1er enseignement, comme partout en régime d'Union européenne où le rite électoral exclut désormais tout changement de politique, la participation s'effondre. dans un pays où elle est traditionnellement très forte - 93 % en 1991, de 92,9 % en 1996, de 91,8 % en 2001, de 89 % en 2006 -, elle a chuté une première fois en 2011, sous les premiers effets de la crise et des mesures imposées par l'UE, à 78,7 %. Après la mise sous tutelle de la Troïka, et bien que le président et le gouvernement aient crié victoire parce que Chypre est sortie du "plan d'aide" qui, comme ailleurs, n'est qu'un plan de ruine de l'Etat social et pillage du patrimoine public, elle tombe ce soir à 66,74 %.

2e enseignement : les trois partis qui se sont succédé au pouvoir depuis les années 1980 voient leur audience électorale se réduire. -3,7 % à 30,69 pour le parti du président (DISY, conservateur) et -1,3 % à 14,49 % pour les centristes de DIKO qui gouvernent avec DISY. -7,1 % à 25,67 % pour les communistes de l'AKEL qui géraient le pays lors du déclenchement de la crise, et -2,8 % à 6,18% pour le parti social-démocrate EDEK associé à plusieurs coalitions durant les dernières décennies.

3e enseignement : l'extrême droite ELAM, qui se revendique "parti frère" d'Aube dorée, obtient franchit pour la première fois le seuil donnant droit à une représentation parlementaire en passant de 1,08 % à 3,71 % (2 sièges sur 56).

4e enseignement : Emergence de l'Alliance des citoyens avec 6,1 %. Elle s'est présentée comme une force de renouvellement de la vie politique, qui refuse la poursuite des privatisations et de l'austérité, et veut une réunification de l'île sur la base d'un Etat unitaire, non d'une fédération.

5e enseignement : la dissidence de DISY sur la question nationale réussit son pari en entrant au Parlement avec Le Mouvement Solidarité (5,2 %) qui refuse la fédération binationale bizonale. En outre, son chef, Eleni Theocharous, député européen, a quitté le groupe du PPE pour s'affilier au groupe euro-critique formé autour des conservateurs britanniques.

6e enseignement : les écologistes passent de 2,6 % à 4,81 %

La chambre de 56 sièges compte donc désormais 8 partis. La coalition DISY-DIKO perd sa majorité de 29 sièges (20+9) et n'en compte plus que 26 (18+8). L'AKEL en obtient 15 au lieu de 19 et l'EDEK 4 au lieu de 5. L'Alliance des citoyens, le Mouvement Solidarité et les écologistes chacun 3, l'ELAM 2.

Sur quelle majorité le président Anastassiadès (DISY) pourra-t-il s'appuyer ? Obtiendra-t-il le ralliement des sociaux-démocrates de l'EDEK ou de Solidarité ? Quelle marge de manoeuvre aura-t-il d'ici la fin de son mandat, dans deux ans, pour les négociations avec la pseudo-république du nord de Chypre ?

Une fois de plus, les politiques d'austérité européenne discréditent tout discours politique (chute de la participation), font grimper l'extrême droite et rendent un pays difficilement gouvernable.