Pendant que la presse française est occupée à crier au miracle et au génie de Macron, en raison d’un accord stupide qui va coûter très très cher aux à la France et aux Français, parce que ce qui nous sert de président à une fois de plus tout cédé de nos intérêts nationaux afin de pouvoir fanfaronner sur une nouvelle Europe qui n’existe que dans ses fantasmes, un accord qui, de surcroît, est très très loin d’être à la hauteur des défis de la colossale dépression économique qui vient (la solution passant par le recouvrement de notre souveraineté monétaire et non à des cadeaux supplémentaires à ceux qui sont les gagnants structurels d’un euro qui nous désindustrialise et nous enfonce un peu plus chaque jour), pendant ce temps-là, la tension atteint un niveau très très inquiétant entre la Turquie qui provoque et la Grèce qui refuse de se laisser faire.

Dans la nuit de mardi à mercredi, des mouvements importants de la flotte turque ont eu lieu depuis leurs bases en direction d’Antalya où les attend le navire de recherche d’hydrocarbures Oruç Reis (du nom en turc de l'amiral ottoman Barberousse). Il s’agit cette fois pour Erdogan d’imposer par la force des forages dans la zone économique exclusive grecque de l’île de Kastellorizo. Une flotte de 19 navires de guerre turcs (torpilleurs, frégates, sous-marins) est ainsi passée au large de chez nous, venant du nord et se dirigeant vers Rhodes en longeant la côte de l'Asie Mineure.

La Grèce a aussitôt décidé des contre-mesures destinées à dissuader l’agresseur : mise des forces armées en état d’alerte maximum, suppression de toute les permissions, concentration de 85 % de la flotte dans la zone visée par les turque et au plus près des escadres turques dont les déplacements sont étroitement surveillés, mobilisation de certains réservistes de la Garde nationale des îles occidentales… Les déclarations des responsables grecques affirment toutes la résolution des autorités à défendre par tous les moyens les droits souverains de la Grèce.

Hier, on a un moment pensé à un apaisement lorsqu’une information indiqua qu’après une communication téléphonique de la chancelière Merkel à Erdogan, une partie des navires turcs rentraient à leur base, mais en début de soirée, le ministre de la Défense grec déclarait que la situation restait inchangée et on apprenait qu’un Conseil de défense était convoqué aujourd’hui à Ankara. Ce matin, le ministère grec annonçait pour sa part que l’état d’alerte maximum était maintenu au moins jusqu’au 2 août. Je voudrais ici préciser plusieurs points.

1 – On n’a jamais fait reculer un agresseur déterminé à agresser en lui cédant, en se mettant la tête dans le sable et en apaisant. On fait reculer un agresseur en déployant les moyens susceptibles de le dissuader de poursuivre son agression.

2 – La situation actuelle n’est pas une surprise. Tout le monde s’attend depuis des mois à un « épisode chaud » comme on dit ici. Lorsque je suis rentré à Nisyros à la mi-décembre, des amis grecs m’ont mis en garde contre un coup turc dans la région pour Noël. La tension monte depuis des mois et la tentative d’assaut de la frontière terrestre par les petits soldats migratoires d’Erdogan en février a constitué une première alerte. J’espère qu’on comprendra enfin – notamment la presse française si prompte à faire pleurer Margot et à jouer les idiots utiles de l’islamisme impérialiste turc – que cette question n’a, depuis longtemps, plus rien d’humanitaire mais que la manipulation de ces migrants que la Turquie fait venir sur son sol est une question purement politique et géopolitique – un chantage pur et simple. La réislamisation de Sainte-Sophie (qui divise profondément l’opinion turque) est l’avant-dernière en date. Entretemps, les provocations de tous ordres se sont succédé à un rythme soutenu.

3 – Depuis quelques jours, l’Azerbaïdjan turcophone a rallumé la guerre contre l’Arménie. Cette initiative n’est évidemment pas séparable de l’aventurisme turc tous azimuts (Chypre, Syrie, Libye, Grèce), le pantouranisme ou panturquisme prenant ici dans ce cas le relais du panislamisme. Les Arméniens ont jusqu’ici bloqué toutes les offensives azéries et même gagné des positions, mais la Turquie envoie désormais des armes à l’Azerbaïdjan et dissémine sur un nouveau front les terroristes de Daech et d’Al Qaïda qu’elle a sauvés en Syrie et réorganisés en supplétifs de son armée. La Russie est évidemment de nouveau visée et vient de déclencher à sa frontières sud des manœuvres non prévues avant celles, prévues de longue date, qui auront lieu en septembre.

