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lundi 28 novembre 2016

Fillon, lointain héritier de... Pierre Laval

Ces jours-ci, on entend répéter que Fillon serait un gaulliste social. Alors que son programme vise, sur le modèle allemand et en application des injonctions de Berlin transmises par Bruxelles à liquider systématiquement l'Etat social mis en place à la Libération, sous l'autorité du général de Gaulle, et construit progressivement, sous la pression des luttes sociales, par des gouvernement de troisième force (droite modérée, centre et SFIO) sous la IVe République, gaullistes entre 1958 et 1969, d'union de la gauche de 1981 à 1983 (plus quelques avancées ambiguës sous Rocard et Jospin)... avant que ne commence la déconstruction progressive que Fillon entend achever aujourd'hui.

Ce cycle de construction de l'Etat social doit bien sûr être mis en rapport avec la force électorale, alors, du Parti communiste français, et celle du syndicalisme CGT qui lui était lié, ainsi qu'avec la guerre froide dans laquelle le capitalisme occidental se trouva contraint à des concessions par la concurrence idéologique du monde communiste et la peur des possédants de "tout perdre" en cas de victoire de ce camp - concessions qui devaient permettre d'empêcher le prolétariat de passer entièrement du côté du PC et de faire émerger des classes moyennes, de plus en plus hégémoniques, fondement électoral de majorités modérées à sous-bassement gaulliste ou socialiste selon les époques.

La remise en cause de cet Etat social est le résultat, sur le plan intérieur de la disparition du gaullisme au profit d'une droite normalisée par l'Europe, libérale plus ou moins honteuse (parce que l'Etat a toujours été moteur en France et que si l'idéologie libérale naît en partie en France, elle a toujours eu le plus grand mal à s'y enraciner), et du dépassement électoral du PC par le PS amorçant un déclin du premier qu'accéléra son ralliement à l'Europe et à l'euro, puissants moyens de la lutte des classes au service des dominants...

Tout cela demanderait évidemment nuances, explications et développements ; le cadre général est pourtant bien celui-là...

Mais on est loin de Fillon, me direz-vous ! Non. Fillon n'est pas un gaulliste social parce qu'il n'y a plus de gaullisme. Comme le ralliement du Parti communiste à l'Europe a tué le Parti communiste, le ralliement des gaullistes à l'Europe a liquidé le gaullisme. Ainsi que je l'écris dans les 30 bonnes raisons pour sortir de l'Europe : "Le gaullisme avait quatre fondements : l’indépendance nationale ; la souveraineté populaire, qui s’exprime notamment par le référendum dès lors qu’une question engage le destin de la nation ; la justice sociale, qui doit trouver son aboutissement dans la participation (encore nommée association capital-travail) des salariés aux décisions et aux bénéfices de leur entreprise ; un État garant de l’intérêt général face aux féodalités et qui, pour ce faire, doit être stratège, investir dans les secteurs d’avenir là où l’initiative privée ne cherche que le profit immédiat, et intervenir si nécessaire dans la vie économique." Or, "si quelques personnalités s’obstinent à marquer une sensibilité gaulliste" dans la droite de Les républicains, "ce parti conservateur et ses caciques sont devenus atlantistes, aussi à l’aise dans leur obéissance européenne à l’Allemagne que décomplexés dans leur soumission aux États-Unis ; ils inscrivent leur action dans le cadre de traités européens à l’évidence incompatibles avec la souveraineté nationale telle que la concevait de Gaulle ; ils ont contribué à la ratification de la copie d’un traité que le peuple avait rejeté par référendum ; ils réclament toujours moins d’État, moins d’État social, moins de droits et moins de protection pour les salariés ; ils communient dans le culte de l’Entreprise, du Marché et de la Concurrence".

Fillon, pas plus que quiconque dans ce parti-là, n'a à se réclamer du gaullisme puisque la politique qu'ils ont menée et qu'ils veulent mener se situe exactement aux antipodes des principes qui ont dirigé l'action du général de Gaulle.

Fillon n'a donc rien d'un gaulliste et encore moins, vu son programme, d'un gaulliste social. Peut-être l'a-t-il été, naguère ou jadis... et c'est là que nous retrouvons Pierre Laval.

Dans sa jeunesse politique, Laval est un homme de gauche, blanquiste, avocat de la CGT, plus jeune député socialiste en 1914, tête de liste en 1919 de la SFIO dans la banlieue parisienne, maire constamment réélu d'une commune ouvrière ancrée à gauche, Aubervilliers, à partir de 1923, tête de liste du Cartel des gauches en 1924 dans le département de la Seine, proche de Jacques Doriot alors figure populaire du PCF...

Pierre Laval reste-t-il pour autant dans l'histoire comme un homme de gauche ? A-t-il gouverné à gauche ?

Laval devient ministre en 1925-1926, dans le gouvernement de Cartel des gauches, puis il participe à des gouvernements de centre-droit ou de centre-gauche qui se succèdent entre 1929 et 1932, après le retrait de Poincaré qui, sur son nom et la stabilisation du franc, avait remporté les élections de 1928. Laval devient président du Conseil (Premier ministre) le 30 janvier 1931, soutenu par une majorité allant de la droite au centre-gauche radical-socialiste.

Grâce au protectionnisme et à la faible ouverture de l'économie française aux capitaux américains, la France a, alors, été beaucoup moins touchée que les autres pays européens par la crise du capitalisme partie de Wall Street en 1929. Et Laval choisit, dans ce contexte où la France connaît une relative prospérité dans un monde en crise, de conduire une politique de rigueur - on dit alors avec moins de scrupules, une politique de déflation - dont le principe essentiel est la compression des dépenses publiques, inspirée par celle qui a englué l'Angleterre des années 1920 dans une interminable récession et un chômage de masse ainsi que par celle du chancelier chrétien-démocrate Brüning (la France de Laval lui apporte même un soutien financier), arrivé au pouvoir en mars 1930, et dont les décrets-lois réduisant drastiquement les dépenses publiques vont ravager l'économie allemande, faire exploser le chômage et conduire les nazis de 2,6 % des voix aux législatives de mai 1928, à 37,3 % et à la première place parmi les partis allemands, à celles de juillet 1932.

En 1931, la magazine américain Time désigne Laval comme "homme de l'année".

