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lundi 30 mai 2016

Verdun ou Berlin...

Donc, en régime socialiste, tu as raté ta vie si t'as pas un costard à 40 ans ! Mais en sur mesure, le costard ; le prêt-à-porter ça compte pas !!!

C'est la qu'on voit toute la différence avec la droite : à droite c'est la Rolex qui fait l'homme.

La Caste telle qu'en elle-même... dans sa bêtise crasse, sa répugnante morgue, sa pétulante inconscience. Et Guizot - enrichissez-vous, nom de Dieu ! - érigé en parangon de la modernité.

Donc, en télé socialiste, quand on invite Mélenchon, Langlet raconte des contes à dormir debout inventés par d'anciens ces barbouzes reconvertis en "journalistes", on retrouve l'agricultrice "lambda" opposée au suppôt du bolchevisme dévoreur de zenfants zinnocents et de cégétistes preneurs d'otage autant que saboteurs de l'économie nationale, le visage illuminé par un large sourire, sur une photo prise il y a quelques mois, entre le ministre de l'Agriculture et Franquitto ; quant au "boulanger parisien" lambda, il fut celui de l'Elysée jusqu'à l'an dernier...

Ce qui est sûr, c'est qu'à la Propagandastaffel de France 2, on ne recule plus devant rien ! Même Peyrefitte n'aurait sans doute pas osé écrire un pareil scénario, et du coup, rétrospectivement, à côté de Pujadas, Léon Zitrone fait figure de subversif échevelé.

Donc, en commémoration socialiste, on organise des guignolades dans les cimetières.

Et si, au lieu du mantra du couple franco-allemand qui ne signifie rien depuis longtemps, s'il a jamais signifié un jour autre chose que la volonté de se racheter une germaine conduite (écoutez bien ce que dit de Gaulle, en 66, sur le traité franco-allemand de 63, plein de promesses... vidées de tout contenu par le préambule unilatéral voté par le ''Bundestag'', cas unique dans l'histoire diplomatique, précisant que les liens de la RFA avec les Etats-Unis d'Amériques primeraient toujours sur ses engagements avec la France et par le licenciement d'Adenauer, viré de la chancellerie par la CDU, justement pour avoir signé ce traité... écoutez bien ce que dit de Gaulle sur la France qui est toujours prête à s'entendre avec l'Allemagne, alors qu'Adenauer a été remplacé par le très francophobe Ehrard lui même remplacé en 1967 par l'ancien nazi Kiesinger...), l'on disait que la guerre de 14-18 est le fait de l'impérialisme austro-hongrois et du militarisme allemand, et que les Français et les Anglais morts pendant cette guerre, souvent victimes de l'incompétence de leur propre commandement, sont tombés pour la défense de la démocratie face à des empires autoritaires...

Ou quand la pseudo-mémoire n'est plus que du décervelage.

Un de mes maîtres, François Bédarida, avait bien raison de dire que plus on parle de mémoire et moins on fait d'histoire.

Donc, en présidence socialiste, l'espèce de machin qui sert de président à notre République et qui n'est plus même capable d'aligner trois mots informes et imbéciles sans se prendre les pieds dans le tapis est tellement atteint du syndrome du larbin qu'il parle de Berlin à Verdun...

Combien de poilus se sont-ils retournés dans les tombes qui ont servi de cadre au lâché de jeunes gambadant sur leurs cadavres pour faire honneur à la chancelière du nouveau Reich, dans une mise en scène pathétique conçue par un pouvoir décidément déboussolé ?

Voilà, voilà, voilà...

Pour le reste, c'est tout de même un bon choix que j'ai fait de travailler sur la Grèce. parce que, du coup, quand on vous invite pour faire une conférence, vous avez toutes les chances de rencontrer que des gens adorables, sympas, chaleureux... Ce fut encore le cas hier à Abbeville : merci à Laurent et à l'association Abbeville-Argos Amitié de m'avoir invité à parler des rapports entre la Grèce et l'Europe occidentale dans le cadre de la semaine grecque du jumelage Argos-Abbeville...

Ce qui est bien aussi, c'est que tu rencontres invariablement des Grecs... Yorgos qui venait d'Argos, Kostas qui, établi dans la Sarthe, vendait avec son fils Takis toutes sortes de merveilles de son Argolide (genre confiture de mandarine, miel d'oranger, de thym, de pin, Sang d'Hercule... je suis rentré avec une besace pleine : http://www.ouest-france.fr/…/konstantinos-zouzoulas-de-la-g…), une poignée de Grecs installés à Abbeville avant ou à cause de la crise...

Mais le mieux c'est que là où il y a des Grecs, il y a aussi, forcément, de la musique ! En l'occurrence Nikolas Syros (bouzouki et chant) et Ménélas Evgeniadis (guitare et chant) qui participaient, le soir, à un concert : Hadjidakis, Théodorakis, rébétika... Surtout, après le concert, on s'est retrouvé dans l'arrière-salle d'André (merci à lui aussi !), Chez Duke, pour manger, boire... et, au dessert, Nikolaos et Ménélas ont ressorti les instruments... et là ce n'était plus un "concert", mais de la musique grecque entre Grecs.

Pauvres cons de Merkel, de Schäuble, d'Hollande, de Juncker, de Mosco ou de Macron qui a réussi sa vie parce qu'il a des beaux costards !... qui ne sauront jamais ce que sont ces moments-là.

Parce que, malgré les tortures qu'ils infligent à ce peuple, malgré tout, ce peuple reste vivant, il continue à cultiver cette sociabilité unique, ce plaisir d'être ensemble, de partager des moments magiques - entre ratés sans costard - comme hier soir autour de la guitare et du bouzouki de Ménélas et Nikos, comme lorsque, dans le mètre carré entre la porte, la table et le buffet, Kostas nous a même dansé un superbe zeïbekiko...

