Le mantra de "l'amitié franco-allemande", comme le mantra de "l'Europe", ou plus récemment le mantra du "populisme", ne sert qu'à interdire tout débat sur le changement de nature de la construction européenne depuis l'Acte unique et Maastricht, à justifier et masquer toutes les capitulations des gouvernements de la vraie droite et de la soi-disant gauche devant le néolibéralisme dont l'Europe est alors devenue le principal vecteur et devant la politique allemande qui a imposé une BCE et un euro fort, lesquels correspondent aux intérêts allemands mais asphyxient depuis 20 ans les économies du sud de l'Europe, dont celle de la France, sont à la source du déséquilibre de notre balance commerciale et, en dernier ressort, de l'accumulation de la dette.

La responsabilité de cette politique est partagée par toutes les forces politiques de l'UMP au PS, dont la gauche conteste ces dogmes sans en tirer jusqu'ici les conséquences politique. Ces forces ont imposé, par un coup d'Etat parlementaire, l'adoption du copier-coller d'un traité repoussé par le peuple en 2005, puis ont ratifié le TSCG qu'Hollande s'était pourtant engagé devant ce même peuple à renégocier. Cette politique nous conduit à la catastrophe économique, sociale et démocratique - comme en Grèce -, mais le système politico-médiatique ne supporte pas qu'elle soit remise en cause. C'est la raison de la solidarité fondamentale, de nouveau évidente ce ouiquende, entre les Hollande, Ayrault, Moscovici et consorts, Bayrou et autres "centristes", Juppé, Coppé, Fillon et compagnie, ainsi que par la quasi-totalité des chiens de garde médiatiques.

Il y a bien là le fondement d'un gouvernement commun, comme celui que connaît la Grèce depuis un an et l'Italie depuis quelques jours, non pas d'union nationale, mais d'application des politiques dictées par Berlin - fût-ce au prix, désormais, de la sécurité du pays, puisque ce que révèle le Livre blanc d'aujourd'hui, c'est que cette politique devient incompatible avec les moyens militaires qui sont à la fois nécessaires à notre rôle mondial, indissociable de notre siège de membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, et un élément fondamental de notre rapport de force avec l'Allemagne. Car n'en déplaise aux cabris, toutes les relations internationales, la franco-allemande comme les autres, sont fondées sur des rapports de force.