Comme d'habitude, nous partons sur notre île pour le changement d'année.

Deuxième changement d'année depuis le début de l'ère Syriza... L'espoir qui semblait pouvoir affranchir le peuple grec de l'esclavage eurogermain à la fin de 2014 paraît si lointain...

Cette fin d'année est marquée, en Grèce, par deux faits assez significatifs d'un état d'esprit.

J'ai parlé ici maintes fois du processus massif de spoliation à l'oeuvre en Grèce sous gouvernement eurogermain dont Syriza s'est fait la docile courroie de transmission. La confiscation de biens immobiliers (environ 200 000 d'après la presse grecque) pour dette est depuis des mois un des sujets centraux de la vie quotidienne en Grèce. Et les ventes aux enchères faisant suite à ces confiscations sont régulièrement l'objet de mobilisations populaires dans les tribunaux empêchant leur tenue. Tellement régulièrement que le gouvernement de gôche dite radicale a d'abord pris des dispositions pour que ces ventes puissent désormais se dérouler par Internet.

Mais c'était manifestement insuffisant et la direction eurogermaine du pays a fait savoir qu'il fallait aller plus loin afin d'accélérer le processus.

Hier, le gouvernement de gôche dite radicale a donc fait passer à l'Assemblée une loi punissant de 6 mois de prison ferme quiconque voudra essayer d'empêcher le déroulement de la mise aux enchères.

Ainsi va la gôche radicale en régime d'Union européenne.

Le second événement a eu lieu la nuit dernière et vient après d'autres (notamment l'attentat contre le banquier Papadimos, bénéficiaire du coup d'Etat eurogermain qui licencia le Premier ministre élu Papandréou en 2011 pour le remplacer par cet ancien vice-président de la BCE) du même genre. Il s'agit d'un attentat à la bombe - d'une puissance respectable et qui a fait des dégâts matériels importants - contre la Cour d'appel d'Athènes. Un commando de quatre personnes, filmées par les caméras de surveillance, revêtues de tuniques blanches, portant casques de chantier, le visage masqué, a déposé la bombe et tiré à la kalachnikov en direction du gardien. La presse grecque évoque une Organisation révolutionnaire d'autodéfense...

Que la violence eurogermaine, relayée par le gouvernement Syriza, débouche sur des violences de la part d'une partie de la population, exaspérée, dans une société où la mouvance anarchiste a toujours été présente, voilà qui ne saurait étonner. Elles pourraient d'ailleurs - opportunément - justifier une rétractation de l'Etat de droit et des libertés individuelles et publiques dont il apparaît chaque jour davantage que - à l'inverse exact de son discours officiel - l'Union européenne est le vecteur.

D'autant qu'à ces menaces s'ajoutent celles d'une Turquie manifestement de plus en plus agressive. Pourquoi donc le gouvernement grec a-t-il invité Erdogan à Athènes ? Il faut croire que l'unique but (puisque c'est l'unique résultat) était de permettre au président turc (150000 fonctionnaires révoqués, 50000 personnes emprisonnées depuis le coup d'Etat bidon de 2016, des condamnations qui tombent comme à Gravelotte par dizaines d'années, à la suite de procès iniques, des observateurs européens interdits d'entrer dans la salle d'audience où vient de commencer celui des deux principaux dirigeants du Parti démocratique des peuples dont le crime a été de recueillir 12,96 % des voix aux législatives de juin 2015 et qui risquent respectivement 83 et 142 ans de prison...) de répéter haut et fort, en Grèce, comme il le fait en toute occasion depuis six mois, que le traité de Lausanne (1923) est caduc - c'est à dire que la Turquie ne reconnaît plus ses frontières avec la Grèce.

L'amateurisme de l'équipe au pouvoir à Athènes est décidément confondant ! Car les responsables grecs ont feint la surprise et le mécontentement. Mais que diable pouvaient-ils attendre d'autre ?

Puis cette semaine le ministre des Affaires étrangères turc a déclaré devant la Grande Assemblée nationale que la Turquie "récupérerait" des (les?) îles de l'Egée, que ce soit par la négociation... ou par la force.

Et que dit l'Union européenne, dont la Turquie occupe et colonise déjà, depuis 1974, le tiers d'un de ses Etats membres ? Rien. Les négociations d'adhésion ne sont ni rompues ni suspendues. Juncker ne déclarait-il pas, au lendemain du coup d'Etat bidon, qu'il s'agirait là d'une grave erreur ?

Là encore, on voit tout l'attachement de l'UE aux droits fondamentaux, à la liberté de la presse et d'expression....

La même UE continue d'ailleurs à financer largement le régime Erdogan (qui fut l'indispensable allié de Daesh...), en plus des 6 milliards alloués en 2015 par la chancelière du Reich pour que le sultan mette fin à son chantage aux migrants. Au titre de l'Instrument de préadhésion, la Turquie aura reçu - sans aucune contrepartie et au mépris de prétendus principes de l'Union - en 2020, 10,64 milliards d'euros depuis 2002... sans compter non plus les programmes méditerranéens. Et dans une opacité totale d'usage par les autorités turques (enrichissement personnel, utilisation clientéliste par l'AKP, le parti islamiste d'Erdogan), opacité régulièrement dénoncée - sans la moindre conséquence - par la Cour des comptes de l'Union.

Joyeux Noël et bonne fin d'année !!!