Jusqu'à ce qu'un voisin vienne taper au volet... sur le coup des trois heures du mat !

Vive les conférences à Abbeville !!!

samedi 28 mai 2016

Ce samedi à Abbeville

Jadis, c'était il y a bien longtemps, en 1984-85, je fus nommé, pour mon premier poste de jeune agrégé d'histoire titulaire, au collège de Feuqières-en-Vimeu. Durant une année, deux fois par semaine, je débarquais à la gare d'Abbeville, où je laissais ma voiture pour filer au collège. Et je passais une soirée et une nuit à l'Hôtel de France d'Abbeville.

A la rentrée suivante, je fus nommé directeur des Etudes et Recherches à l'Institut Charles de Gaulle, 5 rue de Solférino (en face de...), Paris VIIe... Une autre vie commençait.

Depuis, je ne suis jamais retourné à Abbeville.

Ce samedi, je ne pourrais plus le dire : Abbeville étant jumelé avec Argos - où mon patron en archéologie, Paul Courbin, qui, en 1980, m'emmena fouiller avec lui à Ras-el-Bassit en Syrie, en pays alaouite, en face du Mont Cassios immortalisé par Yourcenar dans Mémoires d'Hadrien, où Paul Courbin fouilla lorsqu'il était membre de l'Ecole française d'Athènes, où il découvrit notamment une carapace de tortue percée pour former une lyre et quelques broches servant de pré-monnaies... - je suis invité à Abbeville, dans le cadre des manifestations annuelles autour du jumelage pour y donner une conférence.

Voici le programme :

Samedi 28 mai : Semaine grecque d'Abbeville, en ville, à la bibiliothèque municipale et au Carmel (36 rue des Capucins - 80100).

A 15h00 : salle de conférences du Carmel, conférence/rencontre avec Olivier Delorme, historien et romancier : " Grèce / Allemagne / Union européenne, racines historiques de la crise grecque", en partenariat avec la librairie Ternisien-Duclercq (Abbeville).

Olivier Delorme est l’auteur des 3 tomes de "La Grèce et les Balkans" (Folio Histoire, Gallimard) et de 4 romans "grecs" suivants : Le Plongeon, Le Château du silence, La Quatrième Révélation, L'Or d'Alexandre, tous parus chez H&O (diffusion Daudin). Il est également l’auteur d’une contribution conclusive dans le petit livre collectif, sous la direction de Marie-Laure Coulmin-Koutsaftis, paru récemment au Temps des cerises : Les Grecs contre l'austérité, Il était une fois la crise de la dette.

Vente/dédicaces après la conférence. ENTRÉE LIBRE

A 20h30 : Chapelle du Carmel, spectacle chants et musique : répertoire d’adaptation de chansons grecques par les chorales Chante Joie d’Abbeville et Choraline de Noyelles-en-Chaussée, chansons grecques modernes par Emilia et Christina Kanarelis (guitares et chant), et interprétation de chansons du répertoire rébétiko et de musique de la période 1960-1980 par Nikolas Syros (bouzouki et chant) et Ménélas Evgeniadis (guitare et chant).

ENTRÉE LIBRE, dans la limite des places disponibles, réservation préalable conseillée auprès de l'association AAA

jeudi 26 mai 2016

Quand Romaric se lâche...

J'ai eu maintes fois l'occasion ici de citer les article de Romaric Godin dans La Tribune.

Sur la Grèce, il est l'un des seuls à sauver le dégueulasse naufrage d'une presse française détenue par des milliardaires, qui n'a cessé et qui ne cesse de désinformer depuis maintenant six ans, une presse française qui a de moins en moins de lecteurs parce que sa servilité a dégoûte chaque jour davantage un peuple furieux contre la caste politicojournaleuse qui ne représente plus qu'elle-même.

Mais ce même travail de fond et de qualité, il le fait sur l'Espagne, le Portugal, l'Irlande, la BCE...

D'ordinaire, Romaric, et c'est bien normal dans son métier, maintient une distance, une modération de ton, ce que je sais être - puisque nous nous connaissons un peu - une manière d'understatement, qui tient aussi au lectorat traditionnel de La Tribune... alors que ses papiers ont drainé vers ce journal en ligne, par leur qualité, par le travail d'information que Romaric fait justement sur certains pays et que personne d'autre que lui dans la presse française ne fait avec ce souci de rendre compte de la réalité - non de l'idéologie ambiante, et avec ce souci de continuité.

Mais on sent dans ce dernier papier sur le dernier en date des imbéciles et criminels ''Diktats'' germano-européens à la Grèce, qu'il a bien du mal, lui aussi, à contenir son indignation, qu'il a bien du mal, lui aussi, a garder son calme face à cet attentat supplémentaire contre la souveraineté, la dignité et l'avenir d'un peuple et qui ne fera qu'aggraver la situation tragique d'un peuple, victime depuis six ans de l'aveuglement idéologique d'une caste européenne hors-sol, des ministre des Finances allemand psychopathe, une chancelière autiste, seulement préoccupée de son électorat de retraités et du rapport psychiatrique des Allemands à la monnaie et de la lâcheté des chefs d'Etat et de gouvernement - à commencer par ce qui fait fonction de président de notre République -, qui tremblent de trouille devant ce nouveau Reich, et acceptent tout de lui, alors qu'ils ne peuvent pas ne pas savoir que la politique appliquée en Grèce ne peut aboutir à rien d'autre qu'à une catastrophe.

mercredi 25 mai 2016

CGT et dette grecque

Valls : "en France, ce n'est pas la CGT qui fait la loi". OK

Mais ce n'est pas le Parlement non plus, somme il siérait en démocratie "bourgeoise" : 49-3 après un jour de débats... Et ce n'est même pas l'exécutif français : voir les GOPE, chères à Frédéric Farah et auxquelles Coralie Delaume a récemment consacré un très éclairant papier sur Figarovox.

