Nous voici donc rentrés.

Vous vous souvenez peut-être qu'à la fin du débat sur RT, chez Dominique Taddéi, où François Asselineau et moi étions opposés à deux calamiteux européistes, l'ultime argument, massu, de ces derniers, une fois les autres démontés par nos soins, fut que l'euro permettait d'aller en vacances... sans payer de frais de change.

Eh bien celui-là aussi tombe à l'eau. C'est en Grèce... pour l'instant, mais comme la Grèce est depuis 10 ans le laboratoire, attendez-vous à savoir (comme disait la regrettée Geneviève Tabouis) qu'il vous arrivera bientôt la même chose, à savoir que tous les retraits aux automates de toutes les banques (que ce soit la vôtre ou pas... sauf Alpha Bank pour l'instant) sont désormais taxés à hauteur de 2,5 euros pour un retrait de 200 euros (soit 1,25% si je compte bien).

A part ça, nous avons eu le privilège de croiser Merkel à Athènes. Enfin, croiser... pas vraiment car tout le centre d'Athènes puis le quartier où elle dînait avec Alexis puis la route de l'aéroport ont été simplement bouclés pendant 48 heures, tant la dame est populaire en dehors du gouvernement de "gauche radicale".

Bilan de la visite : Merkel reconnaît la responsabilité des nazis dans les crimes nazis, c'est-à-dire allemands, en Grèce !

Veine !!! Quel progrès ???

Et la restitution du l'or volé, les réparations... Ach Nein bas question. Vous devriez être zatisfait que che reconnaisse que ce sont tes nazis qui ont commis les crimes nazis.

Ça valait la peine de bloquer Athènes pendant deux jours !!!

En réalité, la chancelière du Reich est venue resserrer les boulons pour s'assurer, schlag en main, que l'accord avec l'ARYM, une fois ratifié contre les résultats du référendum en ARYM et grâce à quelques députés achetés en dollars à Skopje, soit bien ratifié aussi à Athènes.

Il se dit qu'à Athènes aussi les valises de billets circulent ces jours-ci depuis les ambassades de es Etats-Unis et du Reich, vers... les valises des billets et les menaces. Un député grec de l'Union du centre a ainsi déclaré que les ambassadeurs d'Allemagne et des États-Unis lui avaient rendu visite.... Chacun à son tour.... Pour le menacer du "pire" s'il ne votait pas la ratification de l'accord signé par Tsipras avec l'ARYM.

Rappelons que l'ambassadeur des Etats-Unis en Grèce est celui-là même qui était en poste en Ukraine au moment de Maïdan.

Un expert !

Quant au ministre de la Défense, Panos Kamménos, il a démissionné ce matin, comme il avait annoncé qu'il le ferait si l'accord aec l'ARYM arrivait devant le parlement grec.

Kamménos est le chef du petit parti de droite des Grecs indépendants (ANEL) partenaire indispensable de coalition de Syriza depuis 2015. Virtuellement le gouvernement croupion de Tsipras, qui a déjà vu démissionner le ministre des Affaires étrangères négociateur de l'accord, n'a plus de majorité.

Les billets et les menaces visent donc à la mise en survie artificielle du gouvernement de "gauche radicale", grâce à des dissidents de l'ANEL, aux eurobéats de Potami et à ceux qui céderont aux dollars et/ou aux menaces, le temps de terminer le boulot qui permettra la validation des candidatures de l'ARYM à l'OTAN et à l'UE. Ensuite on pourra laisser revenir au pouvoir à Skopje une majorité de droite nationaliste, hostile à l'accord et qui bafouera en reprenant sa propagande irrédendiste. La Grèce, quant à elle, aura perdu tout moyen de pression par la levée des vetos grecs auxdites candidatures.

Ensuite viendra le temps pour le petit Gauleiter de "gauche radicale" le temps de restituer le pouvoir au petit Gauleiter de droite, encore plus germanolâtre, qui piaffe d'impatience et qui n'aura pas ainsi à assumer la marque d'infamie qui, pour une partie très majoritaire de l'opinion grecque, s'attache à cet accord. Jusqu'ici, je pensais que le but d'Alexis était de devenir vice-Premier ministre de Kyriakos (le futur Gauleiter de droite), mais des amis nous ont suggéré ces jours-ci que, pour dividendes des services rendus au Reich, Alexis viserait plutôt la présidence du pseudo-parlement européen... ou la place de Tusk... ou seul du poivrot luxembourgeois, qui sait ! Ainsi on pourrait dire que l'UE n'est pas de droite, qu'elle est même un peu de "gauche radicale" !

On verra !

En attendant, hier, dès mon retour, j'ai assisté à la réunion publique de l'Appel de La Sociale pour la défense de la souveraineté de la nation et des droits sociaux, en soutien au mouvement des Gilets jaunes, pour la défense des libertés publiques et des droits démocratiques, qui passe forcément par la récupération de notre entière souveraineté, face à une UE qui a été et qui est le prétexte et le moteur de la liquidation de ces libertés et de ces droits.

Quant aux interventions - notamment celle de Djordje Kuzmanovic, récemment éjecté de LFI et pour qui j'ai grande estime et considération - elles ont pour la plupart insisté sur la nécessité de rassembler, au-delà des vieux clivages privés de sens par ce qu'il est convenu d'appeler la construction européenne, tous ceux qui partagent la même conviction que la restauration d'une République démocratique et sociale passe par la récupération de notre souveraineté.

Pour ma part, j'ai évidemment tenu à exposer dans cette réunion ce que sont pour moi les leçons du martyre infligé au peuple et à la nation grecs depuis bientôt dix ans: combien il est illusoire d'attendre quoi que ce d'une alternance dite de gauche qui ne pose pas comme préalable la rupture avec l'UE et l'euro, combien la réalisation de ladite alternance dans le cadre de l'UE, forcément désastreuse, est politiquement ravageuse et démobilisatrice, stérilisante ; combien l'exemple grec nous impose donc, si nous voulons une alternance de politique et non d'hommes menant la même politique, il est vital de réorganiser le champ politique selon le seul clivage signifiant aujourd'hui: pour ou contre la rupture avec l'UE.

Dès lors que nous aurons rompu, nous pourrons recommencer à faire de la politique projet contre projet ; aujourd'hui, le seul débat qui vaille et qui transcende les vieux clivages que l'UE à tués, c est bien : récupère-t-on les instruments de la souveraineté qui permettent de faire de la politique, ou les laisse-t-on, sous couvert d'Europe, aux mains de l'oligarchie qui a conçu, dès l'origine, le projet européen comme le moyen de priver les peuples de tout moyen d'action sur leur propre destin ?