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lundi 31 mars 2014

Elysée, Matignon, théâtre d'ombre de l'impuissance quand le pouvoir réel siège à Berlin et Bruxelles

Déficit plus haut que prévu. On ne résorbe pas les déficits et la dette en faisant de la déflation et de la récession ; on les augmente pour les résorber à terme, en faisant de la croissance et de l'inflation. Hollande a choisi Friedman contre Keynes et nous emmène au gouffre. Déroute électorale. L'électorat a fait défaut parce que la politique de Hollande est de droite, celle de Friedman au lieu de Keynes. Moralité ? On va aller encore plus à droite, faire du Friedman plus vite et plus fort, aggraver la récession, la déflation, le chômage et la misère qu'elle charrient. Et ceci au plus grand bénéfice du Front national.

Pourquoi une telle cécité, une telle persévérance dans les choix désastreux qui nous conduisent droit à la catastrophe économique, sociale et démocratique ? Parce que dans l'Europe, avec l'euro, il n'y a pas d'autre politique possible que celle de Friedman, précisément parce que l'Europe et l'euro ont été conçus, depuis trente ans, pour imposer aux peuples, au mépris de la souveraineté populaire, la politique de Friedman. Et qu'on ne me dise pas qu'un autre euro ou qu'une autre Europe est possible, leur seule utilité, pour les Nomenklaturas est justement de priver les peuples de leur souveraineté et de les contraindre à cette politique-là. En quoi l'Europe signifie d'abord la fin de la démocratie.

Donc, la tragi-comédie du remaniement n'a aucun sens. Hollande et le PS s'assiéront sur le vote d'hier, comme Sarkozy et l'UMP, aidés par le PS, se sont assis sur le rejet par le peuple du traité constitutionnel en nous administrant le traité de Lisbonne par lavement parlementaire, comme Hollande s'est assis sur les engagements pris devant le peuple de renégocier le traité Merkozy en capitulant d'entrée devant Merkel et en se transformant dès lors en Gauleiter aux ordres. Il n'y a plus aujourd'hui de choix politique pour quelque gouvernement que ce soit puisque les choix politiques sont faits à Berlin et entérinés à Bruxelles. La seule question qui vaille aujourd'hui c'est de savoir si nous sommes résignés à crever dans le carcan de l'euro et des traités européens ou si nous sommes décidés à les briser.

Hors de cela tout débat soi-disant politique est vain et privé de tout contenu.

dimanche 30 mars 2014

Raclée

Raclée. Raclée méritée. Raclée tellement méritée

Lamentable Ayrault : homélie larmoyante de curé qui compatit aux souffrances que crée sa politique. Pour conclure quoi ?

On continue, bien sûr, puisque la défaite n'a qu'une cause. Pas que la politique de Berlin et Bruxelles, appliquée servilement par le parti dit socialiste nous mène au gouffre, non.

Simplement que les électeurs sont des cons : ils ne comprennent pas, c'est tout, il suffit donc de mieux leur expliquer.

Avec ce genre de conclusion, le destin du PS est tout tracé. C'est celui de son homologue grec, le Pasok, passé en trois ans de 43,94% à 12,28%, et qui atteindrait péniblement 5% aujourd'hui qu'il est réduit au rôle de force d'appoint d'un gouvernement de droite dure.

Rien ne sert donc de s'indigner vertueusement ou de se lamenter hypocritement sur les victoires du FN. Le FN est le produit d'une politique, conduite hier par l'UMP, aujourd'hui par le PS, définie à Bruxelles et à Berlin, une politique unique, régulièrement désavouée par les électeurs.

Sans effet puisque l'euro et l'Europe - précisément conçus à cet effet depuis trente ans - interdisent d'en mener une autre. Il ne reste plus qu'à se répéter, entre nomenlklaturistes de l'UMP et du PS, que le peuple ne comprend pas, parce qu'il est bête, et que la solution n'est pas de changer de politique - ce qui impliquerait de quitter l'euro et de défaire l'Europe telle qu'elle a été "construite" depuis trente ans, mais de tenter de lui expliquer mieux qu'il n'y a pas d'alternative, comme disait la non-regrettée Margaret Thatcher, le véritable mentor de Hollande et consort.