4 – Comme je l’explique dans tous mes entretiens et articles depuis février, cette situation est celle d’un régime despotique en difficulté intérieure qui cherche dans des aventures extérieures tous azimuts un moyen de ressouder son opinion derrière lui. Il n’en est que plus dangereux.

5 – La situation à laquelle est confrontée aujourd’hui la Grèce n’est pas nouvelle même si elle s’étend, depuis l’accord aberrant au regard du droit international entre Ankara et le gouvernement de Tripoli, hors de l’espace proprement égéen. Depuis 1973, on a ainsi assisté à au moins une demi-douzaine d’épisodes chauds. Permettez-moi de me citer (La Grèce et les Balkans, tome III) :

« Depuis 1958, la convention internationale sur le droit de la mer reconnaît à chaque État des droits souverains sur l’exploitation exclusive et inconditionnelle des ressources naturelles de ce plateau. De la possession par la Grèce des îles égéennes, il découle donc que celle-ci dispose de tels droits sur la quasi-totalité de l’Égée, ce que nie la Turquie en arguant que le plateau continental égéen est un prolongement de l’Anatolie, que l’exiguïté de la mer ne donne pas aux îles le droit à un plateau continental et qu’en conséquence les droits d’exploitation sur la moitié orientale de l’Égée appartiennent à la Turquie. Cette revendication, apparue en 1973, donne lieu, dès 1974, à une confrontation autour de la mission de prospection d’un navire turc. Le 31 mai 1975 à Bruxelles, Demirel accepte pourtant la proposition de Karamanlis d’un recours à la Cour internationale de justice de La Haye. Mais Demirel dirige un cabinet de coalition avec l’extrême droite du colonel Türkeş : sitôt rentré à Ankara, il dénonce l’accord qu’il vient de conclure et réclame une négociation bilatérale – position, depuis, de tous les gouvernements turcs. La jurisprudence de la Cour sur des cas similaires permet de savoir à peu près ce que serait l’arbitrage, que la Grèce s’est engagée à respecter : la Turquie se verrait probablement attribuer, proportionnellement à la longueur de ses côtes, environ un tiers de la surface de la mer (hors zones de souveraineté) sous la forme de trois ou quatre couloirs entre les îles orientales. Cette solution, recommandée par le Conseil de sécurité de l’ONU , permettrait à la Grèce et à la Turquie d’exploiter les richesses de l’Égée, à leur profit commun. La Turquie préfère les en priver et maintenir une tension permanente dans la zone : une deuxième mission de prospection turque, en août 1976, conduit en effet les deux pays à geler toute recherche (mémorandum de Berne en novembre) jusqu’à ce que la question ait été résolue. Elle ne l’est toujours pas. »

Plus loin :

« Or les provocations turques ne cessent pas. Les vols dans l’espace aérien des îles grecques se prolongent, désormais de manière systématique, jusqu’à l’intervention de la chasse grecque, entraînant plusieurs accidents mortels. L’indépendance de la République fantoche du nord de Chypre est proclamée en 1983 puis, en mars 1987, on frôle de nouveau la guerre. Le gouvernement grec ayant déposé un projet de loi sur la nationalisation de la North Aegean Petrol Company qui exploite un gisement dans les eaux territoriales autour de Thasos, la Turquie interprète ce fait comme la volonté supposée d’Athènes de reprendre les prospections, gelées par le mémorandum de Berne, dans les zones contestées où elle envoie, le 27 mars, un navire d’exploration, le Sismik. Papandréou réplique en plaçant l’armée en état d’alerte maximum, en rappelant des réservistes et en dépêchant son ministre des Affaires étrangères à Sofia. Le lendemain, le Premier ministre turc Turgut Özal rappelle le Sismik. En février 1988, Papandréou et Özal se rencontrent à Davos pour engager un processus de détente, qui n’aboutira cependant à aucune solution sur le fond. Et le retour au pouvoir de Süleyman Demirel après les élections d’octobre 1991 n’arrange rien : alors que la convention internationale de Montego Bay sur le droit de la mer (10 décembre 1982) étend les eaux territoriales à 12 milles, la Premier ministre Tansu Çiller (1993-1996) se fait donner, par une déclaration de la Grande Assemblée nationale du 9 juin 1995, l’autorisation permanente de déclarer la guerre à la Grèce si celle-ci procède à pareille extension – bien qu’elle ait toujours nié en avoir l’intention, et alors que la Turquie, sans avoir signé la convention, y a procédé en mer Noire comme en Méditerranée ! »

