On lit aujourd'hui, sous la plume de l'excellent Romaric Godin de ''La Tribune'' que la banqueroute annoncée de la banque Hypo Alpe Adria risque bien d'entraîner un défaut de la Carinthie :

"Cette affaire, qui empoisonne la vie politique et financière de l'Autriche depuis des années, est plus importante qu'elle en a l'air. La petite république alpine dispose d'un secteur bancaire démesuré et très exposé à l'Europe de l'est. Les grandes banques autrichiennes (Volksbanken, Raiffeisen et Erste Bank, sans compter Credit Austria, filiale de l'italien Unicredit) sont très exposées à l'Ukraine et à la Russie, ainsi qu'aux Balkans. Des régions où l'activité économique est au mieux stagnante, au pire déclinante. La plus fragile, Raiffeisen, est exposée à hauteur de 15 milliards d'euros à la Russie et de 3 milliards d'euros à l'Ukraine. En tout, le taux de créances douteuses sur la zone s'élève à près de 15 % pour les banques autrichiennes. A cela s'ajoute une forte exposition aux prêts en francs suisses que la fin du taux plancher rendent très dangereux. Selon l'évaluation de la Commission, le montant de ces prêts en Autriche s'élève à 40 milliards d'euros et ce modèle, on le sait, a été largement exporté par les banques autrichiennes dans leurs filiales est-européennes. L'attitude de la Hongrie face à ces prêts laisse notamment présager des pertes pour les banques autrichiennes."

C'est assez amusant, lorsqu'on sait que l'Autriche est un des pays les plus intransigeants avec la Grèce.

Et ce serait assez amusant que l'euro pète par là : rappelons aussi qu'une plate-forme citoyenne a remis, en janvier 2015, au ministère de l'Intérieur une pétition demandant l'organisation d'un référendum sur la sortie de l'UE et qu'en août dernier 54% de la population estimait que l’UE apporte plus de désavantages que d’avantages au pays.

C'est assez amusant aussi car, à l'exception de la Volksbanken, toutes les banques autrichiennes on satisfait, il y a moins de six mois, au stress-test bidon de la BCE, sensé rassurer les crétins sur la solidité du secteur bancaire européen qui s'effondrera, lors de l'éclatement de la bulle spéculative américaine, à cause des effets de levier irresponsables appliqués par les banquiers que personne n'a voulu faire rentrer dans le rang après 2008 - à commencer par les socialistes français qui ont capitulé devant les Macrons lorsqu'il s'est agi de tenir la promesse du candidat Hollande de séparer - sérieusement, pas pour la galerie - les banques d'affaires des banques de dépôt.

Ce serait amusant parce que l'Autriche est spécialiste des krachs : la crise bancaire autrichienne de 1873 marque le début de la Longue dépression en Europe ; celle de l'après-guerre mondiale entraîna le pays au bord du chaos - et vit notamment la faillite (et la disparition de l'épargne des déposants de la Bidermann Bank présidée par le brillant économiste et éphémère ministre des Finances Joseph Schumpeter, qui devait devenir le chantre de la destruction créatrice capitaliste) ; la faillite, le 11 mai 1931, de la première banque autrichienne, le Credit-Anstalt, est un élément essentiel de la diffusion de la crise américaine en Europe.

En attendant, Varoufakis multiplie les déclarations pour le moins... contradictoires. Jusque-là, comme je l'ai écrit ici, je pensais qu'ils s'agissait de s'acheter du temps, et que, après avoir montré à l'opinion qu'il était impossible d'infléchir en quoi que ce soit les positions de l'UE, le gouvernement sortirait de l'euro. Condition nécessaire, bien que non suffisante, d'un rebond grec. Désormais trois question me taraudent :

1/ N'ai-je pas totalement tort ?

2/ Le gouvernement a-t-il une stratégie ou ne fait-il que naviguer à vue ?

3/ Après avoir roulé des mécaniques pour la galerie, n'est-il pas tout simplement en train de se préparer... mais à capituler ?