Hier c'était la panilliri d'Aghos Pantéleïmonas, à Avlaki. Petit monastère blanc, lune à moitié de sa course faisant scintiller la mer jusqu'à Tilos. Tilos qui, avant le coucher de soleil, était enrubannée de nuages qui ont rampé au ras de l'eau toute la journée, alors que de mon côté, celui d'Emborio, c'était grand beau grand bleu.

Violon, bouzouki, toute l'île rassemblée pour faire la fête - malgré Merkel.

Entendu : "Elle peut nous étrangler, elle n'aura pas notre peau, et elle ne nous empêchera pas de danser". Elle ? Devinez ! Le double tour de force de ce qu'on appelle l'Europe et qui n'est plus depuis longtemps que le moteur et le paravent du néolibéralisme, s'il a jamais été autre chose en dehors de la parenthèse de Gaulle, c'est d'établir une hiérarchie des peuples, comme d'autres Allemands, à d'autres moments voyaient le monde comme une hiérarchie des races, et de les dresser les uns contre les autres. Jusqu'où ? L'Europe c'est la paix ??? Non l'Europe allemande prépare les guerres de demain.

Entendu aussi, au hasard de ces 15 jours de mémorandum Tsipras, pire que les mémorandums Papandréou et Samaras : "Il nous a bien eu, faire naître l'espoir, nous appeler à voter et tuer l'espoir..." Son compère : "Je t'avais pourtant bien dit qu'il était comme les autres". Un autre : "mais pourquoi il nous a demandé de voter si c'était pour accepter une semaine plus tard, pire que ce qu'il nous avait demandé de refuse ?"

Là est la question. Sans réponse, pour moi. A moins qu'il ait fait campagne pour le Non en espérant que la trouille ferait sortir un Oui des urnes qui lui permettrait d'accepter ce qu'il ne voulait pas prendre le risque (de sortir de l'euro) de refuser.

Il, c'est Tsipras bien sûr. Un copain : "quand Hollande a été élu, il l'a appelé Hollandréou... Maintenant, on peut l'appeler Tsipandréou". La déception est immense, la colère rentrée aussi. Rentrée jusqu'à quand ? Car où est désormais l'alternative démocratique ? C'est une responsabilité historique qu'a pris Tsipras avec sa première capitulation qui en entraînera d'autres. Avec sa décision d'accepter les voix de la droite, du Pasok et des oligarques euromédiatiques de Potami pour faire passer ses textes contre une partie de ses propres députés.

Tout cela fait très dangereusement grandir le total discrédit de la politique et des politiques dans un pays où ce discrédit a déjà depuis longtemps atteint la cote d'alerte...

Combien de temps cette apostasie lui permettra-t-elle de survivre comme Premier ministre ? On parle d'élections en septembre, on parle d'un "vrai Syriza" avec Varouf et Lapavitsas... Certains aussi conservent un espoir : il ne pouvait pas rompre au début de la saison touristique, il les enverra chier à la rentrée." Tha doume, comme on dit ici... Moi je n'y crois pas vraiment.

Moi, avec les Nisyriotes, j'ai dansé la sousta jusqu'à deux heures du matin passées. Ca fait du bien d'être ensemble. Ca réchauffe, ça console aussi un peu, fugacement. Je ne sais pas à quelle heure ils ont fini, mais je sais que la fille de pasteur luthérien bornée ne transformera jamais les Grecs en Teutons.