Acte I

Varoufakis invité hier au Journal de France 2, ou de l'art de poser les questions à côté pour ne surtout pas avoir des réponses qui dérangeraient la Propagandastaffel.

Acte II

Eléments de langage du jour de la Propagandastaffel télévisuelle ;

1 - Varoufakis est "bouillonnant" (entendez brouillon et irresponsable) ;

2 - c'est un "trublion" (sous-texte : ce sinistre individu a même l'audace de contester l'Ordre juste et indispensable que l'Allemagne a la mission divine de faire régner en Europe) ;

3 - il était détesté de ses collègues de l'eurogroupe (comprendre : qui, eux, sont des gens sérieux puisqu'ils obéissent sans moufter à Herr Schäuble) ;

4 - il a été "exclu du gouvernement grec" (1er erreur/mensonge, il a démissionné parce que en désaccord avec la capitulation imposée par Tsipras et sa camarilla) ;

5 - il est même (sous-texte : vous vous rendez compte de l'irresponsabilité trublionesque du zozo !) "pour la sortie de l'euro" (2e erreur/mensonge ; c'est même ce que je lui reproche, l'absence de cohérence, après ce qu'il a vécu, de pouvoir encore prétendre qu'il fallait refuser le mémorandum tout en continuant à rester accroché à l'euro comme un bigorneau à son rocher).

Et on appelle ça des journalistes ?!

Cela dit, sur le fond, l'itv dudit Varouf à L'Obs est confondante d'incohérence, alors que justement aujourd'hui, ce dont ont besoin les Grecs et tous les Européens c'est de cohérence et clarté sur le point fondamental : il n'y a pas d'autre politique possible dans l'euro tel qu'il est et il n'y a pas d'autre euro possible.

Le choix ne peut donc être qu'entre : l'euro avec la même politique ou une autre politique sans euro.

Tenir le discours de Varoufakis aujourd'hui, c'est vouloir prolonger l'ambiguïté qui a mené Syriza et les Grecs dans le mur.

Par ailleurs, d'après le site d'information grec (http://www.fimes.gr/), des sondages (non publiés) provoqueraient un mouvement de panique dans les grands partis. Ils traduiraient une forte hausse de l'Union populaire, d'Aube dorée et l'Union des centres (petit parti hors Vouli depuis des années qui se veut l'héritier du "vénizélisme historique" disparu de la scène politique entre 1974 et 1981 où il avait été phagocyté sur sa droite par la ND et sur sa gauche par le PASOK). La ND semblerait concurrencée sérieusement ou devancée par ce parti champignon poussé sur la désorientation de l'électorat par le Mémorandum III, tandis que que Syriza n'arriverait premier que de très peu devant l'Union populaire. Enfin Potami, le parti des oligarques des médias et de Bruxelles, serait en baisse, tandis que le PASOK et les Grecs indépendants seraient en passe d'être éliminés de la Vouli.

A prendre naturellement avec infiniment de réserve, aucune source ni chiffre n'étant cités, mais le fait que l'électorat soit totalement désabusé, désorienté, excédé par le Mémorandum III et la trahison par Tsipras de tous ses engagements rend, à mon avis, un scénario de ce type tout à fait imaginable.