Mais sous l'effet de sa politique et des retombées de la crise mondiale qu'elle amplifie, le PIB recule de 3,9 % en 1931, puis de 8,8 % en 1932, la dette et le chômage augmentent : le cabinet Laval tombe en 1932 et les législatives aboutissent à une nouvelle victoire du Cartel des gauches. Pourtant, le conformisme idéologique est tel que la majorité de gauche... poursuit la politique de Laval. Elle l'aggrave même, en 1933, en construisant le Bloc Or, prédécesseur de l'euro : dans un mode en crise où le Royaume-Uni, les Etats-Unis de Roosevelt, puis l'Allemagne d'Hitler se servent de la dévaluation et du déficit budgétaire pour relancer, par l'Etat, l'activité économique, la France, la Belgique, les Pays-Bas, le Luxembourg, l'Italie, la Suisse, la Pologne et la Tchécoslovaquie s'enferment dans un carcan monétaire (taux de change fixe entre les monnaies de ces pays, et de toutes ces monnaies par rapport à l'or) qui les privent de toute capacité d'ajustement de leur compétitivité par le taux de change.

Dès lors, les radicaux qui gouvernent avec une majorité de Cartel des gauches, n'ont d'autre choix que d'aggraver sans cesse la politique de déflation avec comme principal résultat, comme dans l'Allemagne de Brüning quelques années plus tôt, la montée d'une extrême droite factieuse, celle des Ligues qui, à la faveur de scandales politico-financiers à répétition, exploitent l'immense mécontentement créé par la déflation et par ses conséquences, et l'immense déception suscitée par une majorité élue à gauche et qui gouverne à droite. Les émeutes du 6 février 1934, qui ébranlent la République, sont le résultat de cette situation.

Face au danger des Ligues, un gouvernement d'union nationale est constitué par Gaston Doumergue, dans lequel Laval reçoit le portefeuille des Colonies, puis celui des Affaires étrangères, après l'assassinat de Louis Barthou en octobre 1934.

C'est en juin 1935 qu'il redevient président du Conseil, avec comme politique de provoquer un choc déflationniste - dont est décalqué le programme de Fillon - et l'idée fondamentale - qui est celle de Fillon - que si la déflation a échoué jusque-là c'est qu'on en a pas fait assez, assez fort, assez vite pour qu'elle produise les effets positifs qu'elle DOIT produire.

Le 14 juillet (il s'agit de marquer symboliquement la date de début du "redressement"), puis en août et octobre, sont donc édictés trois vagues de 29, 61 et 317 décrets-lois (on dirait aujourd'hui ordonnances) qui imposent une réduction de 10 % de toutes les dépenses publiques : les salaires des fonctionnaires sont réduits de 3 à 10 %, toutes les subventions à l'économie sont supprimées, certaines taxes augmentent jusqu'à 30 %, certains prix sont autoritairement baissés, les taux d'intérêt augmentés pour permettre le maintien du Bloc Or (que la Tchécoslovaquie, l'Italie puis la Belgique quittent en 1934-1935, les effets récessionnistes de la déflation que la surévaluation monétaire impose devenant économiquement insupportables)...

Le Monde de l'époque, Le Temps, exulte (20 juillet 1935) : « La réduction des dépenses publiques, parce qu'elle allège les charges qui pèsent sur la production, parce qu'elle rend l'aisance au marché des capitaux, parce qu'elle tend à remettre en marche le mécanisme du crédit, ne peut qu'accroître le pouvoir d'achat de l'ensemble des consommateurs ».

Mais le bilan est rapidement catastrophique : les prix baissent de 5 % à 8 % mais les salaires et les pensions de 10 % à 20% ; la consommation et l'investissement s'effondrent ; le chômage dépasse le million et les 14,5 % d'une population active pourtant peu nombreuse du fait des classes creuses conséquences de la guerre ; la récession s'aggrave ; les réserves de change pour défendre le ravageur taux de change de la monnaie diminuent et le déficit budgétaire... atteint des sommets pour la période tandis que la dette frôle les 200 % du PIB... Quant à la production industrielle, par rapport à un indice 100 en 1928, elle atteint son plus bas à 79 (elle remontera avec la politique de rupture du Front populaire et la dissolution du Bloc Or qu'elle entraîne).

La politique de déflation, au Royaume-Uni dans les années 1920, dans l'Allemagne de Brüning et de Merkel, comme dans la France de Laval ou celle de Hollande - que Fillon se propose d'aggraver par un choc aussi brutal que celui de 1935 - est toujours une politique de la rente contre la production et le travail. Elle est avant tout destinée à satisfaire un électorat aisé, âgé - l'électorat de Merkel comme celui de Fillon à la primaire de l'aile droite du grand parti de la capitulation permanente devant l'Euro-Allemagne.

En France, cette politique suicidaire aboutirait immanquablement à une catastrophe, économique, sociale, humanitaire comparable à celle que connaît la Grèce depuis 2009. Car la politique de Fillon, c'est aussi la politique des mémorandums sans mémorandum, appliquée de l'intérieur plutôt que sous le contrôle de la Troïka.

Cette politique, singée de l'Allemagne et dont la seule justification est de satisfaire aux injonctions euro-allemandes, auxquelles on ne peut échapper en restant dans le cadre de l'euro, n'est supportable en Allemagne aujourd'hui que pour cinq raisons :

1/ l'Allemagne est un pays de vieux, alors que la France à des générations de jeunes nombreux à faire travailler ; les intérêts de la rente sont donc dominants dans l'électorat allemand ;

2/ l'Allemagne est une société d'obéissance ; ce que n'est pas la France ;

3/ l'Allemagne a sacrifié ses infrastructures ; ce qu'elle payera fort cher un jour ou l'autre ;

4/ l'Allemagne s'en est remis pour sa défense aux Etats-Unis - ce qu'elle risque également de payer fort cher si Trump dégage ceux-ci de l'OTAN ou exige pour leur maintien que les Européens, au premier rang desquels les Allemands, payent le prix fort ; alors que nous fournissons à juste titre un effort important de défense afin que notre sécurité ne dépende pas d'autrui et que nous puissions remplir les obligations de projection de forces que suppose notre siège de membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU ;

5/ l'Allemagne fait payer une partie du coût de sa politique de déflation aux pays de l'est européen qu'elle a colonisés économiquement, important une main d'oeuvre exploitée ou faisant fabriquer dans les ateliers à bas coût de main d'oeuvre de ces pays les produits semi-finis qui sont ensuite valorisés dans les usines allemandes, ce qui lui permet de conserver sa compétitivité au niveau mondial et d'acquérir sur les autres Européens, grâce à la monnaie unique, l'avantage concurrentiel et l'excédent commercial qui, à leur tour, permettent de rendre acceptable à la société allemande le prix de la déflation.

Mais ce schéma n'est pas reproductible en France ! La déflation Fillon, fille de la déflation Laval, aboutirait à coup sûr également à une catastrophe démocratique dans la mesure où, aujourd'hui, il y a tout à parier que celui qui serait en position de tirer les marrons du feu de cette inéluctable catastrophe économique, sociale, humanitaire, ce serait le Front national.

dimanche 27 novembre 2016

Retour à Paris...