En France, M. Valls, comme en général en régime de néodictature européenne, c'est Bruxelles, donc Berlin, qui font la loi, hors de tout contrôle démocratique autre que symbolique. La CGT et tout le peuple français sont donc légitimes à vouloir envoyer aux poubelles de l'histoire, la loi de l'étranger et vous avec, qui vous en êtes fait le très vil et servile exécutant des très basses oeuvres.

Quant à la dette grecque, ce que j'écris depuis six mois vient d'arriver. Naturellement, tout ce que le gouvernement d'occupation de Tsipras a dû avaler et dont je faisais il y a peu le compte-rendu ici, n'a reçu aucune contrepartie réelle.

En vérité je vous le dis, je me suis trompé. Je pensais que la contrepartie d'apparence serait, non pas plus substantielle - cela relevait du rêve éveillé ! - mais de nature à donner au moins l'illusion d'une contrepartie.

Eh bien même pas ! Car une fois de plus, les médias, et singulièrement Le Monde, qui jamais plus que ces jours-ci mérite son surnom de L'Immonde, mentent de manière éhontée quand il parle d'un allègement de la dette grecque.

Bien sûr, il n'y a aucune annulation, mais non plus aucun allègement d'une dette que chacun sait insoutenable - il fallait être totalement crétin pour penser qu'il en serait autrement. Il n'y a qu'un rideau de fumée pour faire croire qu'on fait quelque-chose, alors qu'on se contentera de racheter certains prêts pour en refaire d'autres ! Aucun allègement d'aucune sorte : juste un tour de passe-passe pour allonger le temps de la tutelle à l'infini en lissant soi-disant les taux d'intérêt.

Il faut vraiment que 90 % des journaleux de ce pays n'aient plus rien à voir avec l'information, et tout avec la propagande, pour oser appeler ça un allègement de dette. Une fois encore, dans La Tribune, Romaric Godin est le seul, ou presque, à dire les choses comme elles se posent.

L'Allemagne à une fois de plus imposé son Diktat, et les autres se sont une fois de plus mollement écrasé devant le psychopathe Schäuble.

Tout continue donc comme avant, en pire, jusqu'en 2018. On verra alors si la BCE restituera - ou non - à la Grèce les 1,8 milliard d'euros de profits qu'elle a fait sur le dos des Grecs en 2014.

En attendant le pays doit atteindre, en 2018, un excédent budgétaire primaire (hors service de la dette) de 3,5% du PIB. On en rirait de bon coeur, si ce discours de cinglés ne se traduisait pas, sur le terrain, par le misère, par des morts.

Car on se demande bien comment un pays auquel on impose une politique de déflation aussi imbécile que drastique et criminelle depuis six ans, dont on a détruit méthodiquement le potentiel productif, qui a perdu près du tiers de sa richesse nationale depuis le début de "l'aide" européenne - une aide comparable à celle de la corde qui soutient le pendu - pourrait atteindre le niveau de croissance soutenu que suppose un tel excédent primaire.

Bien entendu, il n'y a là aucune stratégie économique de reconstruction, il n'y a là que la poursuite de l'incroyable bêtise d'une logique punitive des maîtres allemands du Reich européen qui sont aussi les principaux bénéficiaires du dépeçage en règle de ce pays... Vous aurez noté les 538 sites archéologiques... à privatiser !

Quant à la suite, elle n'est que trop prévisible ! dans trois mois, ou dans un , ou dans six, les objectifs intenables dans le cadre déflationniste imposé à la Grèce aboutiront à un nouveau mémorandum de 6000, 9000 ou 12000 pages, que le Parlement grec sera requis d'adopter en vingt-quatre heures pour débloquer une énième tranche d'un énième prêt.

En tout état de cause, il est désormais impossible - si l'on ne croit pas, ce qui est de plus en plus difficile, que, dès le début, Tsipras et le noyau dirigeant de Syriza qui l'entoure, n'ont fait que mimer une résistance en sachant qu'ils céderaient tout, puisqu'ils étaient décidés à ne pas emprunter la seule voie possible pour échapper à l'étau : la sortie de l'euro, si l'on ne croit pas, ce qui est de plus en plus difficile, que, dès le début, le seul but de Tsipras et du noyau dirigeant de Syriza fut d'occuper le pouvoir pour bénéficier des prébendes qui y sont attachées en trompant le peuple par des paroles fallacieuses de dignité, d'espoir, de respects de la Constitution... - de prétendre que si Tsipras avait une stratégie visant à obtenir au moins un allègement de la dette, cette stratégie a échoué. En tout et pour tout.

lundi 23 mai 2016

Une victoire historique sur le fascisme !

Autant dire que la Bête immonde est terrassée !

Et la gôgôche de se "réjouir" que l'extrême droite ne fasse QUE 49,7%...

C'est passé, c'est fini, ouf qu'on est "soulagé" ! A la façon du "lâche soulagement" de Blum après Munich.

C'est vrai qu'il y a de quoi être soulagé à 50,3% : 31.000 voix sur 4,6 millions tout de même ! C'est historique !! Bravo champion !!! On a échappé au fascisme, vous vous rendez compte ?!

