Christos Sartzetakis, le "petit juge" de l'affaire Lambrakis, génialement interprété par Jean-Louis Trintignant dans le superbe film que Costa-Gavras tira du livre Z de Vassilis Vassilikos, vient de mourir.

Sartzetakis avait alors résisté aux pressions du Palais, à travers un parquet dirigé par le procureur général Kollias, l'homme de la reine allemande Frederika, petite-fille du Kaiser et ancienne volontaire des jeunesses hitlériennes féminines, qui, dit-on, avait ordonné de "cabosser" Lambrakis, figure de proue du mouvement de gauche EDA, qui menait une existence difficile dans la monarchie blindée à formes démocratiques issue de la guerre civile où le Parti communiste demeurait interdit.

Le 21 avril 1967, les Colonels s'emparant du pouvoir alors que la reine et son imbécile de fils, Konstantinos le second, avaient un coup d'Etat de généraux sur le feu en cas de victoire de l'Union du centre aux prochaines législatives qu'on n'arrivait plus à truquer suffisamment pour maintenir la droite au pouvoir, ils nommèrent Kollias à la présidence, toute théorique, du gouvernement (c'est le colonel Papadopoulos qui en était le véritable chef) à la demande de Frederika.

Le petit juge qui avait résisté au procureur général (derrière lui à la reine et au Palais) et inculpé jusqu'au général commandant en chef de la gendarmerie (aussi génialement interprété par Pierre Dux), fut alors rayé des cadres de la magistrature, arrêté, emprisonné.

Après la restauration de la démocratie en 1974, puis la victoire du PASOK aux législatives de 1981, le "petit juge" fut choisi par Andréas Papandreou, en 1985, pour devenir le 3e président de la IIIe République hellénique. Il le restera jusqu'en 1990.

Z, c'est l'initiale de Ζει : il vit, que les militants de gauche traçaient sur les murs après l'assassinat de Lambrakis.

Sartzetakis : Z ! Parce que son courage ne mourra jamais. C'est celui des hommes qui ne plient pas.