Aller-retour express pour la grande île de N. (désolé ! si vous voulez en savoir plus, il faudra lire Le Plongeon… 8,60€ seulement, maintenant qu’il est en poche, allez ! un bon mouvement, il faut bien que les auteurs vivent si vous voulez qu’ils continuent à vous écrire de beaux livres), afin d’apposer ma signature sur l’acte d’achat de notre maison sur le volcan de K.

Dix ans après mon retour, voilà que nous avons fini par trouver, cet été, le repaire dont je rêve depuis des lustres : un balcon sur l’Égée… quelques îles et la côte d’Asie mineure.

Après six mois de formalités (mille mercis à maîtres Stavrou, Fortsakis et Pitsilis, pour leur amitié, leur efficacité, leur accueil : décidément, la philoxénie, en Grèce, reste une réalité incroyablement vivante !), une fois l’autorisation obtenue des Forces armées helléniques, nous voilà proprios pour la première fois de notre existence – tout juste entre les 49 ans de Frédéric et mon demi-siècle que nous "fêterons" en plein salon du livre.

En principe, dès l’année prochaine, je devrais me réfugier là-bas quelques mois dans l’année… pour écrire. Je n’écris nulle part ailleurs comme là-bas. Là-bas, les idées me viennent aussi facilement que les mots. Là-bas c’est chez moi. Et chez moi, désormais, nous avons un chez nous. Un chez nous, sans avoir à subir l’épreuve initiatique des travaux que Marc, Mathias et Iris ont dû affronter avant de pouvoir s’installer dans la maison de l’olivette de la Veuve pendue (désolé ! si vous voulez en savoir plus, il faudra vraiment lire Le Plongeon…). Parce que nous avons racheté ce chez nous-là à des Anglais qui, eux, l’ont affrontée à notre place il y a dix ans.

Reste à sacrifier à Athéna. Elle était perchée, sous la forme d’une chouette bien sûr, sur le fil du téléphone, lorsque nous sommes allés visiter « notre » maison, cet été, pour la première fois. Et lorsque je lui ai demandé si nous pouvions acheter, elle m’a fait un signe de tête de haut en bas… et pas de bas en haut, ce qui signifie qu’elle me répondait en français et non en grec (voir encore Le Plongeon).

Reste à sacrifier à Poséidon (dont le temple se trouvait, à K., non loin de l’actuelle église de Stavros, autrement dit « la croix ») qui, comme chacun sait, écrasa le titan Polypsophis sous un rocher lancé depuis N., un rocher qui est devenu l’île de K. Poséidon étant en outre l’ébranleur des terres, autrement dit le dieu des tremblements de terre, je l’invoque ici publiquement afin qu’il nous soit favorable et qu’il protège notre chez nous.

Comme j’invoque l’immobile Hestia qui veille sur les foyers, et Hermès qui veille au seuil de chaque maison, afin que l'un et l'autre protègent notre foyer et notre seuil ; et comme j’invoque encore Héphaïstos, le sublime métallurgiste boiteux, le concepteur des mécaniques les plus subtiles, qui travaille dans tous les volcans, afin qu’il surveille sa forge de K., qu'il nous garde, lui aussi, de tout... désagrément de ce côté-là.

Bref, je suis heureux ! Je le serais davantage encore, bien sûr, si ces dames et ces messieurs de la presse sarkolandaise voulaient bien lire L’Or d’Alexandre. Mais là-dessus, je ne peux guère m’en remettre qu’à mon attaché de presse adoré… et à Hermès bien sûr, le dieu des médias et de tant d’autres choses (désolé ! pour en savoir plus, il faudra lire aussi La Quatrième Révélation) à qui j’offre régulièrement une coupelle de lait mêlé de miel, douceur dont il se régale – avec les langues d’animaux.

Bref, mais pourquoi intituler ce billet « bienvenue au Sarkoland » ? m’objecterez-vous avec raison. C’est qu’au retour de la grande île de N. le choc fut brutal : thermique d’abord – ciel bleu, soleil, 24°, tee shirt et douceur estivale pour arroser la maison à l’ouzo, mardi en début d’après-midi ; 4° en arrivant hier soir à Roissy.

Roissy : l’aéroport le plus mal foutu d’’Europe, le plus malcommode et le plus sale. Arrivée à 21h30 : naturellement, pas de toilettes ouvertes dans l’aérogare 2D plongée dans l’obscurité : pas de doute, vous êtes bien en France !

Naturellement pas la moindre indication claire sur l’endroit où s’arrêtent les bus Air France. Au comptoir de l’office du tourisme, on m’indique que c’est au 2B, par là, et que le dernier part à 22h30. Par là, c’est au bout du bout, naturellement sans un tapis roulant comme à Francfort, Munich ou Amsterdam : pas de doute, vous êtes bien en France !

Et quand j’arrive à la porte indiquée, pas la moindre info sur les bus en direction de Montparnasse, l’accueil des cars Air France fermé : pas de doute, vous êtes bien en France !

J’avise deux bagagistes sur le trottoir. – Pardon messieurs, c’est bien là le car pour Montparnasse ? – Oui. – Le prochain est à quelle heure ? – Je ne sais pas quelle heure il est, mais le dernier est à 21h00. – Là-bas on m’a dit à 22h30. – Ben on vous a menti, qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ?!

Un car arrive.

– Et celui-là où va-t-il ? – Vous n’avez qu’à demander au chauffeur. – Bonsoir Monsieur, où allez-vous s’il vous plaît ? – Moi ? Nulle part.

La moutarde commence à me monter au nez. Je m’éloigne pour ne pas devenir grossier et tombe sur une plaque, habilement peu mise en valeur, sur laquelle ne figure aucun renseignement à propos des cars pour Montparnasse, mais où il est spécifié que ceux pour la Porte Maillot fonctionnent bien jusqu’à 22h30. Je reviens vers mes bagagistes.

– Vous ne pouviez pas me dire que ce sont les cars pour la Porte Maillot qui fonctionnent jusqu’à 22h30 ? – Moi ? ! mais je ne suis pas payé pour donner des renseignements.

Pas de doute, vous êtes bien en France ! Le pays où plus rien ne fonctionne correctement, où la moindre entreprise suppose une redoutable épreuve pour surmonter la mauvaise humeur et la sarkonnerie ambiantes.

Je vais donc prendre la file pour attendre un taxi… un charmant garçon originaire du Cambodge, qui n’attend pas cinq minutes avant de commencer à s’en prendre aux noirs et aux Arabes. Pas de doute, vous êtes bien en France ! Bienvenue au Sarkoland ! première destination touristique au monde.

PS : vérification faite, après la presse russe qui publie une photo de la présidente à poil sous un manteau de fourrure et la presse espagnole à poil dans ses bottes (une question me taraude : avec quel accessoire, L'Osservatore romano, organe de ce Vatican si cher au coeur du chanoine de Saint-Jean-de-Latran, choisira-t-il de montrer la présidente en tenue d'Eve ?), tout en s'interrogeant sur la santé mentale de son époux ; après avoir épuisé la patience de la sérieuse Mme Merkel ; le "pauvre con" est arrivé jusqu'à Kos et j'ai pu constater, à Athènes hier comme à Bruxelles où j'étais début février, que dès qu'on prononce le nom de notre gugusse national, c'est en rigolant de nous. Incontestable tour de force : Il aura réussi en moins d'un an à rendre la France ridicule.