Enfin, avec cette pitrerie de plus, on aura évité de parler du Mémorandum IV passé hier en Grèce. C'est toujours ça de pris.

Hé ho, la gôgôche ! Au lieu d'être "soulagée" en regardant le doigt qui montre la lune, il faudrait peut-être te préoccuper de changer la lune de la politique euro-allemande qui fait que le doigt joue à la bébête qui monte, qui monte, qui monte... faute de quoi, le doigt, la prochaine fois ou la suivante, tu vas te le prendre dans...

Quatrième - ou cinquième - mémorandum

Comme je l'avais annoncé dès juillet, la capitulation de Tsipras et le vote dans des conditions contraires à tous les engagements pris devant les électeurs autant qu'aux droits du Parlement du troisième mémorandum, en réalité du quatrième, car Samaras avait déjà accepté un train intérimaire s'apparentant à un troisième, a entraîné, moins d'un an plus tard l'acceptation d'un quatrième, ou cinquième, mémorandum voté hier dans des conditions tout aussi scandaleuses.

Les trois ou quatre premiers mémorandums ayant échoué parce que leur logique déflationniste ne peut que conduire à l'échec, il fallait donc encore aggraver cette logique déflationniste par un nouveau train de mesures, toujours plus anti-démocratiques, toujours plus ravageuses pour la société, toujours plus imbéciles au regard des logiques économiques, toujours plus juteuses pour les charognards de la cupidocratie qui nous gouverne.

On ne change pas une politique qui perd. C'est comme avec l'euro : il faudrait reconnaître qu'on s'est trompé depuis le début ou que les logiques qu'on a mises en place ne visent qu'à détruire une société et piller un pays - le pire, dans ce processus, étant qu'un parti dit de gauche radicale et un parti dit souverainiste se sont faits les auxiliaires zélés, au nom de l'Europe, de cette politique de la terre brûlée qui conduit les uns à s'empiffrer toujours plus et les autres à crever de faim la gueule ouverte.

Jusqu'à ce qu'ils se révoltent ?

Les tsipriotes français et grecs nous diront encore, sans doute, que Tsipras est un moindre mal, qu'il ne pouvait pas faire autrement, que ce serait pire si c'était la droite qui le faisait.

Non. Non. Et non. On est même fondé à penser qu'un gouvernement de droite n'aurait pas eu à, voire n'aurait pas, accepté autant.

En attendant, la Vouli a adopté hier, toujours selon les mêmes procédures, maintes fois décrites ici - je me lasse, excusez-moi de ne les pas redécrire - et qui sont une négation des droits du Parlement, de la Constitution, de l'Etat de droit, un catalogue de mesures de... 7500 pages dont aucun député n'a bien entendu pu prendre connaissance.

Le tout dans le silence assourdissant des médias français qui montrent bien là leur nature de chiens de garde de l'ordre criminel européen et dont le dernier souci est d'informer.

On ne peut bien entendu que résumer ici la "philosophie" et les points les plus saillants de cet acte de décès de la démocratie hellénique.

Cette fois, les maîtres-chanteurs et criminels de l'UE ont exigé et obtenu :

- la privatisation, c'est-à-dire la cession à vil prix aux charognards, de tous les avoirs d'Etat y compris les transports publics urbains, l'eau potable, les plages, TOUTES les infrastructures...

- ce qui reste de biens à l'Etat après ce dépeçage en règle est transféré, pour 99 ans, à une structure contrôlée par les créanciers ;

- salaires et retraites seront de nouveau baissés, tandis que la TVA augmente de nouveau ;

- les recettes fiscales sont placées sous le contrôle de la Troïka qui pourra, sans nouveau recours au Parlement, couper dans les budgets si elle suspecte un dérapage budgétaire.

En réalité, outre l'Etat social dont il ne reste plus rien après ce nouveau mémorandum, outre la démocratie à laquelle l'UE vient de donner le coup de grâce, c'est l'indépendance de l'Etat grec, ou ce qui en restait, qui vient de disparaître.

Cette fois, il n'y a plus aucune exagération à dire que la Grèce a été transformée, en 6 ans, en colonie où la caste politique a abandonné à un pouvoir étranger, occupant sans char mais occupant, l'entièreté de la souveraineté du peuple dont elle était dépositaire, non propriétaire, en choisissant de collaborer plutôt que de résister, c'est-à-dire de se faire le relai d'une autorité illégitime et criminelle.

Et maintenant, cette caste va tenter de faire croire qu'elle va renégocier la dette, afin de légitimer sa trahison par quelques concessions de façade des créanciers. Naturellement, il n'en est rien. Aucune négociation d'aucune sorte n'est possible dans la position où le gouvernement grec a accepté de se placer. Il ne s'agira que d'un théâtre d'ombres où chacun jouera un rôle écrit d'avance avant d'en arriver à une conclusion prévisible : aucune réduction du fardeau insoutenable de la dette, l'allongement des délais de remboursement afin de garder le contrôle du pays pour l'éternité.

Mais le IIIe Reich aussi devait durer mille ans.

Elections législatives à Chypre

1er enseignement, comme partout en régime d'Union européenne où le rite électoral exclut désormais tout changement de politique, la participation s'effondre. dans un pays où elle est traditionnellement très forte - 93 % en 1991, de 92,9 % en 1996, de 91,8 % en 2001, de 89 % en 2006 -, elle a chuté une première fois en 2011, sous les premiers effets de la crise et des mesures imposées par l'UE, à 78,7 %. Après la mise sous tutelle de la Troïka, et bien que le président et le gouvernement aient crié victoire parce que Chypre est sortie du "plan d'aide" qui, comme ailleurs, n'est qu'un plan de ruine de l'Etat social et pillage du patrimoine public, elle tombe ce soir à 66,74 %.