C'est ça la démocratie européiste : considérer que si le peuple n'est pas d'accord c'est parce qu'on ne lui a pas assez expliqué, que si le peuple est contre, c'est parce qu'il est con, parce qu'il ne comprend pas où est son bien et que le devoir des nomenklaturistes c'est d'ignorer ce que dit le peuple pour faire son bien malgré lui, tout en condescendant à lui mieux expliquer pourquoi il ne peut pas comprendre.

Avec pour conséquence ? L'irrésistible ascension du Front national.

lundi 24 mars 2014

Colère

Les socio-libéraux n'ont eu, hier, que ce qu'ils ont mérité et ceci n'est qu'un très léger avant-goût de ce qui va se passer aux européennes : capituler devant Merkel dès les premiers jours du quinquennat, trahir son électorat en faisant ratifier le traité signé par Sarkozy qu'on s'était engagé devant le peuple à renégocier, s'enfermer dans un euro qui nous étrangle, nous condamne à la désindustrialisation, à la déflation et à la récession, c'est-à-dire à la baisse des salaires et à la liquidation de l'Etat social (même lorsqu'on appelle ça "socialisme de l'offre" ou "pacte de responsabilité"), à la paupérisation des classes moyennes, au chômage et à la misère de masse, accepter tous les Diktats de Berlin et d'une Europe qui n'est plus qu'une machine à faire du néolibéralisme, irréformable parce que tous les traités (dont celui qu'a refusé d'avaler le peuple et qu'on lui a administré par lavement parlementaire) depuis 30 ans ont été conçus pour qu'elle ne puisse plus être autre chose que ce qu'elle est, en attendant le grand marché transatlantique qui finira de vider la souveraineté populaire de toute substance... tout cela ne peut conduire et continuera à conduire à une montée inexorable, irrépressible, du Front national d'une part et, de l'autre, d'une abstention de dégoût devant une nomenklatura hors sol, incompétente et qui se croit au-dessus des lois, une abstention de rejet d'une démocratie d'apparence où le choix se résume à sélectionner un homme ou une équipe chargés de conduire une politique unique déterminée ailleurs.

On peut toujours continuer les incantations sur les courbes qui vont s'inverser ou la croissance qui va repartir, par magie, on peut ignorer la crise bancaire qui arrive parce qu'on n'a rien fait de sérieux depuis 2008 pour contrôler la finance folle et prédatrice, on peut continuer à courir au désastre en répétant "l'Europe, l'Europe, l'Europe", mais il ne sert à rien, ensuite d'appeler, dans le vide, à je ne sais quel réflexe républicain ou démocratique.

Ce qui produit le vote Front national ce n'est rien d'autre que la politique unique conduite par l'UMP et le PS, imposée par Berlin et les nains de Bruxelles.

samedi 15 mars 2014

Iménos le débauché

J'indiquais dans mon précédent message qu'à 56 ans, Kavafis écrivait "Iménos" et j'en donnais la traduction de Dominique Grandmont, tout en signalant qu'à 56 ans, Yourcenar publiait sa traduction de Kavafis... Du coup, j'ai eu envie de replonger dans la bibliothèque pour comparer les trois versions françaises de ce poème qui s'y trouvent :

Yourcenar/ Dimaras (Gallimard, 1958) :

... Et il faut aimer davantage encore la volupté malsaine dont la possession nous use... Trouvant rarement le corps qui éprouve les sensations souhaitées. Volupté malsaine dont la possession nous use, mais qui procure des jouissances amoureuses que la santé ne connaît pas...

Fragment d'une lettre du jeune Iménos (de famille patricienne), célèbre à Syracuse pour sa vie de débauche, sous le règne licencieux de Michel III

Socrate Zervos et Patricia Portier (Imprimerie nationale, 1992) :

"... Encore plus que les autres plaisirs,
Aimons celui qui nous pourrit et nous détruit.
Trouvant rarement de corps qui se prête à ce plaisir-là,
Celui qui nous pourrit et nous détruit
Et qui nous offre une intensité que la morale ne connaît pas..."

Fragment d'une lettre
Du jeune Imènos, patricien, célèbre
Dans Syracuse pour sa dépravation
Dans les temps dépravés de Michel III

Dominique Grandmont (Gallimard, 1999) :

"...Il n'en faut aimer davantage
la volupté malsaine qui s'alimente de notre ruine ;
même si elle ne trouve pas souvent le corps qui réponde à son désir -
cette nocivité qui nous mine lui procure
une intensité dans l'amour que la santé ne connaît pas..."

