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vendredi 16 octobre 2009

Mitterrand (Frédéric), Peyrefitte (Roger), Frédérika (de Hanovre) Thierry et moi

Je me rends compte ce matin qu'il y a, sur un message d'il y a quelques jours, une réaction de Thierry que je n'avais ni vue, ni lue, ni validée.

"Cela me rappelle un passage d'un livre (que j'ai d'ailleurs été incapable de terminer tellement c'était écoeurant de ragots) de ce défunt pédé facho de Roger Peyrefitte et qui racontait que juste après avoir "manutentionné" un jeune Grec dans un car, il avait rencontré la reine Frederika (je ne me souviens plus exactement des circonstances) qui lui avait serré la main. Il concluait que pour une reine qui se voulait près de son peuple, elle ne l'aura jamais été autant qu'en cette circonstance..."

Je partage son appréciation sur Peyreffitte. Pour moi, il a écrit un seul livre un peu amusant, Les Ambassades, sur le monde diplomatique dans la Grèce d'avant guerre. A part ça : beurk et rebeurk !!! Et j'ignorais cette anecdote sur l'une des égéries, des héroïnes, des admirations de notre ministre de la Culture.

Mais du coup, cette anecdote a déclenché l'envie irrépressible de retrouver dans mes papiers une dépêche du 5 mai 1967, de l'ambassadeur de France à Athènes, Jacques Baeyens, venu voir Constantin le jeudi de l'Ascension qui suit le coup d'Etat des Colonels et qui, en ressortant du palais de Tatoï...

" Je croisais dans le parc la reine mère qui promenait par la main sa petite-fille, la princesse héritière Alexandra. Dans ce décor campagnard, il était curieux de la voir en tailleur de ville, couverte de bijoux et peu adaptée au cadre bucolique. Marie-Antoinette, elle, s'habillait en bergère. Elle tint à me faire part de ses expériences et de ses rapports avec ses gardiens d'une nuit. Elle me fit l'éloge de son fils, de son courage, du souci qu'il avait pris de protéger les siens, de son attitude envers ces officiers et de sa volonté d'observer les préceptes qui lui avaient été dictés par le roi Paul son père. Mais j'ai vaguement eu l'impression qu'elle faisait preuve de plus d'indulgence envers les conspirateurs que le roi."

Des ambassadeurs comme cela, bien sûr, nous n'en avons plus, mais caser dans une dépêche suivant un coup d'Etat, qui serait lue à coup sûr par M. Couve de Muville, et sans doute aussi, vu les circonstances, par le général de Gaulle, un "Dans ce décor campagnard, il était curieux de la voir en tailleur de ville, couverte de bijoux et peu adaptée au cadre bucolique. Marie-Antoinette, elle, s'habillait en bergère." : je trouve vraiment qu'on tutoie le sublime !

En toute modestie, cela me rappelle aussi mon Arius des Ombres du levant et cette autre dépêche d'un Romain Gary s'emmerdant ferme dans son ambassade de Berne, destinée à son alcoolique de ministre, Georges Bidault :"J'ai l'honneur d'informer Votre Excellence qu'il a neigé à treize heures pendant vingt minutes sur Berne. Il convient de remarquer que cette chute de neige n'a pas été annoncée par le service météorologique helvétique et je laisse à Votre Excellence le soin de tirer les conclusions qui s'imposent."

Réaction de Bidault : "Envoyez-le chez les fous !"

Transparence au prix Handi-Livres

Eh bien voilà, cher lecteur de ces humeurs, le prix Handi-Livres c'est raté ! Mais dans des conditions qui me "ravissent". Non à cause du résultat, bien sûr, mais parce qu'elles viennent à un tel point confirmer ce que j'écris sur le système des prix "à la française" dans Comment je n'ai pas eu le Goncourt que c'en est... drôle.

J'avais fini presque par y croire un peu à cause de la conviction de Michel Robert et Gérard Coudougnan. Mais non, le système est toujours le plus fort ! Comme à l'Epad.

Pour le reste, les discussions que j'ai eues au buffet (interdit aux fauteuils ! par une volée d'escaliers sans même un plan incliné !! dans une cérémonie organisée par une mutuelle de handis, pour des livres traitant de handicap !!! ça c'est la France, la vraie...) m'ont assuré que mes défenseurs ont perdu à peu de chose et qu'ils étaient majoritaires parmi les membres handicapés du jury : on se console comme on peut !

Allez, on tourne la page ! Non sans porter à votre connaissance, cher lecteur, le courriel que je viens d'adresser aux organisateurs de ce prix.

"Merci, chère Madame, de m'avoir donné l'ocasion hier de participer à cette charmante soirée et de discuter ainsi avec des membres du jury qui ont défendu, apparemment avec fougue, mon Or d'Alexandre, témoignant ainsi à mes yeux, une fois de plus, combien la manière dont ce livre traite du handicap correspond à celle qu'attendent nombre de lecteurs handicapés.

J'ai notamment été ravi d'entendre de la bouche d'un autre membre du jury, publiquement, au pupitre, lors de la remise du prix "roman", que la mutuelle organisatrice du prix ou (je ne sais plus) l'association représentée par ce juré était liée par un partenariat de vingt ans à l'éditeur du roman couronné ! On est bien là, une fois encore, au coeur du système des prix "à la française" que je décris dans mon dernier roman tout juste sorti.

C'est d'autant plus drôle que j'écrivais, hier, dans mon blog, ces lignes :"Bon, on a beau se dire qu'on n'a aucune chance, que de toute façon il y a dans la course un livre de chez Actes Sud, éditeur bien plus "légitime" pour un jury qu'un petit éditeur pédé de province, on a beau se dire qu'il ne faut rien espérer pour n'être pas déçu...", sans espérer non plus un pareil élan de sincérité d'un membre du jury !

Merci donc, d'avoir ainsi, confirmé mes analyses, même si je crois bien, ailleurs, on pourrait qualifier ce genre de situation de "conflit d'intérêt". Ceci sans mettre en doute, naturellement, la qualité littéraire du livre primé...

J'espère que vous pourrez transmettre ces quelques réflexions aux organisateurs du prix, ainsi que la suggestion suivante : pourquoi ne pas limiter l'année prochaine, les candidatures à icelui aux éditeurs partenaires de votre mutuelle ou des associations présentes dans votre jury ? cela éviterait à de petits éditeurs qui sont toujours financièrement sur le fil, comme vous l'a écrit celui du livre jeunesse distingué, et qui ne combattent donc pas à armes égales, de dépenser quelques précieux exemplaires.

A ce propos et dans ces conditions, je vous serais très reconnaissant de bien vouloir faire déposer à mon domicile, dès que possible, l'exemplaire de L'Or d'Alexandre que vous y avez fait prendre la semaine dernière au cas, éminemment improbable, nous le savons désormais, où il l'aurait emporté, afin de le remettre en cadeau au président... ce qui ne fut pas le cas.

Une suggestion encore : pour une mutuelle de personnes handicapées, il serait peut-être judicieux à l'avenir de choisir un lieu, pour la remise d'un prix Handi-Livres, où les fauteuils ne soient pas bloqués en haut d'un escalier, à bonne distance du buffet. Quand on sait la difficulté qu'il y a, dans le monde des valides, à faire passer dans les faits les obligations légales d'accessibilité (un de mes lecteurs handis devenus un ami a ainsi dû se pacser dans la rue, faute d'une rampe lui permettant d'accéder au tribunal...), il me paraît pour le moins étrange que dans une cérémonie conçue autour du handicap, celles-ci soient ainsi ignorées !

Avec l'assurance de mes sentiments choisis.

Olivier Delorme"