Entre 150 et 180 dédicaces en 24h00 de mes ''30 bonnes raisons pour sortir de l'Europe'' pour les bienfaiteurs et acheteurs sur le site d'H&O, pour la presse, pour les heureux destinataires des quelques exemplaires gratos de l'Ôteur... Et donc, demain ça part de la poste de Saint-Martin-de-Londres. Guettez le facteur !

Trois précisions :

1/ merci à mes éditeurs chéris, Henri Dhellemmes et Olivier Tourtois qui m'ont chouchouté (je vous recommande vivement le champagne Drappier brut nature 0 dosage : corps, finesses des bulles, une merveille pour arroser la fin de l'UE... enfin le livre qui va conduire à la fin de l'UE...) ;

2/ je ne ferais pas ça tous les jours ! mais entre 2 dédicaces il est quand même parvenu jusqu'à moi que Fidel avait quitté Cuba ;

3/ dans le train, en rentrant, comme je n'avais pas envie de travailler, je me suis plongé dans mon livre, comme un Ôteur ne le fait jamais, en lecteur : eh bien je dois vous avouer que je trouve ça plutôt pas mal torché ! Et je n'ai pour l'instant repéré qu'une coquille.

4/ Frédéric, qui voulait que j'écrive une biographie autorisée de Jean-Claude Juncker, en feuilletant ledit bouquin, vient de faire ce commentaire : tu ne te rends pas compte des emmerdes qu'on va avoir avec tes conneries...

Pour le reste... Jupillon désigné candidat avec 100% des suffrages, c'est une élection de... maréchal !

Au moins, on en a fini avec la pitrerie des primaires de l'aile droite du grand parti de la capitulation permanente est terminée. Maintenant, il va falloir se payer les primaires de l'aile solférinienne.

Cette caste politique faillie depuis plus de 40 ans aura réussi un tour de force avec le quinquennat et les primaires : transformer un régime de parlementarisme rationalisé, en rupture avec le régime des partis qu'était la IVe et partiellement la IIIe, avec un président garant de l'intérêt national en raison d'un lien direct entre lui et le peuple, en régime présidentiel sans les contre-pouvoirs nécessaires à un régime présidentiel, doublé d'un régime des partis. Le tout dans un cadre européen où l'exécutif est cantonné à l'exécution des injonctions allemandes transmises par Bruxelles.

Banco !

mercredi 23 novembre 2016

Jupillon

Comment avait dit le regretté Jacques Duclos, grand amateur de pigeons voyageurs ? Blanc bonnet et bonnet blanc.

Les deux gugusses représentent strictement la même politique de déflation, de destruction systématique de l'Etat social et des services publics, de soumission à l'Allemagne via l'UE, de célébration aveugle du fétiche euro...

Fillon est plus sinistre, se vautre plus volontiers dans la délectation morose, est moins stupide en politique étrangère mais plus réactionnaire tendance très rance ; Juppé joue les papis gâteau mais serait aussi dur socialement et aussi catastrophique en politique étrangère qu'il l'a été lors de ses deux passages au Quai d'Orsay. Comme d'habitude, leur crêpage de chignon (le chignon de Juppé ! wharf ! On avait dit : pas d'attaque sur le physique...) relève du théâtre d'ombres.

Voilà, l'un ou l'autre c'est kif kif bourricot - et bourricot n'est pas de trop.

La seule question est pour moi de savoir si - en dehors du FN - se dégagera une alternative susceptible d'empêcher les candidats du grand parti de la capitulation permanente devant l'UE allemande d'accéder au second tour. Bref, si Jean-Luc Mélenchon saura incarner une alternative démocratique, patriotique et sociale.

Si ce n'est pas le cas, cette élection ne servira à rien qu'à promouvoir celui qui permettra l'accession de M. Le Pen à la présidence de la République dans cinq ans. Car les politiques qui ont échoué et produit sans relâche du FN depuis 1983, que les solfériniens proposent de poursuivre tandis que Jupillon proposent de les aggraver, continueront à échouer et à produire toujours plus de FN.

mardi 22 novembre 2016

Laval, Pétain... Fillon

La déflation par ordonnances, on a déjà essayé ça en France. C'était en 1935 et le président du Conseil s'appelait Pierre Laval, un type de gauche passé à droite et gouvernant avec un chambre élue à gauche en 32 puis passé à droite : il prit une centaine de décrets-lois firent baisser de 10 % les dépenses publiques.

Résultat économique : récession, explosion de la dette et du chômage (14,5 % de la population active, malgré les « classes creuses » dues à la première guerre mondiale). Et ceci au moment exact où le Royaume-Uni et les États-Unis rompaient radicalement avec la même déflation qui avait conduit à la Grande Dépression....

Je pourrais dire aussi que le programme Fillon c'est les mémorandums imposés à la Grèce avec le résultat qu'on sait - mais sans que personne ait besoin de les imposer... Comme les collabos mettaient un point d'honneur à devancer les exigences des nazis. Quand on se vautre dans la soumission, il n'y a plus de limite et on l'intériorise à un point tel qu'on ne rend plus même compte qu'il s'agit de soumission.

Ce qui n'empêchait pas Le Temps (Le Monde de l’époque) d'écrire le 20 juillet 1935 : « La réduction des dépenses publiques, parce qu’elle allège les charges qui pèsent sur la production, parce qu’elle rend l’aisance au marché des capitaux, parce qu’elle tend à remettre en marche le mécanisme du crédit, ne peut qu’accroître le pouvoir d’achat de l’ensemble des consommateurs. »

A cela s'ajoute que, chaque fois que j'entends le croque-morts Fillon, depuis dimanche, me reviennent en tête, je ne sais pourquoi - ou je sais trop bien -, des vieux bouts de discours du Pétain de 1940-1941, champion de la délectation morose dans laquelle s'illustre désormais le prétendument "gaulliste social" Fillon (le gaullisme social c'est m'a généalogie politique, alors pensez si je suis heureux d'en voir ce fruits gravement dégénéré ! Si Fillon est un "gaulliste social", alors moi je suis le Grand Turc !) : "l'esprit de jouissance l'a emporté sur l'esprit de sacrifice. On a revendiqué plus qu'on a servi. On a voulu épargner l'effort ; on rencontre aujourd'hui le malheur", "vous souffrez et vous souffrirez longtemps encore, car nous n'avons pas fini de payer toutes nos fautes".

Déjà, pour les pétainistes toute la faute revenait au 40h00...

Tout cela finira mal, très mal.

lundi 21 novembre 2016

Primaires, vous avez dit primaires ?