2e enseignement : les trois partis qui se sont succédé au pouvoir depuis les années 1980 voient leur audience électorale se réduire. -3,7 % à 30,69 pour le parti du président (DISY, conservateur) et -1,3 % à 14,49 % pour les centristes de DIKO qui gouvernent avec DISY. -7,1 % à 25,67 % pour les communistes de l'AKEL qui géraient le pays lors du déclenchement de la crise, et -2,8 % à 6,18% pour le parti social-démocrate EDEK associé à plusieurs coalitions durant les dernières décennies.

3e enseignement : l'extrême droite ELAM, qui se revendique "parti frère" d'Aube dorée, obtient franchit pour la première fois le seuil donnant droit à une représentation parlementaire en passant de 1,08 % à 3,71 % (2 sièges sur 56).

4e enseignement : Emergence de l'Alliance des citoyens avec 6,1 %. Elle s'est présentée comme une force de renouvellement de la vie politique, qui refuse la poursuite des privatisations et de l'austérité, et veut une réunification de l'île sur la base d'un Etat unitaire, non d'une fédération.

5e enseignement : la dissidence de DISY sur la question nationale réussit son pari en entrant au Parlement avec Le Mouvement Solidarité (5,2 %) qui refuse la fédération binationale bizonale. En outre, son chef, Eleni Theocharous, député européen, a quitté le groupe du PPE pour s'affilier au groupe euro-critique formé autour des conservateurs britanniques.

6e enseignement : les écologistes passent de 2,6 % à 4,81 %

La chambre de 56 sièges compte donc désormais 8 partis. La coalition DISY-DIKO perd sa majorité de 29 sièges (20+9) et n'en compte plus que 26 (18+8). L'AKEL en obtient 15 au lieu de 19 et l'EDEK 4 au lieu de 5. L'Alliance des citoyens, le Mouvement Solidarité et les écologistes chacun 3, l'ELAM 2.

Sur quelle majorité le président Anastassiadès (DISY) pourra-t-il s'appuyer ? Obtiendra-t-il le ralliement des sociaux-démocrates de l'EDEK ou de Solidarité ? Quelle marge de manoeuvre aura-t-il d'ici la fin de son mandat, dans deux ans, pour les négociations avec la pseudo-république du nord de Chypre ?

Une fois de plus, les politiques d'austérité européenne discréditent tout discours politique (chute de la participation), font grimper l'extrême droite et rendent un pays difficilement gouvernable.

vendredi 20 mai 2016

Vasso Triga à la galerie de la Librairie hellénique Desmos

Un rendez-vous à ne pas manquer ! avec la peintre Grecque Vasso Triga à la galerie de la Librairie hellénique Desmos, rue Vandamme, tout près de l'avenue du Maine.

Iannis, de ce lieu unique à Paris qu'est la librairie hellénique Desmos, m'a dit que c'est superbe, et je crois ce que dis Iannis !

Alors allez-y !

lundi 16 mai 2016

Eurovision et Journée européenne de la jeunesse

Je n'ai pas eu la chance, cette année, de voir, ne serait-ce que le vote de ce chef-d'oeuvre de déculturation anglo-saxonnisée, de niaiseries et de nullité chantonnantes, qu'est le concours de l'Eurovision. Nous dînions avec une passionnante ancienne prof de russe de Frédéric, mon compagnon.

C'est donc hier seulement que, après la polémique sur le coupeur de bites de pédés qui baise la France, pays de mécréants, invité à faire danser la jeunesse dans l'ossuaire de Douaumont pour l'intéresser à la commémoration nationale (il n'y a bien entendu aucun autre moyen, décent, imaginable... voyez par exemple le "régiment immortel" en Russie, manifestations sur lesquelles les médias français ont pratiqué l'omerta, comme de coutume lorsqu'ils ne peuvent décemment pas se livrer au dénigrement) des combattants qui perdirent la vie pour la défense des libertés de ce pays face à l'impérialisme et au militarisme allemands, j'ai appris qu'une chanteuse tatare de Crimée avait remporté l'inestimable trophée.

Avec une chanson sur les douloureuses conséquences de la collaboration massive des Tatars de Crimée avec le Reich hitlérien... mais qui ne dit rien des causes de ces conséquences - faudrait voir, tout de même, à ne pas déconner !

Car les gentils Tatars de Crimée, outre qu'ils furent pendant des siècles l'instrument de l'impérialisme ottoman, dont chacun connaît le haut degré d'humanisme, collaborèrent massivement avec les gentils nazis - comme les gentils Ukrainiens et les gentils Baltes (ces deux grands pays collaborateurs que furent l'Estonie et la Lettonie - les déportés se rappellent des gardiens... -, moins de 3,5 M d'habitants à eux deux, disposant des deux vice-présidences de la Commission européenne stratégiques pour la politique économique et monétaire de l'Union, surtout vu le temps quotidien de lucidité qu'on prête au président de ladite Commission dans les pays où le journalisme n'est pas exclusivement de révérence...). Tous alliés de la croisade EUROPEENNE du grand Reich de 1000 ans contre le communisme judéo-slave. Et tous, aujourd'hui, dressés au côté de l'Allemagne, hégémon de l'Union européenne de 1000 ans, contre le méchant Poutine.

