Un copain vient de me demander ce que je pensais de "Nouvelle donne"... voilà ce que je lui réponds, mais ma réponse serait aujourd'hui la même - hélas ! - si on me questionnait sur le Front de Gauche...ou, d'ailleurs, sur Syriza en Grèce.
"En gros, je pense que tout ce qui contribue à renouveler une pensée politique totalement sclérosée c'est bien.
Mais que tous ceux qui prétendent le faire sans identifier le mal : euro+libre-échange, se foutent le doigt dans l'oeil.
Il ne peut pas y avoir d'Europe sociale, de réforme de l'Europe et autres fadaises parce que l'Europe a été conçue pour être ce qu'elle est, c'est-à-dire une machine à faire du néolibéralisme et du libre-échange, c'est-à-dire à dynamiter l'Etat social, notre modèle de société et, à terme, comme c'est déjà le cas en Grèce, la démocratie. Continuer à réciter le mantra de l'Europe à réformer, à démocratiser, de l'Europe sociale, etc. c'est se bercer d'illusion. L'Europe a été faite et élargie depuis les années 1980 pour ne pas pouvoir être réformée dans le sens où ces gens-là prétendent le vouloir. Pour moi, la seule vraie question aujourd'hui est là : ou bien on tranche le noeud gordien, ou bien on se laisse étrangler par lui. Et on finit comme en Grèce.
Mon copain Panagiotis Grigoriou, que nous allons emmener manger à Athènes la semaine prochaine, a vendu la semaine dernière 72 livres de sa bibliothèque pour acheter du bois de chauffage à un copain qui n'a plus rien et qui grelotte chez lui, les incendies se multiplient chez les gens qui n'ont plus d'électricité, un tiers des Grecs n'a plus de couverture sociale... et on veut négocier la "réforme" de l'Europe dans un sens plus social. Pour aboutir à quoi ? A un Diktat - un de plus - de Merkel ou de son successeur, au terme d'une négociation de dix ans ?
Si l'on n'a pas aujourd'hui le courage de sortir de ce piège et de récupérer la maîtrise de notre destin, on est foutus et ça se terminera mal - probablement très mal.
Seuls les peuples qui renoncent à assumer leur destin n'ont pas les moyens de le faire. Il n'y a pas de fatalité. En 1940 comme aujourd'hui, il n'y a que des abandons et des suicides collectifs. Suicide qui passera par le triomphe de l'extrême droite à qui les gauches auront la responsabilité d'avoir laissé, au nom de l'illusion européenne, le monopole de la nation, de la souveraineté populaire et du combat contre les oligarchies - toutes valeurs, de gauche, que l'extrême droite, comme toujours, s'empressera de trahir."