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lundi 24 mars 2008

Mensonges et propagande pontificaux

Et voilà que Benoît XVI nous ressert une fois de plus le vieux mensonge inventé en 1749 par Benoît XIV : le Colisée comme symbole du martyre des chrétiens par l'Empire romain (que je relève déjà dans Le Plongeon), et de déplorer, en oubliant les innombrables victimes du christianisme, la multiplication des Colisées.

Je suis un partisan intransigeant de la liberté de conscience, celle de croire comme de ne pas croire. Mais en parlant ainsi le pape ment, il se livre à une pure et simple opération de propagande, car il sait qu'il ment : jamais aucun chrétien n'a été mis à mort dans le Colisée.

Ceux qui l'ont été à Rome l'ont été ailleurs - jamais ici. Ils ne l'ont d'ailleurs jamais été à raison de leur foi, mais parce qu'ils mettaient en danger l'Empire en refusant de sacrifier à ses dieux. Quand ils ont été persécutés, dans l'Empire romain, toujours durant des périodes de crise politique, très courtes, les chrétiens l'ont été d'ailleurs le plus souvent spontanément par la "base", en raison de leur refus des règles sociales (non de leurs croyances ou de leurs rites), les populations voyant dans cette attitude une subversion qui mettait en danger l'équilibre de la société et de l'État. Le problème n'est donc pas, dans cet univers intellectuel-là, la religion des chrétiens, c'est leur entêtement à ne pas respecter les rites qui sont là pour assurer la sauvegarde de tous, de prétendre que LEUR Dieu est le SEUL VRAI Dieu. L'intolérance n'est pas du côté des Romains, elle est du leur ; c'est leur intolérance qui les fait persécuter, non pour des raisons de conscience qui sont totalement étrangères au monde polythéiste de l'Antiquité classique qui accueille les nouveaux dieux sans distinction. L'intolérance et la persécution pour raison de conscience apparaissent AVEC le monothéisme : c'est parce que MON Dieu est le seul vrai que je suis habilité à persécuter qui ne le reconnaît pas - puisqu'il est dans l'Erreur.

Quant à la persécution qui vient du pouvoir, elle ne s'exerce jamais que sur des périodes extrêmement courtes, rarement plus d'un an à chaque fois, soit au total disons une vingtaine d'années (fractionnées en une dizaine de séquences) entre 64 et 305, fin de la dernière et de la plus longue des persécutions, celle de Dioclétien.

Pour quel bilan ? Bien difficile à déterminer, tant un grand nombre de prétendus martyres de chrétiens ne furent à l'évidence en rien motivés par la religion, mais le résultat d'agressions, de querelles ou de rixes aux motifs variés - victimes récupérées ensuite par l'appareil de propagande chrétien. Probablement le bilan global des véritables persécutions n'a-t-il pas excédé les 5000 exécutions en deux siècles et demi, soit une moyenne de... 20 morts par an, ce qui, on me le concédera, pour une société soi-disant violente, brutale, intolérante et sanguinaire est singulièrement... insignifiant. Rappelons que les très chrétiens États-Unis d'Amérique exécutent annuellement plus de 40 personnes tandis que plus de 3000 autres y sont dans les couloirs de la mort.

La persécution des chrétiens dans l'Empire romain telle qu'elle est exploitée par l'Église depuis deux mille ans pour dissimuler ses propres crimes, bien réels ceux-là, systématiques parfois, d'une autre ampleur et d'une toute autre nature en tout cas (puisque, eux, c'est bien la liberté de conscience qu'ils visent), est donc une pure propagande. On aurait aimé que nos médias le disent, qu'ils interrogent au moins quelques historiens compétents plutôt que de répercuter comme des cloches les mensonges pontificaux ; probablement est-ce trop demander au pays du chanoine de Saint-Jean-de-Latran !

Rappelons pour finir cette phrase du grand catholique Louis Veuillot (1813-1883), qui semble chaque jour un peu plus en accord avec la pensée de notre Panzerpape, et que j'ai placée en épigraphe de la troisième partie de ma Quatrième Révélation : "Quand je suis le plus faible, je vous demande la liberté parce que tel est votre principe. Mais quand je suis le plus fort, je vous l'ôte parce que tel est le mien."

vendredi 21 mars 2008

Droit au suicide assisté, dérive commerciale des musées...

Ces jours-ci, j'ai l'impression que mon Or d'Alexandre est en pleine actualité.

Après la crise boursière qui justifie tout ce que mon Philippe boursicoteur (lequel a entrepris de se libérer de "l'aliénation" qu'impose le capitalisme à tous ceux qui ne détiennent pas le capital, en tentant d'en exploiter les failles) dit des instruments financiers pervers dont l'usage fou favorisé par les dérégulations tous azimuts des dernières décennies ne pouvait aboutir qu'à une crise ;

après la mort de Lucilia Semedo de Veiga (28 ans) au pays des Droits de l'homme et à la prison de Fresnes (où est enfermée ma Marion de L'Or d'Alexandre ; elle y assiste à une scène comparable), le 18 janvier, dans une indifférence quasi générale et celle, notable, de Melles Rachida Dati et Rama Yade (on a pourtant laissé mourir une jeune femme EN DÉTENTION PROVISOIRE, c'est-à-dire en droit, INNOCENTE, à qui l'on n'a administré pendant des semaines alors qu'elle souffrait, seulement du Doliprane et des injonctions à "arrêter son cinéma"), et après plusieurs récents suicides dans nos prisons à l'état chaque jour plus intolérable dans un État qui se veut civilisé et qui est l'un des plus riches du monde ;

après qu'un chercheur israélien eut confirmé l'hypothèse que j'avance dans ce même Or d'Alexandre que tous les emmerdements qui se sont abattus sur l'humanité depuis l'apparition sur terre des monothéismes est due à la consommation de plantes hallucinogènes par Moïse, le jour du buisson ardent, sur le Sinaï, où il inventa ledit monothéisme ;

après l'expo inaugurée à Jérusalem (et qui doit venir à Paris au début de l'été) sur les tableaux des collections juives spoliées par les nazis, expo que j'imaginais en écrivant L'Or d'Alexandre commencée voici deux mois et demi ;

j'ai senti la moutarde me monter au nez ce matin (alors que j'étais encore au lit) en entendant, sur France Culture, deux toubibs nous asséner les poncifs à quatre sous, en provenance directe du Vatican, sur le respect sacré de la vie, nous disant que l'euthanasie et le suicide assisté nous feraient changer de système de valeur, de société, de monde.

Tartuffes !

