Au-delà des singeries de ces deux adolescents attardés, bouffis d'eux-mêmes, que sont Trudeau et Macron, l'économiste Steave Ohana produit ce jour sur Facebook, à mes yeux, la meilleure analyse du G machin chose :

"1) Trump ne considère plus l'alliance occidentale ni l'Alliance transatlantique comme des alliances servant nécessairement l'intérêt économique ni même stratégique des Etats-Unis. Trump préfère des alliances flexibles au cas par cas, servant des objectifs bien délimités : alliance avec Israel et les monarchies du Golfe contre l'Iran, alliance avec la Russie contre l'islamisme sunnite, accord commercial réalisé avec la Corée du Sud pour réduire le déficit commercial des Etats-Unis, recherche de négociations bilatérales avec le Japon, avec la Chine sur le commerce, la Corée du Nord, la présence chinoise en Mer de Chine.... C'est le sens de son appel à intégrer la Russie dans un G8, qui aurait pour lui plus de sens que ce simulacre du G7....

2) Trump a une grande méfiance vis-à-vis de l'Union Européenne et en particulier de l'Allemagne. Il voit l'Allemagne comme une nation qui profite des Etats-Unis, à la fois sur le plan militaire (elle consacre à peine plus de 1% de son PIB aux dépenses militaires) et commercial (elle a un excédent de plus de 60 milliards de dollars vis-à-vis des Etats-Unis), et qui dirige l'UE dans une direction défavorable aux intérêts américains (destruction de la demande domestique européenne via les politiques de restriction salariale et d'austérité, stratégie mercantiliste reposant sur l'export, complaisance vis-à-vis de la stratégie de pénétration islamiste en Europe et vis-à-vis de l'expansionnisme iranien au Moyen-Orient). Il n'est pas anodin que Trump ait invité le nouveau premier ministre italien Giuseppe Conte pour une visite officielle à Washington: celui-ci dirige un gouvernement "populiste", dont les objectifs déclarés sont: 1) protéger l'Italie de la politique européenne d'accueil des immigrés en provenance d'Afrique et du Moyen-Orient 2) redonner à l'Italie des marges de manoeuvre budgétaires face au carcan imposé par le pacte fiscal européen...

3) Le Canada et les pays européens semblent ne pas avoir trouvé de réponse face à ce qu'ils appellent les "oukazes de Trump". D'une part, ils n'ont pas grand chose à offrir à Trump: c'est l'Amérique qui les protège militairement et qui leur permet d'accumuler des surplus commerciaux aux dépens des Etats-Unis depuis plusieurs décennies. D'autre part, leur capacité de nuisance est limitée. Ils affichent une unité de façade qui masque mal leurs profondes divisions (Macron s'oppose de manière timide et inefficace à l'ordre hégémonique allemand en Europe, l'Allemagne mercantiliste risque de se désolidariser rapidement du reste de l'Europe en ce qui concerne la politique de rétorsions commerciales à l'égard des Etats-Unis, la Grande-Bretagne négocie avec grande difficultés ses conditions de sortie de l'UE, l'Italie s'apprête à tenter de renverser la table sur les règles européennes régissant les flux migratoires et les déficits...).

4) En définitive, ce G7 révèle une fissure profonde entre deux visions politiques de l'Occident: la vision défendue par Trump et le nouveau premier ministre italien Conte (laquelle rejoint partiellement celle de Theresa May), se focalise sur la lutte contre l'islamisme et la reconquête de la souveraineté nationale face à un ordre libéral perçu comme contraire à certains intérêts nationaux essentiels (au premier rang desquels figure la sécurité); la vision défendue par Merkel (laquelle est relayée par Macron et appuyée par la technostructure européenne), revendique l'attachement au "multilatéralisme", au "droit international du commerce", le respect du droit d'asile ainsi que des "quatre libertés fondamentales de l'UE", une position qui est une position de principe pour la France, mais qui correspond en fait pour l'Allemagne à la poursuite de la souveraineté par d'autres moyens: c'est sur le maintien de l'ordre libéral existant que repose le salut d'une Allemagne vieillissante, misant sur l'importation de main d'oeuvre et sur les exportations pour assurer le financement de ses retraites...."

J'y ajouterai ce codicille de mon cru :

Je crois pour ma part que le projet de Trump est fondamentalement de refermer la parenthèse de 70 ans ouverte dans l'histoire diplomatique américaine par la Résolution Vandenberg de 1948. Cela nous paraît absurde parce que nous sommes nés, avons grandi et vécu dans un monde structuré géopolitiquement par l'OTAN, produit de la guerre froide.