Plus loin :

« Disproportionné, cet effort (militaire de la Grèce) est dû à la permanence de la menace d’une Turquie de 74 millions d’habitants à l’armée 4 à 5 fois plus puissante que la sienne et qui continue à occuper 37 % du territoire de Chypre. D’autant qu’avec ses 11,3 millions d’habitants, la Grèce a dû constater, lorsqu’elle a adhéré au traité de l’UEO en 1991 et que ses partenaires ont inventé une exception la privant, en cas d’attaque turque, de l’assistance automatique prévue par ce traité, l’absence de solidarité européenne et l’impossibilité, en conséquence, d’alléger son effort. Face à cette situation, la Grèce a usé, jusqu’en 1995, de son seul moyen de pression en bloquant le protocole financier de l’UE avec la Turquie et la mise en œuvre de l’union douanière. Elle lève son veto, en mars de cette année-là, en échange de la fixation d’une date pour les négociations d’adhésion de Chypre . Pourtant, le 9 juin, la Grande Assemblée nationale turque donne au gouvernement une autorisation permanente de déclarer la guerre à la Grèce en cas d’extension de ses eaux territoriales à 12 milles . Puis, quelques mois plus tard, la Turquie engage une grave escalade autour des îlots d’Imia, au large de Kalymnos (Dodécanèse).

À l’occasion de l’échouage d’un cargo turc, Ankara affirme en effet sa souveraineté sur ces îlots inhabités dans une note orale, puis des journalistes y hissent le drapeau turc, provoquant l’intervention de la marine hellénique. Enfin, le 31 janvier 1996, après des violations répétées des eaux territoriales grecques par des bâtiments de guerre, Ankara débarque des forces spéciales sur l’un des îlots. Le crash d’un hélicoptère grec venu en reconnaissance fait trois morts – que Simitis, arrivé depuis peu au pouvoir, n’imputera pas officiellement à des tirs turcs afin de ne pas envenimer la situation. La crise se dénoue grâce à la médiation américaine et au rétablissement du statu quo ante, mais une fois de plus Athènes a pu mesurer l’absence de solidarité européenne, à l’exception du Parlement de Strasbourg qui, le 15 février, a voté par 342 voix contre 21 et 11 abstentions, une résolution sans ambiguïté. De fait, la frontière, dans cette région cédée par la Turquie à l’Italie au traité de Lausanne (1923), puis par l’Italie à la Grèce au traité de Paris (1947), a été précisément fixée par les accords italo-turcs de 1932 . Le Parlement qualifie donc les agissements turcs de « dangereuse violation (…) des droits souverains de la Grèce », alors que les « liens privilégiés entre l’Union et la Turquie devraient d’office exclure toute forme d’agression ». Enfin, soulignant que « les frontières de la Grèce constituent également une part des frontières extérieures de l’Union européenne », il déplore l’impuissance de celle-ci « à réagir efficacement à cette crise dans le cadre de la politique étrangère et de sécurité commune » et invite le Conseil à « prendre les mesures qui s’imposent pour améliorer les relations entre la Grèce et la Turquie » – ce qu’il ne fera pas.

La déclaration du Parlement constate en outre que les « agissements de la Turquie s’inscrivent dans le cadre d’une politique plus large de contestation du statu quo en mer Égée ». Car il s’agit bien alors pour la Premier ministre turque Tansu Çiller d’imposer une négociation sur l’ensemble de l’Égée et des contentieux soulevés par la Turquie depuis 1974 , en affirmant la doctrine dite des « zones grises », élaborée par l’état-major et selon laquelle, malgré les traités qui excluent cette interprétation, plus de cent îlots dont le nom ne figure pas expressément dans ceux-ci, ne doivent plus être considérés comme grecs.