Ceux-là tiennent, sous le masque de l'éthique, le discours traditionnel de l'Église qui fait passer la morale transcendante devant le droit à disposer de sa propre existence et en toute conscience. Les Pays-Bas, la Belgique, le canton de Zurich sont-ils devenus des abattoirs à personnes âgées, euthanasiées plus ou moins de force par des familles impatientes de toucher l'héritage ou fatiguées de soigner leurs malades ?! Ceux-là alignent les à-peu-près et les contre-vérités : depuis quand la Belgique est-elle un pays de tradition protestante ?! Ignards en plus d'être tartuffes. Alors que, justement, le sud des Pays-Bas s'est séparé du nord pour former la Belgique en partie parce que l'occupation espagnole y avait maintenu une culture catholique radicalement différente des Provinces Unies réformées. Souvenez-vous du roi Baudouin (et de sa très grenouille de bénitier Fabiola, catholique façon Espagne franquiste) qui abdiqua provisoirement pour ne pas avoir à signer la loi autorisant l'avortement.

C'est en fait toujours la même chanson : les exemples de l'étranger sont pleins d'enseignement quand il s'agit de libéraliser l'économie, de déréglementer tout et n'importe quoi et de précariser les humbles, mais jamais lorsqu'il s'agit de reconnaître aux individus la maîtrise de leur vie.

Pourquoi serions-nous les seuls en Europe à avoir raison avec notre stupidissime politique de prohibition et pénalisation de la consommation des drogues douces, qui entretient le trafic et mobilise des moyens policiers qui seraient bien plus utiles ailleurs... pour quoi ? pour avoir les résultats les plus dramatiques d'Europe en matière de toxicomanie.

Pourquoi sommes-nous le seul pays d'Europe où une directive européenne justifie soi-disant l'interdiction à la sauvette du poppers ? Nous étions déjà le seul où, par la grâce du protestant Rocard, le vrai avait été interdit. Pure hypocrisie puisque chacun pouvait, par Internet le commander à Londres, Francfort, Vienne, Barcelone, Bruxelles ou Amsterdam. Et voilà que le conseiller municipal de Solesmes, élu par les moines et Premier ministre du chanoine de Saint-Jean-de-Latran nous interdit le faux. Pourquoi au juste ? raison de santé ! Rigolade !!! quand le Grenelle de l'environnement a pour principale conséquence la multiplication des pubs pour les diesels ! quand on taxe les malades, quand on met des lustres à désamianter Jussieu !!! Non, simplement pour nous empêcher de jouir comme nous l'entendons ; de la même manière qu'on veut nous empêcher de mourir quand nous le déciderons.

Pourquoi le mariage gay et le droit à l'adoption menaceraient-ils de mort la Famille, fût-ce celle façon Boutin, alors qu'elle ne la menace ni au Canada, ni en Belgique, ni en Espagne, ni en Grande-Bretagne ?

Pourquoi une loi reconnaissant aux citoyens sans Dieu et sans morale transcendante le droit de ne pas voir leur fin de vie dictée par les lobbys religieux et leur morale, nous ferait-elle basculer dans l'holocauste des malades et personnes âgées ? Tue-t-on les vieux et les malades qui ne le souhaitent pas, en Belgique, aux Pays-Bas et dans le canton de Zurich ? Y force-t-on des catholiques à se suicider ? Pourquoi admettrais-je que des médecins qui défendent comme un invariant une morale contingente, une morale catholique, m'empêchent de mourir si je le décide, si je décide que les conditions dans lesquelles je dois vivre ne correspondent plus à l'idée que j'ai de ma vie et de ma dignité ?

Faudra-t-il encore longtemps subir leur Diktat, contraindre ceux qui veulent en finir à l'indignité d'une mort volée, ceux qui les aident à la honte du tribunal ? obliger mon Philippe, un des héros de l'Or d'Alexandre, à "déménager pour Amsterdam" s'il décide de mourir.

Ces médecins-là sont les dignes héritiers de ceux qui, au nom du respect de la vie et de la morale, ont fait obstacle pendant des décennies à la morphine contre la douleur, parce que c'était mal de se droguer et rédempteur de souffrir ; les héritiers de ceux qui ont empêché pendant des décennies les femmes d'accoucher sous péridurale parce que Dieu avait dit qu'elles devaient enfanter dans la douleur ; les héritiers de ceux qui ont condamné les mêmes femmes qui voulaient avorter, jusqu'à la loi Veil, au nom du même respect sacré dû à la vie, à subir des curetages sans anesthésie ou à mourir d'infections, ou bien, déjà à faire le voyage d'Amsterdam ou de Londres... quand elles en avaient les moyens financiers.

Dernière chose là-dessus, à ces Diafoirus à la bouche pleine de morale et de respect sacré de la vie : le suicide, avant le christianisme, était un usage social parfaitement reconnu, dans la société romaine par exemple, par les Stoïciens notamment, qui n'étaient ni des hommes sans éthique (faut-il rappeler encore, toujours, que la morale n'est pas la morale catholique, qu'elle est contingente, culturelle, qu'elle n'est pas absolue, invariante, transcendante !?), ni des hommes insoucieux de la dignité due à chaque être humain (non à la vie... c'est autre chose ! la vie n'est pas sacrée en soi, la dignité et la liberté de l'être humain le sont) - la dignité... concept, qu'ingénument et tragiquement, l'un de nos deux Diafoirus avoua être à lui totalement étranger ! Dans ce monde-là, dans ce monde qui reconnaît à l'homme la liberté suprême de disposer de lui-même, le problème n'est pas de durer en souffrant le moins possible, c'est d'atteindre l'ataraxie, l'absence de trouble, la sérénité et d'en finir, quand on le décide parce que, à ses propres yeux, les conditions ne sont plus réunies pour continuer.

À mes yeux, comme je l'ai écrit dans ma préface à la réédition du ''Parce que c'était lui'' de Roger Stéphane, la mort de cet homme fut admirable, et sa lettre d'adieu une réponse définitive, pour moi, à toutes les objections de tous les cathos et autres tartuffes qui prétendent continuer à nous imposer leurs valeurs jusqu'à nous empêcher de rentrer vivants et conscients, volontairement, au tombeau.

