Je me rends compte ce matin qu'il y a, sur un message d'il y a quelques jours, une réaction de Thierry que je n'avais ni vue, ni lue, ni validée.

"Cela me rappelle un passage d'un livre (que j'ai d'ailleurs été incapable de terminer tellement c'était écoeurant de ragots) de ce défunt pédé facho de Roger Peyrefitte et qui racontait que juste après avoir "manutentionné" un jeune Grec dans un car, il avait rencontré la reine Frederika (je ne me souviens plus exactement des circonstances) qui lui avait serré la main. Il concluait que pour une reine qui se voulait près de son peuple, elle ne l'aura jamais été autant qu'en cette circonstance..."

Je partage son appréciation sur Peyreffitte. Pour moi, il a écrit un seul livre un peu amusant, Les Ambassades, sur le monde diplomatique dans la Grèce d'avant guerre. A part ça : beurk et rebeurk !!! Et j'ignorais cette anecdote sur l'une des égéries, des héroïnes, des admirations de notre ministre de la Culture.

Mais du coup, cette anecdote a déclenché l'envie irrépressible de retrouver dans mes papiers une dépêche du 5 mai 1967, de l'ambassadeur de France à Athènes, Jacques Baeyens, venu voir Constantin le jeudi de l'Ascension qui suit le coup d'Etat des Colonels et qui, en ressortant du palais de Tatoï...

" Je croisais dans le parc la reine mère qui promenait par la main sa petite-fille, la princesse héritière Alexandra. Dans ce décor campagnard, il était curieux de la voir en tailleur de ville, couverte de bijoux et peu adaptée au cadre bucolique. Marie-Antoinette, elle, s'habillait en bergère. Elle tint à me faire part de ses expériences et de ses rapports avec ses gardiens d'une nuit. Elle me fit l'éloge de son fils, de son courage, du souci qu'il avait pris de protéger les siens, de son attitude envers ces officiers et de sa volonté d'observer les préceptes qui lui avaient été dictés par le roi Paul son père. Mais j'ai vaguement eu l'impression qu'elle faisait preuve de plus d'indulgence envers les conspirateurs que le roi."

Des ambassadeurs comme cela, bien sûr, nous n'en avons plus, mais caser dans une dépêche suivant un coup d'Etat, qui serait lue à coup sûr par M. Couve de Muville, et sans doute aussi, vu les circonstances, par le général de Gaulle, un "Dans ce décor campagnard, il était curieux de la voir en tailleur de ville, couverte de bijoux et peu adaptée au cadre bucolique. Marie-Antoinette, elle, s'habillait en bergère." : je trouve vraiment qu'on tutoie le sublime !

En toute modestie, cela me rappelle aussi mon Arius des Ombres du levant et cette autre dépêche d'un Romain Gary s'emmerdant ferme dans son ambassade de Berne, destinée à son alcoolique de ministre, Georges Bidault :"J'ai l'honneur d'informer Votre Excellence qu'il a neigé à treize heures pendant vingt minutes sur Berne. Il convient de remarquer que cette chute de neige n'a pas été annoncée par le service météorologique helvétique et je laisse à Votre Excellence le soin de tirer les conclusions qui s'imposent."

Réaction de Bidault : "Envoyez-le chez les fous !"