Mais la vraie tradition diplomatique des Etats-Unis, depuis leur indépendance, c'est le refus des alliances permanentes, le refus d'être engagé automatiquement dans des conflits où ils n'auraient pas choisi de s'impliquer. Le refus de Trump, lors du dernier sommet de l'OTAN, peu après sa prise de fonction, d'intégrer rituellement à son discours la réaffirmation de l'article 5 du traité de l'Atlantique nord (qui n'est d'ailleurs nullement un engagement automatique d'intervention américaine en cas d'attaque contre un membre de l'alliance, raison pour laquelle, dès 1958, de Gaulle dénonçait dans cette alliance un traité inégal où tous les commandements reviennent aux Etats-Unis sans aucune obligation réelle pour eux en contrepartie), est à mes yeux tout à fait significatif.

L'Alliance atlantique, l'OTAN, l'UE étaient importants aux yeux des Etats-Unis dans la mesure où ils étaient pour eux des instruments de puissance dans une région essentielle. Cette région n'est plus essentielle, l'OTAN coûte cher, d'autant plus que les Européens ne payent pas assez aux yeux de Washington (et ceci bien avant Trump) et l'euro est un instrument de dumping allemand qui permet à l'Allemagne de vendre ses produits aux Etats-Unis - notamment ses grosses berlines - 20 ou 25 % moins cher que si l'Allemagne avait sa propre monnaie.

Dans ces conditions, pas plus que le libre-échange qui est la loi du plus fort (or les Etats-Unis ne sont plus les plus forts), l'OTAN et l'UE ne sont plus des instruments de puissance efficaces pour les Etats-Unis. Ce que de Gaulle avait d'ailleurs annoncé : quand il n'y trouveront plus leur intérêt, ils quitteront l'Europe, et c'est pour cela que nous devons nous doter des moyens propres de notre sécurité. Il est donc à mes yeux probable que ceux-ci sont en train de revenir à leur politique traditionnelle d'avant la résolution Vandenberg.

Et contrairement à ce que dit Macron - qui décidément se trompe sur tout - cela dépasse largement la personnalité du président actuel. Obama a amorcé le mouvement à maints égards, et je suis certain que ce mouvement continuera, quel que soit le successeur de Trump.

Et dans le même esprit, on lira le papier de blog de ce jour de Bertrand Renouvin, auquel je souscris, une fois de plus, du premier au dernier mot.

Enfin, je terminerai par une question : que faisaient donc à ce Gmachin... l'alcoolo Juncker, parrain de la clearstreamisation du grand-duché dont il fut ministre des Finances (1989-2009) et Premier ministre (1995-2013) ainsi que de l'optimisation fiscale, exfiltré après sa chute sur une affaire (1) de fichage massif (à côté, la Stasi ferait presque province et petit genre) des sujets luxembourgeois et le grand ordonnateur d'écoutes téléphoniques corrompu Tusk (2) exfiltré de Pologne avant la déroute électorale de son parti ?

J'y suis ! c'est sans doute pour défendre la morale et le droit !

(1) 30 bonnes raison pour sortir de l'Europe (Olivier Delorme, H&0, 2016) : "Le scandale commence en novembre 2012 par les révélations d’un ancien directeur du Service de renseignement d’État du Luxembourg (SERL) sur un système de fichage illégal, depuis les années 1960, des citoyens, personnalités politiques, associations, entreprises. Il évoque l’existence de 300 000 fiches dans un pays de moins de 580 000 habitants. Une partie ayant probablement été détruite, la commission d’enquête parlementaire en découvrira 13 000, révélant en outre que le SERL a été mis à la disposition d’intérêts privés et utilisé pour déstabiliser un magistrat. Lâché par ses alliés socialistes, Juncker est contraint à la démission en décembre 2013."

(2) 30 bonnes raison pour sortir de l'Europe (Olivier Delorme, H&0, 2016) : "Quant à la Polonaise Elżbieta Bieńkowska, chargée du Marché intérieur, de l’Industrie, de l’Entreprenariat et des PME, elle était, avant sa nomination, ministre puis vice-présidente du gouvernement de Donald Tusk (2007-2014), et impliquée dans l’immense scandale d’écoutes téléphoniques illégales d’hommes politiques et de hauts fonctionnaires qui contribuera à la cuisante défaite électorale de leur parti en octobre 2015 (-15 % par rapport à 2011). Elle est nommée commissaire le 3 septembre 2014 par Tusk, lui-même désigné le 30 août par ses pairs comme président du Conseil des chefs d’État et de gouvernement (il quittera son poste de Premier ministre le 22 septembre) : double exfiltration réussie !"