Depuis hier et, dans la même journée, l'annonce de la fermeture et la fermeture par décret, sans même consultation du Parlement, sous la pression de la Troïka (FMI, BCE, Commission européenne), de l'audiovisuel public - chaînes de télévision nationale, pédagogique, internationales, stations de radio publique nationales et locales) - entraînant la mise au chômage immédiat de plus de 2200 personnes, le gouvernement grec a franchi un pas supplémentaire dans sa dérive autoritaire, a attenté une fois de plus à l'Etat de droit, a supprimé un élément essentiel du droit à l'information et du pluralisme politique. C'est désormais clairement la dictature qui se profile à l'horizon du coup d'Etat - rampant et permanent - que constitue la politique européenne Merkhollande imposée à ce peuple martyrisé depuis plus de trois ans.

Depuis hier, je fulmine et j'enrage. Parce que depuis hier il est clair que, sous le masque de l'Europe, c'est bien la bête immonde qui se tapit, plus dangereuse encore lorsqu'elle est costumée en fonctionnaire européen plutôt qu'en nervis au crâne rasé. Alors ce soir je suis un peu moins malheureux de lire, sur le site Okeanews qui mène le même combat que moi, l'appel d'Etienne Balibar.

Qu'enfin s'élèvent des voix françaises contre les ravages et les conséquences incalculables pour les peuples européens, et d'abord pour le peuple grec, de la politique conduite par ce qu'on appelle "l'Europe" ! Il est plus que temps que cesse le silence complice des intellectuels sur les crimes contre la souveraineté, la liberté et la démocratie qui se commettent sous couvert d'Europe.

Merci à Etienne Balibar !

"Au moment où le FMI recon­naît à demi-mots que les pri­va­ti­sa­tions et restruc­tu­ra­tions impo­sées par la Troïka en échange des prêts sup­po­sés réduire la dette sou­ve­raine grecque condui­saient en fait le pays à la ruine, la même Troïka – dont font éga­le­ment par­tie la Commission Européenne et la BCE – est venue à Athènes renou­ve­ler ses exi­gences. Elle l’a fait en des termes tels que le gou­ver­ne­ment grec a décidé de pré­ci­pi­ter l’asservissement de la Grèce à la dic­ta­ture néo-libérale de l’intérieur et de l’extérieur. La fer­me­ture bru­tale de la Télévision publique (ERT), par des méthodes qui relèvent du coup de force, consti­tue à la fois une atteinte gra­vis­sime à la liberté d’expression et d’information, contraire aux trai­tés fon­da­teurs de l’Union Européenne, et un nou­vel exemple de la façon dont celle-ci est en train d’évoluer vers l’autoritarisme au mépris de l’intérêt de ses peuples. Nous, citoyens euro­péens, ne pou­vons et ne devons pas l’accepter. Nous appe­lons tous nos conci­toyens à cla­mer leur indi­gna­tion et à sou­te­nir la grève géné­rale des tra­vailleurs et des jour­na­listes grecs. Nous exi­geons de nos repré­sen­tants à Strasbourg et à Bruxelles qu’ils imposent immé­dia­te­ment la réou­ver­ture de l’ERT et la reprise de ses émis­sions. Le moment est venu de mettre un coup d’arrêt à la des­truc­tion de la nation grecque, ainsi qu’à la déna­tu­ra­tion de l’Europe par ses propres gou­ver­ne­ments sou­mis au dik­tat de l’oligarchie financière."