Ce "Non" c'est celui opposé par le dictateur Métaxas, mais dont le peuple s'est rapidement emparé, à l'ultimatum italien du 28 octobre 1940. Devant le monde stupéfait, la petite armée grecque, démunie de tout a alors infligé une série de défaites humiliantes à la puissante et moderne armée d'invasion italienne opérant depuis le territoire albanais... jusqu'à ce qu'Hitler intervienne, au printemps 1941, pour sauver la mise de Mussolini.

Ces victoires grecques d'Albanie, les premières contre une armée de l'Axe eurent un retentissement international considérable. A l’entrée de Menton, occupée par les Italiens, des résistants français plantèrent un panneau où était inscrit l’avertissement suivant : « Soldats grecs, halte ! Ici, territoire français ! » ; un autre, à Vintimille, proclamait : « Si vous voulez visiter l’Italie, engagez-vous dans l’armée grecque ». C’est que les émissions en français de la BBC donnaient une large place à la guerre d’Albanie. On y évoquait Hugo, Fabvier et l’expédition française de Morée lors de la guerre d’indépendance ; Jean Marin (14 mars 1941) y exalte le courage du petit peuple agressé : « On ne dira plus : les Grecs se battent comme des héros. Le monde dit déjà : les héros se battaient comme des Grecs . »

Plus tard, Churchill, qui imposa une seconde occupation - anglaise (devenue ensuite américaine) - en 1944, après la sauvage occupation allemande (la Grèce fut un des pays d'Europe les plus massivement résistants et, après la Pologne, celui dont les pertes humaines par rapport à sa population furent les plus importantes), dira que la résistance grecque, puis crétoise, ont eu un rôle fondamental, au printemps 1941, en retardant l'attaque allemande de l'URSS... et Hitler d'arriver à Moscou avant l'hiver.

La DETTE du monde libre à la Grèce est donc immense.

C'est donc, ce NON fondateur de la Résistance à l'Allemagne nazie que commémoraient les Grecs hier.

Et cette commémoration s'est transformée en protestation populaire contre la politique imposée par l'Allemagne, la "nouvelle occupation" et les "élites" politiques qui se font de dociles exécutants.

Traditionnellement, cette fête nationale comporte des défilés, et notamment ceux des jeunes des lycées. Hier, partout en Grèce, ceux-là et ceux qui venaient assister à la célébration ont multiplié les actes de résistance, arboré des brassards noirs ou des drapeaux allemands, le président de la République a dû renoncer à présider le défilé à Thessalonique qui a été annulé ; ailleurs, les jeunes qui défilaient ont tourné ostensiblement la tête ou adressé des gestes de défis aux tribunes officielles - ici, un geste de malédiction.

Le peuple grec, une fois de plus est entré en Résistance et nous devrions tous en être solidaires, car ce qu'on lui inflige aujourd'hui on nous l'infligera demain.

Mais la Résistance, c'est aussi la dérision.

Il ne me reste plus que ça, ça te dit ?