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Commentaires

1. Le samedi 1 août 2015 à 20:29, par FDS

Bonsoir !


Juste deux questions :

> Les personnes de l'entourage proche de Tsipras semblent avoir une influence considérable sur les options choisies.

Dragasakis et Stathakis ont-ils le pouvoir de faire pencher la balance dans le sens qui leur importe ? Tsipras ne serait que leur marionnette ?

> cette histoire d'emprunt de 10 milliards pour imprimer des drachmes demandé en pleine nuit de "négociations", à Poutine, est-elle de la pure foutaise ?

Le texte suivant de Kouvelakis est aussi particulièrement éclairant, en tout cas pour ma pomme.

www.revue-ballast.fr/stat...

Atchaooooooo

2. Le dimanche 2 août 2015 à 01:32, par Olivier Delorme

Je ne sais pas répondre aux questions... je ne peux que répéter ce que je disais à Coralie Deleaume, sur son blog "L'Arène nue", le 21 février dernier. "Syriza n’est pas un parti monolithique et cela tient à son histoire. En 1968, le KKE se scinde. Illégal en Grèce depuis 1947, sa direction en exil dans le bloc soviétique ne s’est déstalinisée que partiellement. Ceux qui font sécession dénoncent à la fois la gestion autoritaire de la direction, l’insuffisante critique de la stratégie qui a conduit à la guerre civile et veulent privilégier l’action clandestine contre la dictature à l’intérieur, qu’ils accusent la direction de négliger. Lors du retour à la démocratie, en 1974, la Grèce aura donc deux partis communistes. Le premier se momifie dans une idéologie immuable, réhabilite même ses dirigeants staliniens, refuse l’unité d’action avec Syriza dans les mobilisations populaires contre la politique de la Troïka et continue aujourd’hui à dire que la ND ou Syriza c’est bonnet blanc et blanc bonnet. Le second parti communiste, dit de l’intérieur, va évoluer vers ce qu’on appelle alors l’eurocommunisme, critiquer le système soviétique, abandonner le léninisme, s’ouvrir aux revendications féministes ou homosexuelles... C’est ce parti-là qui est le noyau de Syriza, et autour de ce noyau vont progressivement s’agréger des intellectuels de gauche qui ne se reconnaissent ni dans le communisme ni dans la pratique du pouvoir du PASOK, des communistes critiques (l’actuel vice-Premier ministre Dragasakis siège au comité central du KKE jusqu’en 1991), des formations écologiste, trotskiste, maoïste, citoyennes d’où naît Syriza (Coalition de la gauche radicale) en 2004. Durant des années, cette gauche intellectuelle qui coagule dans Syriza est la seule véritable « boîte à idées » d’une vie politique grecque dominée par le bipartisme, le clanisme de grandes familles et le virage libéral du PASOK sous l’égide du Premier ministre Simitis (1996-2004), le « Rocard grec ». Mais Syriza plafonne électoralement à 5 %. Quant à sa radicalité, elle est toute relative ! Les communistes et gauchistes des origines ont tous évolué vers le réformisme, le néo-keynésianisme, la redistribution. J’ai coutume de dire que Syriza aujourd’hui est notablement moins à gauche que la gauche gaulliste ou de la démocratie chrétienne italienne des années 1960 ! Ce n’est qu’en 2014 que les différentes formations coalisées dans Syriza ont décidé de se fondre en un parti unitaire. Pour autant, toutes les composantes de Syriza ne sont pas sur la même ligne. Car au Syriza originel s’est ajoutée une aile droite composée pour l’essentiel d’anciens du PASOK, en désaccord avec leur parti d’origine sur la soumission à la Troïka, Tsipras se trouvant en quelque sorte au centre. La politique qui sera suivie dépendra en partie des équilibres internes. La « plate-forme de gauche », par exemple, est ouvertement pour une sortie de l’euro. Et Tsipras vient d’être mis en minorité sur le choix du candidat à la présidence de la République : il voulait faire élire le commissaire européen Avramopoulos, un ancien rival de Samaras pour la présidence de la ND, ce qui lui aurait permis de nommer un commissaire proche de Syriza. Mais une majorité des instances de direction du parti a jugé ce candidat trop mémorandien, et Tsipras a été obligé d’y renoncer au profit du juriste Pavlopoulos, un centriste de la ND, lié au clan Karamanlis hostile à Samaras (il a notamment été conseiller du président Konstantinos Karamanlis en 1990-1995, à l’époque où celui-ci faisait figure de « père de la nation »), qui a dénoncé comme anticonstitutionnelles certaines des mesures prises en application des mémorandums. Tsipras a donc obtenu l’ouverture à droite qu’il souhaitait, mais la gauche du parti l’a forcé à choisir un conservateur acceptable pour elle - et soutenu par les Grecs indépendants, partenaires de la coalition, dont les positions à l’égard de la Troïka, de l’UE et de l’euro sont à certains égards plus proches de la gauche de Syriza que des anciens PASOK. Syriza n’est donc pas un parti capolarisé où le chef décide de tout. Et ceci est important pour l’avenir." Pour l'emprunt... je pense - mais j'écris bien : je pense - que des ouvertures ont été faites de part et d'autres, du côté grec par Lapavitsas qui a sans doute sondé ce que pourrait être une aide russe (prêt, avance sur les revenus gaziers, accords de change en cas de retour à la drachme qui aurait permis à la Grèce d'échanger ses nouvelles drachmes contre des devises pour payer ses importations indispensables pendant la période de transition, fourniture d'hydrocarbures à pris d'ami...) en cas de... Lapavitsas l'a-t-il fait de son propre chef, avec un mandat du Premier ministre ? Pour ce que l'on sait de la pratique de Tsipras par les confidences de Varoufakis sur le plan B, on peut extrapoler qu'il a laissé faire, et doné l'autorisation de faire, sans vouloir savoir jusqu'au moment où il a exclu l'hypothèse... Par conviction sans doute : des amis m'avaient mis en garde, depuis longtemps, sur l'espoir qu'on pouvait nourrir de le voir jamais rompre les contraintes européens tant il est prisonnier de l'illusion européenne. Si vous relisez mes papiers d'avant janvier, vous verrez que j'exprime ces doutes... et que je n'ai cessé de les exprimer tout en étant impressionné par la résolution du gouvernement depuis janvier qui laissait croire à la possibilité d'un européisme "de ruse". Ce qui n'est manifestement pas le cas. Pour ce que l'on sait, par les confidences de Varouf, la rupture a été écartée le soir du référendum par un vote à 4 contre 2. mais qui sont ces 6, hors Varouf et Tsipras ? Quelle est leur légitimité à décider ainsi en dehors du cabinet ? Tout cela reste opaque.

