Tous les médias dominants français se scandalisent aujourd'hui de l'utilisation de morts, par le président américain, afin de justifier sa politique de maintien en l'état du deuxième amendement de la Constitution des Etats-Unis, datant de 1791, et interprété depuis lors comme la reconnaissance du droit des Américains à porter des armes.

Mais naturellement, aucun de ces médias ne voit de rapport - vieille histoire de paille et de poutre - entre cette déclaration et celle de celui qui occupe la fonction de président de la République, ici et maintenant.



Car ce soir, une chaîne de "service public" (on se demande d'ailleurs ce que cela peut encore signifier dans le système médiatique d'aujourd'hui, puisqu'il ne s'agit plus, dans ce système, que de propagande, telle que les Etats totalitaires du siècle précédent en rêvaient : une propagande totalement intériorisée comme quelque chose de naturel par ceux qui la serinent, qui n'ont plus besoin ni d'instructions ni de contrainte) va bien diffuser tranquillement ce morceau choisi de propagande dans lequel celui qui occupe la fonction de président de la République se sert d'un mort - le colonel Beltrame, son acte de courage et d'abnégation - afin de faire la promotion de sa politique de démontage de l'Etat social et de clouer au pilori ceux qui s'indignent de la suppression pour les plus faibles d'une aide au logement.

En pesant mes mots, je considère que ce propos relève d'un cynisme "proprement" dégueulasse. Et ceci d'autant plus que celui qui fait fonction de président de la République, dans ce répugnant exercice de rhétorique, à travers un discours inversant désormais systématiquement les valeurs pour faire dire aux mots l'exact inverse de ce qu'ils signifient, utilise ceux de patriotisme et de souveraineté, à la Pétain, pour escamoter son rôle de larbin de l'Allemagne et d'une Commission européenne aux ordres de celle-ci.

On vient de descendre une marche de plus - de la morgue à l'odieux.