Fillon comme Juppé n'ont jamais que 35 ans de retard sur la grande régression thatchéro-reaganienne. Et leur "projet" est d'y aller, droit dans ses bottes et droit dans le mur, au son du clairon comme la brigade légère à la Balaklava (1854), sabres au clair face aux canons, ceci au moment précis où le Royaume-Uni et les Etats-Unis tournent cette sombre page.

On reconnaît bien là leur sens aigu de l'histoire.

Ce qui est à pisser de rire, ce matin, c'est que les mêmes qui ont annoncé que les Britanniques ne pouvaient voter pour le Brexit, qui ont couronné Juppé depuis deux ans, qui ont seriné jusqu'à la veille de l'élection qu'Hilary ne pouvait pas perdre se lâchent de nouveau ce matin : Fillon a déjà gagné la présidentielle.

Je serais Fillon, je me méfierais salement.

De toute façon, comme le dit parfaitement Todd, on va nous demander d'élire celui qui ira négocier à Berlin le plus ou moins de marge qu'on aura pour appliquer les injonctions de Bruxelles.

Que ce soit un triste réac, un vieux repris de justice, un petit énervé à casseroles, un banquier d'affaires ou un des gugusses interchangeables de la droite honteuse connue sous le nom de Parti socialiste, le résultat sera approximativement le même.

L'important n'est pas l'élection qui ne sera qu'un concours de beauté ; l'important c'est de parvenir, le plus tôt possible, à organiser une manière de Conseil national de la Résistance qui, au-delà des désaccords sur l'avenir, soit capable de présenter clairement aux citoyens les voies et moyens par lesquels on sort de l'impasse, c'est-à-dire de l'euro et de l'UE, pour rebâtir une République sociale, solidaire et participative.

Tout le reste relève d'un sinistre théâtre d'ombres destiné à faire croire que les formes démocratiques sont autre chose que des formes dans le cadre européen qui les a vidées de tout sens et de tout contenu.

Soit Mélenchon s'élève au rang de défenseur de la souveraineté populaire et nationale, et se transforme en candidat clair de l'ardente nécessité du Frexit, soit cette élection se fera sans moi. Je ne veux plus cautionner cette parodie qui donne l'illusion que la démocratie existe encore.

S'il faut aller à la crise, alors allons-y franchement ! Mieux vaut un coup de grisou qu'une mort lente sans fin.

samedi 19 novembre 2016

Obama, l'épuisante collaboration des Tsipriotes et Chypre

Je signalais dans un papier récent l'arrivée à Athènes d'un curieux ambassadeur américain spécialiste des coups tordus, en provenance de Kiev (c'est tout dire !) où il fut l'un des artisans d'une prétendue révolution qui tenait beaucoup du coup d'Etat.

Voilà que Panagiotis Grigoriou nous en dit un peu plus dans le papier du jour de son indispensable blog greekcrisis (aidez-le si vous le pouvez ! c'est la liberté d'informer que vous aidez). Beaucoup de choses passionnantes dans ce papier en vérité sur Obama, sur l'Europe et l'européisme, sur l'impérialisme allemand relooké, sur les fadaises d'Attali confrontées à la situation grecque et au réalité, sur la difficulté d'être un collaborateur modèle dans le monde moderne et l'épuisement d'un non-pouvoir grec qui n'en finit pas de s'épuiser à se soumettre...

Mais ce qui est le plus intéressant peut-être, dans ce papier, c'est ce que nous disent Panagiotis et les sources qu'il cite sur les développements en cours de la question chypriote... sous la houlette de ce curieux ambassadeur tout juste débarqué de Kiev...

"À l’opposé donc de l’univers géopolitique de Jacques Attali, et sous l’horizon grec si j’ose dire, Dimítris Konstantakópoulos écrit par exemple, “que l'une des raisons du voyage du président Obama en Grèce cette semaine, c’est d'appuyer Athènes, afin d’être être ‘utile’ dans la perceptive d’une ‘solution’ au problème de Chypre. D'autre part, la Commission européenne appelle aussi vigoureusement Nicosie et Athènes à accepter une solution encore pire que celle que le peuple chypriote avait rejetée en 2004. Il semble que les États-Unis d'Amérique et l'Union européenne soient si satisfaits de leurs réalisations au Moyen-Orient et en Ukraine, qu'ils veulent maintenant appliquer leurs compétences diplomatiques et autres à Chypre” (...). “Mais avant même qu'une telle solution n'entre en vigueur, certains observateurs n'excluent pas une sorte de crise militaire ou économique, destinée à provoquer un choc pour les habitants de l'île, afin de pousser les gens effrayés à voter ‘Oui’ au Plan qu'ils ne semblent toujours pas apprécier. Tout analyste du paysage stratégique de la Méditerranée orientale et surtout du triangle Grèce-Chypre-Turquie doit se rappeler ceci: les scénarii de toutes les guerres et crises entre les Grecs et les Turcs au cours du XXe siècle, sans exception, n'ont pas été rédigés à Athènes, à Ankara ou à Nicosie, mais à Washington et dans d'autres capitales. Cependant, ils y trouvèrent de bourreaux disposés”. "

jeudi 17 novembre 2016

Merkel et Erdogan...

On apprend aujourd'hui par l'AFP, à la fois qu'il y a un "monde libre" (opposé à ? la Turquie ? L'Arabie Saoudite ? le Qatar ??) et que Merkel a été catapultée le leader d'icelui. Merkel... si, si, celle qui s'est assise sur la Constitution, l'Etat de droit, les prérogatives du Parlement, les élections et le référendum grecs.

Veine ! ca c'est de l'info où je ne m'y connais pas !!!



En revanche, ni l'AFP ni nos médias de révérence n'ont relevé la cinglante humiliation essuyée à Ankara par le ministre des Affaires étrangères de ladite leader du monde libre, Frank-Walter Steinmeier :  : la primaire de la droite et les fadaises de Macron, c'est tout de même vachement plus important !

Or donc, le ministre du sultan s'est ouvertement payé la tête du ministre de la Chancelière du Reich en accusant l'Allemagne, en conférence de presse, d'être un refuge pour terroristes, blaguant sur la peine de mort ("le peuple veut la peine de mort...et ma femme aussi"), sur la liberté de la presse et les micros qui marchaient mal de sorte que les journalistes allemands n'ont pu poser de questions, puis assénant que la Turquie "en a plein le nez" de recevoir des remontrances. sans compter que les Turcs ont de nouveau menacé d'ouvrir la vanne à migrants...

