et au gouvernement, avec lequel je ne suis pas toujours tendre ici.

Ainsi donc, le lendemain du jour où un vieux réactionnaire qui a réintégré des intégristes encore plus réactionnaires que lui, dont quelques négationnistes au passage, annonce qu'il quitte la tête de l'Eglise catholique apostolique et romaine, sans doute pour laisser la place à plus réactionnaire que lui (je verrais bien, faute de l'actuel primat des Gaules qui au moins nous ferait rire par les conneries qu'il profère chaque fois qu'il ouvre la bouche, un ancien pote de Pinochet ou un bénisseur d'escadrons de la mort centre-américain), la République française a - avec retard... dix ans tout de même sur nos voisins belges ! -, enfin, fait disparaître une des discriminations héritées de ces trois monothéismes qui, depuis plus de deux mille ans, traînent après eux la haine de soi et de l'Autre, du corps et du jouir, de la femme et du pédé...

Cette Eglise rance, qui a semé derrière elle tant de morts et de malheurs, qui a empoisonné de culpabilité tant de vies et de consciences, qui a torturé et brûlé tant de corps - de sodomites, de sorcières ou d'hérétiques et qui, n'en doutez pas, continuerait à en torturer et en brûler si elle en avait la latitude -, connaît donc, en France, face à la République émancipatrice, une nouvelle défaite.

Depuis bientôt trente ans, Frédéric et moi construisons ensemble notre présent, depuis bientôt trente ans nous cherchons dans le regard de l'autre la force d'affronter le monde et nous blottissons l'un contre l'autre pour réparer nos forces et nous protéger de ses atteintes, depuis bientôt trente ans nous regardons ensemble vers un avenir que nous ne concevons pas l'un sans l'autre.

Nous nous sommes pacsés dès que nous l'avons pu.

Nous ne savons pas encore si nous nous marierons, mais nous savons désormais que nous ne sommes plus des citoyens de seconde zone, que, si nous le décidons, nous pourrons le faire, au grand jour, sous le regard de Marianne, dans la maison commune, devant un représentant du peuple français ceint de son écharpe tricolore.

Depuis le vote de ce soir, nous sommes plus libres.

Merci aux députés qui ont voté ce texte, merci au gouvernement qui l'a présenté, merci à Mme Taubira, pour le talent, la flamme, l'humour et le sérieux avec lesquels elle l'a défendu.