Fragment retrouvé d'une lettre
du jeune Iménos (fils de patricien), bien connu
à Syracuse pour sa vie de débauche,
sous le règne non moins dissolu de Michel III

Sublime, n'est-il pas ? Incomparable Kavafis... Et mon choix est bien sûr celui de Yourcenar... même si elle est plus "infidèle" au texte, c'est elle qui, a mes yeux, est la plus fidèle à la magie du texte.

Hier, j'ai eu 56 ans

À 56 ans, Stendhal publie La Chartreuse de Parme.

À 56 ans, il ne reste à Richelieu qu’une année à vivre.

À 56 ans, Offenbach a déjà composé tous ses chefs-d’œuvre... sauf Les Contes d’Hoffmann.

À 56 ans, Kavvadias navigue ; il a publié Le Quart, un chef d’œuvre absolu, à 44 ans.

À 56 ans, de Gaulle qui avait incarné pendant cinq ans la France, la Liberté, l’honneur, le refus de la soumission à l’Allemagne et au nazisme - ce qui pour moi se confond - se retire devant des partis qui vont emporter une nouvelle fois le pays à l’abîme ; il reviendra au pouvoir 12 ans plus tard.

Lully est mort à 55 ans.

À 56 ans, Lawrence Durrell a déjà fini de publier Le Quatuor d’Alexandrie... 8 ans auparavant ! et fait paraître Tunc.

À 56 ans, Flaubert publie ses Trois Contes ; il a déjà écrit Madame Bovary, Salambô et L’Éducation sentimentale.

À 56 ans, il reste à Louis XI 4 ans à vivre ; il a déjà accompli l'essentiel de ce qui le range parmi ceux qui ont fait la France.

À 56 ans, Malraux met la dernière main à La Métamorphose des dieux qui deviendra le premier volet de sa trilogie sur l’art (Le Surnaturel). Il n’est plus romancier et pas encore ministre.

À 56 ans Tsarouchis peint les deux panneaux ci-dessous pour la chambre de Hadzidakis, lequel, au même âge, la même année, composait Pornografia.

Périclès est mort à 46 ans et Alexandre le Grand à 33.

À 56 ans, Clemenceau publie « J’accuse » de Zola, qui en a 57, dans L’Aurore, et, à 56 ans, Anatole France termine sa géniale tétralogie de L’Histoire contemporaine sur la France de l’affaire Dreyfus.

À 56 ans, Voltaire part vivre chez Frédéric II.

À 56 ans, Yourcenar vient de publier (avec Constantin Dimaras) sa Présentation critique de Constantin Cavafy (elle a publié Mémoires d’Hadrien à 48 ans) et, à 56 ans, Kavafis écrit, entre autres, « Iménos » :

"... Il n'en faut qu'aimer davantage
la volupté malsaine qui s'alimente de notre ruine;
même si elle ne trouve pas souvent le corps qui réponde à son désir -
cette nocivité qui nous mine lui procure
une intensité dans l'amour que la santé ne connaît pas..."

Fragment retrouvé d'une lettre
du jeune Iménos (fils de patricien), bien connu
à Syracuse pour sa vie de débauche,
sous le règne non moins dissolu de Michel III

(Constantin Cavafis, En attendant les barbares et autres poèmes, trad. Dominique Grandmont, Gallimard, 2003, p. 138)

À 56 ans, en 404, exilé d’Athènes depuis deux décennies, Thucydide voit sa cité vaincue par Sparte, dans la guerre du Péloponnèse dont il est en train d’écrire l’histoire en même temps qu’il fonde la méthode historique.

À 56 ans, Séféris vient de publier son Journal de bord III et Iannis Ritsos, libéré du camp de concentration de Makronissos à 43 ans, sera de nouveau arrêté à 58 pour être déporté à Giaros puis Léros.

À 56 ans, Hugo publie Les Contemplations et travaille aux Misérables.

Nietzsche, devenu fou à 45 ans, meurt à 56.

À 56 ans, il y a deux ans que Tsirkas a fini de publier Cités à la dérive.

À 56 ans, Chateaubriand est vidé du gouvernement.

Saint-Just et Louis Rossel sont morts à 27 ans, et Jean Moulin à 44.

jeudi 13 mars 2014

Bismuth président !

