l'euro.

L'Europe, ce n'est pas la paix. L'Europe, c'est la guerre permanente faite par les lobbys aux peuples, l'Europe c'est la prédation organisée et généralisée des biens publics par les intérêts privés, et les Etats réduits à l'impuissance par une monnaie dont les règles allemandes interdisent à ces Etats de remplir leurs fonctions parmi lesquelles la protection des citoyens. L'Europe ce n'est pas la paix, parce que désormais, en Grèce où des malades sont privés de traitements vitaux, en Italie ou ailleurs, chaque jour l'Europe tue.

Aucun aéroport n'est privatisé dans cet enfer bolchévique que sont les Etats-Unis. Et l'horrible, l'imbécile Trump est arrivé au pouvoir avec un programme de rénovation et développement des infrastructures inédit depuis le New Deal.

Mais sur Facebook, on apprenait avant-hier et hier, du spécialiste de l'Allemagne Mathieu Pouydesseau les informations suivantes :

"En Allemagne, le déficit d’investissement dans les infrastructures publiques est évalué à plus de 200 milliards, et des tunnels ferroviaires se sont déjà effondrés, heureusement sans victimes.

En Italie, même logique budgétaire, même effet :

“Nous avons un vaste problème de remise à neuf des infrastructures qui sont devenues obsolètes. A cela s'ajoute le problème de la maintenance et de la répartition des compétences au niveau de la gestion de la manutention », notait récemment Amedeo Genedani, président de Unatras, la confédération des transporteurs. La situation est d'une telle gravité que de nombreuses sociétés spécialisées dans la construction de ponts préfèrent jeter l’éponge, en raison d'un manque de moyens. « Il y a un problème au niveau des fonds qui se répercute sur toute la construction car il faut réduire les coûts tout au long de la filière. Ce mécanisme pervers remet en question la sécurité et la prévention », assurait l’an dernier Massimo Ferrarese, patron de la société de construction INVIMIT.”"

Puis :

"Je vous ai dit hier que les communes allemandes avaient accumulé 48 milliards de retard d’investissement rien que dans les écoles et collèges?

On arrive ici au summum de l’acmée culminante de l’apogée triomphante de de la raison stupide:

Aujourd’hui, on a appris que les collectivités locales allemandes ont accumulé un ... excédent budgétaire de plus de 7 milliards, faisant suite l’an dernier à un ... excédent de 6 milliards....

Mais ne vous inquiétez pas : d’après les éditorialistes, « les collectivités locales ne sont pas encore sorties d’affaire, et doivent continuer à épargner ».

Dans un pays au solde net vis à vis du reste du monde de 200 milliards par an...."

Logique délirante, évidemment... La logique des 4000 postes de pompiers en moins en dix ans en Grèce et des incendies qui tuent ! La logique d'Atlantia et du viaduc de Gênes qui tue !

Combien faudra-t-il encore de catastrophes pour que les peuples comprennent que, depuis Maastricht, nos prétendues élites nous ont engagés collectivement dans une spirale délirante et mortifére ?

Privatisations, retrait de l'Etat, coupes budgétaires pour satisfaire à l'idéologie ordolibérale allemande qui est le fondement idéologique de l'euro : le "modèle euro-allemand" est à l'évidence à bout de souffle ; mais nos prétendues élites, bornées, obnubilées par leur idéologie qui date du XIXe siècle, confites dans leurs certitudes, refusent de le voir. A l'imitation des élites soviétiques des années 1980. Reste à savoir si l'effondrement du viaduc de Gênes, qui révèle de manière spectaculaire et tragique les tares mortelles de ce système dans lequel on nous a englués depuis des décennies sous prétexte d'Europe, sera quelque chose du même ordre que Tchernobyl pour l'empire soviétique en son temps. Le symptôme avant-coureur de l'implosion d'un empire, le symptôme avant-coureur de l'effondrement d'un empire qui, sur le billet de 500 euros, a fait figurer un pont reliant deux nulle part.

Demain, on parlera d'Air France, tiens, pour changer... ou pas.

mardi 14 août 2018

L'Europe, ce n'est pas la paix, en fait ; c'est le pont !

Dix ponts écroulés en Italie depuis cinq ans. Et ce n'est pas la faute à pas de chance.

Il y a quelques jour, notre délégué à la sécurité routière, ici, en France, déclarait à BFM : "Quand les routes sont en mauvais état les gens roulent doucement".

Il dit quoi aujourd'hui le délégué, après l'effondrement du viaduc de Gênes ?