Le tout, sans que Steinmeier ne bronche ou ne décide, vu cette humiliation publique, de reprendre son avion. Mais la presse allemande, elle célèbre l'héroïsme de Steinmeier qui n'a pas hésité une seconde à afficher... une mine renfrognée ! Afficher une mine renfrognée en pareille circonstance, ça c'est du courage !

Quelle superbe politique tout de même, de la part du nouveau leader du monde libre qui a consisté à aller cautionner le sultan à la veille des élections législatives puis à lui refiler 6 milliards.

Avec un leader comme celui-là, le monde libre n'a même pas besoin d'ennemi !

mercredi 16 novembre 2016

La roue de secours...

Emmanuel M. vient donc de déclarer sa candidature à l'élection présidentielle. Et la Nomenklatura journaleuse est aux anges : Ruth El-K. jouit littéralement en direct sur BFM (tandis que Jean-Michel A. s'interroge sur la validité du suffrage universel ou rêve, en taliban euro-néolibéral, de détruire jusqu'à la dernière pierre le château de Versailles afin que plus aucun Français n'ait des idées de grandeur)...

Emmanuel M., c'est le vide sidéral de la non-pensée euro-néolibérale, le contorsionnisme d'adaptation aux "exigences" extérieures et de la pseudo-moderntié. Les autres aussi prônent le même contorsionnisme, mais lui, la différence, c'est qu'il le prône dans la joie.

Pour comprendre toute l'étendue de l'escroquerie politique de ce Lecanuet des années 2010 - de très vieilles idées de soumission aux fausses fatalités servies par un sourire Colgate et un physique de gendre idéal à la Renzi-Tsipras (la voix mâle de Tsipras en moins) -, il faut lire le petit livre passionnant de mon ami Frédéric Farah et de son complice Thomas Porcher (déjà auteurs, chez Max Milo, d'un très utile "Tafta : l'accord du plus fort" en 2014"... un TAFTA dont on espère qu'au moins l'élection de Trump a signé l'arrêt de mort) : "Introduction inquiète à la Macron-économie", Les petits matins, 2016), qui décrypte le sous-texte du discours, ou non-discours, en tout cas du bla-bla macronien.

Emmanuel M., c'est le candidat de la niaiserie triomphante de notre époque : européisme béat, croyance extatique dans le technologisme, ravi de la crèche de la mondialisation heureuse.

Mais Emmanuel M. c'est aussi un phénomène déjà très éprouvé ailleurs en Europe : face à l'explosion du système politique induite par la dissolution du politique dans l'Europe euro-allemande (la présidentielle, comme le dit très bien Todd avant de décrire, vers la 39e minute de cette ITV, ce que pourrait être le juppéisme révolutionnaire, c'est la désignation du type qui nous représentera à Berlin pour essayer d'y quémander qu'on ne nous applique pas avec la même rigueur le traitement infligé aux Grecs, aux Espagnols et aux Italiens), face au rétrécissement toujours plus important de la base électorale de la droite dite "de gouvernement" et de la droite qui se prétend de gauche - en état de mort cérébrale européenne -, il faut trouver des roues de secours au système, des leurres destinés à faire croire à l'électorat qu'une alternative nouvelle lui est née, qu'un Messie lui a été donné, mais un Messie qui fassent d'jeune, tendance, nouveau.

Pourtant, l'effet belle gueule à la Renzi n'a qu'un temps - court. Le référendum italien du 4 décembre va sans doute en sonner le glas - et possiblement celui de l'euro, à plus ou moins long terme. Enfin !

Et pourtant, les autres roues de secours du Système en voie de naufrage européen sont aussi mal parties. Ciudadanos a joué son rôle : permettre au PP de rester au pouvoir en faisant croire qu'il était autre chose que le PP. Mais le gouvernement minoritaire espagnol qui existe grâce au soutien du PS montre que sa seule justification était bien d'être la roue de secours du PP ou du PS, le leurre destiné à permettre au PP-PS - suivant la configuration électorale - de continuer à gouverner. Avec, évidemment, le discrédit qu'entraînera la compromission dans l'inévitable échec de ce gouvernement.

En Grèce, Potami, qui avait exactement la même fonction, n'a même pas pu jouer le rôle de roue de secours de la ND, l'étroite victoire de Syriza en janvier 2015 l'ayant mis hors-jeu. Et Syriza s'étant lui-même transformé en partie leurre - et aux abois (il en est à dire qu'il espère de la visite d'un président américain démonétisé une aide déterminante dans la réduction de la dette !) -, Potami a rapidement perdu toute utilité, disparaissant du coup aujourd'hui des radars. D'autant que, grâce au parti leurre Syriza, la droite semble désormais assurée de revenir au pouvoir sans avoir besoin de roue de secours.

Renzi, Ciudadanos, Potami ou Syriza, Macron est de toute façon un kleenex de la politique telle qu'elle se déroule - dans le vide - en régime d'Union européenne. Un ectoplasme destiné à disparaître dès qu'il aura joué le rôle qui lui est assigné dans la perpétuation du Système. Une roue de secours déjà crevée avant d'avoir servi.

lundi 14 novembre 2016

Bulgarie et Moldavie sont dans un bateau...

En Bulgarie le candidat à la présidence de la République soutenu par l'opposition socialiste, Roumen Radev, l'a emporté très largement hier.

Général de l'armée de l'air, il a pris des positions hostiles aux sanctions contre la Russie et affirmé que la Crimée est russe.

Il bat avec près de 60 % des voix la candidate du GERB, parti au pouvoir de l'autoritaire, libéral, très lié aux mafias et pro-européen Borissov, revenu en novembre 2014 à la tête d'un fragile gouvernement de coalition après avoir été déjà Premier ministre de 2009 à mars 2013.

Et du coup, Borissov a annoncé sa démission.

Borissov est un archétype des "élites" postcommunistes corrompues, ancien garde du corps et patron d'une agence de sécurité devenu chef de la police lorsque l'ancien roi Siméon de Saxe-Cobourg (rebaptisé pour l'occasion Saxecobourkovski) a gagné les élections en 2001 avec une bande de jeunes loups de la finance autour de lui.... le temps de se faire "restituer" une grande partie des propriétés foncières de l'ancienne famille régnante nationalisées par les communistes. Puis Borissov a été intégré aux "élites" européennes, et notamment au PPE (les conservateurs européens), moyennant l'application des injonctions européennes en politique économique... ce qui fait de la Bulgarie aujourd'hui un pays économiquement sinistré, aux inégalités abyssales, à l'économie partiellement criminelle, que sa jeunesse a fui massivement, où l'espérance de vie recule et l'âge moyen de la population augmente... Bref : une vrai success story européenne !

Et encore un pays de l'UE en crise politique...