Que la déportation des Tatars par Staline ait été tragique, nul ne le contestera. Que l'on fasse pleurer l'inculte Margot, en 2016, sans expliquer le contexte de ce tragique épisode et qu'on présente les Tatars comme les éternelles innocentes victimes de l'ogre russe est une autre paire de manches ! Car si la chanson de l'héroïne eurovisionnelle de la Liberté évoque des conséquences tragiques, je ne crois pas qu'on ait entendu les commentateurs français - "l'historien" Bern et je ne sais quelle amuseuse de bas étage soudain métamorphosée en spécialiste du Tatarstan et analyste géopolitique de première grandeur - expliquer que les Tatars, par exemple, fusillèrent plus de 11000 civils juifs à Simferopol en 1941 ou que le Tataren-Gebirgsjäger-Regiment der SS recruta sans difficultés, comme volontaires, au moins 10% des hommes de cette communauté...

On en arrive, ces temps-ci, par délire antipoutinien, à d'assez curieuses reconstructions historiques.

Puis, ce matin, j'ai appris que la journée de la jeunesse européenne se tenait cette année... en Azebaïdjan, régime aussi corrompu et autoritaire que celui de Kiev est corrompu et vérolé par le néonazisme, pays qui n'a rien d'européen et vient de relancer la guerre anti-arménienne au Haut-Karabagh.

Mais jusque-là, tout va bien !

samedi 14 mai 2016

Encore un qui aurait mieux fait de la fermer

Donc le secrétaire d'Etat aux Anciens combattants, dont personne n'a jamais entendu parler que pour son soutien à une initiative aussi imbécile que scandaleuse, traite de fascistes les citoyens de ce pays qui trouvent imbécile et scandaleuse l'idée de transformer une célébration nationale des soldats qui ont fait le sacrifice de leur vie, il y a un siècle, pour la défense de la patrie et de la liberté face au militarisme allemand, en sinistre pitrerie d'un mauvais chanteur, dont l'homophobie de surcroît (c'est vrai que recommander de couper la bite aux pédés avant de les laisser morts sur le périph, ça n'a rien de fasciste... c'est une plaisanterie bénigne, sans conséquence et toute pleine d'humanisme !), parmi les innombrables qualités qui le qualifient sans contestation possible pour figurer dans une célébration nationale, qui se proposait de faire danser sur des tombes en traitant la France de pays de mécréants (ce qui n'a rien de fasciste non plus, non, c'est une preuve de tolérance et de respect de la laïcité pour laquelle sont - aussi - morts les Poilus de Verdun)...

Si c'est être fasciste que de s'opposer à cet imbécile scandale, alors nous sommes vraiment nombreux à l'être en France. Quant à ce secrétaire d'Etat, il devrait se hâter de rentrer dans le néant d'où il aurait mieux fait de ne jamais sortir.

vendredi 13 mai 2016

L'éthique à Camba...

Nous avons assisté ces derniers jours à un énième vaudeville frondeur, qui n'a plus rien de drôle et tout de pathétique.

Le scénario était écrit d'avance et Valls en arrive à ce point de mépris du Parlement qu'il considère que 24h00 de débat sur un texte qui tire un trait sur des acquis fondamentaux du droit du travail mais dont le but est de satisfaire les exigences de Berlin et Bruxelles, c'est déjà trop.

Là-dessus, les frondeurs nous rejouent une fois de plus la vieille, très vieille scène du "retenez-moi ou je fais un malheur", que les députés UDR jouaient déjà face à Giscard, alors que tout le monde sait qu'ils ne risqueront pas une dissolution, et donc la perte d'un an d'indemnités parlementaires, alors que la plupart sont certains de n'être pas réélus, pour faire tomber un gouvernement sur lequel ils n'ont pas de mot assez durs.

Puis on a droit à la séance suspense et grosse ficelle : les frondeurs arriveront-ils à recueillir les signatures prévues sur le texte d'une motion de censure de gauche ? Question sans aucun intérêt puisqu'une telle motion n'aurait de toute façon aucune chance d'être adoptée.

L'échec prévu arrive et les frondeurs en papier mâché, en pâte à modeler et caoutchouc mousse rentrent sagement dans le rang. Evidemment.

Ils ne vont tout de même pas mêler leurs voix à la droite - ce qui prouverait qu'ils sont de droite. Bien sûr. D'ailleurs, depuis des lustres, le PS n'appelle pas ses électeurs à mêler au 2e tour de toutes les élections à celles de droite pour faire élire des candidats de droite.

Nous vivons le règne des imposteurs, de la gesticulation sans plus aucun sens. Nous vivons un temps où les imposteurs de tout poil gesticulent pour faire croire qu'ils existent encore, alors que leur seule fonction est de jouer les larbins de Merkel, de Juncker, d'Obama, d'Erdogan... Peu importe en fait de qui ils veulent être le larbin pourvu qu'ils soient larbins.

Prenez Mamère : il fait la promo d'un brûlot anti-Valls, destiné à montrer que ce type est le danger le plus grave pour la France depuis des décennies... et puis il refuse de voter la motion de censure qui pourrait faire tomber ledit Valls.

Imposteur !

Prenez le secrétaire d'Etat au Commerce extérieur : il vous jure ses grands dieux qu'il refusera la signature de la France au bas du TAFTA... en l'état. Tout est dans le : en l'état. Puis 3 jours plus tard, il vous explique que l'accord de libre-échange UE-Canada, semblable dans ses buts comme dans ses modélités les plus perverses au TAFTA, lui est un souverain bien qu'il faut signer et ratifier au plus vite.

Imposteur !

