Aujourd'hui, c'est Bush, Cheney, Wolfowitz, Perle et consorts qui devraient être poursuivis pour terrorisme, car ce sont eux qui, en jouant avec le Proche-Orient comme Henkel avec le globe terrestre dans Le Dictateur de Chaplin, ont détruit l'Etat irakien, l'ont remplacé par le chaos, le clanisme, le vide politique que comblent aujourd'hui les dingues criminels du "califat".

Le "terrorisme" ne naît jamais de rien, il n'est pas une génération spontanée, il naît d'une situation sans justice, sans espoir, sans projet, sans avenir ; il naît d'une disparition des repères et des structures qui permettent de former société. Le "terrorisme" est aujourd'hui un mot fourre-tout qui évite de se questionner sur les conditions qui lui ont permis de prospérer, qui évite de désigner les conséquences désastreuses de la politique des néoconservateurs américains.

Le départ de jeunes Français vers cet enfer où la religion, comme toujours et comme toutes les religions, sert de couverture au crime, au racket, au trafic, à la haine, à la cruauté, à la déshumanisation de l'Autre n'est pas davantage un hasard ou l'effet du malheur des temps. Il est le résultat de trente ans de politique européenne néolibérale, de franc puis d'euro forts, qui condamnent notre société à une désindustrialisation continue,

à un chômage structurel de masse - pour ceux qui partent, ils sont souvent la 3e génération de sans travail fixe, sans avenir -,

au discrédit de l'école qui, dans ce contexte de détricotage, par une Nomenklatura indigne de droite ou soi-disant de gauche, du pacte social conclu à la fin de la seconde guerre mondiale, apparaît comme une institution vide, incapable d'assurer la promotion sociale,

au rejet de toutes les valeurs qu'elle enseigne et qui sous-tendent une démocratie que l'Europe a vidée de tout sens, qu'elle a réduit à un jeu dérisoire d'alternances privées de contenu - Hollande ou Sarkozy, peu importe, puisqu'ils mènent de toute façon la même politique.

Le "terrorisme", en ce sens, est notre avenir, car plus l'Europe continuera à semer la misère, la précarité, le chômage, le désespoir, comme elle le fait depuis 2009 en Europe du Sud, plus elle créera de nouveaux candidats à de nouveaux terrorismes, au nom du djihad ou d'autre chose.

Le "terrorisme" ne se vaincra pas avec des drones, des rafales et des bombes, il se vaincra en redonnant, ici et là-bas, aux populations qui servent de vivier au "terrorisme", la dignité, la justice, l'espoir, un avenir.