Le théâtre Sfendoni était bondé, aujourd'hui, pour l'AG des artistes, techniciens et acteurs grecs destinée à trouver une riposte au "rapt" du festival d’Athènes organisé par le ministre Syriza de la Culture Baltas, au profit de la personne et des amis du directeur qu'il a nommé, le Flamand Jan Fabre, dont le programme pour quatre ans, exclut cette année, et réduit à la portion congrue les trois suivantes, des créateurs et artistes grecs qui sont à la pointe de la création mondiale, qui ont un public large, tant les arts de la scène sont populaires, vraiment populaires, en Grèce et dont le festival était un des derniers lieux d'où ils pouvaient encore tirer un revenu leur permettant de survivre et de créer le reste de l'année. Parmi les participants, on relevait les noms de Tasos Nousias, Alekos Sissovitis, Carmen Ruggeri, Costas Falelakis, Gregory Toumasi, Themis Bazaka, Joanna Pappas ou Antonis Fragakis.

L'Assemblée a donc logiquement réclamé, à l'unanimité, la démission de Fabre.

L'actrice Carmen Ruggeri a dénoncé dans l'arrogance coloniale de Fabre, validée par Baltas : "une insulte à notre culture. Et elle a demandé aux citoyens grecs, si Jan Fabre ne remettait pas son mandat "de ne pas aller aux spectacles cet été"

Pour l'heure, la réaction du gouvernement s'est limitée à... des tweets de Tsipras Baltas assura qu’ ils allaient "essayer de trouver des solutions".

Précisions de Mari-Mai Corbel (voir mes précédents posts) qui était présente à la réunion :

"Après un tour de parole d'une trentaine de personnes, il a été proposé d'envoyer une lettre à Jan Fabre où nous lui annonçons qu'il est persona non grata. Cette lettre pose surtout des questions.

Une autre lettre va être envoyée au ministre de la Culture avec ce détail marrant qu'y sera joint le programme de Syriza pour la culture. Il est aussi rappelé que cette nomination et ce programme se sont faits illégalement contre les statuts du festival.

Ces deux lettres ont été signées par les présents, et une possibilité de signature va bientôt en principe être en ligne. Les lettres seront traduites en anglais, en français et en allemand.

J'ai noté le calme et dans les interventions un certain consensus autour du fait que Jan Fabre n'était pas personnellement visé, mais tout un processus qui comme au festival de Thessalonique avait abouti à l'éviction des artistes grecs.

Le tout a duré quatre heures. La possibilité que le festival soit annulé a été envisagée positivement.

J'ai remarqué tout au début, tout près de moi, à un moment, deux hommes en costumes cravates qui sont sortis de derrière des pandrillons et qui à mi AG sont partis. Sans doute manière d'informer Tsipras d'où les tweet avant même la fin. Un participant à la fin a aussi signalé que le conseil du festival venait de faire une déclaration pour justifier ce coup d'Etat culturel et cela a été analysé comme une crainte du pouvoir, s'exprimant à chaud."