On mesure désormais l'étendue du désastre : trahison des mandats reçus lors des élections et du référendum, hors quelques aménagements symboliques sans portée réelle et qui feront l'objet de nouveaux chantages dans les semaines ou les mois à venir, au fur et à mesure que la situation de dégradera, mesures violemment récessionnistes qui vont enfoncer encore plus le peuple grec dans la tragédie qu'il vit depuis 5 ans et qui sont pires que les mémorandums Papandréou et Samaras réunis, illusion d'une renégociation de la dette qui n'aboutira à rien, sinon à un allongement symbolique des remboursements, et en plus, comme le relève aujourd'hui Romaric Godin, contrôle étroits des bailleurs de fonds maître-chanteurs qui ne verseront l'argent qu'au compte-gouttes afin de surveiller au jour le jour l'administration coloniale allemande que M. Tsipras a accepté de diriger.

Désormais les choses sont claires : cet homme et ceux qui l'entourent ont renié la totalité des engagements qu'ils avaient pris pour se faire élire par le peuple grec.

Comme l'écrit Panaghiotis Grigoriou, dans son indispensable blog "Greekcrisis", ce gouvernement de rencontre ne recule même plus devant l'inconstitutionnalité flagrante de la procédure qu'il emploie, des mesures qu'il veut imposer. Sur son chemin, il rencontre Zoé Konstantopoulou,, une femme remarquable, courageuse une volonté inébranlable. J'ai beaucoup d'admiration pour elle. Et plus encore depuis la nuit de jeudi à vendredi où je l'ai vu batailler toute la nuit, sur TV Vouli qui retransmettait en direct la conférence des présidents entre les deux sessions plénières... Elle a lutté tout la nuit, avec une énergie inépuisable, pour faire respecter le mandat que les Grecs ont donné à Syriza, un mandat qui est aujourd'hui trahi par Tsipras qui s'est mis dans la peau de Papandréou et qui finira comme Papandréou. Dans six mois, un an ou deux, je n'en sais rien, je n'ai pas de boule de cristal, mais c'est comme l'euro, ça ne durera pas parce que ça ne peut pas durer. Les effets désastreux de la capitulation de Tsipras ne tarderont pas à se faire sentir et il ne pourra pas éternellement jouer aux fiers à bras qui prétend avoir obtenu quelque chose alors qu'il n'a fait qu'obéir à ceux à qui il avait juré ne jamais obéir. Et qu'il a tout renié, jusqu'à la promesse de n'avoir plus recours aux procédures d'urgence et aux votes de nuit, à la sauvette, de textes que les députés n'ont pas eu le temps même de lire. Ce qui s'est passé à trois reprises depuis un mois, avec ces votes est une négation pure et simple de la démocratie, comme lors des deux premiers mémorandums et Vénizélos a, pour une fois, eu raison en demandant à Syriza de s'excuser des attaques portées lors de ces votes puisqu'il a fait exactement la même chose et pour faire adopter des mesures pires que les deux premiers mémorandums réunis.

Tout ceci, je le répète une fois de plus parce qu'il faut le répéter, constitue un déni, par et au nom de l'Europe et de l'euro, de démocratie, un coup d'Etat permanent.

Pour moi, ce fut, hier soir au Chambon-sur-Lignon, une conférence, à l'invitation de la Société d'histoire de la Montagne, sur "La Grèce et l'Europe, XIXe-XXIe siècle" : soixante-dix de personnes ; on a commencé à 21h00 et terminé à... plus de minuit.

La Grèce rassemble et elle passionne. L'accueil fut chaleureux, et ardente la discussion qui a suivi mon exposé.

Mais surtout, j'ai pu, une fois de plus, constater que la propagande euro-allemande, relayée par 90% des médias français, son gouvernement et les partis dominants, n'a pas pris. Les Français ne sont plus dupes et ils ont conscience que la Grèce est le laboratoire de ce qui les attend.

Ce qui est également intéressant, c'est qu'on peut parler désormais parler de l'indispensable sortie de l'euro, et de l'indispensable dissolution de cette monnaie absurde et criminelle, sans être soupçonné de "faire le jeu du FN". Comme en Grèce, les gens sont en train de comprendre les effets ravageurs de l'euro et sont prêts à entendre si on a le courage d'expliquer.