1 - Dans leur incommensurable irresponsabilité, les nains de Bruxelles, de Berlin et de Paris ont mis le feu aux poudres en négociant avec l'Ukraine sans avoir trouvé un accord préalable avec la Russie, dont l'Ukraine fait partie de l'étranger proche. Or nous savons ce qui se passe dans ce cas de figure depuis les événements de Géorgie.

2 - Dans leur incommensurable irresponsabilité, les nains de Bruxelles, de Berlin et de Paris n'ont pas les moyens financiers ni les moyens militaires pour détacher - si tant est que cela soit souhaitable pour les relations internationales - l'Ukraine de la Russie. Or la diplomatie consiste à conjuguer le souhaitable et le possible avec les moyens dont on dispose et à ne pas créer de toutes pièces des épreuves de force inutiles qu'on n'a pas les moyens de soutenir. La Russie, elle, à les moyens gaziers et financiers d'étouffer l'Ukraine. J'attends avec intérêt de voir comment Mme Merkel, qui a écorché vif les peuples du Sud parce que l'Allemagne ne veut pas payer pour eux, ou la France mise en demeure par les nains de Bruxelles et de Berlin de "réduire ses déficits", vont refinancer l'Ukraine pour éviter qu'elle ne fasse faillite et n'entraîne avec elle une partie du secteur banquier autrichien, notamment, très engagé dans la région. J'attends aussi de voir le FMI qui a répandu partout où il est intervenu la misère et l'instabilité politique venir à l'aide de l'Ukraine. Comme en Géorgie, dans 3 ou 5 ans, l'Ukraine aura de nouveau un président pro-russe. Ce qui a été fait en Ukraine par l'UE l'a donc été en dépit de tout bon sens et de toute logique. Cela s'appelle une politique de gribouille.

3 - Contrairement à ce qu'ont aboyé les chiens de garde des médias, il ne s'est pas agi à Kiev d'une "révolution pro-européenne" contre un gouvernement dictatorial. Il s'est agi, dans la partie occidentale de l'Ukraine, minoritaire en terme de population et d'électorat, d'une insurrection contre un pouvoir régulièrement élu dont la base électorale est l'est de l'Ukraine, majoritaire, russe, russophone ou russophile. Aider cette révolution par des financements, des propos, une propagande médiatique ne pouvait qu'aboutir là où nous en sommes.

4 - Le renversement du gouvernement ukrainien est intervenu après la signature d'un accord avec trois ministres européens qui prévoyait le maintien de ce gouvernement jusqu'à des élections régulières. Contrairement à ce qu'ont aboyé les chiens de garde, ceci n'était nullement une représentation de l'Europe. Les ministres allemands, français et polonais n'avaient aucune autorité ni aucun mandat pour parler au nom de l'Europe. Une fois de plus la baronne Ashton a montré son inefficacité nuisible. Il n'y a pas, il ne peut pas y avoir de diplomatie européenne et il serait temps de s'en rendre compte comme il serait temps de sortir de l'euro avant que nous en ayons crevé. Si on avait suivi les règles européennes (mais l'Europe, comme en son Sud, comme en Hongrie, ne cesse plus, désormais, de violer ses propres règles et ses propres principes), les ministres des Affaires étrangères des pays assurant la présidence du Conseil (Grèce), l'ayant assurée (Lituanie) et l'assurant la prochaine fois (Italie) auraient dû être chargés de la médiation, pas cette Troïka sans mandat ni légitimité. Enfin, on n'a pas entendu le moindre de ces trois ministres élever la moindre des protestations contre la violation de l'accord négocié, son encre à peine sèche, par la coalition hétéroclite nommée "opposition ukrainienne", ce qui constitue pourtant une humiliation de taille pour ces trois personnages sans envergure et sans politique.

5 - Le gouvernement renversé était certes corrompu et autoritaire, mais il ne l'était ni plus ni moins que le précédent, issu d'une première "révolution" dite orange qui ressemblait autant à une révolution que celle qu'on vient de nous jouer/mimer sur les écrans. Et comme le précédent, il était issu d'élections pluralistes et régulières.