La situation est alors d’autant plus dangereuse que la configuration politique intérieure de la Turquie est propice aux surenchères nationalistes du type de celle qui a conduit à l’invasion de Chypre en 1974. Lors des élections du 24 décembre 1995, les deux formations qui se sont succédé au pouvoir depuis 1983, le Parti de la mère patrie, fondé par Turgut Özal (mort subitement en 1993, son exhumation en 2012 a révélé qu’il aurait été empoisonné) et dirigé par Mesut Yilmaz (19,67 % et 132 sièges sur 550), et le Parti de la juste voie du président Demirel et de la Premier ministre Çiller (19,20 % et 135 sièges), ont en effet été devancés par les islamistes du Parti de la prospérité de Necmettin Erbakan (21,33 % et 158 sièges) qui s’est prononcé pour l’épreuve de force avec la Grèce. Puis la constitution laborieuse, en mars 1996, d’un cabinet dirigé par Yilmaz, dont Çiller, vice-présidente et ministre des Affaires étrangères, doit alterner avec lui à la tête du gouvernement, aboutit à l’explosion de la coalition dès le mois de juin. Accusée de détournements de fonds, Çiller décide alors d’apporter son soutien à l’islamiste Erbakan. Mais un an plus tard, les militaires qui, en dernier ressort, restent maîtres du jeu politique à travers le Conseil national de sécurité, contraignent ce dernier à se retirer et, en juin 1997, Yilmaz revient au pouvoir jusqu’à ce que, lui aussi compromis dans des scandales, il cède la place en janvier 1999 à Bülent Ecevit, chef de la gauche démocratique, trois fois Premier ministre dans les années 1970, auquel les législatives anticipées du 18 avril permettent de gouverner en coalition avec le parti de Yilmaz jusqu’en 2002.

Entre-temps, Chypre a connu de nouvelles tensions sur la ligne de démarcation et la crise s’est aggravée, au début de 1997, lorsque Nicosie a acheté 20 missiles S-300 russes d’une portée de 150 km, équivalents des Patriot que Washington avait refusé de vendre aux Chypriotes. Alors qu’il s’agit d’armes purement défensives, Erbakan dénonce le danger qu’elles feraient peser sur la Turquie et l’état-major menace l’île de frappes préventives en cas de déploiement, jusqu’à ce que Simitis mette fin à l’escalade en convainquant le président chypriote Kliridis de confier ces missiles à la Grèce . Le dossier chypriote rentre alors dans une nouvelle phase de glaciation. »

Plus loin :

« De retour au gouvernement comme Premier ministre en octobre 2009, Papandréou (le fils du précédent) réserve à la Turquie sa première visite à l’étranger, Erdoğan revenant à Athènes en mai 2010. Ils y signent 21 nouveaux accords de coopération, parmi lesquels figure la création d’un Haut Conseil de coopération gréco-turc chargé de faire avancer le règlement des litiges entre les deux pays. Le Premier ministre turc a également proposé une diminution parallèle des dépenses d’armement, mais, dans le cadre d’un rapport stratégique asymétrique, la baisse du potentiel du plus fort n’atteint pas ses capacités d’attaque, alors que celle du plus faible risque de mettre en cause la suffisance de ses moyens de riposte. Pour que la Grèce s’engage sur cette voie, il faudrait donc soit que l’UE garantisse enfin formellement et de manière crédible sa sécurité et son intégrité, soit que la Turquie change de politique en Égée et à Chypre.

Au contraire, les violations de l’espace aérien n’ont jamais cessé. Un pilote grec est de nouveau tué en 2006 lors de l’un de ces incidents, tandis que les petites îles habitées de Pharmakonisi et Agathonisi font l’objet de survols répétés depuis 2009, notamment quelques jours avant la visite de Papandréou à Ankara en 2011. S’agissait-il d’une initiative du gouvernement ou de l’armée, dont une partie reste hostile à l’AKP, afin d’embarrasser Erdoğan ? En tout cas, au début de 2012, on a parlé à la Grande Assemblée nationale d’une « occupation grecque d’Eşek » (nom turc de Pharmakonisi) et le ministre des Affaires étrangères a de nouveau évoqué des problèmes concernant plusieurs îles et rochers.