Donc, si je comprends bien,

1°) Kadhafi aurait financé la campagne de Paul Bismuth,

2°) le chef du parti à ce Bismuth, qui a honteusement magouillé pour se faire élire grand-vizir et se fait payer des vacances par un type très riche au faciès que la police de Bismuth n'aime pas trop mais qui, lui, négocie des gros pots-de-vin dont Bismuth et le grand-vizir auraient un peu palpé, ce grand-vizir aurait, paraît-il, arrosé d'abondance, des copains et anciens obligés communicants - c'est-à-dire des inutiles brasseurs de vent - pour conduire la campagne suivante de Bismuth et ceci à des prix défiant toute concurrence.

3°) Entre-temps ledit Bismuth a invité Kadhafi à Paris pour lui baiser humblement les babouches avant de le faire dessouder par ses rafales, construits sur l'argent public, par un vieux patron de journal qui ne parle jamais des électeurs à qui ce vieux patron aurait graissé la patte pour se faire élire.

4°) En outre ledit Bismuth, qui a une femme sans voix mais qui chante et qui devient très vulgaire dès qu'elle parle d'artiche, ledit Bismuth qui, à l'occasion, se serait aussi fait donner du grisbi par une mémé très très riche et un peu zinzin, aurait été écouté jusque dans ses chiottes par un copain très proche, facho de retour détesté par son fils qui a dû en voir des vertes et des pas mures - un facho que tous les chiens de garde médiatiques s'accordent à trouver excessivement intelligent, ce qui ne me saute pas aux yeux, mais passons...

Bon. Ok. Jusque-là, je suis : ça s'appelle la vie politique française.

Mais là où je décroche, c'est que je ne comprends pas pourquoi les Solfériniens, que je n'aime guère parce qu'ils font la même politique, exactement, que ferait Bismuth ou le grand-vizir, puisqu'ils obéissent tous au doigt et à l'oeil à une très laide grosse dame allemande et à un ancien maoïste portugais délocalisé à Bruxelles, seraient les responsables de tout ce merdier dans lequel s'ébattent joyeusement Bismuth et ses amis...

vendredi 7 mars 2014

C'est beau l'Europe, non ?!

Chaque jour depuis longtemps déjà, la Turquie avance sûrement vers la dictature sous la houlette du très autoritaire, très corrompu et très islamiste plus modéré du tout (ah le sel des puissantes analyses de tous les chiens de garde médiatiques qui nous ont expliqué pendant 10 ans que l'AKP était un vecteur de démocratie, de lutte contre la corruption et une espèce de démocratie chrétienne en terre musulmane...). Après avoir fait tuer des manifestants (ce qui est inacceptable à Kiev, mais parfaitement accepté à Istanbul), ordonné aux policiers de ne plus obéir au parquet, après avoir supprimé l'indépendance de la magistrature en une loi votée en deux temps trois mouvements, après en avoir fait une autre pour cadenasser Internet, après la publication de conversations téléphoniques révélant son implication personnelle dans la corruption (inacceptable à Kiev, mais parfaitement acceptée à Ankara), après tant d'autres mesures qui visent à assurer son pouvoir absolu et à réislamiser systématiquement tous les secteurs de la société, le sultan Erdogan menace d'interdire Youtube (où tournent ses communications téléphoniques avec son rejeton sur le montant des pots de vin à encaisser) et Facebook où les turpitudes du sultan sont étalées chaque jour davantage.

Silence à Bruxelles, silence chez les chiens de garde médiatiques grand défenseur de la morale et de l'Etat de droit à Kiev, mais pas...

Rien. Pas un mot, pas une sanction, pas l'ombre d'une condamnation. Ils continuent à négocier l'adhésion de la Turquie à l'UE.

Pour les nains de Bruxelles et les chiens de garde médiatiques, il y a deux types d'atteinte à l'intégrité territoriale, celle de la Turquie à Chypre ou celle de la sécession du Kosovo malgré une résolution de l'ONU garantissant l'intégrité de la Serbie, et les autres. Les premières sont légitimes, pas les autres.

Pour les nains de Bruxelles et les chiens de garde médiatiques, il y a deux sortes d'apprentis dictateurs : ceux qu'ils choient, en Hongrie, en Ancienne République de Macédoine, au Monténégro, en Turquie... et les autres.

Pour les nains de Bruxelles et les chiens de garde médiatiques, il y a deux types de corrompus, ceux qu'ils cajolent, en Turquie, au Monténégro, en Albanie, en Ancienne République yougoslave de Macédoine, en Roumanie, en Bulgarie... et les autres.