« Je me rappelle le cercueil couvert de tricolore, dans le courant d’air glacial, sous la colonnade du Palais Royal, où ceux qui l’avaient connu et aimé se retrouvèrent une dernière fois autour de lui, dans le « respect dû à la libre détermination d’un athée ». Je me rappelle aussi qu’il a confié son chien à un restaurateur (auquel il avait laissé une ardoise aussi bien sûr)… pour être certain, au moins, que ce chien chéri serait bien nourri. Je me rappelle surtout la lettre d’adieu à ses amis publiée dans Le Nouvel Observateur, à la fois légère et poignante :

« Je suis fauché. Bon (…) quelques originales, le bureau de J.-J., je pourrais me remettre une fois à flot. Mais ensuite ?… Mes retraites ne payent que mon loyer (…). Mais surtout, je suis fatigué. Je n’ai plus de souffle ; mon cœur est incertain ; mon rein s’est réveillé (je ne peux écrire cette phrase sans penser aussitôt à celle d’une aliénée que je vis à Sainte-Anne à la fin des années 40, que j’interrogeai sur les conditions de son internement et qui me répondit : « Ça va, mais on m’a enlevé mon rein quand les Allemands l’ont franchi…» . (…) Ce serait aussi supportable si ma capacité de travail et de réflexion était intacte : en deux ou trois ans, je ne suis pas venu au bout/terme du Malraux que j’aurais pourtant bien voulu finir/terminer. Je ne le sens plus ; je sens que je rabâche. Voilà. Je vais m’étendre définitivement. J’écrivais tout à l’heure que rien n’est plus ridicule qu’un suicide sans cesse ajourné. Je me trompais : un suicide manqué est encore plus ridicule. Mais je prends toutes les précautions : absorption de deux flacons de Digitaline, plus le revolver, si besoin. Je vous embrasse tous . »

Ou la mort d’un aventurier en vieux Romain… »

Et puis il y eut, pour accompagner mon petit-déjeuner, l'excellentissime émission La Fabrique de l'histoire : les critiques y critiquaient l'expo Marie-Antoinette... ou lorsque les musées n'en ont franchement plus rien à foutre du contenu, de l'histoire, de la pédagogie, de la culture, pourvu qu'ils attirent le chaland français, mais aussi américain et japonais, en promettant à Margot sa larmichette, en privilégiant l'émotion sur la réflexion, en catapultant le visiteur dans l'univers d'un navet à succès plutôt qu'en essayant de lui expliquer ce que furent le contexte qui donna naissance à la révolution, et les ressorts de la contre-révolution ; ou lorsque le contenant compte infiniment plus que le contenu ; ou lorsque la com et les benéf comptent infiniment plus que ce que l'on a dire : parfaite métaphore du Sarkozysme ! Dérive commerciale des musées, transformation des expos en parcs de loisirs, démantèlement de toute politique culturelle et renonciation à tout ce qui a présidé, il y aura bientôt 40 ans à la création d'un ministère des Affaires culturelles dont on ne sait plus aujourd'hui, à la tête de l'État, s'il convient d'en commémorer la naissance ou le tuer avant, à moins qu'on ne choisisse, comme pour la Résistance, de commémorer pour en mieux étouffer l'esprit : c'est l'un des coeurs, l'une des motivations essentielles qui m'ont fait écrire L'Or !

Bienfaiteur de l'humanité

Jean-Claude Malgloire est de ces précurseurs, un de ces artistes qui ont fait plus pour rendre la vie plus belle que la plupart des fausses gloires (artistiques, littéraires, politiques...) plus ou moins faisandées qui monopolisent de nos jours l'intérêt des médias.

Jean-Claude Malgloire a créé la Grande Écurie de la Chambre du Roy en 1966, dit le programme de l'Orlando de Haendel que je suis allé écouter (en version de concert) avec une de mes amies les plus chères, avant-hier soir au Théâtre des Champs-Élysées.

Jean-Claude Malgloire est de ceux qui, en France et dans le monde, ont ressuscité la musique baroque tuée par le goût bourgeois, de ceux qui ont fait ensemble un travail extraordinaire de chercheurs et d'artistes pour exhumer les partitions oubliées, redonner à cette musique des instruments qui n'existaient plus, former des musiciens, des chanteurs, des danseurs...

L'aventure de la redécouverte et de la renaissance de la musique baroque après la deuxième guerre mondiale est probablement l'une des plus belles entreprises culturelles du siècle passé, conduite par des passionnés, des chefs comme Malgloire, Harnoncourt, Gardiner, Pinnock, Herreweghe et William Christie bien sûr ; des voix extraordinaires comme Lesne, Jacobs ou Bowman - mon préféré, sans conteste.

Cette aventure-là aura apporté à quelques-uns dont je suis un supplément de bonheur, de jouissance, de sérénité, dont Malgloire a sa part : M. Malgloire, je vous le dis comme je le pense, vous êtes un bienfaiteur de l'humanité !

Bon, à part cela, la soirée d'avant-hier n'était pas inoubliable. L'Orlando n'est pas l'opéra de Haendel que je préfère. Même si la partition est pleine de beautés, elle ne me transporte pas comme le Giulio Cesare in Egitto, mon Haendel préféré. Il y a, à mon goût, trop de tunnels et de langueur entre les coups d'éclat et les vertiges de sensualité ou de virtuosité qui font de Haendel, à mes oreilles, un des dix plus grands musiciens de tous les temps.

Restait l'incroyable magie de la voix des contre-ténors (on rêve toujours de savoir quelle serait la différence si l'angélique monstruosité de l'institution des castrats avait survécu). Malheureusement, Christophe Dumaux, qui tenait le rôle titre... On l'a senti tout de suite : le timbre est exceptionnel, la richesse des nuances prometteuse, la prestance en scène et la... beauté doivent faire miracle dans une version mise en scène, mais il lui manquait cruellement la puissance.

C'était la première fois que j'entendais ce chanteur dont la carrière est fulgurante. Je ne peux dire qu'une chose : il m'a séduit mais il ne m'a pas convaincu. Sans doute n'était-il pas en forme ce soir-là. Cela arrive à tout le monde, mais on avait mal pour lui à tendre l'oreille dès que l'orchestre prenait le relai des clavecins. La version concert ne pardonne rien : l'orchestre n'est pas dans la fosse mais sur la scène, derrière les chanteurs, si bien que... plus d'une fois, on a eu envie de demander à M. Malgloire de baisser le son.

Et la faiblesse de M. Dumaux était d'autant plus flagrante et cruelle que le reste de la distribution était impeccable : très belle basse d'Alain Buet, deux sopranos de grande classe, Mmes Eléna de La Merced et Yvette Bonner qui nous a gratifiés de moments de grâce pure, avec une mention spéciale à l'autre contre-ténor, Jean-Michel Fumas, dont la voix a sans doute moins de velouté, de raffinement, mais qui, lui, est audible sans effort depuis le poulailler, ce qui, tout de même, est la première des qualités au concert.

mercredi 19 mars 2008

Le président se réforme et tire les leçons de sa raclée municipale !

En effet...

