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jeudi 24 août 2017

Les Branquignols au gouvernement (suite et, hélas, pas fin).

L'ancien maire du Havre s'emmêle lamentablement les pinceaux dans les chiffres, patouille, va demander à ses conseillers pendant une coupure de pub ce qu'il doit dire, annonce une baisse de la taxe d'habitation pour 30 % des Français, ce qui nécessite un communiqué rectificatif de ses services quelque temps plus tard...

"Je ne suis pas un surhomme !" réplique alors, énervé, la première des nombreuses illustrations gouvernementales et parlementaires du principe de Peter.

Ah bon ! Le Premier ministre de Jupitre n'est pas Spiderman ?

Pendant ce temps-là, son patron, notre Jupitre à tous et à Christophe Barbier plus qu'à quiconque, qui avait promis de ne plus parler politique intérieure à l'étranger, se paye son ancien patron à Vienne (Autriche, vous me direz que, vu ses compétences en géographie, il pensait peut-être se trouver dans l'ancienne capitale des Gaules !), avant d'aller se faire rembarrer à Bucarest (peut-être n'a-t-il pas serré assez fort la main du Premier ministre roumain ? puisque, comme chacun sait, en politique étrangère, celui qui pisse le plus loin le montre en broyant la pogne de l'autre) où il réalise le tour de force de dire à la fois que Schengen ne marche pas bien ( Non ?! vrai ? on ne s'en serait pas douté) ET qu'il souhaite l'entrée de la Roumanie dans Schengen, ce qui aura sans aucun doute pour conséquence l'amélioration du fonctionnement de Schengen !!!

mercredi 23 août 2017

LVSL et La France insoumise

En complément de ma réponse à Kokkino, sur mon partage de l'entretien de LVSL avec Errejon, qui me trouvait bien sévère avec La France insoumise (mais qui aime bien, châtie bien, et si je peux être un "compagnon de route", il faudra effectivement de sérieuses inflexions pour me convaincre), voici de nouveau une fort intéressante analyse de LVSL sur la croisée des chemins à laquelle se trouve LFI.

J'en partage l'essentiel.

A une réserve près : l'enjeu fondamental, européen, n'apparaît qu'en creux. on ne fera pas la pédagogie nécessaire sur ce sujet en le laissant dans l'ombre. Et factuellement, ce sont les européennes qui seront la première échéance électorale, en 2019, pas les municipales de 2020. Or, cette première bataille électorale nationale du quinquennat, de surcroît à la proportionnelle, se jouera sur un élément essentiel de la propagande de Macron et des forces qu'il a satellisées - de LR au PS -, avec un FN en position de vainqueur du précédent scrutin qui aura eu à trancher entre la ligne libérale et la ligne Philippot.

Quel sera alors le discours de LFI ? Toujours le fumeux Plan B ? Ou bien aura-t-on enfin le courage de prendre à bras le corps cette question et de se doter d'une ligne claire, compréhensible, audible - notamment par l'électorat populaire parti au FN que que LFI a l'ambition de conquérir ???

Raison pour laquelle, en plus du papier de LVSL, je vous invite également à lire celui de Jacques Sapir sur la "question de l'euro" et ses derniers développements, en Italie et en Allemagne.

mardi 22 août 2017

Les Branquignols au gouvernement

S'il y a trop de portables en prison, ben c'est simple, il n'y a qu'à autoriser les portables en prison ! Signé la ministre de la Justice, garde des Sceaux. Imparable ! De sorte que les prisonniers pourront encore plus facilement piloter du dedans leurs "affaires" du dehors, et "préparer" encore plus efficacement leur sortie.

Le Québec et un certain nombre de pays dans le monde ont une vraie politique pénale, avec des prisons dignes, une doctrine claire où la peine est à la fois punition et préparation à la réinsertion, des moyens proportionnés aux objectifs que le politique a fixés. Dans de telles conditions de détention et de suivi personnel réel des détenus, l'usage du téléphone, contrôlé, à un certain stade de la peine, n'a rien d'absurde.

Dans l'état des prisons françaises, en l'absence de politique pénale sérieuse, cette mesure ne serait évidemment qu'une licence traduisant l'incapacité de l'Etat - une fois de plus - à faire respecter la règle. Elle ne répondrait nullement à une vision de la peine, mais serait une mesure circonstancielle de plus. Si on ne peut faire respecter la règle - si des caïds humilient l'Etat et ses agents en prison, en diffusant une vidéo depuis un lieu où ils ne sont pas censés disposer de ce dont ils disposent - alors changeons la règle ! Et permettons aux caïds de faire ce que nous ne sommes plus en mesure de leur interdire... Car qui peut penser que l'administration pénitentiaire, si elle est dans l'incapacité matérielle d'empêcher la circulation des portables en prison, sera capable d'en réguler l'usage et de faire respecter les blocages de numéros qu'il serait possible d'appeler ?

