Le 6 juin 1944, les Alliés, et surtout les Américains, entendent mettre en place en France une "Administration Alliée des Territoires Occupés" (AMGOT en anglais), laquelle a déjà imprimé... sa monnaie !

Et oui, braves gens, le premier instrument et le premier signe de la souveraineté ou de l'esclavage, c'est la monnaie !

Ainsi de Gaulle en parle-t-il dans ses "Mémoires de guerre" : « Les troupes et les services qui s'apprêtent à débarquer sont munis d'une monnaie soi-disant française, fabriquée à l'étranger, que le Gouvernement de la République ne reconnaît absolument pas ».

Ce débarquement à l'écart duquel a été tenu le Gouvernement provisoire de la République française est une nouvelle épreuve de force entre les Anglo-Américains, les Américains surtout, qui veulent imposer l'AMGOT, puisque pour eux la France a été battue, est sortie de la guerre, n'a plus de gouvernement, et de Gaulle pour qui la France libre puis la France combattante ont assumé la permanence de la France dans la guerre et la continuité de la République ce qui rend leur héritier, le GPRF, légitime à administrer et gouverner tout territoire libéré où les commissaires de la République nommés par de Gaulle doivent, dès la Libération, réinstaller la légalité républicaine.

Le discours de De Gaulle le 6 juin sera un service minimum et passera tard sur les ondes de la BBC.

Et ce n'est que le 14 juin que de Gaulle pourra enfin prendre pied sur le territoire métropolitain... pour y installer à Bayeux le premier commissaire de la République - François Coulet. L'AMGOT est morte, mais de Gaulle n'ira jamais commémorer le débarquement de Normandie qui manqua de peu, et n'était son intransigeance, d'être le début d'une "autre occupation".