Le candidat qui ne jurait, avant son élection, que par un Gouvernement resserré, vient de créer six maroquins dont un, "la famille", évidemment indispensable, créé spécialement pour une battue du suffrage universel - on nage, comme d'habitude, en pleine cohérence - et un autre au "Grand Paris", évidemment créé pour embêter Bertrand, reconduit, lui, et brillamment, par ce même suffrage, avec en prime un sous-ministre à l'aménagement d'un territoire qu'on désaménage systématiquement depuis vingt ans, tous gouvernements confondus - celui de Fillon s'étant déjà singulièrement illustré en la matière par les fermetures de services publics dans les campagnes, l'irresponsable politique hospitalière, le démantèlement des politiques culturelles organisé par la dame Albanel ou les suppressions des postes d'enseignants à venir.

La leçon de la raclée a donc bien été tirée : six secrétaires d'Etat en plus ! d'un coup... C'est l'évidence, ils manquaient cruellement !!! avec un Gouvernement resserré qui compte désormais, si je ne me trompe, 37 membres, les choses ne peuvent aller que de mieux en mieux et le peuple ne peut être qu'immensément satisfait de voir avec quelle rapidité on a tiré les leçons de son verdict ! - sans compter les économies en matière de train de vie de l'Etat, priorité sarkozienne s'il en est !

Pour mémoire, le Gouvernement qui a le plus réformé la France durant le dernier siècle, celui de Michel Debré, comptait 26 membres. En fait, on se rapproche dangereusement du record toutes catégories détenu par l'un des Gouvernements les plus inefficaces que la France ait connu, celui de Chirac, en 74, qui comptait 43 membres... Donc si je comprends bien, à la prochaine fessée électorale on devrait encore gagner six secrétaires d'Etat au moins, et du coup Sarko 4 devrait égaler - ou qui sait ? - dépasser Chirac 1.

Deuxième grande nouvelle : dans l'affaire du SMS, Caligula accorde son pardon et renonce à livrer un journaliste aux fauves. On respire ! et l'on attend avec impatience les commentaires de Caligulette annoncés pour Le Monde de ce soir. Le Monde, le quotidien français de référence...

Troisième grande nouvelle : Martinon-non-non et Benamou-dur-dur, le cireur de pompes des princes, sont virés, tandis que Pégard-gare-gare est promue ! Mais qu'on se rassure, les deux renégats ne seront pas jetés aux murènes. Le premier devrait atterrir au consulat général de New York, et le second à la Villa Médicis. Le prince est bon, Caligula a la clémence franchement augustéenne ! Seul problème, il semble que la Villa ait été auparavant promise à OPDA... Pfff ! Il paraît que l'empereur professe qu'il est difficile de conquérir le pouvoir mais bien aisé de l'exercer ; même avec un peuple d'aussi mauvais coucheurs et des sujets dont il faut ménager l'ego à ce point démesuré ?

Pour mémoire, rappelons qu'un des engagements les plus répétés du candidat était de rompre avec la pratique des nominations de convenance, réservées aux séides et aux affidés, que celles-ci ne devaient plus désormais prendre en compte que la compétence et réunir un consensus politique. Après la Légion d'honneur de la dame Balkany, la nomination de la femme du ministre débauché (je ne fais là nul allusion malsonnante à sa vie privée, juste à l'opération de débauchage qu'on nomme "ouverture" chez Caligula) des Affaires étrangères, ces deux nominations montrent que, là aussi, on est sur la bonne voie et qu'on tient scrupuleusement ses engagements.

Quatrième grande nouvelle : Caligula enfile enfin la toge impériale ! La preuve par la presse ? Hier, aux Glières, malgré l'infernale réverbération due à la neige, l'empereur n'a chaussé ses Ray-Ban qu'une fois éteintes les caméras. Et après ça les esprits chagrins oseront encore prétendre qu'il est incapable de se réformer, qu'il n'a pas entendu la vox populi, qu'il n'en a pas saisi tout le sel et tout le sens ?! Une question cependant me taraude : va-t-il renoncer aussi à l'une de ses gourmettes ?

Pour mémoire, de plus en plus de Français crèvent la gueule ouverte, de plus en plus de retraités font la fin des marchés pour ramasser les fruits et légumes que laissent les commerçants sur le pavé. Pour mémoire la taxation des malades chroniques bat son plein... "afin de sauver la Sécu", dixit les faux-culs de l'UMP, Bertrand et Bachelot (on l'aimait bien pourtant, celle-là, depuis son acte de courage au moment du débat sur le Pacs... et jusqu'à ces ignobles franchises) qui ne nous prennent pas pour des moitiés d'imbéciles. Pour mémoire, Mme Merkel, elle, toute conservatrice qu'elle soit, figurez-vous qu'elle a trouvé une autre solution : elle ne taxe pas les humbles malades, elle limite les remboursements des riches. Quelle horreur ! priver de remboursements l'irréprochable Mme Parizot, tous les "frères" millionnaires de Caligula, les fluidificateurs de l'UIMM... IN-CON-CE-VA-BLE ! Non seulement cette diablesse allemande qui fait ses courses elle-même et qui n'a pas de Rolleix est imperméable au charme de celui qu'elle appelle le président Duracell et allergique à ses foucades irresponsables, mais en plus elle va donner des idées aux humbles qu'il existe d'autres solutions que de les assommer chaque fois qu'on rencontre un problème. Qu'il ne s'agit pas seulement de faire des réformes, mais des réformes JUSTES. Serait pas un peu communiste, cette grosse Teutonne qui ne s'habille même pas chez les couturiers de Caligulette ou Rachida ?!

Tiens, au fait, je suis heureux pour une fois de cotiser... à ma mutuelle ; j'ai reçu, hier, le numéro trimestriel de sa revue.

Pour le reste, au salon du livre de Paris et malgré l'alerte à la bombe de dimanche (pour le moins prévisible... je n'étais pas pour le boycott, mais cette invitation, dans les circonstances actuelles, sans le moindre souci d'associer des écrivains de toute la Palestine était à l'évidence inopportune et ne pouvait qu'aboutir à de telles conséquences), L'Or d'Alexandre a rencontré son public au cours de mes trois séances de signature. Je n'ai jamais autant signé dans un salon du livre de Paris : merci à Athéna et Hermès, donc ; merci à tous ceux, connus ou non, qui vont se plonger dans ce livre. Bonne lecture !

vendredi 14 mars 2008

Foutage de gueule !…

Et dans les grandes largeurs encore ! À l’instant, je rentre de chez Nicolas où je suis allé quérir les fluides qui arroseront mon demi-siècle, ce soir, et soudain une affiche me saute aux yeux, une pub pour nous dire d’aller voter, avec cette incroyable légende :

« Ma voix aura le dernier mot »… Non vraiment ! ils osent !!!

