C'est une escroquerie intellectuelle, une de plus, que de prétendre, comme l'a fait une fois encore ce qui nous sert de président de la République pour quelques trop longs mois encore (hélas, les suivants risquent d'être aussi longs...), que la guerre de 1914-1918 est le produit du "nationalisme".

La guerre de 1914-1918 n'est pas essentiellement le produit du "nationalisme" ni encore moins de l'Etat-nation, elle est le produit de l'impérialisme et d'une rivalité entre Empires : l'occupation puis l'annexion par l'Empire austro-hongrois de la Bosnie-Herzégovine et la résistance qu'elles y ont suscitée qui débouche sur l'assassinat de Sarajevo, la volonté maintes fois répétée de l'état-major autrichien d'écraser le royaume national serbe qui, après 1903, avait échappé à son emprise, était devenu démocratique, s'était allié à la Russie et à la France, faisait obstacle à l'impérialisme austro-hongrois dans les Balkans depuis les victoires de la Ligue balkanique contre l'Empire ottoman en 1912, le "chèque en blanc" donné par l'Empire allemand à l'Empire austro-hongrois pour attaquer la Serbie, afin de provoquer une guerre contre l'Empire russe en pleine expansion économique et militaire, avant que la puissance militaire de ce dernier devienne impossible à juguler pour l'Allemagne, la rivalité maritime et commerciale germano-anglaise qui ne doit rien au "nationalisme" et tout au capitalisme... L'impérialisme, stade suprême du capitalisme, comme disait l'Autre.

Les Etats-nations français et anglais n'ont d'ailleurs joué qu'un rôle mineur dans la marche à la guerre, même si la "défense nationale" a joué un rôle déterminant dans la mobilisation des opinions.

Ce sont des logiques impériales, et non nationales, qui jouent le rôle moteur dans le déclenchement du conflit et sa principale conséquence est justement la liquidation des empires (allemand, austro-hongrois, ottoman et russe) qui l'ont provoqué.