En Grèce, En Marche ! s'appelle Potami (Le Fleuve) et Macron Théodorakis, mais c'était déjà allé trop loin en 2015 pour que les gens s'y laissent prendre. Alors il y a eu Tsipras qui, au final, a joué le même rôle.

En Italie, Macron s’appelle Renzi et c’est venu par un coup d’Etat intérieur au parti dit de gauche PDS ; ça c'est très vite usé.

En Espagne, Marcron s’appelle Rivera, En Marche ! porte le nom de Ciudadanos (Citoyens), et ça a suffisamment marché pour permettre à la droite de rester au pouvoir grâce au soutien faux-cul des socialistes.

Chaque fois, il s’est agi de faire croire qu’on faisait du neuf afin de donner un répit au vieil empire germano-européen en voie d’effondrement sur lui-même mais dont les peuples ne parviennent pas à comprendre qu’il faut se débarrasser pour retrouver des marges de maîtrise de leur propre destin. Chaque fois, il s’est agi de fournir une roue de secours au carrosse du désastre qui nous emporte à toute berzingue vers l’abîme.

Partout, ça s’installe grâce au ralliement de la nomenklatura affolée de voir le peuple remettre en question sa position dominante – son dû.

Partout, les très vieilles recettes, usées jusqu’à la trame, portées par des oligarques cacochymes blanchis sous le harnais de 40 ans d’échecs euro-ordolibéraux, avec le soutien des idiots utiles, se cachent derrière le même jeune visage lisse aux yeux vides. Avec en France, une touche hystérique de ridicule pseudo-messianique.

Tout ça avec l'argent de qui ? Comment monte-t-on en un rien de temps ce genre de mouvement kleenex ?

Avec, ici et maintenant, la muleta du pseudo-fascisme qu’on agite sous les naseaux du taureau pour être certain qu’il se précipite bien, avec l'élan voulu, droit sur l’épée du matador germano-bruxellois. Mais le vote Le Pen ne sort pas de nulle part, comme l'écrit si bien aujourd'hui Jacques Sapir, et, nonobstant les jappements frénétiques de toutes les sortes de chiens de garde, on ne fait pas barrage avec la politique qui ne cesse depuis des lustres d'amener l'eau au moulin du FN.

Enfin si ça ne marche pas, derrière, il y a toujours celui qui fait croire qu’une "alternance à gauche" est possible, mais qui, comme il ne veut pas/ne peut pas (intellectuellement) rompre avec le dogme européen, est/sera broyé (avec ou sans son consentement) pendant qu'il croit négocier quelque chose, par des moyens de coercition financiers et monétaires préparés de longue main à l'usage de ceux qui croient encore, après l'expérience grecque, que parce qu'ils sont eux et parlent haut, on les écoutera.

Mais dans ce cas-là aussi c’est bingo puisque, comme en Grèce, le système germano-européen tue toute idée même de "gauche" pour au moins 30 ans : anthropologiquement plié, comme l'écrit l'ami Panagiotis Grigoriou.

Car il n'y a rien à négocier ; il n'y a qu'à partir ou à subir.

La seule solution pour briser ce cercle infernal et vicieux qu'on nous présente comme le cercle de la raison, c'est d'expliquer clairement avant d'arriver au pouvoir pourquoi et comment il faut en sortir, c'est de le rompre en arrivant au pouvoir par des mesures immédiates et radicales de sauvegarde – à commencer par le rétablissement de la monnaie nationale et le contrôle des changes. Et puis ensuite on négocie : les termes du divorce. C'est-à-dire la seule chose qu'il y a à négocier avec ce bastringue européen. Faute de quoi on est cuit. Qu'on le veuille ou non, qu'on en ait conscience ou non.

Il n'y a ni réforme possible ni issue démocratique dans le cadre du carcan européen : un carcan, ça se brise ou on y crève.