Un mois et quelques après que Caligula nous a administré par lavement, avec la complicité des deux assemblées, à l’exception d’une poignée de parlementaires encore respectueux de la souveraineté populaire, le traité européen que le peuple français avait massivement repoussé par référendum : quelle audace ! quelle ironie grinçante !! quel foutage de gueule !!!

« Ma voix aura le dernier mot »… alors que justement nos voix ne l’ont pas eu, qu’il a fallu moins de trois ans pour les balancer où je pense et tirer la chasse. Non vraiment, il n’y a plus aucune décence dans ce pays.

J’irai voter Delanoe dimanche, bien sûr. Mais sans aucune illusion sur le fait que ma voix puisse avoir le dernier mot face au président, à ses séides et à ses affidés qui ont déclaré la guerre à tous les gens honnêtes et humbles de ce foutu pays où la démocratie est chaque jour plus formelle et chaque jour moins réelle, face au président et à ses « frères » dont les revenus explosent, quand mes parents de 80 ans qui ont commencé à travailler à 14 n’arrivent plus à vivre décemment avec leur retraite, face aux cris de vierge effarouchée de la patronne du CNPF devant les trafics de millions des vilains méchants loups de l’IUMM dont la brave femme ne savait rien – croix de bois, croix de fer ! –, face à la soi-disant franchise médicale qui est surtout une vraie taxation des malades chroniques, des séropos, des handicapés, des vieux, des diabétiques, etc.

« Ma voix aura le dernier mot »… quelle pitié !

J’irai voter dimanche, par esprit de Résistance contre tout cela mais sans aucune illusion que le PS représente une alternative, même très vaguement crédible, à toutes ces agressions dont les gens honnêtes et humbles de ce pays souffrent chaque jour davantage ; parce que c’est le PS qui, à Maastricht, a désarmé l’État et donné l’essentiel du pouvoir économique aux irresponsables de Francfort qui nous feront crever en excellente santé comme les médecins de Molière ; parce que c’est le PS qui a consenti au désarmement douanier européen qui met nos travailleurs en concurrence avec le prolétariat du Tiers-Monde ; parce que c’est le PS qui a accompagné le discours dominant sur le déficit de la Sécu, les retraites, etc., sans jamais dire qu’il n’y aurait plus aucun problème de ce côté-là si on en revenait seulement à la répartition des plus-values entre le capital et le travail au niveau où elle était dans les années 60… époque où, comme chacun sait, la France était dirigée par le dangereux communiste de Gaulle.

« Ma voix aura le dernier mot » : rions-en avant que d’en pleurer !

jeudi 13 mars 2008

Un lecteur m'écrit...

Ce site m’a déjà réservé quelques bonnes surprises, par les contacts qu’il génère, voici la dernière en date. Le 6 mars, un lecteur amoureux de la Grèce m’écrivait qu’il avait eu le regard attiré par la couverture du Plongeon, qu'il l’avait acheté sans plus regarder, puis qu'il avait eu un temps d’arrêt en l’ouvrant et en s’apercevant que les personnages étaient homos – ce qu’il n’est pas. Puis ce lecteur me remerciait d’avoir écrit ce roman, ajoutant quelques gentillesses qui vont droit au cœur de l’écrivain dont la nature est quelque peu égocentrique.

Mais ce premier échange m’avait aussi fait plaisir parce que, en quelque sorte, il validait ma volonté d’écrire des livres dans lesquels l’homosexualité soit très présente, ni frappée de malédiction ou vécue dans le malheur, ni soi-disant provocatrice ou prétendument dérangeante, des livres qui parlent de la vie des pédés d’aujourd’hui, naturellement en somme, parfois crûment même, mais qui ne soient pas des livres écrits par un pédé pour les pédés, qui mélangent à cet aspect-là les autres aspects de toute vie (les pédés, en tout cas moi et ceux que je connais, ne sont pas que pédés), des histoires où se mêlent la rumeur du monde, les tragédies de l'histoire et le vent du large.

Et puis voilà qu’hier, ce lecteur récidive et m’écrit qu'il vient de lire L’Or d’Alexandre. Et du coup, en lui répondant ce matin, j’ai eu envie de poster la partie qui suit de cet échange, parce que là encore, ce lecteur avisé touche un point fondamental, pour moi, dans le passage à l’acte d’écrire.

« J’avais bien aimé, m’écrit-il, le processus narratif du Plongeon, le présent puis le passé lointain, l'action évoluant dans le présent, le passé moins lointain, les petites touches de vie successives qui éclairent chacun des personnages. Ici vous avez choisi de donner « la parole » à chacun des interlocuteurs de façon successive et équilibrée : bien vu, cela nous donne une liaison directe, si je peux dire, avec le personnage.

Dans L'Or, on est aussi dans un déroulement de l'action et du temps plus classique, l’action se déroulant du début jusqu'à la fin dans la même durée du temps, avec quelques retours en arrière pour donner vie aux personnages, pour les expliquer, rien que de plus classique dans un trilleur (en passant, j’adore sa manière d’écrire ce mot, comme j’écris toujours coquetèle ou ouiquende : l’appropriation orthographique est une des voies pour sortir de l’impérialisme anglophone, pour refuser l’abdication des pédants actuels qui se croient modernes, alors qu'il ne sont qu'imbéciles, en truffant leur discours généralement creux de mauvais anglais) mais c’est très bien réalisé.

J'ai commencé L'Or jeudi soir tard après mon début de lecture de Courrier International, neuf chapitres pour commencer cela met bien en appétit, un autre chapitre dimanche soir puis vingt hier et fin du livre pour cette soirée. »

Outre qu’il est toujours valorisant qu’un lecteur vous dise avoir lu le pavé que vous avez mis deux ans et demi à écrire en trois « sessions », ce message m’a donc particulièrement touché ; voici pourquoi, dans la réponse que je reproduis ici parce que je me suis dit (en toute modestie, pour laquelle je ne crains personne) qu’elle pourrait avoir un intérêt aux yeux de ceux qui en ont (de l'intérêt) pour mes livres.

« Merci pour ce nouveau message !

Que vous ayez ainsi enchaîné deux Delorme, et que vous ayez l'intention de poursuivre constitue le compliment qui peut toucher le plus un écrivain ! Puis-je vous dire que Le Château du silence est mon petit préféré ?... peut-être parce que, comme pour tous les parents, on chérit davantage celui qui a eu le moins de chance. Surtout parce qu'il s'agit du livre que j'ai écrit dans le plus grand état de nécessité, avec le plus grand sentiment d'urgence, le seul - jusqu'ici - que j'ai écrit d'un bout à l'autre à Nisyros et en ayant, parfois, le sentiment de n'être pas tout à fait seul derrière mon clavier.