Si cela ne vous rappelle rien, moi cela me rappelle un certain Hollande se faisant élire en jurant au peuple français qu'il ne ratifiera pas le traité de discipline budgétaire que son prédécesseur a signé sous la schlag de la chancelière du Reich. Qu'il ne le signera pas... en l'état. Et le lendemain de son élection, il se rue à Berlin, pour lécher les bottes de la chancelière du Reich, dire qu'il ratifiera mais que la chancelière du Reich serait bien gentille de lui accorder un "volet de croissance", totalement vide de tout contenu, afin qu'il puisse dire devant les gogos qui l'ont élu qu'il n'a pas accepté le traité de discipline budgétaire "en l'état".

Imposteur !

Prenez Juncker, champion de la rigueur et de lutte contre l'évasion fiscale au niveau communautaire ; une évasion fiscale qu'il a systématiquement organisée pendant de très très longues années comme ministre des Finances puis Premier ministre d'une principauté dont la seule industrie est l'évasion fiscale, et qui va condamner les lanceurs d'alerte tout en protégeant les criminels.

Imposteur !

Prenez Tsipras et les siens qui se sont fait élire sur la fin des mémorandums et le rétablissement de la dignité des Grecs : ils viennent de signer leur 2e mémorandum en six mois et humilient chaque jour davantage leur peuple. Tsipras avait dit qu'il serait chaque mot de la Constitution, il vient d'accepter des mécanismes financiers de coupure automatique de budgets qui réduisent le Parlement grec - qui n'avait déjà plus son mot à dire sur grand-chose depuis six ans - à rien et la Constitution hellénique à accessoire de farces et attrapes.

Mais attention, il n'a pas accepté tout cela... en l'état ! Il l'a accepté après d'âpres négociations, après des négociations où l'on a mimé, à la frondeuse, la résistance. Il l'a accepté, pas même contre un "volet de croissance" totalement vide, mais contre une promesse d'ouverture d'autres négociations. Des négociations sur la dette ! Alléluia !!! Pas sur l'annulation ou la réduction de la dette... vous n'y pensez pas. Sur son "reprofilage". Autrement dit sur la durée - une éternité plus ou moins éternelle - pendant laquelle le peuple grec resera pieds et poings liés à la merci des créanciers et de leurs collaborateurs locaux. Une négociation dont l'ouverture avait été promise en octobre 2015, lors de la signature du précédent mémorandum, celui de l'été 2015 durant lequel le peuple grec fut convoqué aux urnes et refusa la politique que Tsipras s'empressa, dans les jours qui suivirent, d'accepter. En pire.

Imposteurs !

J'arrête là. Je risquerais de devenir fastidieux.

Ah si tout de même. Je connaissais L'Ethique à Nicomaque, mais pas la haute Autorité d'éthique à Camba.

Le premier secrétaire du PS, reconnu coupable en 2006 d'avoir bénéficié d'un emploi fictif à la Mutuelle nationale des étudiants de France à hauteur de 620 500 francs au titre d'une activité fictive de conseil, et condamné pour ce à six mois de prison avec sursis et 20 000 euros d'amende, a en effet annoncé avoir saisi du cas des frondeurs la "Haute Autorité d'éthique du PS"... Fichtre ! Diantre ! Palsambleu !

Du coup j'ai appris que le PS avait une Haute Autorité d'éthique et j'en ai inféré que le PS avait donc une éthique.

J'en suis encore tout remué.

lundi 9 mai 2016

Une ITV dans la presse régionale de l'Est

Parution aujourd'hui dans les journaux régionaux du groupe EBRA d'un entretien (court mais c'est la règle et je ne suis pas trahi par la condensation de mon propos !) sur la situation en Grèce et en Turquie...

Je ne vous remets pas neuf fois la mise en page ! Celle-ci est celle de L'Alsace mais c'est paru également dans Les Dernières Nouvelles d'Alsace, Le Républicain lorrain, L'Est républicain, Le Bien public, Le Journal de Saône-et-Loire, Le Progrès de Lyon, Le Dauphiné libéré, Vosges Matin et Vaucluse Matin...

Précision : je ne suis pour rien dans le titre et je ne suis pas "l'auteur" des "Grecs contre l'austérité". Je ne suis que l'auteur d'une des contributions, la dernière, d'un livre qui doit tout à Marie-Laure Coulmin Koutsaftis, parce qu'elle l'a conçu, écrit dans sa majeure partie et dirigé pour la partie collective !

dimanche 8 mai 2016

La Grèce, la Turquie et l'Union européenne : chronique d'une catastrophe annoncée

Les Grecs sont dans les rues, les Grecs sont en grève, les Grecs sont vent debout contre les "réformes" que le gouvernement entend faire voter à la suite de sa capitulation de juillet. Peu importe puisque, en régime d'Union européenne, la démocratie n'existe plus, l'Etat de droit non plus, la Constitution encore moins. Peu importe puisqu'en régime d'Union européenne, la démocratie, l'Etat de droit, la Constitution ne sont plus que des paravents à la politique unique déterminée ailleurs, à Berlin et Bruxelles, dans l'entre-soi d'une Nomenklatura hors-sol, sans conscience, sans vision, sans intelligence - uniquement conduite par la cupidocratie qu'elle sert.

Démocratie d'apparences (qu'on ménage de moins en moins en Grèce, mais aussi, en France sous état d'urgence à durée indéterminée, ou aux Pays-Bas, la Commission ayant signifié dès le lendemain, comme c'est son habitude, qu'elle s'assiérait sur le référendum néerlandais) dans les Etats, l'Union européenne est une dictature de fait.

Ainsi, en Grèce, déjà, la néo-Troïka, dans sa logique délirante, en est-elle à exiger de nouvelles "réformes", toujours plus déflationnistes.

On ne change pas une logique qui perd depuis six ans.