Aussi les sondages indiquent-ils une méfiance persistante de l’opinion grecque à l’égard du grand voisin, sentiment conforté par la révélation, en 2010, d’une conspiration militaire en Turquie. Celle-ci prévoyait de simuler une agression grecque afin d’amener les deux pays à la guerre pour justifier le renversement du gouvernement de l’AKP. Quant à l’ancien Premier ministre Yilmaz, il reconnaissait, en 2011, la responsabilité des services secrets turcs dans certains des incendies qui ont ravagé des îles grecques au cours des années 1990.

De même, rien de sérieux n’a-t-il été fait pour lever les entraves au fonctionnement normal du patriarcat à Istanbul – en 2007, une décision judiciaire lui a même nié son caractère œcuménique – et, en violation du traité de Lausanne, l’Institut théologique de Halki dont dépend la pérennité du patriarcat reste fermé depuis 1971. Erdoğan a une fois de plus annoncé sa réouverture à l’issue d’une rencontre avec le président américain Obama en mars 2012 et le secrétaire d’État John Kerry a de nouveau insisté, lors d’une visite à Istanbul en avril 2013, pour que cette décision, donnée comme imminente, soit enfin prise. »

6 – Comment se fait-il que l’UE n’ait pas conditionné l’ouverture des négociations d’adhésion au règlement préalable de ce différend et à l’évacuation de 40 % de Chypre où elle a organisé un Etat fantoche et pratique, en violation des conventions de Genève, la colonisation de sorte que les colons anatoliens y sont aujourd’hui plus nombreux que les Chypriotes turcs ? Comment se fait-il que l’UE ait déversé sur la Turquie et Chypre Nord des milliards alors que la Turquie ne cesse d’agresser et occuper pour partie des Etats-membres de ladite UE ? Ceci dans le même temps où elle écorchait la Grèce.

7 – Jusqu’ici les épisodes chauds se sont toujours terminés par un recul de la Turquie devant les contre-mesures grecques ou la pression américaine. Pour l'instant on en est au bluff et à l'escalade : chacun teste la détermination de l'autre et, à mon humble avis, le gouvernement grec fait ce qu'il faut. Ni faiblesse ni surréaction. La seule inconnue aujourd’hui – mais elle est de taille – est celle de la détermination et de la rationalité d’Erdogan.

8 – Dans ce genre de situation, sur le fil, personne ne peut exclure un dérapage.

Ajoutons que la presse grecque (I Ifimerida) rapporte ce matin que, recevant à Paris le président Chypriote Anastasiadis, Macron a déclaré : « Ceux qui violent les zones maritimes de la Méditerranée orientale doivent être sanctionnés. Ce serait une erreur majeure de la part de l'Union européenne de laisser la sécurité en Méditerranée orientale entre les mains d'autres acteurs, notamment la Turquie. (…) Vous savez que vous pouvez compter sur le soutien de la France sur cette question. L'Europe doit protéger sa souveraineté avec la plus grande détermination ».

De son côté, le président de la République de Chypre, Nikos Anastasiadis, a précisé que Chypre sera toujours le plus hospitalier des pays pour la flotte française. «Nous avons toujours été et continuons d'être un pays de stabilité et de sécurité réelles dans la région. Nous avons aidé à évacuer des produits chimiques de Syrie dans le passé, nous avons aidé à l'apaisement de nombreuses crises au Moyen-Orient, comme au Liban, et nous devrons peut-être contribuer à nouveau dans ce sens ».

Par ailleurs, s'exprimant lors de la session plénière extraordinaire du Parlement européen, où les conclusions du sommet sont en cours de discussion, le chef du groupe parlementaire du Parti populaire européen, Manfred Weber, a souligné: "Concernant la situation en Méditerranée, nous avons également vu les décisions sur la basilique Sainte-Sophie qui est un exemple de chauvinisme religieux, un tel symbole et monument de paix et de réconciliation est en train de changer ".