Ce que vous dites sur la narration aussi me plaît beaucoup, parce que c'est cela qui, pour moi, est premier au moment où je me mets à écrire. Bien sûr, l'histoire, les personnages, le suspense ou l'humour sont également importants, bien sûr j'essaye toujours , comme le grand ancêtre Voltaire, "d'écrire pour agir" et j'ai toujours un ou des objectifs "politiques" en les concevant, mais je ne me lance jamais dans un nouveau roman tant que je n'ai pas l'idée de la structure narrative qui leur est indissociable à mes yeux. Et à cet égard, L'Or est le premier de mes livres qui soit linéaire dans son déroulement, la seule discontinuité étant l'alternance des voix et le choral de la fin.

C'était en quelque sorte pour moi un défi de ne casser le récit par rien (au contraire du journal intime du narrateur dans Les Ombres, des chapitres sur l'île, des procès-verbaux du capitaine et des flachebaques (aussi joli que trilleur, non ?) dans Le Plongeon, des poèmes en prose dans Le Château, des manuscrits décryptés de la vie non autorisée de saint Paul dans La Quatrième Révélation), même si l'histoire de Béatrice Obadia Nassi et celle de Slavko ne respectent ce principe que par artifice narratif. Cette linéarité m'avait jusque-là semblé intenable, j'avais peur d'ennuyer d'être incapable de maintenir la tension sans éclater d'une manière ou de l'autre le cadre narratif. Pour moi, cette fois, le défi formel était celui-là, et je suis heureux que vous estimiez que je l'ai bien relevé ! »

lundi 10 mars 2008

Deux excellentes nouvelles ! Ce n'est pas si fréquent...

La défaite à Tourcoing de ce Vanneste que Sarkozy et l’UMP avaient juré ne plus vouloir investir – quelques semaines avant de se parjurer. Merci aux citoyens de Tourcoing ! Incontestablement, on respire mieux dans ce pays, depuis hier soir, quand on est pédé. Pour le reste, on verra à l’heure des comptes, la semaine prochaine.

Et puis, en Espagne, la victoire de l’ouverture d’esprit sur l’éternelle coalition des post-franquistes et des corbeaux. Le social-libéralisme n’est pas vraiment ma tasse de thé, mais au moins la gauche espagnole, elle, n’a pas honte d’être de gauche ; elle sait écouter les aspirations de la société et y répondre ; elle ose dépénaliser l’usage du cannabis et établir la totale égalité des homosexuels face au mariage et à l’adoption ; elle ne met pas en devanture une Boutin vaguement colorée de rose qui, en tentant de concurrencer la réaction sur son terrain, ne pouvait que perdre des élections imperdables.

La haine qu’a déchaînée Zapatero en établissant le mariage gay et en remettant en cause l’équivoque historique sur laquelle a été fondée la transition démocratique me le rend éminemment sympathique. Équivoque historique, car la transition a eu pour prix la non punition des criminels franquistes et la non reconnaissance de leurs crimes. En Grèce, les Colonels ont été jugés et condamnés ; Papadopoulos est mort en prison. Fraga Iribarne a fondé le Parti populaire et présidé des années durant la Galice ; le franquisme n’a jamais été reconnu pour ce qu’il est : le résultat d’un complot militaire appuyé par l’Église, un régime illégal, illégitime et criminel – sa durée et son anticommunisme qui l’a soudain rendu acceptable pour cause de Guerre froide n’y changent rien.

Zapatero a eu le courage idéologique de le dire en faisant établir le droit à indemnisation des victimes du franquisme. En s’attirant aussitôt la réplique de l’alliée de toujours du régime fondé sur le « Viva la muerte ! » et l’assassinat du poète (pédé) Garcia Lorca, l’Église catholique, apostolique et romaine qui, Benoît XVI en tête (ce pape pour lequel le peuple allemand n’a point de responsabilité dans le nazisme), béatifie les victimes de la guerre civile… Pas les 1700 morts du sauvage bombardement de Guernica, pas les centaines de milliers de prisonniers sans jugement, de torturés et de fusillés par les troupes du très catholique Franco. Non ! 498 martyrs des républicains bien sûr ; des prêtres et des bonnes sœurs accrochés aux privilèges d’une société cléricale vivant depuis des siècles sur la misère noire du peuple, qui lui prêchaient la soumission, l’obéissance et la résignation ; qui, malheureusement mais inévitablement, ne pouvaient qu’être victimes du réveil de ce peuple.

Zapatero n’a pas cédé aux intimidations de l’épiscopat, des « familles » et des post-franquistes. Il a tenu le cap de la justice et le peuple lui a donné raison.

Ce dimanche fut donc un bon dimanche.

Pour nous, il reste maintenant à transformer la gifle donnée hier à un pouvoir autiste, sourd et aveugle aux souffrances des humbles qui augmentent chaque jour, qui chaque jour se rapprochent de l’insupportable, en une véritable torgnole.

Reste à espérer qu’ensuite, le Parti socialiste se mettra enfin, enfin sérieusement au travail. Et qu’il entendra la leçon de la victoire de Zapatero : on gagne, quand on est à gauche, lorsque l’on est soi-même, lorsqu’on fait confiance à l’intelligence du peuple.

jeudi 6 mars 2008

Retour de l'île de N. : bienvenue au Sarkoland !

Aller-retour express pour la grande île de N. (désolé ! si vous voulez en savoir plus, il faudra lire Le Plongeon… 8,60€ seulement, maintenant qu’il est en poche, allez ! un bon mouvement, il faut bien que les auteurs vivent si vous voulez qu’ils continuent à vous écrire de beaux livres), afin d’apposer ma signature sur l’acte d’achat de notre maison sur le volcan de K.

Dix ans après mon retour, voilà que nous avons fini par trouver, cet été, le repaire dont je rêve depuis des lustres : un balcon sur l’Égée… quelques îles et la côte d’Asie mineure.

Après six mois de formalités (mille mercis à maîtres Stavrou, Fortsakis et Pitsilis, pour leur amitié, leur efficacité, leur accueil : décidément, la philoxénie, en Grèce, reste une réalité incroyablement vivante !), une fois l’autorisation obtenue des Forces armées helléniques, nous voilà proprios pour la première fois de notre existence – tout juste entre les 49 ans de Frédéric et mon demi-siècle que nous "fêterons" en plein salon du livre.

En principe, dès l’année prochaine, je devrais me réfugier là-bas quelques mois dans l’année… pour écrire. Je n’écris nulle part ailleurs comme là-bas. Là-bas, les idées me viennent aussi facilement que les mots. Là-bas c’est chez moi. Et chez moi, désormais, nous avons un chez nous. Un chez nous, sans avoir à subir l’épreuve initiatique des travaux que Marc, Mathias et Iris ont dû affronter avant de pouvoir s’installer dans la maison de l’olivette de la Veuve pendue (désolé ! si vous voulez en savoir plus, il faudra vraiment lire Le Plongeon…). Parce que nous avons racheté ce chez nous-là à des Anglais qui, eux, l’ont affrontée à notre place il y a dix ans.