Déboussolé, le gouvernement d'occupation présidé par Tsipras ne sait plus comment se tortiller pour faire croire à son peuple qu'il résiste et faire croire en même temps aux occupants qu'il exécute fidèlement leurs quatre volontés.

Tout cela est tragique, pathétique.

Car tout le monde sait que le train de mesures que la Vouli est requise de voter, et que le train suivant, qu'exigera dès demain l'eurogroupe n'auront aucune autre contrepartie sur la dette que de façade, au cas où Schäuble accepterait - de manière très improbable - de mettre un peu d'eau dans son schnapps. Probablement en est-il déjà à penser au train qui suivra le train suivant... et à savonner un peu plus la planche de Merkel. Car plus il est intraitable, plus la chancelière du Reich paraîtra trahir les retraités allemands, et la protection bec et ongles de leurs rentes - fût-ce au prix de l'étouffement de la production des autres Européens - en faisant la moindre concession.

Tout le monde sait que ce train de mesures, le suivant, et le suivant, et le suivant... ne feront qu'aggraver une situation que les trois mémorandums précédents et la vingtaine de plans d'austérité intermédiaires n'ont cessé de rendre plus insaisissable, cruelle pour la population, destructrice pour la démocratie.

Mais on ne change pas une politique qui perd depuis plus de six ans.

Le pire c'est que tout cela était écrit. Comme je n'ai cessé de le dire ici et ailleurs, la capitulation de Tsipras n'était pas un acte isolé - une capitulation ne l'est jamais. Ceux qui capitulent espèrent toujours la magnanimité du vainqueur en capitulant. Ils pensent toujours faire la politique du moindre mal. Argument massu de tous les Vichys de l'histoire de l'humanité.

En réalité, ils ne s'acquièrent jamais que le mépris des vainqueurs qui les écraseront toujours plus, avec toujours moins d'égards, de manière toujours plus humiliante, inhumaine, inflexible, puisqu'ils savent que celui qui est en face d'eux, en capitulant, a refusé de prendre les moyens de résister. En l'occurrence la sortie de l'euro, seule issue, et issue qui reste inéluctable, mais qui sera d'autant plus chaotique que chaque jour qui passe la rend plus difficile, parce que chaque jour qui passe sous le joug européen détruit ce qui reste de capacités productives et réduit les marges de manoeuvre du gouvernement de salut public qui finira bien par advenir.

Pourquoi la politique du moindre mal est toujours la politique du pire. Pourquoi la capitulation n'est toujours que l'acte inaugural d'une chaîne sans fin de capitulations.

Dans le même temps, la cécité européenne à l'égard de la Turquie devient chamberlinesque... Plutôt que de regarder en face les réalités d'une Turquie alliée de Daesh, pourvoyeuse d'armes et d'argent, qui a manipulé le flux de migrants et tiré profit de sa manipulation après avoir - ô combien ! - participé à le créer et à l'alimenter, plutôt que de regarder en face la dérive islamiste du régime et les délires despotiques autant que ceaucesciens d'Erdogan, la chancelière du Reich européen, sans mandat de ses partenaires qu'il conviendrait désormais d'appeler ses vassaux, n'a de cesse de nous faire lécher les babouches du néo-sultan, d'aligner les milliards en plus de ceux que l'UE déverse déjà sur la Turquie au titre de l'aide à l'union douanière.

Et voilà maintenant que les gnomes de la Commission osent prétendre que les 72 ou 74 conditions posées à la levée de l'obligation de visas pour l'entrée dans l'UE des citoyens turcs sont réunies !

Alors qu'Erdogan licencie son Premier ministre pas assez servile, alors qu'Erdogan fait lever l'immunité parlementaire du seul parti d'opposition démocratique, alors qu'Erdogan fait juger et condamner à la prison des journalistes tous les jours - les derniers pour avoir révélé les livraisons d'armes de la Turquie à Daesh et l'un d'eux s'est fait tirer dessus à l'entrée du tribunal, par un type que la police s'est bien gardée d'empêcher de tirer -, alors qu'Erdogan massacre dans le Kurdistan turc, alors qu'Erdogan islamise chaque jour davantage la société turque...

Erdogan qui estime que la priorité, pour la Turquie, est de se doter d'un régime présidentiel... dont il sera le président. Et c'est comme les trains de Schäuble : le prochain, ce sera la présidence à vie, le suivant l'hérédité de la présidence...

En attendant, si, une fois de plus, aucun vassal n'ose prendre le contrepied de la chancelière du Reich et de sa Commission, les services secrets d'Erdogan, dont seuls ceux qui ne veulent pas les voir ignorent les liens avec Daesh, pourront délivrer de vrais papiers turcs aux touroristes qui auront envie de venir passer un petit ouiquende à Paris sans même avoir à demander un visa...

Jamais depuis les visites de Chamberlain au Berghof, les dirigeants européens n'auront fait preuve d'un aussi criminel aveuglement, d'une aussi éclatante lâcheté, d'une aussi catastrophique inconscience.

Alors que, face à un Proche-Orient en ébullition/décomposition et à une Turquie de plus en plus islamofasciste qui renoue avec les démons de l'impérialisme ottoman tous azimuts - du Haut-Karabagh aux Balkans ou à la Syrie -, la Grèce est un bastion géostratégique capital pour la sécurité de l'Europe occidentale, nous ne cessons de l'enfoncer, de l'écraser, de la rendre plus ingouvernable, et de l'affaiblir face à une Turquie dont nous ne voulons pas voir quel est le jeu et dont nous nous berçons de l'illusion que, parce qu'elle appartient à l'OTAN, elle est encore une alliée.

Les réveils seront douloureux !