J'ai fait un cours hier sur les élections américaines et terminé en disant que

1/ L'électorat américain, comme le dit E. Todd depuis plusieurs mois, est en insurrection, comme en Europe, contre les nomenklaturas qui nous ont menés depuis les années 1980 là où nous en sommes.

2/ Que Clinton est l'archétype de ces Nomenklaturas dont les électorats en insurrection ne veulent plus.

3/ Que cette insurrection prend des formes "nationales" c'est-à-dire modelées par les cultures politiques propres à chaque nation, qu'aux Etats-Unis elle prend une forme qui nous est étrangère : celle d'un milliardaire fraudeur (aussi parce que frauder l'impôt est vu par une large partie de l'électorat comme une forme d'insurrection légitime contre un Etat illégitime) qui, parce qu'il est milliardaire, se prétend indépendant de la Nomenklatura honnie.

4/ Qu'une partie probablement importante de l'électorat Sanders ne voterait en aucun cas Clinton, préférerait s'abstenir, voter pour la candidate écolo, voire pour Trump. Il y a désormais dans les électorats un vote contre la politique prétendument du "moindre mal", ou un vote de dérision : on l'a vu en Grèce avec l'émergence de Leventis (Union des centristes) considéré par une génération comme un bouffon.

5/ Que son programme, notamment sur les infrastructures, est moins caricatural que l'image qu'on en a donnée dans les médias européens et qu'il porte dans l'électorat des travailleurs pauvres et la classe moyenne en voie de paupérisation qu'ont créés les politiques conduites depuis 40 ans.

6/ Que Trump ramenait, pour ces raisons, aux urnes des gens qui ne votaient plus, tandis que Clinton en éloignait d'autres qu'Obama avait ramenés aux mêmes urnes.

7/ Que les sondages sous-estimaient le vote Trump parce que, comme en France pour le FN, les injonctions intello-médiatiques l'empêchent de se dire à hauteur de ce qu'il est. Et que ce qu'on présentait ici comme des gaffes étaient des messages à cet électorat destinés à montrer qu'il pensait comme lui et qu'il ne pensait pas comme la Nomenklatura.

8/ Que les chiffres flatteurs de l'économie américaine sont bâtis sur du vent : le prétendu plein emploi n'est qu'un trompe l'oeil fait, comme en Espagne, de petits boulots qui ne permettent plus de vivre décemment et de bulle de crédit masquant l'absence de croissance réelle.

9/ Que nous sommes à la fin du cycle de libre-échange, dont les électorats comprennent, après 40 ans, qu'il ne remplit aucune des promesses qui le justifiaient.

Que tout est donc possible...

Enfin, je dois vous confesser que je n'ai pas résisté au plaisir d'écouter Bernard Guetta ce matin, pour le première fois depuis, pour rigoler... Le pôv'Bernard ! Le Brexit et Trump en moins de six mois... Prochain épisode de l'insurrection des électorats que notre Nanard de Radio Paris va devoir commenter : le référendum italien.

Quant à notre Nomenklatura locale (à l'exception d'un excellent Villepin - notre dernier ministre des Affaires étrangères avec Védrine - sur BFM), elle se montre égale à elle-même.

Le PASOK français en profite pour appeler au vote utile.

Sarkozy : le choix du peuple américain doit être respecté.

Voilà une parole forte et qu'on aimerait entendre plus souvent ! Mais a-t-il été question qu'il ne le soit pas ?

Et donc le choix du peuple américain vaut plus que le choix du peuple français lors du référendum de 2005 sur lequel le petit Nicolas s'est assis avec ses deux petites fesses.

Le petit Nicolas nous fait aussi une déclaration anti-libre-échangiste ! Fichtre !!! Les députés LR vont donc voter comme un seul homme contre la ratification du CETA ? et s'il est élu, le petit Nicolas va interrompre de suite la négociation du TAFTA si Trump ne l'a pas déjà fait ???

Allez, double portion de frites au Fouquet's pour Nicolas !

Et celui qui disait, hier, faire confiance au peuple américain pour choisir le candidat qu'il n'avait pas insulté ? Pas d'bol ! Et toujours rien appris ni rien compris. Déclaration ridicule de cabris : L'Europe ! L'Europe ! L'Europe !

Reste Jean-Claude (des alcooliques européens anonymes : "Bonjour, moi c'est Jean-Claude..."). Il paraîtrait qu'il avait déjà dépassé les 3,5 grammes dans le sang à 10h00 du mat... Encore un p'tit verre, Jean-Claude, pour oublier ces salauds de peuples qui ne veulent pas comprendre ce qui est bon pour eux ?

Maintenant cap sur le référendum italien et l'explosion qu'on espère consécutive du gouvernement de Matteo belle gueule !