N'oublions pas Stalingrad. C'est l'Armée Rouge, au prix de sacrifices inouïs, qui a brisé les reins de la Wehrmacht. Sans l'Armée Rouge, pas de débarquement en Normandie ni de libération de l'Europe occidentale.
N'oublions pas non plus que c'est le refus du Sénat américain de ratifier le traité de Versailles qui, dès l'origine, a rendu vaine la création de la SDN. N'oublions pas davantage que Hitler n'est pas le fils du traité de Versailles, comme on se plaît à le répéter, mais celui de la crise du capitalisme américain de 1929 et de la politique de déflation du chancelier chrétien-démocrate (on disait Zentrum) Brüning, exactement semblable à la politique de déflation que la chancelière chrétienne-démocrate Merkel impose à l'Europe allemande d'aujourd'hui.
N'oublions pas qu'un de nos grands ministres des Affaires étrangères, Louis Barthou, jugeait essentielle une alliance franco-soviétique, au-delà des divergences idéologiques et que, dès ce moment, un certain colonel de Gaulle était sur la même ligne.
N'oublions pas que c'est l'ex-socialiste Pierre Laval qui, en même temps qu'il menait lui aussi une ruineuse politique de déflation, a vidé de tout contenu l'oeuvre diplomatique inachevée de Barthou, assassiné par des oustachis croates.
N'oublions pas que c'est cette politique de Laval et le refus des Polonais, des Tchèques et des Roumains d'accepter la garantie soviétique qui ont conduit Staline à conclure le pacte germano-soviétique, contre-nature, qui rendait la guerre d'agression nazie inévitable.
N'oublions pas qu'en 1944 le pouvoir américain avait pour projet de placer la France sous administration militaire de territoire occupé (AMGOT) et que c'est à de Gaulle d'abord, à Churchill ensuite, à la Résistance intérieure et aux commissaires de la République nommés par de Gaulle que nous avons dû de ne pas passer d'une occupation à une autre.
L'histoire n'est pas la mémoire. La mémoire et la commémoration sont stériles quand elles deviennent ressassement et spectacle. L'histoire sert à comprendre.