Reste à sacrifier à Athéna. Elle était perchée, sous la forme d’une chouette bien sûr, sur le fil du téléphone, lorsque nous sommes allés visiter « notre » maison, cet été, pour la première fois. Et lorsque je lui ai demandé si nous pouvions acheter, elle m’a fait un signe de tête de haut en bas… et pas de bas en haut, ce qui signifie qu’elle me répondait en français et non en grec (voir encore Le Plongeon).

Reste à sacrifier à Poséidon (dont le temple se trouvait, à K., non loin de l’actuelle église de Stavros, autrement dit « la croix ») qui, comme chacun sait, écrasa le titan Polypsophis sous un rocher lancé depuis N., un rocher qui est devenu l’île de K. Poséidon étant en outre l’ébranleur des terres, autrement dit le dieu des tremblements de terre, je l’invoque ici publiquement afin qu’il nous soit favorable et qu’il protège notre chez nous.

Comme j’invoque l’immobile Hestia qui veille sur les foyers, et Hermès qui veille au seuil de chaque maison, afin que l'un et l'autre protègent notre foyer et notre seuil ; et comme j’invoque encore Héphaïstos, le sublime métallurgiste boiteux, le concepteur des mécaniques les plus subtiles, qui travaille dans tous les volcans, afin qu’il surveille sa forge de K., qu'il nous garde, lui aussi, de tout... désagrément de ce côté-là.

Bref, je suis heureux ! Je le serais davantage encore, bien sûr, si ces dames et ces messieurs de la presse sarkolandaise voulaient bien lire L’Or d’Alexandre. Mais là-dessus, je ne peux guère m’en remettre qu’à mon attaché de presse adoré… et à Hermès bien sûr, le dieu des médias et de tant d’autres choses (désolé ! pour en savoir plus, il faudra lire aussi La Quatrième Révélation) à qui j’offre régulièrement une coupelle de lait mêlé de miel, douceur dont il se régale – avec les langues d’animaux.

Bref, mais pourquoi intituler ce billet « bienvenue au Sarkoland » ? m’objecterez-vous avec raison. C’est qu’au retour de la grande île de N. le choc fut brutal : thermique d’abord – ciel bleu, soleil, 24°, tee shirt et douceur estivale pour arroser la maison à l’ouzo, mardi en début d’après-midi ; 4° en arrivant hier soir à Roissy.

Roissy : l’aéroport le plus mal foutu d’’Europe, le plus malcommode et le plus sale. Arrivée à 21h30 : naturellement, pas de toilettes ouvertes dans l’aérogare 2D plongée dans l’obscurité : pas de doute, vous êtes bien en France !

Naturellement pas la moindre indication claire sur l’endroit où s’arrêtent les bus Air France. Au comptoir de l’office du tourisme, on m’indique que c’est au 2B, par là, et que le dernier part à 22h30. Par là, c’est au bout du bout, naturellement sans un tapis roulant comme à Francfort, Munich ou Amsterdam : pas de doute, vous êtes bien en France !

Et quand j’arrive à la porte indiquée, pas la moindre info sur les bus en direction de Montparnasse, l’accueil des cars Air France fermé : pas de doute, vous êtes bien en France !

J’avise deux bagagistes sur le trottoir. – Pardon messieurs, c’est bien là le car pour Montparnasse ? – Oui. – Le prochain est à quelle heure ? – Je ne sais pas quelle heure il est, mais le dernier est à 21h00. – Là-bas on m’a dit à 22h30. – Ben on vous a menti, qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ?!

Un car arrive.

– Et celui-là où va-t-il ? – Vous n’avez qu’à demander au chauffeur. – Bonsoir Monsieur, où allez-vous s’il vous plaît ? – Moi ? Nulle part.

La moutarde commence à me monter au nez. Je m’éloigne pour ne pas devenir grossier et tombe sur une plaque, habilement peu mise en valeur, sur laquelle ne figure aucun renseignement à propos des cars pour Montparnasse, mais où il est spécifié que ceux pour la Porte Maillot fonctionnent bien jusqu’à 22h30. Je reviens vers mes bagagistes.

– Vous ne pouviez pas me dire que ce sont les cars pour la Porte Maillot qui fonctionnent jusqu’à 22h30 ? – Moi ? ! mais je ne suis pas payé pour donner des renseignements.

Pas de doute, vous êtes bien en France ! Le pays où plus rien ne fonctionne correctement, où la moindre entreprise suppose une redoutable épreuve pour surmonter la mauvaise humeur et la sarkonnerie ambiantes.

Je vais donc prendre la file pour attendre un taxi… un charmant garçon originaire du Cambodge, qui n’attend pas cinq minutes avant de commencer à s’en prendre aux noirs et aux Arabes. Pas de doute, vous êtes bien en France ! Bienvenue au Sarkoland ! première destination touristique au monde.

PS : vérification faite, après la presse russe qui publie une photo de la présidente à poil sous un manteau de fourrure et la presse espagnole à poil dans ses bottes (une question me taraude : avec quel accessoire, L'Osservatore romano, organe de ce Vatican si cher au coeur du chanoine de Saint-Jean-de-Latran, choisira-t-il de montrer la présidente en tenue d'Eve ?), tout en s'interrogeant sur la santé mentale de son époux ; après avoir épuisé la patience de la sérieuse Mme Merkel ; le "pauvre con" est arrivé jusqu'à Kos et j'ai pu constater, à Athènes hier comme à Bruxelles où j'étais début février, que dès qu'on prononce le nom de notre gugusse national, c'est en rigolant de nous. Incontestable tour de force : Il aura réussi en moins d'un an à rendre la France ridicule.

dimanche 2 mars 2008

Deux excellentes soirées (Acte II : Ex Æquo Reims)

Jeudi soir, j’étais reçu à Reims par Ex Æquo, pour présenter mon Or d’Alexandre.

Ex Æquo est sans doute une des associations LGBT les plus anciennes, les plus nombreuses et les plus actives de France. Dans une ville où l’homophobie a tué, elle aide les victimes d’agressions et de discriminations, travaille à vaincre l’isolement des gays et des lesbiennes, à leur visibilité et à leur acceptation, développe une politique volontaire de prévention et d’éducation, ainsi que des activités conviviales, notamment autour de la culture.

