L'auteur de La Quatrième Révélation est bien sûr concerné et solidaire : partout dans le monde, aujourd'hui, on agresse, on violente, on emprisonne, on torture, on tue des gens à cause de leur désir, de la manière dont ils aiment et jouissent, de l'apparence qu'ils ont.

C'est monstrueux, et cela nous vient, faut-il le rappeler, des trois grandes religions monothéistes. Point de persécution de "ceux qui couchent avec un homme comme on couche avec une femme" avant Le Lévitique et Paul de Tarse. Le lévitique est un des textes les plus bêtes et les plus violents de l'histoire de l'humanité, les épitres de Paul l'ont recyclé dans le christianisme ; l'islam n'est pas en reste : on pend les homosexuels en Iran, et la situation n'est guère plus brillante dans la plupart des pays musulmans - que l'hypocrisie y règne ou non sur les pratiques, la loi y rend toujours possible la persécution lorsqu'on a besoin de boucs émissaires à livrer aux intégristes, comme ce fut le cas récemment en Egypte.

Mais ces textes, Lévitique et épitres, figurent dans la Bible hébraïque pour le premier, dans le canon de toutes les églises chrétiennes pour les secondes. Ils sont au fondement même de ces religions : tant qu'il en sera ainsi, tous les frustrés et les intégristes de la terre trouveront dans la parole divine la justification de leur homophobie, la légitimation de leur violence. Ce qui est en cause, ce n'est donc pas le discours plus ou moins hypocrite des représentants institutionnels des religions, des Eglises et des cultes, mais les textes sur lesquels ils se fondent.

Vive la Journée contre l'homophobie donc ! et à quand une Journée mondiale contre le capitalisme dérégulé et mondialisé qui lui aussi violente torture et tue. Pas plus que l'homophobie n'est indifférente à la nature même des monothéismes, la "crise" n'est pas indifférente à la nature même de ce capitalisme.

Et comme les monothéismes qui vouent les homosexuels à la mort au nom d'un Dieu d'amour, les capitalistes sont schizophrènes : on en a encore eu une parfaite illustration ces derniers jours : il y a deux semaines les "Marchés", entité métaphysique aussi convaincante que le Saint Esprit, plongeaient à cause des déficits publics européens.

Résultat ? les Etats qui, depuis trente ans, ont abandonné tous les moyens d'action sur l'économie dont ils disposaient, sauf celui de matraquer les peuples par la fiscalité ou la "modération salariale", mettent en place, avec plus ou moins de zèle et de violence, des politiques visant à réduire ces déficits.

Résultat ? Depuis, les marchés baissent parce que ces politiques vont casser la consommation, donc la croissance, donc les recettes des Etats et vont donc faire augmenter à terme leurs déficits publics qu'elles voulaient réduire. On appelle ça la déflation ; on sait cela depuis longtemps déjà... cette politique, en 1935, a été tentée par Pierre Laval et elle a échoué, avant et depuis, partout où elle a été mise en œuvre.

Les Marchés veulent donc une chose et son contraire, et ils dictent aux Etats, qui leur obéissent au doigt et à l'œil, une chose et son contraire. Belle boussole !

La vérité, c'est que l'euro nous a enfermés dans une seringue mortelle. Mais la leçon que nous donne l'histoire, sur ce genre de seringue, c'est qu'on en sort rarement - jamais ? - sans de graves convulsions, intérieures et internationales, dont les peurs, les haines, les violences - l'homophobie comme les autres - sont souvent les principales gagnantes.