6 - Se trouvent au centre de cette soi-disant "révolution", des forces néonazies (l'Ukraine a connu une collaboration massive entre 1941 et 1944, et une des exterminations de juifs les plus massives et "complètes" en Europe : Svoboda assume pleinement cet héritage) de Svoboda. On ne sait qui a tiré le premier à Kiev, de ces néonazis, pour provoquer l'épreuve de force, ou des unités sous le contrôle du gouvernement, mais ce qu'on sait aujourd'hui c'est que Svoboda a immédiatement noyauté tout l'appareil d'Etat, notamment le Parquet général et le ministère de la Défense. Et que donc, comme en Grèce ou ailleurs, l'incommensurable irresponsabilité des nains de Bruxelles, de Berlin et de Paris aboutit surtout à nourrir l'extrême droite.

7 - Comme en Yougoslavie, la transformation de frontières administratives qui n'avaient aucune valeur ni signification réelle dans l'URSS en frontières internationales est une pure imbécillité belligène. La Crimée a toujours été russe depuis Catherine II. La décision de Khrouchtchev, en 1954, commandée par des motivations politiques contingentes, de la rattacher à l'Ukraine ne peut valoir annulation de cette donnée de fond. Tant que l'Ukraine restait dans un rapport de proximité étroite avec la Russie, cette anomalie pouvait être ignorée. L'incommensurable irresponsabilité des nains de Bruxelles, de Berlin et de Paris la rend évidemment inacceptable pour Moscou ; il faut être aussi bêtes et ignorants de l'histoire que les nains de Bruxelles, de Paris et de Berlin pour croire le contraire.

8 - Ce que fait Poutine aujourd'hui, tous les chefs d'Etat russes, qu'il soient tsars, soviétiques ou de parfaits démocrates le feraient. Il s'agit de la défense des intérêts nationaux russes et la Russie n'a pas renoncé, contrairement à nous qui vivons dans l'illusion européenne, et qui en crèverons si nous ne la répudions pas rapidement, à défendre ses intérêts nationaux.

9 - Le principe de l'intégrité territoriale est à géométrie très nettement variable : sans même parler des innombrables frasques guerrières des Etats-Unis qui font fi de la souveraineté des Etats de son étranger proche, sans parler de la guerre d'invasion illégale en Irak, sans parler de nos continuelles interventions dans notre "pré carré" africain, comme au Mali à l'appel bidonné d'un tyranneau arrivé au pouvoir par la grâce d'un coup d'Etat et de la désagrégation de cet Etat due à l'effondrement économique (le libre-échange et les subventions des Etats-Unis à leurs producteurs cotonniers ayant ruiné le coton malien) et aux recettes criminelles du FMI bien plus qu'au diable islamiste qui n'a fait que profiter de la situation, je rappellerai que la Turquie, candidate qui négocie son adhésion à l'UE et est membre de l'OTAN, la Turquie dont M. Hollande est allé récemment cautionner, sans utilité ni contrepartie, un régime perclus de corruption et qui démantèle chaque jour un peu plus l'Etat de droit, viole depuis 40 ans l'intégrité territoriale de Chypre, pourtant membre de l'UE, et quelle y a créé un Etat aussi fantoche que croupion qu'elle finance et occupe, sans que cela n'empêche l'UE de continuer à négocier son adhésion. Enfin rappelons que malgré une résolution du Conseil de sécurité qui garantit l'intégrité territoriale de la Serbie, les Etats-Unis et l'Europe ont créé l'Etat mafieux du Kosovo, dirigé par un criminel de guerre et trafiquant d'organes auquel Mme Merkel aime à serrer la main. Et que cet Etat sécessionniste, créé en contradiction flagrante avec une résolution pertinente des Nations Unies, est reconnu par les EU, la France, l'Allemagne, etc., mais pas par l'UE ni par l'ONU puisque, dans l'une comme dans l'autre, des Etats conséquents refusent de reconnaître cet Etat de fait qui ne doit rien au droit...

Alors basta !