Nul système n'est parfait, mais certains sont meilleurs que d'autres ! Et la navigation à la godille est le pire.

Mais pour mener une politique pénale cohérente, pour mener une politique de défense cohérente, pour mener une politique éducative cohérente, pour mener une politique de sécurité cohérente, pour mener une politique de santé cohérente, une politique sociale cohérente... il faut à la fois penser, porter son regard au-delà du court terme, le fixer sur autre chose qu'un taux de déficit public, disposer de sa souveraineté monétaire et n'être pas étouffé par une monnaie surévaluée, mettre les moyens nécessaires en hommes (c'est-à-dire en budgets) pour atteindre l'objectif défini, avoir la fermeté d'exécution nécessaire.

vendredi 18 août 2017

Turku après Barcelone et avant...

Allez Hidalgogo va nous faire clignoter la Tour pour la Finlande... Et puis elle va nous faire un beau tweet "Turku la ville du tur et du...", Jupitre va assurer un Premiier ministre au nom imprononçable de sa solidarité. Philippe va devoir interrompre sa rando au cirque de Gavarny pour dire que ça ne peut plus durer. Deux ou trois crétins de service vont dire "vous n'aurez pas ma haine", "pas d'amalgame", "je suis Turku", et deux ou trois autres vont demander une nouvelle loi.

Et puis on va continuer comme avant, avec les 3% de déficit en ligne de mire et l'image de sainte Merkel au-dessus de nos lits : coupes budgétaires dans l'Education nationale, le renseignement, la police, la justice, l'armée, l'hôpital ; affaiblissement continuel de la Nation, qui permet de s'identifier à des représentations collectives, qui protège et permet de se projeter dans l'avenir, au profit d'une Europe et d'un euro qui lui substituent le Marché, le Profit, la Concurrence et ne cessent d'encourager davantage des "identités" aussi reptiliennes que fantasmées ; alignement inconditionnel sur les conneries américaines ; toujours plus de précarité pour les plus fragiles, matériellement et psychologiquement ; discours lénifiants sur l'islamophobie inversant l'ordre des responsabilités ; soutien sans réserve aux régimes islamistes qui, de la Turquie au Golfe, ont armé idéologiquement et matériellement ceux qui nous tuent.

C'est Errejon qu'il nous faut !

J'ai déjà eu l'occasion d'écrire ici tout le bien que je pense des jeunes gens (plus de 50) qui ont fondé et qui font vivre depuis plus de six mois, ce nouveau media qu'ils ont baptisé Le Vent se lève (LVSL).

Eh bien, ces jeunes gens (en l'occurrence Lenny Benbara, Vincent Dain, Léo Rosell) viennent de réaliser un coup de maître avec l'entretien qu'ils ont obtenu d'Inigo Errejon, un des fondateurs de Podemos et son plus brillant penseur.

Cet entretien est simplement passionnant !!! Lisez-le d'urgence et avec attention : ce type est manifestement une tête politique et une tête politique bien faite !!!

On est si loin de certaines élucubrations de la France Insoumise - qu'il s'agisse, dans le domaine institutionnel, des conceptions fumeuses de Charlotte Girard, du concours Lépine institutionnel de la Constituante (la question centrale n'est pas institutionnelle, ellle est européenne), des inconséquences tragiques d'une Clémentine Autain, du gauchisme infantile d'autres, du trotskisme jamais digéré... - qui n'ose pas (encore ?), malgré quelques progrès notables (le drapeau tricolore, La Marseillaise ; Errejon : "J’adorerais avoir un hymne national comme La Marseillaise, je n’arrêterais pas de le chanter si c’était le cas !") mais bien insuffisants (même s'ils donnent des vapeurs à beaucoup...), parler clairement - je répète : CLAIREMENT ! - de l'UE, de l'Etat, de la nation, de la patrie - de l'ordre. De l'Etat, car c'est bien là une des failles majeures de FI et de son horizontalisme. La participation, un Etat au service de qui et de quoi ? certes ! Mais un Etat qui en soit un : une révolution culturelle majeure pour la FI !

Même sur Syriza, l'analyse est impeccable, bien que, sans doute pour des raisons tactiques, la question de la gestion syriziste ne soit point abordée.

D'un bout à l'autre, j'ai dévoré cet entretien dans une espèce de transe ! C'est magique de lire un truc où on est d'accord avec tout.

