Nous avons assisté ces derniers jours à un énième vaudeville frondeur, qui n'a plus rien de drôle et tout de pathétique.

Le scénario était écrit d'avance et Valls en arrive à ce point de mépris du Parlement qu'il considère que 24h00 de débat sur un texte qui tire un trait sur des acquis fondamentaux du droit du travail mais dont le but est de satisfaire les exigences de Berlin et Bruxelles, c'est déjà trop.

Là-dessus, les frondeurs nous rejouent une fois de plus la vieille, très vieille scène du "retenez-moi ou je fais un malheur", que les députés UDR jouaient déjà face à Giscard, alors que tout le monde sait qu'ils ne risqueront pas une dissolution, et donc la perte d'un an d'indemnités parlementaires, alors que la plupart sont certains de n'être pas réélus, pour faire tomber un gouvernement sur lequel ils n'ont pas de mot assez durs.

Puis on a droit à la séance suspense et grosse ficelle : les frondeurs arriveront-ils à recueillir les signatures prévues sur le texte d'une motion de censure de gauche ? Question sans aucun intérêt puisqu'une telle motion n'aurait de toute façon aucune chance d'être adoptée.

L'échec prévu arrive et les frondeurs en papier mâché, en pâte à modeler et caoutchouc mousse rentrent sagement dans le rang. Evidemment.

Ils ne vont tout de même pas mêler leurs voix à la droite - ce qui prouverait qu'ils sont de droite. Bien sûr. D'ailleurs, depuis des lustres, le PS n'appelle pas ses électeurs à mêler au 2e tour de toutes les élections à celles de droite pour faire élire des candidats de droite.

Nous vivons le règne des imposteurs, de la gesticulation sans plus aucun sens. Nous vivons un temps où les imposteurs de tout poil gesticulent pour faire croire qu'ils existent encore, alors que leur seule fonction est de jouer les larbins de Merkel, de Juncker, d'Obama, d'Erdogan... Peu importe en fait de qui ils veulent être le larbin pourvu qu'ils soient larbins.

Prenez Mamère : il fait la promo d'un brûlot anti-Valls, destiné à montrer que ce type est le danger le plus grave pour la France depuis des décennies... et puis il refuse de voter la motion de censure qui pourrait faire tomber ledit Valls.

Imposteur !

Prenez le secrétaire d'Etat au Commerce extérieur : il vous jure ses grands dieux qu'il refusera la signature de la France au bas du TAFTA... en l'état. Tout est dans le : en l'état. Puis 3 jours plus tard, il vous explique que l'accord de libre-échange UE-Canada, semblable dans ses buts comme dans ses modélités les plus perverses au TAFTA, lui est un souverain bien qu'il faut signer et ratifier au plus vite.

Imposteur !

Si cela ne vous rappelle rien, moi cela me rappelle un certain Hollande se faisant élire en jurant au peuple français qu'il ne ratifiera pas le traité de discipline budgétaire que son prédécesseur a signé sous la schlag de la chancelière du Reich. Qu'il ne le signera pas... en l'état. Et le lendemain de son élection, il se rue à Berlin, pour lécher les bottes de la chancelière du Reich, dire qu'il ratifiera mais que la chancelière du Reich serait bien gentille de lui accorder un "volet de croissance", totalement vide de tout contenu, afin qu'il puisse dire devant les gogos qui l'ont élu qu'il n'a pas accepté le traité de discipline budgétaire "en l'état".

Imposteur !

Prenez Juncker, champion de la rigueur et de lutte contre l'évasion fiscale au niveau communautaire ; une évasion fiscale qu'il a systématiquement organisée pendant de très très longues années comme ministre des Finances puis Premier ministre d'une principauté dont la seule industrie est l'évasion fiscale, et qui va condamner les lanceurs d'alerte tout en protégeant les criminels.

Imposteur !

Prenez Tsipras et les siens qui se sont fait élire sur la fin des mémorandums et le rétablissement de la dignité des Grecs : ils viennent de signer leur 2e mémorandum en six mois et humilient chaque jour davantage leur peuple. Tsipras avait dit qu'il serait chaque mot de la Constitution, il vient d'accepter des mécanismes financiers de coupure automatique de budgets qui réduisent le Parlement grec - qui n'avait déjà plus son mot à dire sur grand-chose depuis six ans - à rien et la Constitution hellénique à accessoire de farces et attrapes.

Mais attention, il n'a pas accepté tout cela... en l'état ! Il l'a accepté après d'âpres négociations, après des négociations où l'on a mimé, à la frondeuse, la résistance. Il l'a accepté, pas même contre un "volet de croissance" totalement vide, mais contre une promesse d'ouverture d'autres négociations. Des négociations sur la dette ! Alléluia !!! Pas sur l'annulation ou la réduction de la dette... vous n'y pensez pas. Sur son "reprofilage". Autrement dit sur la durée - une éternité plus ou moins éternelle - pendant laquelle le peuple grec resera pieds et poings liés à la merci des créanciers et de leurs collaborateurs locaux. Une négociation dont l'ouverture avait été promise en octobre 2015, lors de la signature du précédent mémorandum, celui de l'été 2015 durant lequel le peuple grec fut convoqué aux urnes et refusa la politique que Tsipras s'empressa, dans les jours qui suivirent, d'accepter. En pire.

Imposteurs !

J'arrête là. Je risquerais de devenir fastidieux.

Ah si tout de même. Je connaissais L'Ethique à Nicomaque, mais pas la haute Autorité d'éthique à Camba.

Le premier secrétaire du PS, reconnu coupable en 2006 d'avoir bénéficié d'un emploi fictif à la Mutuelle nationale des étudiants de France à hauteur de 620 500 francs au titre d'une activité fictive de conseil, et condamné pour ce à six mois de prison avec sursis et 20 000 euros d'amende, a en effet annoncé avoir saisi du cas des frondeurs la "Haute Autorité d'éthique du PS"... Fichtre ! Diantre ! Palsambleu !

Du coup j'ai appris que le PS avait une Haute Autorité d'éthique et j'en ai inféré que le PS avait donc une éthique.

J'en suis encore tout remué.