La réalité, c'est que les politiques européennes, à force de couper partout dans les crédits, tuent !

Qu'il s'agisse des pompiers en moins en Grèce ou de l'entretien des infrastructures.

En Allemagne, ce modèle indépassable, devant lequel il est hérétique de ne pas faire au moins trois génuflexions par jour, les camions doivent parfois faire des dizaines de km de détour pour livrer une usine parce que 40 % des ponts sont vétustes et ne sont plus entretenus comme il faudrait. Le réseau routier français, qui fut le meilleur du monde, se dégrade - avec l'approbation satisfaite du guignol à la sécurité routière - et les collectivités locales, privées des crédits nécessaires - afin de payer le coût de l'euro -, ne peuvent plus consacrer les sommes nécessaires à leur remise en état.

On nous dit que le viaduc de Gênes avait fait l'objet de travaux en 2016... Des travaux suffisants ou au rabais pour satisfaire aux exigences budgétaires auxquelles se sont soumis les gouvernements du Parti démocrate ?

Le ministre de l'Intérieur italien, Matteo Salvini, n'a pas tout-à-fait la même analyse que notre Gugusse à la sécurité routière : «Il y a une bonne partie de l'Italie qui doit être mise en sécurité. S'il y a des engagements extérieurs qui nous empêchent de dépenser l'argent que nous devrons mettre pour la sécurité des écoles et des autoroutes, il faudra se poser la question de continuer à respecter ces engagements ou de mettre la sécurité des Italiens avant tout. De toute évidence, je choisis la deuxième option.»

Ah oui, mais ça ne compte pas, Salvini c'est un vilain, un méchant... un fasciste. Le problème c'est que votre euro et votre Europe allemande, irréformables, verrouillés, cadenassés de toute part, ils sont en train d'en fabriquer par milliers. Partout en Europe.

lundi 13 août 2018

Ils ont des dollars, nous avons Allah...

Dixit le sultan.

Le match s'annonce passionnant !

Kravmaga, boxe thaï, MMA, pancrace, ultimate fighting... ou lutte à l'huile ?

En tout cas, la dégringolade de la livre turque se poursuit. Après avoir touché de nouveau un plus bas ce matin, puis avoir tenté un rebond, le cours de la monnaie turque face au dollar affiche une baisse de 8 à 9 % au moment où j'écris ces lignes.

Erdogan (outre le match Allah-billet vert) : c'est un complot. Non.

Le PIB turc, qui a culminé à 950 milliards de dollars en 2013 était de 840 milliards en 2017.

La bulle qu'a gonflée l'AKP, arrivée au pouvoir en 2002 après la ravageuse crise financière de 2000-2001, et que l'AKP a exploitée à fond par un système de corruption généralisée qui lui a permis de financer son système clientéliste islamiste (charité islamique du Parti substituée à la politique sociale de l'Etat), était fondée sur l'aide américaine, les fonds européens de préadhésion et de chantage aux migrants, l'afflux de capitaux à court terme et une croissance intérieure fondée non sur les salaires (le mouvement syndical a été durement réprimé, comme toutes les forces constituant un ferment démocratique dans la société turque, afin de maintenir un niveau de salaire attractif pour les industries délocalisées d'Europe occidentale) mais sur l'endettement des particuliers, dans un pays où il n'existait pas, encouragé par le gouvernement de manière totalement irresponsable (d'où une hausse des importations à forte valeur ajoutée ajoutée, alors que les exportations turques sont à faible valeur ajoutée).

Aujourd'hui, la politique étrangère d'Erdogan l'a brouillé avec les Etats-Unis, et ceci après que les capitaux à court terme ont commencé à fuir depuis un bon moment déjà : la balance courante (balance commerciale, solde du revenu des placements, solde des transferts financiers) est négative depuis 2002 et a atteint 5,57 % du PIB en 2017 (0,86 % pour la France).

Aujourd'hui, la Banque centrale turque n'a pas les moyens de soutenir sa monnaie, ses réserves de change (moins de 100 milliards de dollars) ne lui permettant pas d'acheter durablement de la livre pour soutenir son cours.

Quant aux taux d'intérêt, ils sont de 17,75 % depuis juin et une hausse supplémentaire conduirait à éteindre complètement le moteur de la croissance intérieure fondée justement sur l'endettement des ménages... Raison pour laquelle Erdogan exclut - pour l'instant - une intervention de la Banque centrale dans ce sens.

A suivre !

vendredi 10 août 2018

La bulle turque en train de crever ?

