C'est la nouvelle du jour qui court partout sur le web, à la suite de la publication d'un institut de recherche allemand...

Oui et alors ? Ca étonne qui ? L'euro a justement été conçu pour enrichir les pays riches et appauvrir les pays pauvres. C'est étrange tout de même qu'on semble découvrir comment l'oeuf de Colomb tient debout.

Mais rassurez-vous, grâce à Tsipras-le Guépard (que tout change pour que tout reste comme avant), ça va continuer. Et vous allez encore entendre beaucoup "d'idiots utiles" de gauche qui vont vous expliquer qu'on va réformer l'euro et faire une Europe sociale... à la saint Glin Glin.

Hier, sur Facebook, l'ami Frédéric Farah (professeur de sciences économiques et sociales et chargé de cours à l'université Paris 3, postait le message suivant :

"L'histoire est nécessaire pour entendre le présent. Je me replonge dans les années 20 et particulièrement dans le rétablissement de l'étalon or (dont Keynes affirmait dans son traité sur la monnaie en 1930 qu'il était devenu "partie intégrante de la panoplie du conservatisme "... on pourrait dire cela de l euro aujourd'hui) par la Grande Bretagne et en particulier par Churchill. Le parallèle avec l'euro est troublant Je vous laisse un extrait du texte de 25 de Keynes sur les conséquences économiques de la politique de M Churchill : " La vérité est que nous nous situons à mi chemin entre deux théories de la société économique. Selon l'une des théories, les salaires devraient être déterminés en faisant référence à ce qui est "juste" et "raisonnable" entre les classes. L'autre théorie la théorie du mastodonte économique veut que les salaires soient fixés par la pression économique, autrement appelée "dure réalité" et que notre immense machine devrait foncer, avec pour seule préoccupation son équilibre d ensemble et sans égard aux conséquences imprévues sur le trajet pour les groupes particuliers."

Nous en sommes encore la. L'UE a choisi la deuxième voie."

En réalité, la pensée de Keynes reste passionnante. A ce post j'ai répondu par trois :

Sur la situation anglaise des années 20 et le parallèle avec le 3e euro (le nôtre, car nous en avons déjà connu deux autres auparavant avec l'Union latine et le bloc-or) : "J'ajoute que, à cause de la volonté de Churchill de redonner sa valeur d'avant-guerre à la livre, ancrée à cet étalon-or fétichisé comme l'est aujourd'hui l'euro, et surévaluée par rapport au contexte économique de l'époque comme l'euro aujourd'hui, le Royaume-Uni s'est enfoncé dans la déflation, la stagnation et le chômage de masse, alors que le reste de l'Europe se redressait. Mais que, après la crise de 29, alors que la déflation du chancelier Zentrum (chrétien démocrate d'alors) Brüning amenait Hitler au pouvoir et que la France s'entêtait à maintenir le bloc-or (fétichisé lui aussi comme l'euro aujourd'hui ; en réalité, après l'échec du premier euro qu'était l'Union latine regroupant la France, la Belgique, la Suisse, l'Italie et... la Grèce, le bloc or est un deuxième euro qui regroupait la France, la Belgique, les Pays-Bas, le Luxembourg, l'Italie, la Suisse, la Pologne et la Tchécoslovaquie), que Laval se lançait à son tour dans la déflation pour le maintenir (avec comme conséquence le 6 février 34 puis le Front populaire qui choisira d'achever le bloc or qui avait commencé à exploser avec la sortie de la Tchécoslovaquie et de l'Italie en 1934, de la Belgique en 1935 et de la Pologne en avril 36 : c'est l'échec du 2e euro), le Royaume-Uni était le premier à sortir vigoureusement de la crise après avoir été le premier à sortir de la politique monétaire mortifère (abandon de l'étalon-or en 1931) qui l'avait étouffé tout au long des années 1920..."

Sur la philosophie de Keynes, ensuite : "Dans "Suis-je un libéral?"... ce qu'il était au départ, il écrira aussi que l'Etat "doit contrôler et diriger les forces économiques dans l'intérêt de la justice et de la stabilité sociale" et qu'il faut des "instruments nouveaux pour adapter et contrôler le jeu des forces économiques de façon à ce que celles-ci ne heurtent pas brutalement ce qu'on regarde aujourd'hui comme normal en matière de stabilité et de justice sociales."

Et sur ses projets, à la fin du second conflit mondial, de réorganisation du système monétaire international, fondé sur un bancor, qui fut écarté, lors de la Conférence de Bretton-Woods qui créa le FMI et la Banque mondiale, au profit du projet américain : "Le bancor de Keynes n'était pas l'étalon or, ni l'étalon de change or qui a été adopté à BW. Sa valeur aurait été fixée en fonction du stock d'or ET de l'évolution de la croissance économique, la monnaie de chaque pays étant définie par rapport à cet étalon neutre ET à ses performances économiques. Il prévoyait, contrairement à l'euro, une variation périodique des taux de change en fonction de la variation de la part de chaque pays dans le commerce international... afin d'empêcher les excédents commerciaux excessifs des uns et les déficits excessifs des autres !!! L'Union internationale de compensation par laquelle passerait les échanges de capitaux pouvait en outre émettre des bancors pour financer la reconstruction et les investissements nécessaires au développement général ! Imaginons un instant ce que cela signifierait dans le cas de la Grèce à l'échelle européenne... Le système Keynes était, contrairement à l'euro, un système d'essence coopérative et non concurrentielle ! Mais BW n'a pas adopté le système Keynes il a adopté le système Dexter White/Morgenthau qui reproduisait les tares du système d'étalon or en y superposant l'hégémonie du dollar."

Tout cela est bien actuel... n'est-il pas ?