J’avais déjà été invité deux fois à la Fnac de Reims, dans le cadre du festival des Bis Queers roses (le biscuit rose est un délice trempé dans le champagne !) à présenter Le Château du silence puis La Quatrième Révélation. C’est même lors de la première de ces rencontres que j’ai fait la connaissance de Michel Robert, qui est depuis devenu un ami, qui est à l’une des sources de L’Or d’Alexandre, sans l’aide et la confiance de qui ce livre – qui lui est dédié – n’aurait jamais pu être écrit.

Cette fois, j’étais convié à une soirée littéraire et je dois un grand merci aux organisateurs : grâce à eux, l’assistance était nombreuse ; grâce à Vanessa et Vincent qui animaient la soirée, grâce à leurs questions, à leurs remarques, au passage qu’ils m’ont fait lire, j’ai pu tenter de faire partager les passions qui m’ont poussé à écrire ce livre.

Je dois aussi un grand merci à tous les auditeurs qui m’ont patiemment écouté, qui sont venus ensuite échanger avec moi, me dire leur émotion, ou - comme Marie et Rachel - leur étonnement et leurs réflexions à propos de ma conviction que le couple gay n'a pas à singer un "modèle" hétéro, fondé sur la fidélité des corps qui n'est nullement un modèle éternel et invariant mais celui du XIXe siècle bourgeois, que le couple gay peut se vivre dans la durée tout en conciliant l'amour et le libertinage… le désaccord d'un autre sur ma manière d’attaquer le christianisme dont je pense qu'il est la racine et la sève, avec les deux autres monothéismes, de toutes les formes d’homophobie - des plus hypocrites aux plus sauvagement brutales.

Tous ces échanges ont été riches ; ils sont pour un écrivain, dans ce moment de doute intense qui est le début de la vie d’un de ses livres, dont il ne sait pas ce qu’elle sera, une chance et un bonheur !

Merci donc à tous ! et merci à Ex Æquo !

Avec une petite précision encore : L’Or d’Alexandre est bien disponible à la Fnac de Reims et devrait l’être bientôt chez Guerlin-Pivat.

samedi 1 mars 2008

Deux excellentes soirées (Acte I : Athéna, Thésée et Lully)

La première, mercredi, c’était au Théâtre des Champs Élysées, pour un très réussi Thésée de Lully (la musique) et Philippe Quinault (le livret).

Je suis un baroqueux depuis longtemps déjà – depuis que, à 16 ou 17 ans, j’ai découvert que le Te Deum de Marc-Antoine Charpentier n’était pas que le générique de l’Eurovision. J’aime le Grand Siècle, Racine, Saint-Simon, La Bruyère et les lettres de la princesse Palatine (pleines d’esprit, d’art du portrait, du cruauté sur la cour et les éternelles petitesses des grands hommes). Je considère Versailles comme une des dix merveilles du monde (malgré les aberrations du récent règne de la sinistre dame Albanel, ci-devant liquidatrice des politiques culturelles de ce pays ).

J’aime chez Louis XIV le jeune roi libertin, épris de danse, de lumière et de grandeur – le protecteur des arts et des plaisirs, le roi qui a fait lire, parler, rêver toute l’Europe en français. Sa volonté acharnée de domestiquer l’aristocratie. J’aime le roi qui fait passer la compétence avant le nom, qui s’appuie sur Colbert et Louvois, qui impose l’intérêt national aux féodaux.

C’est avec Louis XV et Louis XVI que la monarchie rompt le pacte qui unit le peuple et ses couches montantes au souverain. C’est la réaction aristocratique qu’ils ne savent empêcher ou que, par faiblesse, ils encouragent, qui engendre la révolution. Toutes choses que devrait méditer notre roi.

Je déteste chez Louis XIV l’époux de cette cul-serré de Maintenon (« la vieille ordure », « la vieille guenon » ou la « vieille ratatinée » sous la plume de la Palatine) qui assure le triomphe des cagots, la révocation de l’Édit de Nantes, les dragonnades et les horreurs des persécutions anti-protestantes, la cécité politique et la glaciation culturelle qui s’emparent de la France à partir du moment où le roi préfère aller à la messe qu’au théâtre, à confesse plutôt qu’au lit des belles :

« La cour devient si ennuyeuse qu’on n’y tient plus, car le roi s’imagine qu’il est pieux s’il fait en sorte qu’on s’y ennuie bien. C’est une misère quand on ne veut plus suivre sa propre raison et qu’on ne se guide que d’après des prêtres intéressés et de vieilles courtisanes ; cela rend la vie bien pénible aux gens honnêtes et sincères. » (Lettre de la Palatine du 1er octobre 1687).

Toutes choses que devrait aussi méditer notre pieux souverain.

Ce Thésée, lui, date de 1675 ; la période solaire du Grand Roi, alors qu’il n’est pas encore tombé dans les pattes des curés et de la vieille ratatinée. Solaire, comme la production du Théâtre des Champs Élysées et de l’Opéra de Lille où il sera monté en mars.

La partition est superbe, pleine de moments de grâce et de vitalité grandiose : tout ce que j’aime dans le baroque ! Et puis, pour l’auteur de L’Or d’Alexandre, que j’aurais pu intituler L’Or d’Athéna, la présence dans cette œuvre de « Minerve savante, guerrière Pallas », à qui est notamment dédié l’air sublime qui clôt le premier acte, fut en quelque sorte une divine surprise.

Rien à dire de la mise en scène due à Jean-Louis Martinoty : impeccable, classique, avec utilisation désormais rituelle de la vidéo (projections un peu longuettes et répétitives, malgré tout, de personnages venus des tableaux de Jérôme Bosch pour évoquer les tourments du Tartare déchaînés par la magicienne Médée). Mais rien non plus du choc (mon plus grand, au théâtre, toutes catégories confondues) que fut, il y a vingt ans l’Atys de l’Opéra comique dans la mise en scène de Jean-Marie Villégier – spectacle à jamais inoubliable, génial, j’ose le mot sans le galvauder, et que j’ai dû voir au moins trois fois.

La distribution elle aussi est impeccable : Jean-Philippe Lafont un peu déroutant au début, s’en tire très bien, Sophie Karthäuser est superbe, Paul Agnew... souverain. Nathan Berg, en Arcas, est mieux qu'irréprochable. Quant à Anne Sofie von Otter, à propos de qui, semble-t-il, il est de bon ton d’avancer qu’elle n’est plus ce qu’elle était, ce qu’elle est suffit en tout cas à mon oreille et à mon bonheur.

Encore faut-il dire quelques mots d’Emmanuelle Haïm, de l’orchestre et du chœur du Concert d’Astrée qu’elle dirige : on approche là de la perfection ! Elle et eux savent nous faire goûter tout des plaisirs ineffables que peuvent procurer les notes du divin Jean-Baptiste – des nuances les plus subtiles aux éclats les plus triomphants.