3. Le dimanche 2 août 2015 à 01:51, par Olivier Delorme

Quant à Kouvelakis, il est toujours passionnant ! Après l'accord de février, il fut de ceux qui tirèrent aussitôt la sonnette d'alarme. Pour ma part, je pensais alors et je l'ai écrit qu'une sortie de l'euro, sèche, non préparée, risquait d'être catastrophique et que le gouvernement, prisonnier d'un calendrier concocté par Samaras et Bruxelles, avait raison de s'acheter du temps pour la préparer. J'ai alors demandé à Stathis - en privé - s'il ne portait pas des critiques, très fortes, de manière un peu prématurée et s'il ne pensait pas que le gouvernement s'engageait dans une démarche "pédagogique" destinée à montrer au peuple grec qu'aucune négociation de bonne foi, aucun accord raisonnable n'était possibles, cette démonstration faite aboutissant logiquement à une sortie qu'on se serait ainsi donné le temps de préparer. Il m'a répondu qu'il me pensait beaucoup trop optimiste. et force est de constater qu'il avait raison. Ce qui frappe en réalité c'est la sous-estimation par Tsipras et son équipe de la résolution de leurs interlocuteurs et combien ils restent prisonniers des illusions européennes, incapables intellectuellement d'imaginer la vie en dehors du carcan. Du coup on peut légitimement s'interroger sur le sens du référendum... Tsipras demandant un Non tout en espérant que la trouille ferait gagner le Oui qui lui permettrait de s'exonérer de la responsabilité de la capitulation à laquelle il était résolu. Depuis quand ? A moins, ce que je n'écarte pas encore tout à fait, qu'il s'agisse d'une capitulation en trompe-l'oeil pour éviter la sortie au seuil de la saison touristique tout en attendant que de nouvelles exigences des créanciers ne fassent échouer l'accord final et que nous aboutissions à un référendum sur l'euro à l'automne... ce que je n'exclue pas... sans vraiment y croire.

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