« La question n'est pas seulement gréco-turque ou cyro-turque,elle est euro-turque, a-t-il déclaré. Nous tenons à souligner en présence de M. Michel et Mme von der Leyen que nous devons envoyer des messages clairs et être aux côtés des Grecs et des Chypriotes ». En conclusion, Weber a déclaré que «bien sûr, les canaux de communication et de dialogue restent ouverts, mais il est temps d'agir maintenant, éventuellement d'envisager des sanctions contre la Turquie. Nous devons agir et agir maintenant. »

Vous ne lirez pas ça souvent sous ma plume, mais si c'est suivi d'effets - et à part l'inexistante souveraineté européenne : bravo Macron ! Si c'est suivi d'effets !!!

Pour Weber, c'est du bla bla : on peut toujours raconter n'importe quoi, ça n'a aucun effet. Mieux vaut malgré tout qu'on y dise cela qu'autre chose.Et maintenant, mesdames messieurs : aux actes!!!

Quelles sanctions et quand ???

Et d'abord que l'UE cesse de financer à fonds perdus le régime islamiste turc !

Et d'abord qu'on mette fin aux négociations d'adhésion !

Alors vous commencerez à être crédibles !

Par ailleurs, on sait que le Premier Ministre grec s’est entretenu avec Vladimir Poutine et que le minstre de la Défense grec en a fait autant avec son homologue américain. Q la suite de cet échange, le porte-parole du Département d'Etat a déclaré que : «Les États-Unis savent que la Turquie veut envoyer un navire d'exploration dans des eaux litigieuses de la Méditerranée orientale. Nous appelons les autorités turques à mettre fin à leur projet et à éviter les mouvements qui augmenteraient les tensions dans la région ».

Cette expression d’eaux litigieuses a provoqué des remous en Grèce, les eaux en question faisant sans discussion possible au regard du droit international de la mer partie de la zone économique exclusive de la Grèce.

Ce matin, le sénateur Bob Menendez, leader de la minorité démocrate à la Commission des Affaires étrangères du Sénat américain, a reproché hier soir au Département d'Etat d'employer le terme "eaux disputées" pour la zone économique exclusive au sud de Kastellorizo où la Turquie prétend forer. Il a demandé que celui-ci dise clairement que ces eaux appartiennent incontestablement à la ZEE grecque et que la Turquie est la seule responsable de la tension.

Et cet après-midi, dans son allocution à l'occasion du débarquement de troupes américaines à Alexandroupoli, l'ambassadeur américain à Athènes Pyatt vient de préciser que l'emploi par le Département d'Etat du terme "contesté "se réfère simplement aux zones où plus d'un pays a des revendications maritimes". Il a continué en déclarant que ; "J'ai également souligné à plusieurs reprises et je répète aujourd'hui que les États-Unis adhèrent aux principes du droit maritime international, selon lesquels les îles, y compris Kastelorizo, ont exactement le même plateau continental et les mêmes droits dans la ZEE que n'importe quelle région du continent." . Puis il a précisé que de Washington exhorte "les autorités turques à arrêter les opérations qui augmentent les tensions dans la région, telles que les projets de recherche sur les ressources naturelles dans les zones , dans laquelle la Grèce et Chypre revendiquent la compétence en Méditerranée orientale ".

« Il s'agit d'un domaine stratégique complexe, a-t-il ajouté. Nous voulons que nos amis et alliés de la région abordent le développement des ressources dans un esprit de coopération qui fournit la base d'une sécurité énergétique durable et d'une prospérité économique mutuelle. Les actions de provocation unilatérales s'opposent à cet objectif. Permettez-moi donc d'être clair: une Grèce plus forte et plus sûre est dans l'intérêt de l'Amérique, et comme le secrétaire à la Défense Esper en a discuté avec le ministre Panayotopoulos cette semaine, notre coopération approfondit une relation bilatérale très importante et la renforce. »

Demain, l'anniversaire du traité de Lausanne de 1923 fixant les frontières gréco-turques qu'Erdogan ne cesse de déclarer caduques, et jour de la réislamisation de Sainte-Sophie sera évidemment la journée de tous les dangers.

A suivre !