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mercredi 24 septembre 2014

A propos d'un meurtre odieux

Aujourd'hui, c'est Bush, Cheney, Wolfowitz, Perle et consorts qui devraient être poursuivis pour terrorisme, car ce sont eux qui, en jouant avec le Proche-Orient comme Henkel avec le globe terrestre dans Le Dictateur de Chaplin, ont détruit l'Etat irakien, l'ont remplacé par le chaos, le clanisme, le vide politique que comblent aujourd'hui les dingues criminels du "califat".

Le "terrorisme" ne naît jamais de rien, il n'est pas une génération spontanée, il naît d'une situation sans justice, sans espoir, sans projet, sans avenir ; il naît d'une disparition des repères et des structures qui permettent de former société. Le "terrorisme" est aujourd'hui un mot fourre-tout qui évite de se questionner sur les conditions qui lui ont permis de prospérer, qui évite de désigner les conséquences désastreuses de la politique des néoconservateurs américains.

Le départ de jeunes Français vers cet enfer où la religion, comme toujours et comme toutes les religions, sert de couverture au crime, au racket, au trafic, à la haine, à la cruauté, à la déshumanisation de l'Autre n'est pas davantage un hasard ou l'effet du malheur des temps. Il est le résultat de trente ans de politique européenne néolibérale, de franc puis d'euro forts, qui condamnent notre société à une désindustrialisation continue,

à un chômage structurel de masse - pour ceux qui partent, ils sont souvent la 3e génération de sans travail fixe, sans avenir -,

au discrédit de l'école qui, dans ce contexte de détricotage, par une Nomenklatura indigne de droite ou soi-disant de gauche, du pacte social conclu à la fin de la seconde guerre mondiale, apparaît comme une institution vide, incapable d'assurer la promotion sociale,

au rejet de toutes les valeurs qu'elle enseigne et qui sous-tendent une démocratie que l'Europe a vidée de tout sens, qu'elle a réduit à un jeu dérisoire d'alternances privées de contenu - Hollande ou Sarkozy, peu importe, puisqu'ils mènent de toute façon la même politique.

Le "terrorisme", en ce sens, est notre avenir, car plus l'Europe continuera à semer la misère, la précarité, le chômage, le désespoir, comme elle le fait depuis 2009 en Europe du Sud, plus elle créera de nouveaux candidats à de nouveaux terrorismes, au nom du djihad ou d'autre chose.

Le "terrorisme" ne se vaincra pas avec des drones, des rafales et des bombes, il se vaincra en redonnant, ici et là-bas, aux populations qui servent de vivier au "terrorisme", la dignité, la justice, l'espoir, un avenir.

L'activisme n'est pas l'efficacité

Le Drian : la non-arrestation des djihaddistes de retour, due à un manque de coopération des Turcs. Conséquence : il faut renforcer la coopération avec les Turcs.

Ou pas !

Peut-être faut-il d'abord reconnaître que :

1/ On s'est trompés lourdement en tenant Erdogan pour un islamiste modéré, alors qu'il a dit lui même qu'il n'y avait pas d'islamisme qui soit modéré... juste un islamisme qui adoptait une démarche progressive : depuis dix ans l'AKP organise et conduit une réislamisation systématique de la société turque.

2/ Il faut cesser de lécher les pompes d'Erdogan, comme l'a fait Hollande il y a moins de six mois, comme on le fait avec l'Arabie ou le Qatar, à qui on accorde des privilèges fiscaux pour qu'il puisse acheter notre pays en pièces détachées et armer tous les djihaddistes à travers le monde.

3/ Parler à la Turquie, de ses perpétuelles menaces sur la Grèce, de Chypre, du génocide arménien, un langage enfin clair, et cesser immédiatement de négocier une adhésion, totalement privée de sens, de ce pays à l'UE.

4/ Cesser de faire une guerre tous les six mois, sans but de guerre, sans projet politique, et en créant les conditions de la guerre suivante. 5/ Cesser de parachuter à n'importe qui, dans l'improvisation, des armes qui se retourneront, demain, contre les soldats qu'on se considérera obligé d'envoyer sur le terrain parce que ces armes sont tombées dans des mains ennemies.

6/ De l'Etat mafieux du Kosovo au chaos en Afghanistan, en Irak, en Libye, au Mali, demain peut-être en Ukraine..., les guerres menées pour des raisons idéologiques, de convenance électorale ou d'opinion, créent des situations pires que celles qu'elles prétendaient régler.

7/ Nous sommes dans une situation chaque jour plus absurde face à une Union européenne, en réalité allemande, qui exige de nous des économies stupides et criminelles, y compris dans le domaine de notre défense, jusqu'à la mettre en danger, alors que nous multiplions les interventions et les présences de nos armées sur des terrains où elles ne peuvent aboutir à rien. parce que les solutions sont politiques, pas militaires.

8/ On ne pèse jamais, dans aucune circonstance, sur la politique américaine, pas plus qu'on ne détermine souverainement "ses" cibles. Ceci n'est qu'illusion ou propagande : quand on se met en position de supplétif, on est traité en supplétif.

9/ La gesticulation, l'activisme militaire n'est pas la puissance, c'est un succédané, un paravent de l'impuissance. Hollande n'est que le digne héritier de Guy Mollet ; mais les équipées de Suez aboutissent toujours au même résultat.

La réalité c'est que - pour cause d'Europe et de réintégration dans l'OTAN - nous n'avons plus de politique étrangère, nous ne pouvons plus avoir de politique étrangère ; nous n'avons plus qu'une diplomatie qui continue à courir comme un poulet à qui on a coupé la tête.

Rebâtir une politique étrangère cohérente, redonner à la France une voix qui puisse être de nouveau entendue partout dans le monde, nécessite de faire péter le bastringue européen (ce qui est aussi la condition de notre redressement économique et de la préservation de notre modèle social) et de sortir de l'OTAN.