S'il y a trop de portables en prison, ben c'est simple, il n'y a qu'à autoriser les portables en prison ! Signé la ministre de la Justice, garde des Sceaux. Imparable ! De sorte que les prisonniers pourront encore plus facilement piloter du dedans leurs "affaires" du dehors, et "préparer" encore plus efficacement leur sortie.

Le Québec et un certain nombre de pays dans le monde ont une vraie politique pénale, avec des prisons dignes, une doctrine claire où la peine est à la fois punition et préparation à la réinsertion, des moyens proportionnés aux objectifs que le politique a fixés. Dans de telles conditions de détention et de suivi personnel réel des détenus, l'usage du téléphone, contrôlé, à un certain stade de la peine, n'a rien d'absurde.

Dans l'état des prisons françaises, en l'absence de politique pénale sérieuse, cette mesure ne serait évidemment qu'une licence traduisant l'incapacité de l'Etat - une fois de plus - à faire respecter la règle. Elle ne répondrait nullement à une vision de la peine, mais serait une mesure circonstancielle de plus. Si on ne peut faire respecter la règle - si des caïds humilient l'Etat et ses agents en prison, en diffusant une vidéo depuis un lieu où ils ne sont pas censés disposer de ce dont ils disposent - alors changeons la règle ! Et permettons aux caïds de faire ce que nous ne sommes plus en mesure de leur interdire... Car qui peut penser que l'administration pénitentiaire, si elle est dans l'incapacité matérielle d'empêcher la circulation des portables en prison, sera capable d'en réguler l'usage et de faire respecter les blocages de numéros qu'il serait possible d'appeler ?

Nul système n'est parfait, mais certains sont meilleurs que d'autres ! Et la navigation à la godille est le pire.

Mais pour mener une politique pénale cohérente, pour mener une politique de défense cohérente, pour mener une politique éducative cohérente, pour mener une politique de sécurité cohérente, pour mener une politique de santé cohérente, une politique sociale cohérente... il faut à la fois penser, porter son regard au-delà du court terme, le fixer sur autre chose qu'un taux de déficit public, disposer de sa souveraineté monétaire et n'être pas étouffé par une monnaie surévaluée, mettre les moyens nécessaires en hommes (c'est-à-dire en budgets) pour atteindre l'objectif défini, avoir la fermeté d'exécution nécessaire.