Hier un distingué professeur d'université, spécialiste de Proust tweetait ceci :

Nous avons été un certain nombre de profs à voir ce qui allait arriver lorsque tout cela a commencé avec le collège unique dans les années 1970, puis avec les pédagos de gôôôôôche qui règnent à partir de 1981 : nous avons alerté...

Mais les profs du supérieur ne voulaient rien entendre alors : ils ne croyaient pas que ça arriverait jusqu'à eux.

Et tant et tant de collègues ont marché à fond dans cette escroquerie de l'enfant au centre de l'école plutôt que la transmission de savoirs, du pouvoir donné aux parents, des programmes revus à la baisse à chaque réforme, de la dictature des pédago... parce que c'était l'égalité, la gôôôôôche.

Ceux qui voulaient maintenir un niveau d'exigences, qui parlaient savoirs, orthographe, rédaction, effort, discipline se faisaient regarder de travers en salle des profs. Nous étions des réacs et pour tout dire des fascistes.

L'estrade était fasciste, il fallait mettre les tables en rond et que le prof devienne un gentil animateur À ÉGALITÉ avec les élèves dont il est progressivement devenu fasciste de dire qu'ils étaient des élèves.

Lors d'un conseil de classe au collège de Feuquières-en-Vimeu, mon premier poste d'agrégé d'histoire, en 1984, alors que venait en examen le cas de deux sœurs en 3e, qui ne savaient ni lire ni écrire, j'ai dit qu'on ne pouvait laisser envoyer au lycée des analphabètes. Le principal adjoint qui dirigeait le conseil, un PEGC (ceux qui ont mon âge savent !) de gôôôôôche évidemment, et évidemment membre du SNI (mais le SNES n'était pas mieux : les syndicats de gôôôôôche ont été co-fossoyeurs de notre système éducatif) a foudroyé du regard le sale petit agrégé élitiste que j'étais et a tranché : "De toute façon, pour elles, ce sera la seconde ou le trottoir."

Elles ne savaient ni lire ni écrire et sont passées en seconde : 1984 !!!

J'ai vite compris ce que ce système allait produire : des masses d'analphabètes à qui on donnerait tous les diplômes pour satisfaire les parents, et faire en parallèle des boîtes sélectives vouées à la reproduction sociale.

Voilà ce qu'a été la politique éducative de la droite et de la gôôôôôche depuis Giscard.

Comme je le pouvais, j'ai pris vite des chemins de traverse... pour finir par démissionner.

Lorsque je suis revenu enseigner à Sciences po au début des années 2000, j'ai été effaré sans être surpris.

Ces étudiants, tous titulaires d'une mention Bien au baccalauréat, étaient incapables de construire une dissertation, incapables d'écrire une phrase sans faire au moins cinq fautes, et pas des fautes d'inattention (ou de clavier), des fautes qui révélaient qu'ils ne comprenaient plus rien de ce qu'est notre langue, un verbe, une conjugaison, une conjonction, qu'ils étaient incapables de distinguer être et avoir...

Tous les ministres de l'Education nationale depuis Haby devraient être embastillés jusqu'à la fin de leurs jours. Mais combien d'ex-collègues ont-ils été complices de cet assassinat !!!