Jusqu'à -27% en séance aujourd'hui (-15,57 % à l'heure où j'écris ce billet) pour la livre turque qui ne cesse plus de dévisser depuis des semaines (-40 % depuis le début de l'année).

En conséquence, Trump annonce le doublement des taxes sur l'acier et l'aluminium décrétées au début de l'année.

"Si vous avez des dollars, des euros ou de l'or sous votre oreiller, allez dans les banques pour les échanger contre des livres turques. C'est une lutte nationale", a déclaré le sultan dans un récent discours. Nul doute que les Turcs l'entendent !

L'AKP est arrivée au pouvoir à la faveur de la crise financière de 2000-2001 qui avait marqué l'échec complet des partis au pouvoir depuis le coup d'Etat militaire de 1980 et qui n'a été jugulée que grâce à l'aide économique américaine (en raison de la situation géostratégique de la Turquie).

Depuis 2002, l'AKP est restée au pouvoir grâce à une croissance économique, largement artificielle, reposant sur trois piliers : les fonds européens de préadhésion, puis issus du chantage aux migrants ; la délocalisation d'activités industrielles d'Europe de l'Ouest permise par une libéralisation à marche forcée de l'économie et une répression du mouvement syndical, l'explosion de l'endettement privé qui, comme en Grèce dans les années 2000, est assigné par le pouvoir au rôle de palliatif du faible niveau des salaires.

Dans La Grèce et les Balkans, en 2013, je relevais ainsi les similitudes entre les deux économies :

"Les deux économies sont moins dissemblables qu’il y paraît : déficit structurel des balances commerciales, poids des invisibles, la croissance grecque des années 1996-2007 et la croissance turque depuis 2003 reposent sur un afflux de capitaux à court terme qui peuvent se retirer rapidement, des salaires bas et une consommation des ménages jusque-là pas ou peu endettés dopée par un encouragement inconsidéré du recours au crédit (+40 % au premier semestre 2011 en Turquie) qui contribue à creuser le déficit courant, puisque l’industrie nationale, à faible valeur ajoutée, ne produit pas les biens achetés, à forte valeur ajoutée (les ventes d’automobiles augmentent, par exemple, de 75 % au premier semestre 2011 en Turquie)."

Bref, une économie de bulle.

Parallèlement, la corruption organisée par le pouvoir (président, clan familial, parti), prélevait une partie de la manne pour enrichir la caste proche du pouvoir et alimenter la "charité islamique" du Parti chargée de suppléer les carences de Etat en matière sociale, et de financer ainsi un système de clientélisme à grande échelle grâce auquel, en plus de la fraude et de la répression de complots imaginaires, l'AKP a pu se maintenir au pouvoir depuis 2002.

Aujourd'hui, c'est tout ce système qui apparaît en bout de course. Au moment même où le sultan est parvenu à installer un pouvoir quasi dictatorial.

Mais l'aventurisme criminel du régime en Syrie et le flirt appuyé avec Moscou (qui n'a, à mon avis, jamais été dupe d'un retournement d'alliance turc : comment un chef d'Etat aussi russe et pragmatique que Poutine pourrait-il croire à une alliance russo-turque ??? Il tire pragmatiquement ce qu'il peut tirer du sultan, et voilà tout...) n'ont fait qu'exaspérer le protecteur américain qui, aujourd'hui, est défié sur sur tous les plans (géostratégique en Syrie où Ankara joue les restes de Daesh contre les Occidentaux et leurs alliés Kurdes, militaire par l'achat de matériel russe alors que la Turquie est la deuxième armée de l'OTAN, symbolique avec l'exigence de l'extradition de Gülen réfugié aux Etat-Unis et maintenant l'arrestation d'un pasteur américain...) semble jouer l'accélération de la chute.

Le gouvernement AKP arrivé au pouvoir en 2002 avec le mot d'ordre "0 problème avec les voisins" est aujourd'hui totalement isolé dans son environnement régional (hormis la dictature azérie): de l'ex-allié israélien au régime du Caire, de Damas à Erevan bien sûr, Erdogan a créé un climat diplomatique régional hostile à la Turquie quasi général. Le rapprochement avec l'Iran chiite (alors qu'Erdogan aspire au leadership du monde sunnite) n'est que de façade, les provocations à l'égard de la Grèce ont atteint à la fin du printemps un niveau rarement atteint depuis 1974 et deux soldats grecs, égarés ou enlevés sur la frontière du nord, sont détenus au secret pour "espionnage" depuis plus de cinq mois. Quant au néo-ottomanisme qui se manifeste sans vergogne dans les Balkans (ARYM, Bosnie, Albanie, prétendu Etat kosovar...), il est aussi agressif que... sans réel débouché.