Il arrive au vieux gaulliste que je suis de se dire qu'il était déjà un peu populiste avant le populisme... Mais peu importe, ce n'est plus ma génération qui fera l'histoire. Si cette pensée-là permettait de reconstruire, autour de ce clivage démocratie/oligarchie, un projet politique fondé sur la souveraineté, l'Etat-nation et le rôle de l'Etat, la justice, qui soit autre chose que la volonté de fédérer les résidus de gôgôches épuisées et gélifiées, je serais heureux de pouvoir y participer !

samedi 12 août 2017

Tigrane l'Arménien : deux réactions de lecteurs

Ces deux derniers jours, me sont arrivés deux messages - de ces messages qui vous convainquent que, quoi qu'il arrive (la liquidation surprise de La Différence et la descente en plein envol de Tigrane l'Arménien par exemple), ça vaut le coup de continuer.

Le premier a pour auteur Jean-Baptiste Billé, un lecteur vendéen et assidu de mon blog, qui est venu à moi par La Grèce et les Balkans et la défense de la Grèce, qui a lu - aussi - le romancier... Avec son autorisation, je le publie ici.

"Cher Olivier,

Petit mail plutôt que mot sur le blog puisque mon message ne répond pas directement à l’un de vos papiers.

Je voulais juste vous dire le plaisir que j’ai eu à lire votre Tigrane la semaine passée, quand le temps m’en a enfin été donné.

J’ai ressenti à la fois le plaisir d’un roman et l’intérêt d’une réflexion. La précision du propos, des données, bien sûr : je n’en doutais pas, pour avoir lu vos 3 volumes en Folio ! Mais il me semble qu'ici, par rapport à vos autres romans, vous essayez de mêler vraiment la réflexion historique, le plaisir du récit (collectif et intime), le travail de l’écriture et, évidemment, une forme d’engagement. Franchement, c’était un défi et l’émotion à la lecture est réelle.

Faire oeuvre engagée, impliquée, n’est pas chose aisée, j’ai aimé la façon dont vous parvenez à parler de l’Arménie, et en même temps de la Grèce (bel usage des citations qu’on trouve sur les murs !) et bien sûr de l’Europe.

J’ai beaucoup apprécié la dimension littéraire (le travail de l’écriture) du roman, que je trouve (c’est peut-être une impression personnelle) plus travaillée cette fois, même si j’avais beaucoup aimé Le Plongeon par exemple.

La répétition, par exemple, est un procédé littéraire qui me touche beaucoup et que je vois dans ce livre : répétitions de situations, de phrases, de mots ; infimes variations entre deux passages répétés...

Les changements de rythme, aussi, les sortes de contrepoints : changements de rythme dans le récit, changements de tonalités entre l’horreur et des moments de respiration.

Je vais trop vite…

Touché aussi par l’écho entre la toute fin et l’exergue (Eschyle).

La boule au creux de l’estomac que ressent Tigrane, je suppose que vous l’avez aussi et que ce livre est, aussi, un lieu pour formuler ce qui vous anime ; la rage, la révolte, notamment (que nous avons en commun, concernant la honte de la situation infligée aux Grecs).

Je n’ai pas encore eu l’occasion de vous rencontrer lors d’une lecture ; peut-être viendrez-vous dans l’ouest un de ces jours ? J’habite près de Nantes.

Je veux vous remercier sincèrement pour ce très beau roman, que je relirai un de ces jours et que je vais offrir.

Je vous souhaite un bel été, à Nisyros et ailleurs. Je pense chaque jour aux Grecs qui souffrent, résistent, créent…

J’espère de tout coeur que votre Tigrane sera repris chez un autre éditeur : il mérite de vivre et de voyager !

Amitiés, Jean-Baptiste"

L'autre m'a été signalé par une amie Facebook, Mariam Mossian. Il est signé Pierre Adémian et a été publié dans le groupe "Arménie diaspora" de ce réseau social.

En voici le texte :

"Passionnant roman qui s'étire depuis 1914 jusqu'en 2016. Des frères arméniens dont la filiation remonte depuis 1914 voire avant, sur fond de génocide, de vengeance, de l'opération Némésis, frôlant l'Asala, pour arriver sur une histoire d'archives liées à une société allemande avec en fond la crise grecque et un commissaire UE arménien et de son frère Tigrane... attention les chapitres ne se suivent pas, l'auteur s'amusant à faire des flash Backs historiques... l'indicible est présent côtoyant la vengeance, l'espoir, les faits historiques avec ses personnages tout aussi réels, la situation grecque actuelle et enfin de l'amour.

