Si nous en sommes là où nous sommes, c'est à cause de la révolution néolibérale que Thatcher et Reagan ont initiée il y a 30 ans, devant laquelle la sociale-démocratie européenne, à commencer par le New-Labour de Blair, a capitulé en rase campagne au cours des années 1990.

Quant à l'Europe, elle est aujourd'hui devenue, à peu de chose près, ce qu'elle avait défini dans son discours de Bruges de 1988 : une machine à faire du libéralisme, du libre-échange qui met en concurrence des travailleurs protégés et des néo-esclaves, et à détruire l'Etat social.

Aujourd'hui, je me sens surtout proche de ces mineurs qu'elle a réduits à la misère, comme la politique qu'elle incarne réduit à la même misère, aujourd'hui, les peuples de l'Europe du Sud, que j'avais vus dans un film documentaire et qui avaient mis de l'argent de côté pour faire la fête le jour de sa mort. Qu'elle aille donc au diable, elle et ce qu'elle représente.

Même si ce que je suis ne peut qu'être sensible à ce qu'elle a représenté, aussi, d'inflexible en matière de souveraineté nationale et de prescience des dangers que porte, pour l'avenir, la présence au centre de l'Europe, d'une Allemagne redevenue forte et oublieuse des responsabilités imposées par son passé.