Certes l'irresponsable et lâche UE (j'ai écrit ici sur le surréaliste sommet de Varna en mars, avec l'inénarrable Juncker) continue imperturbablement à se taire sur les provocations du tyranneau, et à le financer - avalant sans brocher, l'une après l'autre, toutes les couleuvres turques. Mais dans des pays européens de plus en plus nombreux (Autriche, Suisse, Allemagne, Pays-Bas, Belgique...) l'instrumentalisation par le pouvoir AKP et sa succursale d'extrême droite des minorités turques locales commence sérieusement à inquiéter : vote massif en faveur de la dérive dictatoriale du sultan, enfants revêtus d'uniformes et défilant devant le drapeau turc, ou "manifestations culturelles" dans lesquelles les mêmes enfants doivent mimer une bataille dans laquelle les glorieux Ottomans mettent en déroute des chrétiens infidèles...

De fait, une économie ne vit pas indépendamment de la géopolitique et une économie de bulle finit toujours par crever. De sorte que lorsque l'aiguillon géopolitique s'approche de la bulle...

Mais avec quel effet domino ? Je serais curieux de connaître l'exposition... - au hasard - de la Deutsche Bank, spécialiste en actifs pourris, au risque turc...

mercredi 8 août 2018

Il y a cent ans...

Le 8 août 1918, alors que les armées alliées sont sous pression depuis mars et la paix de Brest-Litovsk, signée par les bolcheviks, qui à permis au grand état-major allemand de concentrer ses troupes sur le front français, alors qu'il a fallu tenir sous les coups de boutoirs répétés de l'Empire allemand en attendant la montée en puissance de l'armée américaine, Foch, commandant en chef interallié depuis le 26 mars lance une attaque franco-britannique entre Amiens et Albert.

Ludendorff, adjoint du chef de l'état-Major Hindenburg, mais qui assure en réalité le commandement opérationnel, futur suppôt de toutes les extrême droites allemandes, y compris le NSDAP d'Hitler dont il sera député en 1924 et qui le soutient à l'élection présidentielle de 1925 avant qu'Hitler ne le marginalise, qualifiera le 8 août, dans ses mémoires, de "jour de deuil de l’armée allemande".

Et l'offensive lancée ce jour-là ne s'arrêtera plus avant la signature de l'armistice du 11 novembre.

Dans cette bataille d'Amiens, dernier tournant de la guerre, la Ire armée française, la IVe armée britannique (Anglais, Canadiens, Australiens), ainsi qu'une division américaine perdront près de 50 000 hommes.

Aujourd'hui, le prince héritier et la Premier ministre du Royaume-Uni étaient à Amiens pour célébrer cette bataille et ses combattants qui ont mis fin aux ambitions impérialistes du Reich allemand.

La France était représenté par... la ministre de la Défense. Encore heureux qu'elle était libre ! On a échappé à Benalla ou Schiappa !!!

Il est vrai que le Premier ministre était en randonnée et que ce qui nous tient lieu de président de la République avait piscine, récemment payée par le contribuable, et qu'il est très occupé à manigancer son prochain lamentable petit coup de com, un serrage de louche d'une quinzaine de figurants, baptisé "bain de foule" par des médias à côté desquels ceux de la Roumanie des Ceaucescu commencent à faire province et petit genre, ou un baiser donné à un gamin dans un mouvement absolument spontané que n'auraient renié ni Nicolae ni Elena, ces Etoiles polaires, Danubes de la pensée et Génies des Carpates que notre Jupiter est incontestablement en passe de surpasser dans l'amour délirant que lui porte son bon peuple.

"Non, mais vous ne croyez tout de même pas que je vais quitter ma piscine pour célébrer une bande de pouilleux qui se sont fait trouer la peau pour libérer le sol français et lancer le mouvement qui aboutirait à la défaite de mes patrons allemands !"

samedi 4 août 2018

Panagiotis et les incendies en Attique

J'attendais bien sûr avec impatience l'analyse de Panagiotis Grigoriou, mon ami, sur les jours tragiques qu'a vécus l'Attique.

Comme d'habitude, je vous recommande de le lire (et de l'aider si vous le pouvez : il en a besoin pour continuer à nous informer, hors de ces médias qui griment la réalité en fonction de leur choix idéologique unique, lorsqu'ils en parlent).

Et je n'ai, évidemment, pas été surpris de constater, combien, une fois de plus, nous sommes d'accord.