Fillon comme Juppé n'ont jamais que 35 ans de retard sur la grande régression thatchéro-reaganienne. Et leur "projet" est d'y aller, droit dans ses bottes et droit dans le mur, au son du clairon comme la brigade légère à la Balaklava (1854), sabres au clair face aux canons, ceci au moment précis où le Royaume-Uni et les Etats-Unis tournent cette sombre page.

On reconnaît bien là leur sens aigu de l'histoire.

Ce qui est à pisser de rire, ce matin, c'est que les mêmes qui ont annoncé que les Britanniques ne pouvaient voter pour le Brexit, qui ont couronné Juppé depuis deux ans, qui ont seriné jusqu'à la veille de l'élection qu'Hilary ne pouvait pas perdre se lâchent de nouveau ce matin : Fillon a déjà gagné la présidentielle.

Je serais Fillon, je me méfierais salement.

De toute façon, comme le dit parfaitement Todd, on va nous demander d'élire celui qui ira négocier à Berlin le plus ou moins de marge qu'on aura pour appliquer les injonctions de Bruxelles.

Que ce soit un triste réac, un vieux repris de justice, un petit énervé à casseroles, un banquier d'affaires ou un des gugusses interchangeables de la droite honteuse connue sous le nom de Parti socialiste, le résultat sera approximativement le même.

L'important n'est pas l'élection qui ne sera qu'un concours de beauté ; l'important c'est de parvenir, le plus tôt possible, à organiser une manière de Conseil national de la Résistance qui, au-delà des désaccords sur l'avenir, soit capable de présenter clairement aux citoyens les voies et moyens par lesquels on sort de l'impasse, c'est-à-dire de l'euro et de l'UE, pour rebâtir une République sociale, solidaire et participative.

Tout le reste relève d'un sinistre théâtre d'ombres destiné à faire croire que les formes démocratiques sont autre chose que des formes dans le cadre européen qui les a vidées de tout sens et de tout contenu.

Soit Mélenchon s'élève au rang de défenseur de la souveraineté populaire et nationale, et se transforme en candidat clair de l'ardente nécessité du Frexit, soit cette élection se fera sans moi. Je ne veux plus cautionner cette parodie qui donne l'illusion que la démocratie existe encore.

S'il faut aller à la crise, alors allons-y franchement ! Mieux vaut un coup de grisou qu'une mort lente sans fin.