Hier également, la Moldavie - qui vit dans un état de tension permanente entre partisans d'une association à l'UE et partisans de l'Union économique eurasiatique - vient d'élire un président proche de Moscou à plus de 55 %.

Décidément, rien ne va plus pour Bruxelles et sa "stratégie" d'agression antirusse... Si Trump, conscient que les Etats-Unis n'ont plus les moyens de leur politique impériale, amorce un dégagement de l'OTAN - principal élément de déstabilisation internationale depuis les années 1990 et qui aurait dû disparaître en même temps que le danger soviétique qu'elle était censée contenir, si son principal objectif n'avait pas été l'intégration de l'Europe dans l'Empire américain -, comme il l'a laissé prévoir durant la campagne, je ne donne pas cher de la survie politique des oligarques corrompus et nazillons de Kiev, installés à la faveur d'une révolution, ou d'un coup d'Etat maquillé en révolution, téléguidée naguère de Washington (et l'actuel ambassadeur américain à Athènes...) avec le gracieux concours de Bruxelles, de Berlin et bien sûr de Paris, désormais à la remorque des deux patrons... et bien embêté quand ils ne sont pas d'accord !

Sur les élections américaines, il faut en outre écouter ce qui a été dit de plus intelligent de ce côté de l'Atlantique, avant même que soient connus les résultats... brillante conférence d'Emmanuel Todd qui, comme d'habitude, ne s'arrête pas à l'écume des choses mais dégage les logiques profondes à l'oeuvre. Ca change de l'hystérie médiatique et surtout ça permet de comprendre !

vendredi 11 novembre 2016

11 novembre et doxa présidentielle

C'est une escroquerie intellectuelle, une de plus, que de prétendre, comme l'a fait une fois encore ce qui nous sert de président de la République pour quelques trop longs mois encore (hélas, les suivants risquent d'être aussi longs...), que la guerre de 1914-1918 est le produit du "nationalisme".

La guerre de 1914-1918 n'est pas essentiellement le produit du "nationalisme" ni encore moins de l'Etat-nation, elle est le produit de l'impérialisme et d'une rivalité entre Empires : l'occupation puis l'annexion par l'Empire austro-hongrois de la Bosnie-Herzégovine et la résistance qu'elles y ont suscitée qui débouche sur l'assassinat de Sarajevo, la volonté maintes fois répétée de l'état-major autrichien d'écraser le royaume national serbe qui, après 1903, avait échappé à son emprise, était devenu démocratique, s'était allié à la Russie et à la France, faisait obstacle à l'impérialisme austro-hongrois dans les Balkans depuis les victoires de la Ligue balkanique contre l'Empire ottoman en 1912, le "chèque en blanc" donné par l'Empire allemand à l'Empire austro-hongrois pour attaquer la Serbie, afin de provoquer une guerre contre l'Empire russe en pleine expansion économique et militaire, avant que la puissance militaire de ce dernier devienne impossible à juguler pour l'Allemagne, la rivalité maritime et commerciale germano-anglaise qui ne doit rien au "nationalisme" et tout au capitalisme... L'impérialisme, stade suprême du capitalisme, comme disait l'Autre.

Les Etats-nations français et anglais n'ont d'ailleurs joué qu'un rôle mineur dans la marche à la guerre, même si la "défense nationale" a joué un rôle déterminant dans la mobilisation des opinions.

Ce sont des logiques impériales, et non nationales, qui jouent le rôle moteur dans le déclenchement du conflit et sa principale conséquence est justement la liquidation des empires (allemand, austro-hongrois, ottoman et russe) qui l'ont provoqué.

mercredi 9 novembre 2016

Insurrection électorale... une de plus

J'ai fait un cours hier sur les élections américaines et terminé en disant que

1/ L'électorat américain, comme le dit E. Todd depuis plusieurs mois, est en insurrection, comme en Europe, contre les nomenklaturas qui nous ont menés depuis les années 1980 là où nous en sommes.

2/ Que Clinton est l'archétype de ces Nomenklaturas dont les électorats en insurrection ne veulent plus.

3/ Que cette insurrection prend des formes "nationales" c'est-à-dire modelées par les cultures politiques propres à chaque nation, qu'aux Etats-Unis elle prend une forme qui nous est étrangère : celle d'un milliardaire fraudeur (aussi parce que frauder l'impôt est vu par une large partie de l'électorat comme une forme d'insurrection légitime contre un Etat illégitime) qui, parce qu'il est milliardaire, se prétend indépendant de la Nomenklatura honnie.

4/ Qu'une partie probablement importante de l'électorat Sanders ne voterait en aucun cas Clinton, préférerait s'abstenir, voter pour la candidate écolo, voire pour Trump. Il y a désormais dans les électorats un vote contre la politique prétendument du "moindre mal", ou un vote de dérision : on l'a vu en Grèce avec l'émergence de Leventis (Union des centristes) considéré par une génération comme un bouffon.

5/ Que son programme, notamment sur les infrastructures, est moins caricatural que l'image qu'on en a donnée dans les médias européens et qu'il porte dans l'électorat des travailleurs pauvres et la classe moyenne en voie de paupérisation qu'ont créés les politiques conduites depuis 40 ans.

6/ Que Trump ramenait, pour ces raisons, aux urnes des gens qui ne votaient plus, tandis que Clinton en éloignait d'autres qu'Obama avait ramenés aux mêmes urnes.

7/ Que les sondages sous-estimaient le vote Trump parce que, comme en France pour le FN, les injonctions intello-médiatiques l'empêchent de se dire à hauteur de ce qu'il est. Et que ce qu'on présentait ici comme des gaffes étaient des messages à cet électorat destinés à montrer qu'il pensait comme lui et qu'il ne pensait pas comme la Nomenklatura.

8/ Que les chiffres flatteurs de l'économie américaine sont bâtis sur du vent : le prétendu plein emploi n'est qu'un trompe l'oeil fait, comme en Espagne, de petits boulots qui ne permettent plus de vivre décemment et de bulle de crédit masquant l'absence de croissance réelle.

9/ Que nous sommes à la fin du cycle de libre-échange, dont les électorats comprennent, après 40 ans, qu'il ne remplit aucune des promesses qui le justifiaient.

Que tout est donc possible...

Enfin, je dois vous confesser que je n'ai pas résisté au plaisir d'écouter Bernard Guetta ce matin, pour le première fois depuis, pour rigoler... Le pôv'Bernard ! Le Brexit et Trump en moins de six mois... Prochain épisode de l'insurrection des électorats que notre Nanard de Radio Paris va devoir commenter : le référendum italien.

Quant à notre Nomenklatura locale (à l'exception d'un excellent Villepin - notre dernier ministre des Affaires étrangères avec Védrine - sur BFM), elle se montre égale à elle-même.

