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samedi 8 avril 2017

Romaric... le retour !

Romaric Godin, un des seuls vrais journalistes de presse écrite de ce pays, qui officiait jusque-là au service macro-économie de La Tribune, service opportunément fermé par le racheteur du titre, un patron dans le nettoyage de surfaces (et apparemment dans le nettoyage de rédactions également), a choisi de recouvrer sa liberté. En attendant de retrouver un média qui accepte cette plume compétente et non asservie à la pensée unique de la Propagandastaffel, si cela existe encore, il a ouvert un blog.

Et bien sûr, je vous le recommande : les trois premiers papiers, dont un sur le Portugal et un sur la Grèce, sont bien entendu à lire !

Mouchoir de poche

Un sondage ne signifie rien, une série de sondages donne des tendances et des ordres de grandeur.Je sais qu'on peut m'objecter que les sondages sont faussés, truqués, biaisés par le capital qui contrôle les instituts, qu'ils fabriquent le vote et sont faits pour cela : je ne partage pas cette argumentation-là, en tout cas pas en France et pas dans les proportions présumées par ce genre d'analyse. En Grèce, par exemple, c'est autre chose, comme l'ont montré les récents scrutins où des manipulations de grande ampleur sont, me semble-t-il évidentes. Il n'en va pas de même dans des pays où la tradition sondagière est plus ancienne et la déontologie plus enracinée. Même si les biais existent, notamment dans les méthodes et l'ampleur des redressements. Ainsi ai-je fait un cours dix jours avant les présidentielles américaines, montrant que, si on prenait la moyenne des sondages dans les swingstates, le plus probable était que Clinton gagne en voix et Trump en fait. Bref, il ne faut pas chercher dans les sondages des vérités, des images exactes, plutôt des tendances, des probabilités.

Or, ce que montrent les rafales de sondages depuis une dizaine de jours c'est, me semble-t-il, essentiellement, la convergence des courbes de quatre candidats.

Les trois derniers par exemple donnent un écart de 5,5 %, 6 % et 4 % entre les 1ers (Macron et Le Pen, séparés par un écart inférieur à la marge d'erreur, donc en réalité ex-aequo - l'un de ces trois sondages les donnent d'ailleurs à égalité) et les 2 suivants (Fillon et Mélenchon séparés par un écart inférieur à la marge d'erreur, donc en réalité ex-aequo - l'un de ce trois sondages les donnent d'ailleurs à égalité) et ceci alors que les indécis restent bien plus nombreux que dans les scrutins présidentiels précdents à la même distance du 1er tour.

Tout cela suggère un électorat déboussolé, en colère ou en crainte d'une rupture, liquide, qui peine à se fixer et se tourne vers l'un puis vers l'autre. Tout cela rend possible ce que je pense et écris, ici et ailleurs, depuis la fin 2016 (même si je n'y ai plus trop cru en février quand les choses semblaient se polariser pour les premiers et que l'effet primaire donnait l'illusion d'un Hamon haut) : qu'on pourrait arriver le jour du scrutin avec 4 candidats dans un mouchoir de poche, dont l'ordre d'arrivée serait à peu près aléatoire (sinon que je pense que Le Pen sera plus proche de 30% que de 25 %), et que le fait d'avoir, au second tour, les deux candidats de la colère devant les deux candidats de la trouille d'une rupture, celui des privilégiés de l'euro-mondialisation heureuse libérale-libertaire et celui des privilégiés de l'euro-mondialisation chagrine, âgés et réactionnaires, n'est nullement à écarter.