Il est vrai que la Turquie est dans l'Otan et pas l'Ukraine... enfin pas encore. Quand l'Ukraine sera dans l'Otan, ses dirigeants pourront enfin s'en foutre plein les poches, violer l'Etat de droit à tour de bras voir l'intégrité territoriale d'un voisin, tuer des manifestants... sans rien risquer, ni de l'UE ni de la vertueuse indignation des chiens de garde médiatiques.

C'est beau l'Europe, non ? Ca donne envie !

dimanche 2 mars 2014

Précisions ukrainiennes

1 - Dans leur incommensurable irresponsabilité, les nains de Bruxelles, de Berlin et de Paris ont mis le feu aux poudres en négociant avec l'Ukraine sans avoir trouvé un accord préalable avec la Russie, dont l'Ukraine fait partie de l'étranger proche. Or nous savons ce qui se passe dans ce cas de figure depuis les événements de Géorgie.

2 - Dans leur incommensurable irresponsabilité, les nains de Bruxelles, de Berlin et de Paris n'ont pas les moyens financiers ni les moyens militaires pour détacher - si tant est que cela soit souhaitable pour les relations internationales - l'Ukraine de la Russie. Or la diplomatie consiste à conjuguer le souhaitable et le possible avec les moyens dont on dispose et à ne pas créer de toutes pièces des épreuves de force inutiles qu'on n'a pas les moyens de soutenir. La Russie, elle, à les moyens gaziers et financiers d'étouffer l'Ukraine. J'attends avec intérêt de voir comment Mme Merkel, qui a écorché vif les peuples du Sud parce que l'Allemagne ne veut pas payer pour eux, ou la France mise en demeure par les nains de Bruxelles et de Berlin de "réduire ses déficits", vont refinancer l'Ukraine pour éviter qu'elle ne fasse faillite et n'entraîne avec elle une partie du secteur banquier autrichien, notamment, très engagé dans la région. J'attends aussi de voir le FMI qui a répandu partout où il est intervenu la misère et l'instabilité politique venir à l'aide de l'Ukraine. Comme en Géorgie, dans 3 ou 5 ans, l'Ukraine aura de nouveau un président pro-russe. Ce qui a été fait en Ukraine par l'UE l'a donc été en dépit de tout bon sens et de toute logique. Cela s'appelle une politique de gribouille.

3 - Contrairement à ce qu'ont aboyé les chiens de garde des médias, il ne s'est pas agi à Kiev d'une "révolution pro-européenne" contre un gouvernement dictatorial. Il s'est agi, dans la partie occidentale de l'Ukraine, minoritaire en terme de population et d'électorat, d'une insurrection contre un pouvoir régulièrement élu dont la base électorale est l'est de l'Ukraine, majoritaire, russe, russophone ou russophile. Aider cette révolution par des financements, des propos, une propagande médiatique ne pouvait qu'aboutir là où nous en sommes.

4 - Le renversement du gouvernement ukrainien est intervenu après la signature d'un accord avec trois ministres européens qui prévoyait le maintien de ce gouvernement jusqu'à des élections régulières. Contrairement à ce qu'ont aboyé les chiens de garde, ceci n'était nullement une représentation de l'Europe. Les ministres allemands, français et polonais n'avaient aucune autorité ni aucun mandat pour parler au nom de l'Europe. Une fois de plus la baronne Ashton a montré son inefficacité nuisible. Il n'y a pas, il ne peut pas y avoir de diplomatie européenne et il serait temps de s'en rendre compte comme il serait temps de sortir de l'euro avant que nous en ayons crevé. Si on avait suivi les règles européennes (mais l'Europe, comme en son Sud, comme en Hongrie, ne cesse plus, désormais, de violer ses propres règles et ses propres principes), les ministres des Affaires étrangères des pays assurant la présidence du Conseil (Grèce), l'ayant assurée (Lituanie) et l'assurant la prochaine fois (Italie) auraient dû être chargés de la médiation, pas cette Troïka sans mandat ni légitimité. Enfin, on n'a pas entendu le moindre de ces trois ministres élever la moindre des protestations contre la violation de l'accord négocié, son encre à peine sèche, par la coalition hétéroclite nommée "opposition ukrainienne", ce qui constitue pourtant une humiliation de taille pour ces trois personnages sans envergure et sans politique.