Le PASOK français en profite pour appeler au vote utile.

Sarkozy : le choix du peuple américain doit être respecté.

Voilà une parole forte et qu'on aimerait entendre plus souvent ! Mais a-t-il été question qu'il ne le soit pas ?

Et donc le choix du peuple américain vaut plus que le choix du peuple français lors du référendum de 2005 sur lequel le petit Nicolas s'est assis avec ses deux petites fesses.

Le petit Nicolas nous fait aussi une déclaration anti-libre-échangiste ! Fichtre !!! Les députés LR vont donc voter comme un seul homme contre la ratification du CETA ? et s'il est élu, le petit Nicolas va interrompre de suite la négociation du TAFTA si Trump ne l'a pas déjà fait ???

Allez, double portion de frites au Fouquet's pour Nicolas !

Et celui qui disait, hier, faire confiance au peuple américain pour choisir le candidat qu'il n'avait pas insulté ? Pas d'bol ! Et toujours rien appris ni rien compris. Déclaration ridicule de cabris : L'Europe ! L'Europe ! L'Europe !

Reste Jean-Claude (des alcooliques européens anonymes : "Bonjour, moi c'est Jean-Claude..."). Il paraîtrait qu'il avait déjà dépassé les 3,5 grammes dans le sang à 10h00 du mat... Encore un p'tit verre, Jean-Claude, pour oublier ces salauds de peuples qui ne veulent pas comprendre ce qui est bon pour eux ?

Maintenant cap sur le référendum italien et l'explosion qu'on espère consécutive du gouvernement de Matteo belle gueule !

dimanche 6 novembre 2016

Deux précisions non accessoires

Deux faits qui m'avaient échappé et sur lesquels Panagiotis Grigoriou vient d'attirer mon attention.

Geoffrey R. Pyatt, ambassadeur américain en Ukraine de 2013 à 2016, pour lequel les insurgés du Donbas sont des terroristes, a été nommé ambassadeur à Athènes en septembre dernier.

Le nouveau ministre de l'Emploi est l'épouse du nouveau ministre - américain à passeport grec - de l'Economie et du Développement.

Intéressant, non ?

samedi 5 novembre 2016

Cinq ans de greek crisis...

"[Je n’avais jamais imaginé que plus de cinq années après ce 24 octobre 2011, date de ma première... épitaphe numérique ainsi gravée sur ce blog, le... besoin de Greek Crisis se ferait toujours aussi criant et autant d’actualité. Mes intuitions se sont avérées hélas fort justes, la dite “crise grecque” est en réalité une guerre, entreprise contre le peuple grec, détruisant sa souveraineté, minant même son existence. Une guerre... exemplaire, faite aussi... pour l’exemple par le passage rapide vers le dernier méta-monde Occidental du... déjà si court, 21ème siècle.

Au bout de six années d’expérience... ainsi vécue et pratiquée sous les mémoranda, plus exactement sous l’ordre mondialisant de la “gouvernance” par le choc permanant, on est... pleinement en mesure de tirer un premier bilan... en guise d’autopsie, car il semble bien que nous entrerions sous peu (en réalité c’est déjà fait), dans la phase suivante des opérations psychologiques, économiques, d’ingénierie sociale, et plus amplement, événementielles fortes en ce moment, et en cours d’exécution.|http://www.greekcrisis.fr/2016/11/Fr0540.html#deb|fr]"

Voilà donc cinq ans que Panagiotis Grigoriou nous informe - moi, pas plus que lui, je ne pensais que nous en serions là cinq ans plus tard. Si vous le pouvez, faites un don sur son site ; comme tant de Grecs, chaque jour plus nombreux, pour lui, pour Chrys - et pour leur chatte - la vie est chaque jour plus dure, les soirées moins éclairées et les hivers plus froids, parce que comme pour davantage de Grecs chaque jour, l'Europe et l'euro c'est moins d'accès à l'électricité, au chauffage, aux soins...

Ce dernier papier est particulièrement intéressant, aussi bien à la lumière des évolutions en Turquie, qu'à celle du remaniement ministériel d'hier. Car ce qui se passe depuis 6 ans, dépasse évidemment la cadre du petit laboratoire grec...

"J’ai toujours soutenu (dès les débuts de ce blog) - écrit Panagiotis - que du point de vue géopolitique et anthropologique, l’Euro n’est pas “simplement” une monnaie, mais bien davantage, une arme de destruction massive. Pour le dire (presque) autrement, l’euro c’est un important vecteur de “culture de guerre”, comme on sait il est symboliquement édifié à la manière d’un... sanctuaire triomphant, sur l’ossuaire précisément des dernières (pseudo)démocraties occidentales que nous n’avons pas su défendre bien à temps.

Et plus loin, cette réflexion particulièrement juste que je me faisais justement en constatant que, à Athènes comme à Kiev, mais c'est également le cas en Roumanie ou en Bulgarie, on voit de plus en plus de "responsables" n'ont plus de grec (ou d'ukrainien, ou de...) que les papiers d'identité (Papandréou comme Tsakalotos ne parlent pas grec mais anglais traduit en grec, le nouveau ministre grec de l'Economie est un universitaire américain de formation et de carrière) qui passe sa vie académique et professionnelle dans un "étranger dominant" jusqu'au moment où on l'appelle à prendre des responsabilités :

"La Grèce, un peu comme l’Ukraine, appartient ainsi à cette zone géopolitique et culturelle (orthodoxie) qui se trouve déjà en première ligne de la redéfinition (bientôt par les armes ?) des rapports de force, entre les BRICS et la coalisation occidentale (supposons qu’il en a seulement une !)."

vendredi 4 novembre 2016

Remaniement ministériel en Grèce

A chaud, voici les commentaires que je peux faire...

La plupart des poids lourds ne bougent pas. Il s'est manifestement agi de se débarrasser de quelques ministres devenus des boulets (celui de l'Education notamment), ou de déplacer certains, comme le ministre de l'Energie, transféré vers l'Intérieur, qui n'avait pas l'échine assez souple aux exigences européennes de privatisation, mais surtout de faire entrer des collaborateurs personnels de Tsipras, manifestant ainsi un renforcement du caractère personnel du pouvoir (déjà sensible lors du récent Congrès de Syriza où Tsipras a engueulé les délégués qui n'avaient pas adopté une motion en leur expliquant qu'ils n'avaient rien compris avant de les faire revoter) au fur et à mesure que sa base politique et populaire se réduit.

Les quatre plus notables entrées sont les suivantes :

- Effie Achtsioglou au Travail, la responsable en charge jusque-là des négociation avec la Troïka de la flexibilisation du marché du travail et qui est apparemment spécialiste du droit européen ! C'est tout dire... on ne sait pas très bien ce qu'il y a encore à flexibiliser, mais on peut lui faire "confiance"...

