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jeudi 18 octobre 2018

Crise politique en Grèce

Kozias, ministre des Affaires étrangères et pilier depuis le début du gouvernement Tsipras, vient de démissionner.... sur la question macédonienne. Tsipras récupère son portefeuille.

Alors qu'on pouvait penser que ce serait le ministre de la Défense, Kamménos, chef des Grecs indépendants, parti de droite qui gouverne en coalition avec Syriza depuis 2015 mais qui est opposé à l'accord avec l'ARYM négocié par Kozias et signé par Tsipras, qui allait partir.

Virtuellement, le gouvernement n'a plus de majorité à la Vouli puisque plusieurs députés Grecs indépendants ont quitté le parti et la majorité pour réintégrer le giron de la droite qu'ils avaient quittée sur la question des mémorandums, avant d'avaler celui de Tsipras. Les eurobéats de Potami sont prêts à faire passer l'accord mais disent refuser d'être l'appoint de rechange pour assurer la survie du gouvernement ; les Grecs indépendants ne voteront pas l'accord mais Kamménos dit ne pas vouloir renverser le gouvernement... auquel il appartient toujours, tout en étant allé à Washington proposer un plan macédonien non discuté par ce gouvernement !

La crise politique couvait donc depuis dix jours au moins ; la voilà qui éclate.

Tsipras peut-il tenir dans ces conditions jusqu'aux élections européennes, provinciales et municipales du printemps ? Pas au-delà, puisqu'il n'aura de toute façon pas la majorité qualifiée au Parlement pour faire élire le nouveau président de la République et que la dissolution interviendra de droit.

Dès février, j'écrivais dans Le Vent se lève, et en août je le répétais à Coralie Delaume sur Polony TV (voir mon post d'hier) que des élections auraient sans doute lieu dès cet automne... et que c'était l'intérêt de Syriza de les provoquer avant la vague de nouvelles mesures austéritaires à rentrer en application au 1er janvier, votées par le parlement pour obtenir les dernières tranches de crédits européens. Le tout afin de sauver assez de voix pour se retrouver en position d'être un partenaire de coalition possible (ou, au mieux pour Syriza, indispensable) avec la droite dont tout indique qu'elle gagnera le prochain scrutin, mais sans être assurée d'une majorité absolue.

Le fait que ce soit Kozias qui démissionne rend-il ce scénario un peu plus crédible ? Tsipras cherche-t-il par là à maintenir, à tout prix, sa coalition en survie artificielle, en se privant d'un des poids lourds de son gouvernement ? Ou bien est-ce le prélude à une démission du gouvernement que Tsipras annoncera au moment qui lui semblera le moins défavorable ?

A suivre

Perquisition

Puisqu'on me demandait hier ce que je pensais du psychodrame en cours autour de certaines perquisitions, voici ce que j'en pense. Au fond, pas dans l'écume de ces émotions qui finissent, dans ce monde de l'instantanéité le plus souvent hystérique, soigneusement entretenue par des médias qui sont parties à l'Ordre qu'il convient de préserver à tout prix, et où réfléchir devient un gros mot, par empêcher toute analyse politique.

Si vous lisez le blog de Panagiotis Grigoriou, Greek crisis (vous pouvez faire un don, il en a besoin pour pouvoir continuer à informer), vous apprendrez que le chef du petit parti de gauche radicale, Unité populaire, scission de Syriza après la capitulation de Tsipras, est aujourd'hui poursuivi, pour ses actions en solidarité avec les petits propriétaires grecs victimes de spoliations pour dette de leurs biens immobiliers bradés ensuite dans des ventes aux enchères que, sur injonction européenne, le gouvernement Syriza-ANEL a organisées sur Internet parce que les militants anti-spoliation empêchaient le bradage en salle des ventes ; mais vous apprendrez surtout que cette action contre un responsable politique d'opposition est le fait d'une police spéciale, la Direction de la Protection du Régime et de la Démocratie (par antiphrase, comme il se doit en milieu européen), créée par le socialiste Simitis et dont les pouvoirs n'ont cessé d'être reconduits ou renforcés par les gouvernements successifs, y compris celui de la prétendue gauche radicale actuellement au pouvoir qui s'en sert donc contre cet ancien ministre de la première période dudit gouvernement.

Se focaliser sur tel ou tel cas, telle ou telle manifestation, empêche de voir la logique: le traitement de plus en plus judiciaire des oppositions dans le cadre de l'UE.

Ailleurs, à Malte, en Bulgarie, en Slovaquie, on en est déjà au meurtre de journalistes qui menacent de mettre au jour les circuits mafieux qui prospèrent dans un cadre européen - libre circulation des capitaux, des marchandises et des hommes, c'est-à-dire entre autres de la traite d'êtres humains connus sous le nom de migrants - extraordinairement favorable à la criminalité financière, circuits mafieux qui sont bien sûr au premier rang du lobbying tout-puissant dans l'UE et drainent vers eux une part importante de l'argent européen distribué hors de tout contrôle démocratique véritable. En France, les choses ont commencé avec le FN : il n'est pas nécessaire d'être en accord avec ses idées pour comprendre que, plutôt que de le combattre politiquement, on a choisi de le priver des moyens financiers de son action politique.

Elles se développent aujourd'hui d'un autre côté, tandis que les comptes de campagne de l'un font l'objet d'une enquête quand ceux de l'autre, parvenu au pouvoir suprême, et qui a bénéficié de l'argent des mieux nantis dans des conditions pour le moins contestables n'en font pas l'objet, et alors que le Modem coule des jours paisibles, voit même son poids renforcé au gouvernement, quand bien même est-il soupçonné des mêmes turpitudes que le FN hier ou la LFI aujourd'hui, turpitudes selon toute vraisemblance partagées par tous les partis qui bénéficient du distributeur de cash qu'est, pour l'essentiel, un faux Parlement européen qui, à part cela, ne sert à rien. Cash qui explique sans doute en partie le refus des forces politiques installées à faire campagne pour l'indispensable hara-kiri du Machin européen, cette passion si unanimement partagée, du RN à la LFI, pour la réforme, que chacun sait pourtant impossible, dudit Machin, ainsi que pour les fantasmagoriques plans A, B ou Oméga3...

En réalité, ces partis sont punis par où ils pêchent depuis tant d'années, car la question n'est pas Macron ou Tsipras, Lafazanis, Le Pen ou Mélenchon, la question est la nature intrinsèquement antidémocratique de l'UE qui est une dictature molle. Mais une dictature molle peut durcir, notamment quand les peuples commencent à se rendre compte qu'elle est une dictature et à regimber.

Plutôt que de s'emporter contre le doigt d'un procureur ou de policiers, selon toute vraisemblance de manière contre-productive, on serait mieux avisé de regarder en face la lune de Bruxelles.