L'auteur est visiblement aussi un historien et il a pris soin en postface de préciser la véracité des faits et de certains acteurs... achetez-le... à garder et à relire. Que les Arméniens et Arméniennes n'y cherchent pas une réalité totale historique mais ayant terminé Arménie Apocalypse, je trouve que ce roman touche le réel... Bonne lecture"

Une belle critique dans la presse est une reconnaissance qui flatte l'ego ; l'appui enthousiaste de libraires - comme ceux d'Ithaque pour ce livre - rassure et réjouit l'être fondamentalement fragile et incertain qu'est un auteur lorsqu'il regarde son travail achevé ; les retours comme ceux-ci procurent le plaisir intense et différent de savoir qu'on a su toucher, émouvoir, captiver des lecteurs non professionnels - ce qui constitue la motivation première du passage à l'acte d'écrire.

Pour le reste, j'ai désormais quelque solide raison de croire que ce Tigrane devrait ressortir en collection de poche dans le courant 2018.... Et merci encore à tous ceux qui m'ont remonté le moral après la nouvelle de liquidation de La Différence.

mercredi 9 août 2017

Paratonnerre...

Entendre un crétin d'En Marche se féliciter que l'Opération Sentinelle joue un rôle de paratonnerre, en attirant les agresseurs vers les militaires plutôt que vers la population civile... Mais comment peut-on en arriver à un pareil point de confusion mentale ???!!!

En revanche pas un mot sur les politiques d'austérité idiotes et criminelles, imposées par l'euro, l'UE, l'Allemagne, depuis Maastricht, qui nous ont conduit à n'avoir aujourd'hui ni assez de personnels et de moyens matériels dans la police pour assurer les tâches de sécurité publique, ni dans les services de renseignement qui sont la seule arme efficace contre la menace terroriste.

Couper dans les budgets d'équipement de la Défense nationale (confiée par Jupitre à une comptable européiste) revient à mettre en danger les militaires sur les théâtres d'opération où ils interviennent, alors que là aussi les politiques européennes ont depuis des décennies gravement mis en cause leurs capacités et la sécurité de ces troupes ; les affecter durablement à des tâches de sécurité publique qui ne relèvent pas de leur mission est une absurdité qui aboutit en outre à l'épuisement des hommes ; se féliciter que cette utilisation fasse d'eux des cibles détournant la foudre des populations civiles confine à...

Un peu plus tard : colère saine et bienvenue du général Desportes : Sentinelle ne sert à rien qu'à offrir des cibles faciles et met en danger nos soldats, notamment en réduisant à rien leurs capacités d'entraînement.

Puis ce qui nous sert de Premier ministre à l'Assemblée nationale : du vent technocratique et une monstruosité de plus qui consiste à ranger l'armée dans "les forces de l'ordre". On aura vraiment tout entendu ! Comme l'autre imbécile qui préside la Commission des lois et qui n'est pas même capable de faire la distinction entre la loi et le décret ! Mais ma cocotte, avant d'être élue député, il n'est pas interdit de lire la Constitution !!!

Jupitre à l'Elysée, les Branquignols au gouvernement et les Bronzés à l'Assemblée.

mardi 8 août 2017

Une Charte, ou un Statut, à la noix

La Charte... ça ne vous rappelle pas la Restauration ? Vous me direz que le Statut, ça vous rappellerait Vichy... Un jour, j'étais tombé, lors de je ne sais plus quelle recherche documentaire dans le JO de l'Etat français, sur le Statut de la noix (élaboré en même temps que le... Statut des juifs), tellement caractéristique du délire technocratique de ce régime illégitime et dictatorial (qui n'a donc jamais "été la France", comme le prétend le falsificateur d'histoire qui nous préside) qui fut aussi, comme l'actuel, un "gouvernement des experts".

On remarquera au demeurant que les gogos et autres cabris qui passent leur vie à sauter sur leur chaise en criant : "L'Europe ! L'Europe ! L'Europe !", et à nous dire qu'il faut faire ceci ou ne pas faire cela parce que nos "partenaires européens", parce que l'Allemagne surtout, font ceci ou ne font pas cela, applaudissent, au nom de la transparence, du génie de Jupitre (hommage à Mathieu Morel) ou parce qu'il est bon d'applaudir le Maître auquel il convient de ne point déplaire, à ce nouveau délire d'un ego sans surmoi, qui prétend élever, dans la République, la dame qui l'a enseigné et séduit en son jeune âge, à un rang de "première dame" - y aurait-il une deuxième, une centième, une dernière dame ? -, par un Statut transfiguré en Charte qui paraîtrait absurde dans n'importe quel Etat démocratique européen. Imagine-t-on un Statut pour monsieur Merkel, une Charte pour madame Gentiloni ?