5 - Le gouvernement renversé était certes corrompu et autoritaire, mais il ne l'était ni plus ni moins que le précédent, issu d'une première "révolution" dite orange qui ressemblait autant à une révolution que celle qu'on vient de nous jouer/mimer sur les écrans. Et comme le précédent, il était issu d'élections pluralistes et régulières.

6 - Se trouvent au centre de cette soi-disant "révolution", des forces néonazies (l'Ukraine a connu une collaboration massive entre 1941 et 1944, et une des exterminations de juifs les plus massives et "complètes" en Europe : Svoboda assume pleinement cet héritage) de Svoboda. On ne sait qui a tiré le premier à Kiev, de ces néonazis, pour provoquer l'épreuve de force, ou des unités sous le contrôle du gouvernement, mais ce qu'on sait aujourd'hui c'est que Svoboda a immédiatement noyauté tout l'appareil d'Etat, notamment le Parquet général et le ministère de la Défense. Et que donc, comme en Grèce ou ailleurs, l'incommensurable irresponsabilité des nains de Bruxelles, de Berlin et de Paris aboutit surtout à nourrir l'extrême droite.

7 - Comme en Yougoslavie, la transformation de frontières administratives qui n'avaient aucune valeur ni signification réelle dans l'URSS en frontières internationales est une pure imbécillité belligène. La Crimée a toujours été russe depuis Catherine II. La décision de Khrouchtchev, en 1954, commandée par des motivations politiques contingentes, de la rattacher à l'Ukraine ne peut valoir annulation de cette donnée de fond. Tant que l'Ukraine restait dans un rapport de proximité étroite avec la Russie, cette anomalie pouvait être ignorée. L'incommensurable irresponsabilité des nains de Bruxelles, de Berlin et de Paris la rend évidemment inacceptable pour Moscou ; il faut être aussi bêtes et ignorants de l'histoire que les nains de Bruxelles, de Paris et de Berlin pour croire le contraire.

8 - Ce que fait Poutine aujourd'hui, tous les chefs d'Etat russes, qu'il soient tsars, soviétiques ou de parfaits démocrates le feraient. Il s'agit de la défense des intérêts nationaux russes et la Russie n'a pas renoncé, contrairement à nous qui vivons dans l'illusion européenne, et qui en crèverons si nous ne la répudions pas rapidement, à défendre ses intérêts nationaux.

9 - Le principe de l'intégrité territoriale est à géométrie très nettement variable : sans même parler des innombrables frasques guerrières des Etats-Unis qui font fi de la souveraineté des Etats de son étranger proche, sans parler de la guerre d'invasion illégale en Irak, sans parler de nos continuelles interventions dans notre "pré carré" africain, comme au Mali à l'appel bidonné d'un tyranneau arrivé au pouvoir par la grâce d'un coup d'Etat et de la désagrégation de cet Etat due à l'effondrement économique (le libre-échange et les subventions des Etats-Unis à leurs producteurs cotonniers ayant ruiné le coton malien) et aux recettes criminelles du FMI bien plus qu'au diable islamiste qui n'a fait que profiter de la situation, je rappellerai que la Turquie, candidate qui négocie son adhésion à l'UE et est membre de l'OTAN, la Turquie dont M. Hollande est allé récemment cautionner, sans utilité ni contrepartie, un régime perclus de corruption et qui démantèle chaque jour un peu plus l'Etat de droit, viole depuis 40 ans l'intégrité territoriale de Chypre, pourtant membre de l'UE, et quelle y a créé un Etat aussi fantoche que croupion qu'elle finance et occupe, sans que cela n'empêche l'UE de continuer à négocier son adhésion. Enfin rappelons que malgré une résolution du Conseil de sécurité qui garantit l'intégrité territoriale de la Serbie, les Etats-Unis et l'Europe ont créé l'Etat mafieux du Kosovo, dirigé par un criminel de guerre et trafiquant d'organes auquel Mme Merkel aime à serrer la main. Et que cet Etat sécessionniste, créé en contradiction flagrante avec une résolution pertinente des Nations Unies, est reconnu par les EU, la France, l'Allemagne, etc., mais pas par l'UE ni par l'ONU puisque, dans l'une comme dans l'autre, des Etats conséquents refusent de reconnaître cet Etat de fait qui ne doit rien au droit...

Alors basta !