- à l'Economie et au développement (est-ce de l'humour ?), Tsipras nomme... un Américain de nationalité grecque. Dimitris Papadimitriou, président de l'Institut Levy Economics, professeur au Bard College à New York membre de l'Union américaine des banquiers et d'une commission du Sénat des Etats-Unis...

- Dimitris Liakos, gestionnaire de fonds jusqu'en 2014 puis chargé des négociations de privatisation au cabinet du Premier ministre... Le correspondant du Taiped (organisation chargée d'exécuter les ordres européens en matière de bradage du patrimoine national) chez Tsipras en somme.

- Quant au président de ce TAIPED, Stergios Pitsiorlas, il devient sous-ministre de l'Américain...

Enfin, alors que Tsipras était arrivé au pouvoir avec le projet d'un gouvernement ramassé pour plus d'efficacité et d'économies dans le train de vie de l'Etat... celui-ci est l'un des plus pléthoriques que la Grèce ait connu : 48 membres pour 153 députés de la majorité... Bientôt, chaque député aura un portefeuille ! Pour s'assurer (acheter) leur fidélité ?

C'est pas beau la gauche radicale au pouvoir ?!

jeudi 3 novembre 2016

Brice Couturier : le chroniqueur du Café du commerce

J'avais la serpillère à la main, la moitié de la cuisine était déjà faite quand la voix de l'inénarrable Brice Couturier s'est fait entendre dans le poste. Je le sais pourtant : déjà du temps du "Grain à moudre", il me foutait en rogne à chacune des inepties qui sortent de sa bouche à jet continu dès qu'il l'entrouvre. Il y a des gens comme ça : Guetta, Quatremer, Leparmentier, dont vous vous demandez comment ils font pour être toujours en plein dans le mille - celui de la sottise généralement haineuse, satisfaite et péremptoire.

Bref, éteindre le poste m'aurait forcé à marcher dans "le mouillé" ! Je me suis dit : allez, ça va je ne vais pas lui couper le sifflet... et puis il faut bien, de temps à autre, écouter l'ennemi pour savoir ce qu'il a de nouveau à bavouiller !

Donc Brice Couturier, avec sa sagacité aussi habituelle que légendaire, nous expliqua comment il ne peut faire aucun doute que Trump soit l'agent du Mal qui a pour nom Poutine. Concédant néanmoins que l'Autre manque de lustre, il en tire la conséquence éblouissante que la droite (remarquez la pertinence des catégories !...), ayant choisi un agent russe et la gauche (si, si, il l'a dit... les démocrates c'est la gauche !!!) une vieille routière discréditée, les adversaires de la "démocratie" (la démocratie américaine, Brice de Nice n'a aucun doute, c'est une réalité vraie !) n'ont qu'à se frotter les mains.

C'est drôle, je n'ai pas le souvenir que : "Il n'y a pas de choix démocratique contre les traités européens", ni l'étouffement de la Grèce par la BCE aient conduit le Brice du Café du commerce de France Cu à des constatations aussi rageuses sur les adversaires de la démocratie... Un petit blanc limé, Brice, pour te remettre ?

Il y avait longtemps que je n'avais pas entendu Brice... eh bien je vais vous faire une confidence : ça ne me manquait pas ! Et j'ai eu bien tort de ne pas marcher dans le mouillé pour aller éteindre le poste, parce qu'une fois encore ce triste pitre médiacratique m'a mis d'une humeur de dogue.

Bon, allez, là-dessus, ma bonne dame, je vais faire les courses !

mardi 1 novembre 2016

30 bonnes raisons de sortir de l'Europe !

La phase d'édition participative est close. Merci aux "bienfaiteurs" dont le nom figurera sur la première page de ce livre, ainsi qu'à tous ceux qui l'ont préacheté. Pour H&O, c'est une aide précieuse ! Les ventes et les tirages, ces dernières années, ont baissé de telle sorte que nombre de petits éditeurs, non dépendants de groupes financiers, et dont dépend la liberté d'expression dans ce pays, sont dangereusement fragilisés.

Depuis plus de 17 ans, Henri Dhellemmes et Olivier Tourtois, les H et O de H&O, ont surmonté bien des obstacles afin de pouvoir continuer à porter une parole libre ! Et aujourd'hui, cette phase participative leur permet d'éditer des ouvrages qu'ils ne pourraient pas faire paraître autrement.

C'est Henri qui a eu l'idée de ce livre et m'a poussé à l'écrire. En 2002, il publiait mon 2e roman, Le Plongeon (comme tous mes romans suivants et H&O a republié le premier en version numérique, en plus d'une préface à la réédition du Parce que c'était lui de Roger Stéphane, d'une nouvelle dans le recueil collectif Le Festin... et même de quelques ouvrages plus... "légers" sous pseudo). Tout au long de ces 14 années de collaboration et de ces livres auxquels H&O a donné vie, car - contrairement à la légende noire des rapports forcément conflictuels entre auteur et éditeur, Henri et Olivier sont devenus des amis chers - il m'a entendu vaticiner contre l'Europe, en se disant qu'un Ôteur pouvait bien avoir quelques lubies... Mais après le référendum grec, il s'est dit qu'il ne s'agissait pas forcément de lubie et que, s'il n'était pas forcément d'accord avec moi (je crois qu'il l'est davantage après la lecture de ce livre et c'est mon premier succès), il fallait que cette parole-là ait une chance de se faire entendre, et que H&O la porte.

Merci donc à lui, et à tous ceux qui, par leurs dons et leurs préachats, ont permis à ce livre d'exister et d'avoir plus de chance de toucher un large public dès sa naissance, car les 1300 et quelques euros récoltés permettent d'augmenter le tirage et de prévoir une promotion plus dynamique !

La phase participative est donc close. La correction des épreuves également, j'ai donné mon "bon à tirer" hier. Pour ceux qui y ont apporté leur écot, ils auront ce livre (il part aujourd'hui se faire imprimer... au Danemark : comme quoi je ne suis pas qu'un nationaliste moisi et borné !) vers la fin du mois, ou le début du suivant (nous sommes en avance sur le calendrier initialement prévu), dédicacé de ma blanche main !

Pour les autres, les 30 bonnes raisons de sortir de l'Europe sera mis en place par le diffuseur, dans toutes les bonnes librairies, le 15 janvier 2017. Ils peuvent aussi continuer à le préacheter (et acheter mes romans !) sur le site d'H&O, mais désormais au prix public "normal" de 17 euros.

Merci encore à tous et à chacun !