Les Constitutions des Etats monarchiques européens ne prévoient pas davantage de rôle pour le conjoint du monarque (quel que soit le sexe de l'un et de l'autre). Sauf erreur de ma part, seule la Constitution espagnole, en son article 58, parle de la Reina consorte... et c'est seulement pour préciser qu'elle ne pourra assumer de fonctions constitutionnelles, sauf dispositions contraires sur une éventuelle régence.

A quoi rime donc tout ce tintouin ? A rien, sinon qu'il traduit une fois encore une hypertrophie du Moi... et du Toi.

lundi 7 août 2017

Madeleine aoutienne

Ce matin, vaquant à mes occupations ménagères en écoutant une fort bonne "Grande traversée" de France Culture consacrée à l'Iliade et à Homère, j'entends soudain prononcer un nom qui fait tilt... celui, apparemment, du fondateur d'un "Café homérique" décédé récemment. Louis de Balman... mais d'où diable ce nom me dit-il quelque-chose ? Rapide recherche Internet : bon dieu mais c'est bien sûr ! Mon prof de grec et de thème latin en hypokhâgne à Henri IV, en... 1976-77... Ca ne me rajeunit pas !

Et soudain une vague de souvenirs sur ces profs superbes qui m'ont appris à travailler et à qui je dois encore tout aujourd'hui. J'étais admis en khâgne mais je n'y suis pas allé ni n'ai passé le concours d'Ulm - je n'en pouvais plus à la fin de l'année. Mais c'est grâce à cette année-là que j'ai fait fait la fac ensuite, sans avoir l'impression de beaucoup travailler et en décrochant cependant des notes flatteuses, que j'ai eu l'agreg à 24 ans malgré un nombre de postes réduits (c'était juste après l'ère, que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître, de la sinistre Saunier-Seïté qui avait entrepris, sous Giscard, de liquider l'agrégation, voire le CAPES), que j'ai acquis la méthode de travail qui m'a permis de préparer le colloque du centenaire de De Gaulle auprès de l'infatigable travailleurs qu'était Bernard Tricot, de créer la collection "Retour aux textes" à La Documentation française ou, plus tard, d'affronter le chantier de l'écriture de La Grèce et les Balkans.

Cette année-là compte dans ma vie pour dix ou pour vingt...

Ce nom entendu ce matin me rappelle le souvenir de ces notes négatives en thème latin qui vous aiguillonnaient, les traductions à vue, sans préparation (on appelait ça, faire du "petit grec"), sous l'oeil d'aigle de ce de Balman, du Sur la couronne de Démosthène, d'un discours de Lysias ou d'un passage de... l'Iliade, la classe au haut plafond, aux colonnes et angelots où nous tâchions de suivre le débit accéléré du prof de philo - M. Gros, il me semble - qui vendait des polycopiés à la récréation ; le tonitruant Max Tacel, qui nous enseignait l'histoire contemporaine et parlait avec vénération des radicaux "les vrais, messieurs, pas les fossoyeurs du radicalisme d'aujourd'hui !", le discret et passionnant Marcel Bordet en histoire ancienne qui savait tout sur Rome - et plus encore -, qui me donnait régulièrement mes meilleures notes qui furent plusieurs fois les meilleures de la classes de 50 élèves, l'hurluberlu à chapeau à la Bruand et cape (je ne me souviens pas de son nom) qui nous enseignait la version latine et la littérature française...

Un jour, alors qu'une semaine sur deux nous avions grec (donc de Balman) et la suivante version latine (l'hurluberlu), les deux se pointèrent, certains d'être dans leur bon droit. S'ensuivit une passe d'armes et de Balman partit en claquant la porte. "Et voilà, messieurs, une fois encore Rome a vaincu la Grèce !" clama l'hurluberlu avant d'en revenir au Pro Milone...

Chacun était un personnage et le jouait avec gourmandise, chacun était un caractère. Je ne suis pas certain qu'il en existe encore de pareils. Je sais en revanche que ce n'est ni par la démagogie de notes gonflées, ni par l'amusement, ni par le souci de plaire, que nous avons acquis ce que nous avons acquis. Mais par l'aiguillon de mauvaises notes qui flagellaient notre ego, par l'exigence, par le travail et encore le travail, par le surcroît de travail qui nous forçait à nous organiser.

Voilà tout ce qu'a ramené cette madeleine aoutienne. Ma dette envers ces hommes-là est immense. Merci M. de Balman ! Merci M. Bordet ! Merci M. Tacel ! Merci M. Gros (si c'est bien votre nom) ! Merci M. l'Hurluberlu !